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4,02

sur 457 notes
A quoi sert la littérature ? A divertir ? A s'évader de notre pauvre condition d'humains ? A connaitre d'autres vies que la sienne ? A trouver des solutions pour améliorer sa propre vie ? Probablement tout ça en même temps mais aussi (et surtout ?) à apprendre.
Isabelle DUQUESNOY nous emmène dans la période trouble de l'après Révolution, et nous y plonge. Par le récit de l'embaumeur, Victor RENARD, j'ai appris son métier, sa vie, l'extrême pauvreté puis l'opulence. On s'y croit. Et puis cette histoire des coeurs des rois déchus, qui sont embaumés et utilisés par les peintres comme pigments. Je n'en avais jamais entendu parler et pourtant, après quelques recherches, il semble que ce soit véridique. Les tombes des rois profanées, leurs corps jetés à la fosse commune. Quelle époque trouble.
Bref, cette lecture, même si elle est ardue par moments (notre rapport au corps des morts?), me suivra longtemps je pense. On y découvre que le jeune Victor, détesté et maltraité par ses parents, sera capable de se sortir du ruisseau et de ne pas perdre sa bonté d'âme malgré la richesse qui arrive. On sent qu'il aime de toute son âme : ses morts qu'il traite avec un infini respect, sa femme, même si elle ne le mérite pas, sa maîtresse (son amour de jeunesse), son apprenti noir Toussaint (qu'il sort de la rue). Malgré les apparences, ce livre nous montre la bonté de l'homme qui est dans le box des accusés, et la corruption de ses juges. En y réfléchissant, cette révolution se voulait humaniste, mais l'humanité n'est pas forcément du côté qu'on croit.
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En plein coeur de la Révolution française, à Paris, nous suivons le récit de Victor Renard, condamné à la guillotine, qui tente d'adoucir sa peine. Nous suivons comme si on y était sa vie misérable, enfant maltraité, handicapé de naissance il a un sévère torticolis qui lui fait pencher la tête constamment. Sa mère le nomme Victordu ou autres méchancetés bien senties.

Victor n'a jamais été aimé, a vécu sous les coups et dans la misère. Cette misère moyenâgeuse bien décrite avec ces rues pleines de boue, d'immondices et de dépravations. Mais un jour Victor se fait embaucher comme assistant de l'embaumeur. Il va réussir à se créer une renommée avec quelques techniques officieuses que lui permet son travail.

Dissection, odeurs de cadavre, trafic d'organes, prostitution… on est en immersion totale grâce à la plume d'Isabelle Duquesnoy, précise et affinée, pour nous décrire aussi bien que dans le Parfum de Patrick Süskind cette vie de pauvreté et de rejet.

Bref, un roman coup de poing que j'ai adoré ! Une découverte passionnante, écrite après des années de recherches et lectures sur l'embaumement à l'époque mais aussi toute la vie parisienne. Un roman noir historique envoûtant de cruauté et de réalisme !
Lien : https://www.loeildeluciole.c..
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Une pépite cachée dans la foultitude d'ouvrages de cette rentrée littéraire.
Quelle lecture !
C'est drôle, d'une drôlerie à rire à gorge déployée, surtout les dialogues avec sa mère qui le hait d'une force...
Et puis ce comique de noms ; Victordu, Victorchon, Victorgnole...et de situation.
Très belle écriture, cette auteure a un vrai talent, une écriture vraiment magnifique.
Mais bon, autant le dire tout de suite c'est glauque et morbide à souhait.
J'ai beaucoup aimé pages 489, 490 la lettre mémorable de sa mère à sa bru.
Les dernières pages du livre sont particulièrement malsaines et sordides lorsque l'on apprend enfin de quoi est accusé Victoticolis et c'est tout de même bien "dégueu", mais c'est bien sûr sans compter sur le talent de cette écrivaine, et puis il vaut mieux prendre cette histoire au 3e degré. Car c'est bien une "histoire" que Madame Dusquesnoy nous raconte avec un talent certain.
C'est divertissant et même didactique.
Lecture très intéressante.
Auteure à suivre.
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Dès les premières lignes, nous savons que celui qui parle, court le grand risque d'être exécuté, qu'être guillotiné....Il prévient ceux qui l'écoutent, et nous qui le lisons: "L'histoire de ma vie, ce sentier qui m'a conduit à commettre ma faute, ne servira qu'à persuader les foules de ma monstruosité. de quoi vous combler, vous divertir, car les affaires comme la mienne se raréfient."
Début d'une longue confession devant des juges, d'une confession perdue d'avance dont on connaît le dénouement...
Mais qu'avait-il donc fait pour en arriver là ?
Onze chapitres, onze jours de confession nous faisant remonter de sa naissance, de ses origines familiales au présent du procès.
Victor Renard n'a pas été gâté par la naissance. Il est né dans une famille très pauvre. Il était le fils de Johann et Pâqueline Renard. Tous le surnomment Victordu, car sa tête penche. Sa mère le hait, car il a étranglé bien involontairement son frère jumeau avec son cordon ombilical...C'est avec elle seule qu'il vécut, car son père fut éventré par sa charrue en labourant...Afin d'être présentable, devant Dieu et la famille, le corps paternel dut être préparé par un embaumeur, qui lui donna une apparence la plus convenable possible, juste le temps des obsèques puisque, après celles-ci, il fut jeté à la fosse commune...
Après quelques études sans succès, Victor entra en qualité d'apprenti au service de Joulia, maître embaumeur, celui-là même qui s'était occupé du corps de son père. Début d'une nouvelle vie, début d'un roman riche en informations, en découvertes historiques, qui nous plonge dans le Paris de la Révolution, de la guillotine - sentence de mort, et divertissement du bon peuple - mais aussi, dans les pratiques de la conservation des corps des défunts pauvres ou appartenant à de riches familles et surtout dans la conservation des corps des rois de France.
Onze jours tous fourmillant de détails sur la vie parisienne, le métier d'embaumeur, ces personnes qui préparaient les corps pour leur éternité, afin qu'ils soient les plus beaux possibles lorsqu'ils se présenteront devant Dieu
Après le décès de Joulia il prendra seul sa succession, écartelé entre deux femmes, Angélique, amie d'enfance au grand coeur, devenue prostituée, et une mère vénale, uniquement attirée par l'argent de Victor.. Car Victor devint riche, très riche..l'histoire vous l'apprendra. Et de quelle façon ! C'est bien ce que lui reproche le tribunal !
On voyage des rues sordides de Paris aux beaux appartements, des tombeaux des rois aux fosses communes des plus humbles, des maisons sordides aux pigments bruns des peintures des grands maîtres qui font la richesse actuelle de nos musées, de la dissection des cadavres puant aux parfums mettant en valeur la beauté du corps d'Angélique dont tous se servent pour leur plaisir, des corps qui saignent, exsudent et puent à celui des riches poudrés et parfumés, de la vie sordide de la mère de Victor, à sa richesse...
Et surtout on apprend que face à l'art et à l'argent, la mort n'a pas d'odeur.
Bref, on ne s'ennuie pas, on découvre des secrets d'histoire...qu'on croît inventés, tirés par les cheveux, mais dont on découvre la véracité après quelques recherches...une vérité qu'Isabelle Duquesnoy, diplômée d'histoire et de restauration d'oeuvres d'art, ancienne enseignante et directrice d'une école de Beaux-Arts a du découvrir, comme nous avec stupeur
Victor achèvera sa confession ainsi : "Mon père, que l'obsession de l'argent et la jalousie envers la réussite d'autrui dévoraient, aurait profondément méprisé ma nouvelle condition. Envieux, il était à plaindre car il souffrait du bonheur des autres… Et pour être honnête, je dois vous confier que j'éprouvais un plaisir sans pareil à accumuler les preuves de ma prospérité. [...] Amasser les objets rares et chers fut donc ma façon de compenser les frustrations de mon père. Non, pardon : de les surpasser.
Je suis né assassin, tordu et obstiné.
Sans le sou, haï de mes parents et peu instruit, j'ai cependant réussi bien au-delà de leurs capacités réunies"
On sourit, on rit, on est écoeuré, on est surpris, on en apprend plus sur le peintre Martin Drölling et la beauté de ses tableaux
J'espère que Victor, réussira également à vous dépayser, à vous apprendre des choses.
Sa longue confession m'a diverti et comblé !
Je regarderai dorénavant les tableaux de certains grands maîtres avec un oeil différent !
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Âmes sensibles, s'abstenir !

En effet, tout est dit dans le titre de ce génial roman historique « L'embaumeur, ou l'odieuse confession de Victor Renard ». Rien ne nous est épargné ! Ni les méchancetés de Johann et Pâqueline, les parents de « Victordu » qui l'accusent d'avoir tué son frère jumeau lors de sa naissance, ni les morts atroces en tout genre, à commencer par celle du père de Victor éventré par une charrue, ni les descriptions des divers embaumements que pratique par la suite le héros, ni enfin et surtout cet étonnant et méconnu trafic des coeurs des rois de France, utilisés en pigments par les peintres suite aux violations des tombes de Saint-Denis…

Le roman nous happe tout de suite par sa construction originale, puisque nous sommes à l'audition de Victor Renard, au terme de laquelle il sera condamné à mort. Chaque chapitre est une demi-journée de cette audition, et le récit de sa vie est entrecoupé des paroles qu'il adresse à ses juges ou à son public… Public de plus en plus nombreux puisque, comme le lecteur, les gens sont de plus en plus fascinés par son horrible vie et se pressent pour assister à cette « audition spectacle ».

Ce roman historique a tout pour lui : il est parfaitement documenté, nous fait découvrir un épisode méconnu de l'Histoire, est magnifiquement bien écrit, présente des personnages nuancés et hauts en couleurs, loin de ce que l'on a l'habitude de lire, et possède une chute imprévisible !

J'ai simplement regretté quelques répétitions dans les apostrophes aux juges et au public, ainsi que l'abondance des « ?!?! » dans les dialogues (assez agaçants !). Mais sinon c'est parfait, un vrai coup de coeur !
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Un excellent roman historique d'Isabelle Duquesnoy.
18eme siècle, Paris ; tout au long des 11 jours de son procès qu'il sait perdu d'avance, Victor Renard nous détaille par le menu ce que fut sa vie. Des années d'enfance tourmentées puis l'âge adulte où il semble enfin trouver la paix, grâce entre autre au métier d'embaumeur qu'il apprendra avec beaucoup de talent.
Avec grand bonheur et enthousiasme, j'ai dévoré ce roman tant pour sa trame historique, que pour la qualité de l'écriture simple et efficace, pour son humour décapant associé à des personnages tellement attachants, sans parler de l'intrigue qui ne révèle son épilogue qu'en toute fin d'ouvrage.
Un vrai bon roman historique, tout y est !
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On aurait tort de réduire ce roman fabuleux et instructif au simple terme de "roman historique".
Il s'agit en fait d'une fresque inouïe et hilarante d'une époque, racontée par un héros à la fois attachant et répugnant.
J'ai dévoré ce bouquin et je crois pouvoir dire, après l'avoir terminé, qu'il m'a dévorée lui aussi.
Impossible d'oublier les dialogues truculents et remplis de détails sur l'époque, impossible d'oublier l'élégance du texte et son fourmillement d'anecdotes sur l'embaumement, sur le trafic d'organes (les coeurs de rois de France ont été réduits en poudre, puis utilisés comme pigment sur des peintures exposées dans nos musées de France, et l'auteur indique le nom des peintres ainsi que leurs oeuvres), impossible d'oublier l'attachement qu'on éprouve pour ce héros passionnant, dont on a souvent pitié et dont on admire la réussite sociale.
Certaines scènes sont inoubliables (celle de la mort du père, celle de la mère qui se rend à une réception avec une robe improbable).
Comment résumer en quelques lignes le sentiment d'avoir lu un chef-d'oeuvre, sans dévoiler son contenu ?
Un livre que je relirais dans quelques mois, simplement parce qu'il procure un voyage dont on ne ressort pas indemne. Et pourtant, si la confession est odieuse, on y rit énormément...
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SE PRESERVER POUR PERDRE LA TÊTE.
Diplômée d'histoire et spécialiste du roman historique, Isabelle Duquesnoy nous offre une perle qui se déroule cette fois-ci à Paris dans les deux décennies suivant la révolution.
Victor est détesté par ses parents qui l'accusent d'avoir étranglé son jumeau in utero par une circulaire de son cordon ombilical ; lui même n'en sort pas indemne puisqu'il est affublé d'un torticolis congénital. Sa mère, véritable Folcoche, le contraindra à faire l'apprentissage d'un métier peu ragoûtant : embaumeur. Mais le gamin, qui pétille d'intelligence, s'intéressera et perfectionnera la technique. L'autrice visiblement bien renseignée sur les techniques (égyptiennes) nous en fait un mode d'emploi «  pas piqué des vers » ! On y apprend que l'usage était de prélever le coeur, de le saumurer pendant 1 mois aux fins de conservation, mais qu'il était recherché par les artistes peintres qui en extrayaient le suc pour faire de sombres glacis. Plusieurs sépultures de rois auraient ainsi été profanées aux fins de « prélèvement d'organes ».
Le génie de la narration est que le lecteur assiste au procès d'assises et que Victor s'adresse directement à la salle au cours des 11 jours d'audience. Il tient son public en haleine, par le vécu, l'humour et la truculence de son histoire. Ainsi, la découverte dans le coffre de son défunt père d'un objet incongru, un «  vagin de voyage » ! de plus, le suspens est entretenu car le lecteur ne saura qu'à la fin du livre le motif de la condamnation à mort.
Donc, un livre bien écrit, bien documenté, qu'on ne lâche pas malgré des passages un peu glauques inhérents au corpus du sujet.
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Victor Renard, fils unique mal aimé, maltraité par ses parents, né malformé (sa mère l'appelait invariablement Victordu, Victorniole, Victordant, Victornade, Victord-boyau), espère ardemment sortir de sa condition malheureuse et sa rencontre avec un croquemort-embaumeur sera déterminante pour le reste de son existence.
Isabelle Duquesnoy, par ses recherches minutieuses, fait revivre le quotidien des citoyens français après la Révolution; nostalgiques de la famille royale et de sa cour ou républicains purs et durs, chacun tentent de tirer parti au mieux des bouleversements sociétaux.
Fort instructif, ce roman historique est porté par une écriture évocatrice et truculente et ces onze jours de la confession de Victor Renard devant le tribunal ont retenu mon intérêt sans faillir.
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L'Embaumeur ou l'odieuse confession de Victor Renard : sous ce titre intrigant se cache un roman historique truculent et passionnant que je vous recommande chaudement.

Nous sommes à la fin du XVIIIème siècle, en pleine période révolutionnaire. Victor Renard est condamné. Dans quelques jours il va mourir de la main du bourreau, il le sait. Profitant de son audition publique, il fait le récit de sa vie, depuis sa naissance jusqu'à l'acte qui va lui coûter la vie. Pendant onze jours, Victor va se livrer. Son enfance malheureuse, la mort tragique de son père, la mise en apprentissage, les rencontres (bonnes ou mauvaises) qu'il va faire, ses erreurs et ses succès : il va tout dire, tout confesser. Sans se donner le beau rôle, avec une certaine naïveté et beaucoup de dérision Victor nous fait partager son quotidien, les moments clés de son existence et les pensées qui l'ont animé.

J'ai adoré ce roman autant pour la forme que pour le fond. le style d'Isabelle Duquesnoy est vivant et très agréable à lire, l'utilisation de vocabulaire d'époque apportant une touche de réalisme que j'ai beaucoup apprécié. L'histoire est racontée à la première personne, par Victor, ce qui le rend éminemment sympathique ; quelles que furent ses actions j'ai compris pourquoi il les avaient accomplies, j'ai compatis et vibré pour lui. L'intrigue est captivante, les faits se dévoilent petit à petit et nous apprennent beaucoup, que ce soit sur les techniques d'embaumement ou la vie quotidienne sous la Révolution. Les descriptions sont précises, et loin d'être indigestes elles aident le lecteur à s'immerger totalement dans le roman. Les sons, les odeurs et les sensations tactiles nous frappent de plein fouet, parfois jusqu'à l'écoeurement (avis aux estomacs fragiles !) mais toujours pour la bonne cause.

Si vous recherchez une lecture intelligente et dépaysante, foncez ! L'Embaumeur ou l'odieuse confession de Victor Renard saura sans conteste combler vos attentes.

Lien : https://andree-la-papivore.b..
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