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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Duras présente ce recueil de six textes comme des extraits de son journal écrit pendant la Seconde Guerre mondiale alors qu'elle était active au sein d'un groupe de résistants. Ces écrits, retravaillés pour la publication des années 80, racontent des épisodes marqués au fer rouge : l'attente insoutenable de la jeune femme qui ne sait pas si elle reverra son mari déporté, sa relation forcée avec un agent de la Gestapo et sa conduite du passage à tabac d'un délateur, pour les trois premiers textes.

L'écriture de Duras reste ici sur le fil du rasoir, entre aberration, peur, courage et espoir. Il s'agit d'un de ses livres les plus appréciés et mon avis ne fait pas exception. Je l'ai trouvé d'une grande force.
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Un recueil de plusieurs courts récits : La douleur (70 pages), M. X. dit ici Pierre Rabier (45 pages), Albert des Capitales (30 pages), Ter le milicien (20 pages), l'ortie brisée (10 pages), Aurélia de Paris (10 pages).
« La douleur » est le récit de l'attente du retour de camp de concentration de Robert L. par son épouse, la narratrice, Marguerite Duras. Son journal raconte ses journées passées à la gare d'Orsay où sont regroupés les français qui rentrent des camps. Elle ne dort pas, elle ne mange plus, elle est épuisée. Elle est soutenue par son ami, D. de son réseau de résistance. François Morland (Mitterrand), les aide, leur fait savoir que Robert est vivant, au bord de la mort et qu'il faut aller le chercher immédiatement en Allemagne pour le sauver. D. et ses amis le font. Quand la narratrice revoit Robert, elle est tétanisée. C'est un mort-vivant mais il n'abdique pas. Elle le soigne, lui fait refaire surface mais elle ne peut plus le voir. Elle se dégoûte. Un témoignage dur, émouvant. Un style sobre.
Les autres récits témoignent de la période de la libération de Paris, sa frénésie, sa chasse aux collabos, ses faux héros, ses imposteurs, la formidable énergie, l'amateurisme des résistants et pseudo-résistants, le flou, l'équivoque des individus. Certains, du bon côté de l'histoire sont des êtres abjects, d'autres, du mauvais côté, ne sont pas totalement repoussants, comme Ter le milicien, investi dans le présent, amoral à facettes lumineuses.
La fièvre de l'époque est remarquablement diffusée. Un livre que me permet de vraiment découvrir Duras. Je comprends mieux l'engouement qu'elle suscite.
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~ Devoir de mémoire ~

J'ai lu ce livre en empruntant la route de Mascara, une route sinueuse, en plus de n'avoir aucun sens de l'orientation, j'étais malade. A chaque virage mon coeur venait se cogner contre la vitre, à chaque tournant ses mots se brisaient contre les portières. Des mots tels les obus qui claquent, du fracas, partout. Jusque dans ma gorge. Je ravale mes sanglots comme elle boit son rhum. Et comme elle, j'attends. J'apprends à attendre le retour De Robert !

Ainsi donc, c'est le récit d'une attente !
Duras retrouve son journal où elle raconte ses journées & ses nuits dans l'attente du retour de son époux déporté à Dachau. Mais aussi sa quête pour obtenir ses nouvelles & ses démarches pour savoir s'il est en vie. Prise dans un face-à-face avec la mort, de sa plume sèche & poignante, elle dissèque ses errements intérieurs, les images obsédantes, l'espoir furtif suivi du plus profond désespoir & les gestes quotidiens inlassablement répétés, comme une tentative de survie. Outre l'expression forte d'une foule de sentiments, j'ai été plongée dans le contexte troublant de l'Occupation & de l'atrocité humaine, malgré moi, et toute consentante !
Finalement la douleur ne rend pas nécessairement plus lucide. Elle rend juste un peu plus imperméable à l'insignifiant. Toutefois, il faut négocier en permanence entre l'attention qu'elle exige & les rares moments où elle relâche son emprise.
Une oeuvre brute d'émotions qu'elle n'exprime pas, parce que la douleur est au-delà des mots. Ce récit est suivi de cinq autres nouvelles condensées des différentes facettes de la guerre, un panel de situations aussi bien du côté des vainqueurs que des vaincus !

Robert Antelme publiera en 1947 “L'espèce humaine” l'un des livres les plus impressionnants sur les camps de concentration & d'extermination !

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Une femme revit l attente de l'homme aimé. Son amour arrêté pour fait de résistance en juin 1944.
Comment créer par la pensée, la détresse, le chagrin et la peine provoquée par une année d'absence et de silence.
Comment écrire et décrire le déchirement.
Une douleur surgit dans la douleur et la rage du désespoir sur des cahiers d'écolier.
Un journal de souffrance et un instantané réaliste et cru de la libération et de l'arrivée des déportés de retour des camps à la gare d'Orsay. La Douleur" est un grand texte épuré et lucide, du Duras dans ce qu'il y a de meilleur.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La peur viscérale et son corollaire, la douleur : avril 1945, Marguerite Duras attend des nouvelles de son mari Robert, déporté en 1944 vers un camp de concentration en Allemagne. La libération de ces camps sidère le monde et sème la consternation chez les épouses des prisonniers. Dans son journal, Duras rend compte de l'immense souffrance entourant le retour de ceux qui ont survécu à l'horreur, eux-mêmes changés à jamais.
J'aurais voulu lire en premier le récit de Robert Antelme, L'espèce humaine, mais ne le trouvant pas sur les rayons de la bibliothèque municipale, je me suis tournée vers La Douleur, un recueil de textes écrits par Marguerite Duras sur sa participation à la Résistance au coeur de Paris.
J'en ai vu des films sur la Seconde Guerre mondiale, mais ces courts récits de Duras montrent comme jamais tout le poids de la charge du résistant, évoluant au milieu de l'occupant nazi, côtoyant quotidiennement la trahison, la crainte d'être pris ou de donner des noms sous la torture. Une lecture mémorable, ancrée dans un réalisme cruel et poignant, au plus près de la vérité.
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Je n'ai pas aimé les deux nouvelles qui suivent le roman mais j'ai adoré le roman, il est juste fabuleux ! La partie journal autobiographique est merveilleusement bien écrite, elle est calme, posée mais sonne terriblement juste. Je n'ai rien à redire sur la plume de l'auteure, splendide récit de déportés durant la guerre et qui doivent ensuite se réadapter. Les camps de concentration, la Résistance, tout ça est un devoir de mémoire merveilleusement bien écrit, Marguerite Duras sait comment captiver son public, même les plus jeunes pourront trouver dans ce livre de quoi agrémenter leurs dissertations de nombreuses citations.
Elle fait preuve d'une grande sensibilité, avec ses phrases courtes qui prêtent à réfléchir, et sait la transmettre avec brio. le talent dont elle fait preuve pour nous conter ses histoires, autobiographiques ou non, sont pleines de saveurs. Les récits touchent directement le coeur. A lire et à faire découvrir.
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"La Douleur" de Marguerite Duras, est un livre de plusieurs textes. Certains réel et d'autre fictif. Mais "La Douleur" est tiré de la vie de Marguerite Duras. Pendant la guerre, elle cherche son mari, enlevé par les nazis. Elle perds espoir puis un jour, sans s'y entendre le revoilà. Mais beaucoup de chose on changer, après tant de douleur, pour lui, pour elle.

La douleur est mon premier roman de l'auteur, coup de coeur. La plume, les mots,... Ma première lecture, et certainement pas la dernière
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Je referme le tatoueur d'Auschwitz et j'ouvre La douleur. J'ignore ce qui m'attend. Je le soupçonne. Je le soupconne par ma connaissance des oeuvres de Duras. Par l'écho de son écriture dans ma vie.
Je le soupçonne mais je ne sais rien encore.

Je m'assois comme à ses pieds. Petite fille emmitouflée. J'entends la guerre. La même. Mais plus bruyante. Violente. Inique. Vivante...
Pas de mots. Pas d'autres mots que ceux de Duras. Comme des obus qui claquent. du fracas, partout. Jusque dans ma gorge. Déglutir. Deglutir des sanglots comme Duras boit le rhum, à même ses cris.

Je m'assois comme à ses pieds. Aux pieds de la guerre.
Et comme Duras, j'attends. J'apprends à attendre. le retour de ceux qu'on aime. Et des autres aussi. Avant ils étaient des étrangers. Maintenant on sait. Ceux qui attendent et ceux qui meurent. En Europe, il n'y a plus de patrie.
Il y a ceux qui attendent ceux qui meurent.

Duras attend Robert.
J'attends Robert.
Je sais la guerre. Elle est au fond de ma gorge.
Je sais la douleur.
Je la connais toute entière, emmitouflée dedans. Aux pieds de Duras.

Émerveillée.
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Ce livre aurait pu s'appeler "l'attente", même si on comprend, au fur et à mesure, que douleur et attente sont synonyme.
La langue, sublime, rend compte de cette atrocité qu'est l'incertain face à la mort d'un être cher, face aux monstruosité de la guerre, à la nécessité de se tenir debout. Une lecture forte et sans fioriture, qui plonge au coeur de l'intime face à la barbarie.
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Le texte a été écrit à partir des journaux tenus par l'auteur à la fin de la seconde guerre mondiale et au moment de la libération. Dans le premier récit, elle raconte l'attente du retour de son mari Robert L. (Robert Anthelme) déporté à Dachau. Pire que l'attente, le fait de ne pas savoir s'il est encore vivant, ou bien peut-être mort depuis longtemps. L'auteur revient ensuite sur sa proximité avec Rabier, de la Gestapo, d'après elle pour obtenir des informations sur la détention de son mari.
Les récits suivants, de plus en plus courts, de plus en plus romancés aussi voient évoluer le personnage principal qui n'est plus toujours la narratrice, mais parfois "Thérèse" alors que l'auteur précise bien que Thérèse, c'est elle. Par les yeux de Thérèse, on assiste à une séance de torture d'un "donneur" (on dirait aujourd'hui une balance) puis aux échanges avec Ter, un milicien capturé. Les deux derniers textes s'éloignent encore davantage du journal et de l'autobiographie pour devenir des textes de fiction.
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