Un recueil de plusieurs courts récits :
La douleur (70 pages), M. X. dit ici Pierre Rabier (45 pages), Albert des Capitales (30 pages), Ter le milicien (20 pages), l'ortie brisée (10 pages), Aurélia de Paris (10 pages).
«
La douleur » est le récit de l'attente du retour de camp de concentration de Robert L. par son épouse, la narratrice,
Marguerite Duras. Son journal raconte ses journées passées à la gare d'Orsay où sont regroupés les français qui rentrent des camps. Elle ne dort pas, elle ne mange plus, elle est épuisée. Elle est soutenue par son ami, D. de son réseau de résistance. François Morland (Mitterrand), les aide, leur fait savoir que Robert est vivant, au bord de la mort et qu'il faut aller le chercher immédiatement en Allemagne pour le sauver. D. et ses amis le font. Quand la narratrice revoit Robert, elle est tétanisée. C'est un mort-vivant mais il n'abdique pas. Elle le soigne, lui fait refaire surface mais elle ne peut plus le voir. Elle se dégoûte. Un témoignage dur, émouvant. Un style sobre.
Les autres récits témoignent de la période de la libération de Paris, sa frénésie, sa chasse aux collabos, ses faux héros, ses imposteurs, la formidable énergie, l'amateurisme des résistants et pseudo-résistants, le flou, l'équivoque des individus. Certains, du bon côté de l'histoire sont des êtres abjects, d'autres, du mauvais côté, ne sont pas totalement repoussants, comme Ter le milicien, investi dans le présent, amoral à facettes lumineuses.
La fièvre de l'époque est remarquablement diffusée. Un livre que me permet de vraiment découvrir
Duras. Je comprends mieux l'engouement qu'elle suscite.