Citations sur L'après-midi de Monsieur Andesmas (12)
Le vent cessa. La forêt reprit sa pose silencieuse sur la montagne. Ce n'était pas le soir, mais seulement un vent de hasard, pas encore celui du soir. En bas, cependant, la place se peuplait davantage de minute en minute. Quelque chose s'y passait.
L'ombre a atteint non seulement les bords de la mer mais la mer elle-même, presque toute entière.
Elle passa, raconta-t-elle avec ennui , comme vous savez qu'elle passait sur les places , il y a encore un an , sur les places et dans les rues qu'elle trouvait sur son passage .Blonde .Des cheveux dans les yeux, toujours .Occupée à sucer ce bonbon , regardant les autres bonbons , regrettant de ne pas les avoir tous à la fois dans la bouche .
La beauté , on la connait tous , dit-elle .Mais tu es belle , vous dit-on , dans l'amour . Même à partir de l'erreur qui ignore ce qu'il en est d'être belle et la paix qui vous vient à se l'être entendu dire de façon tropeuse ou non ? Valérie , non , Valérie , lorsque je l'ai connue , si incroyablement que ce soir était encore très loin de se douter combien il est doux et attendu de se l'entendre dire .Mais sans le savoir , elle y aspirait , elle cherchait qui , un jour , allait venir vers elle , ces mots à la bouche , pour elle .
Il la suivit des yeux jusqu'à ne plus rien en voir , rien , plus une seule des taches bleues de sa robe , et puis il retrouva une nouvelle fois dans ce délaissement dont elle n'avait fait qu'accuser par son passage ,si discret cependant , la déconcertante immensité
Je crois que je mourrai avec tout le poids de l'amour de Valérie sur mon coeur.
Je crois que ce sera ainsi.
- On dirait que vous ne pensez plus à rien, dit elle encore tout bas.
-C'est mon enfant, murmura M.Andesmas. Son souvenir est en moi, même en sa présence, constamment égal et c'est qu'il me remplit d'une paresse à penser.
La mer devient une grande surface métallique , parfaitement lisse .Il était inutile de se cacher que des heures plus ralenties , plus étalées , faisaient place à celles , fixes , des premières de l'après-midi.
Ils écoutèrent tous deux le refrain .Au deuxième couplet , l'enfant se mit à chanter d'une voix grêle et incertaine , la tête toujours tournée vers le gouffre de lumière , dans l'oubli total de la présence du vieillard . Bien que la musique fut forte , M Andesmas n'écouta que la voix enfantine . Il savait , à son âhe , ne plus avoir de présente génante , jamais , devant quiconque , surtout les enfants . Détournée de lui , elle chanta , ponctuant les temps scolaires de façon scolaire , la chanson entière .
Quand je me réveille, madame Arc, à mon âge, de ces sieste de vieillard dont vous me parlez, d’un sommeil épais comme de la poix, avec mes souvenirs je sais que c’est une plaisanterie très commune de croire qu’il sert à quelque chose d’avoir eu une vie si longue. J’ai encore l’imagination des matinées et des soirées de Valérie, je n’y peux rien. Je crois que je n’atteindrai jamais le moment de ma vie où l’imagination des matinées de Valérie me quittera. Je crois que je mourrai avec tout le poids, l’immense poids de l’amour de Valérie sur mon cœur. Je crois que ce sera ainsi.