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Citations sur L'été 80 (14)

Il fallait un jour entier pour entrerdans l'actualité des faits, c'était le jour le plus dur, au point souvent d'abandonner. Il fallait un deuxième jour pour oublier, me sortir de l'obscurité des faits, de leur promiscuité, retrouver l'ari autour. Un troisième jour pour effacer ce qui avait été écrit, écrire.
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Il y a des signes avant-coureurs d’un nouveau bonheur, d’une nouvelle joie, cela circule déjà dans ce désastre chaque jour tristement relaté par nos gouverneurs. Dans les rues il y a des gens seuls qui marchent dans le vent, ils sont recouverts de K-way, leurs yeux sourient, ils se regardent. La nouvelle est arrivée à travers la tempête d’un nouvel effort demandé aux Français en vue d’une année difficile qui vient, de mauvais semestres, de jours maigres et tristes de chômage accru, on ne sait plus de quel effort il s’agit, de quelle année pourquoi tout à coup différente, on ne peut plus entendre ce monsieur qui parle pour annoncer qu’il y a du nouveau et qu’il est là avec nous face à l’adversité, on ne peut plus du tout le voir ni l’entendre.
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Un pays socialiste, par définition, est un pays dans lequel la faim a disparu. Les autres aspects de l’homme ne sont pas évoqués. L’homme qui mange est considéré comme l’homme libre, l’homme suffisant. L’homme suffisant n’a plus à se plaindre de rien, du moment qu’il mange à sa faim. L’homme des pays socialistes s’est donc retrouvé enfermé dans une définition limitée à sa nourriture.
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Le parti le plus fort se reconnaît à sa potentialité de mort, sa faculté plus ou moins grande de l’administrer. Ils ont tué des voleurs à la tire, ils tuent des trafiquants de drogue. Et ils tuent des homosexuels. Cela parce qu’en Iran, comme en Russie soviétique, l’aveu de facto de l’homosexualité face à l’opprobre populaire et gouvernemental se pose en équivalence à un acte politique majeur qui a valeur souveraine d’exemple quant à l’expression de toutes les autres libertés de l’être humain, depuis celle du choix de sa spiritualité jusqu’à celle de la conduite de son corps. Il est dans la logique du fascisme de punir les homos et les femmes.
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Je vois que le crime quel qu’il soit relève de la bêtise essentielle du monde, celle de la force, de l’arme, et que la majeure partie des peuples craignent et révèrent cette bêtise comme le pouvoir même. Que la honte c’est ça. L’enfant qui se tait regarde toujours tout alentour de lui, la haute mer, les plages vides. Ses yeux sont gris comme l’orage, la pierre, la mer, l’intelligence immanente de la matière, de la vie. Gris, les yeux couleur du gris, comme une teinte extérieure posée sur la force fabuleuse de leur regard.
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L’été n’est pas arrivé. À sa place, ce temps qu’on ne peut pas classer, dont on ne peut pas dire quel il est. Dressé entre les hommes et la nature il est une paroi opaque faite d’eau et de brouillard. Qu’est-ce que encore que cette idée, l’été ? Où est-il tandis qu’il tarde ? Qu’était-il tandis qu’il était là ? De quelle couleur, de quelle chaleur, de quelle illusion, de quel faux-semblant était-il fait?
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On lui a dit de s’en aller avec l’enfant, du moment que celui-ci se distinguait à ce point de ses camarades. Alors ils sont partis, vous savez, de l’autre côté du môle, vers les collines d’argile et les rochers noirs. Et là, elle a chanté pour l’enfant qu’à la claire fontaine elle s’était promenée, que sur la plus haute branche un rossignol chantait et que jamais elle ne l’oublierait, et l’enfant écoutait les paroles.
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Je me suis dit qu’on écrivait toujours sur le corps mort du monde et, de même, sur le corps mort de l’amour. Que c’était dans les états d’absence que l’écrit s’engouffrait pour ne remplacer rien de ce qui avait été vécu ou supposé l’avoir été, mais pour en consigner le désert par lui laissé.

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Un pays socialiste, par définition, est un pays dans lequel la faim a disparu. Les autres aspects de l’homme ne sont pas évoqués. L’homme qui mange est considéré comme l’homme libre, l’homme suffisant. L’homme suffisant n’a plus à se plaindre de rien, du moment qu’il mange à sa faim. L’homme des pays socialistes s’est donc retrouvé enfermé dans une définition limitée à sa nourriture. La société n’avait besoin de rien de plus que de lui, de cet homme bien nourri, pour construire le socialisme. Or, ce n’est pas parce que la famine est un état de souffrance et de stérilité de l’homme que la suppression de cette souffrance crée un état de bonheur et de fertilité.
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Je suis seule, et dans ce bonheur. Je suis dans une solitude que je reconnais, qu’entre toutes nous reconnaissons, sans recours aucun désormais, irrémédiable, la solitude politique. C’est ce bonheur que je ne peux dire à personne qui m’empêche d’écrire. C’était ça. J’essaie de téléphoner à des amis anciens, personne n’est là, il n’y a personne nulle part. Les gens ne savent plus voir le bonheur qu’est Gdansk parce qu’il est de nature révolutionnaire et que la pensée révolutionnaire a quitté les gens.
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