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Citations sur Envoyée spéciale (99)

Qu'elles soient de douleur, d'émotion, de joie voire de deuil, les larmes ont en effet du bon. Peu importe au fond ce dont elles témoignent, tant elles soulagent et tant, s'écoulant de nos yeux, c'est tout le corps qu'elles apaisent.
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Elle sanglotait sans cesse. A la moindre occasion, et même sans occasion, ce qui n'était d'ailleurs pas si désagréable; Qu'elles soient de douleur, d'émotion, de joie voire de deuil, les larmes ont en effet du bon. Peu importe au fond de ce dont elles témoignent, tant elles soulagent et tant, s'écoulant de nos yeux, c'est tout le corps qu'elles apaisent.
Et soit dit en passant, ce phénomène concerne peu ou prou tout ce que le corps expulse: dès l'instant où quelque chose de liquide, solide ou gazeux s'échappe de l'organisme - soit une dizaine de modes d'évacuation possibles qu'on s'abstiendra de détailler - c'est chaque fois, du sublime au trivial, un plaisir spécifique. A des degrés divers et quoi qu'on dise, c'est toujours plutôt bon.
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Il se souvient quant à lui, voici trente ans, qu'il a d'abord été brutalisé au début de sa détention quand il a rechigné à devenir un serviteur sexuel : on lui a fracturé un genou contre un lavabo pour lui fournir une idée adéquate du panorama, pour qu'il s'imprègne bien de la culture ambiante, puis tout est allé mieux dès qu'il a mis ses orifices à la disposition d'un protecteur, puis de plusieurs protecteurs, puis d'un nombre indéterminé de clients de ces protecteurs à qui ceux-ci ont loué Clément Pognel à la demi-heure. Et comme à tous il donnait pleine satisfaction, on a voulu le garder, s'assurer de ses services le plus longtemps possible, de sorte qu'à chaque perspective de libération anticipée pour bonne conduite on lui a créé toute sorte d'embrouilles afin que Pognel, accomplissant sa peine jusqu'à son terme, on puisse profiter un maximum.
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Je veux une femme, a proféré le général. C'est une femme qu'il me faut, n'est-ce pas.
Vous n'êtes pas le seul dans ce cas, lui a souri Paul Objat. Épargnez-moi ces réflexions, Objat, s'est raidi le général, je ne plaisante pas là-dessus. Un peu de tenue, bon Dieu. Le sourire d'Objat s'est dissous : Je vous prie de m'excuser, mon général. N'en parlons plus, a dit le gradé, réfléchissons. (...)
Une femme, a-t-il répété à voix basse, se parlant à lui-même. Une femme, a-t-il haussé le ton, mais pas seulement. Surtout pas une stagiaire comme on en trouve partout. Quelqu'un d'absolument étranger aux réseaux, voyez-vous ? Pas tout à fait, a dû admettre Objat. Eh bien une innocente, quoi, a résumé le général. Qui ne comprend rien à rien, qui fait ce qu'on lui dit de faire et qui ne pose pas de questions. Plutôt jolie, si c'est possible.
Cela fait beaucoup de critères, a fait valoir Objat, ça ne va pas être facile à trouver. Je sais, a reconnu le général.
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On sait d'ailleurs trop peu qu'au cimetière de Passy, loin du siècle et des projecteurs, les pensionnaires donnent régulièrement un spectacle de fin d'année soutenu par une distribution remarquable : Fernandel, François Périer, Jean Servais, avec Réjane et Pearl White dans les rôles féminins. La qualité de l’œuvre est garantie par les talents d'autres défunts : scénario de Tristan Bernard et Henry Bernstein sur une idée d'Octave Mirbeau, dialogues de Jean Giraudoux, décors de Robert Mallet-Srevens, costumes de Jean Patou, musique de Claude Debussy. Le rideau de scène est d’Édouard Manet, la mise en scène de Jean-Louis Barrault. Le livret de cet ouvrage est disponible chez Arthème Fayard. On l'ignore en général.
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Le soir, avant le banquet, le leader suprême en personne est apparu au son de la chanson Du même pas, écrite en son honneur par le compositeur Ri Jong-o, et provoquant instantanément une profonde courbette unanime. Massif et bedonnant, grosse tête poupine ovale homothétique à un gros buste ovale - oeuf de cane sur oeuf d'autruche sans aucun cou pour faire le joint - il avançait d'un pas buté, emprunté, compensant sa petite taille comme son cher leader de père par d'épaisses talonnettes sur lesquelles il marchait en balançant les bras loin du corps.
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Ce faisant, ils marchent dans les allées du parc, où, installé à une place stratégique, Objat observe leurs allées et venues — nous ne comprenons pas non plus, malgré notre omniscience, comment il a pu être informé de ce rendez-vous qui a l'air, ma foi, de se passer pas trop mal.
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Hélas pour eux, Objat a surgi sur ce quai six minutes avant l'Intercités puis les a rabattus vers le buffet de cette gare où il les admonestait qui se taisaient, miteux. Lorsqu'il a commandé un nouveau sandwich, leur demandant s'ils prenaient quelque chose, ils ont assuré n'avoir plus faim. Non, merci bien, Victor, a décliné Jean-Pierre, merci beaucoup. On a pris un croque-monsieur tout à l'heure.
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Tout est en place et chacun joue sa partie. Ils n'ont aucune idée de ce qu'ils font, mais ils font tout comme je l'avais prévu. Parfait, a soupiré le général, c'est bien, c'est bien. Ça me rappelle le titre d'un roman de Balzac, s'est-il laissé aller, Les Comédiens sans le savoir, je ne sais pas si vous connaissez. Ah non, pas du tout, a dit Objat, je ne l'ai pas lu. Moi non plus je ne l'ai jamais lu, bien sûr, s'est exclamé le général, mais enfin le titre est vraiment bien, non ?
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Le général n'a guère changé non plus. S'il n'avait pas été général, on ne voit pas ce qu'il aurait pu faire dans la vie vu son maintien, son physique et sa physionomie. Petit, râblé, sec, cheveux ras, paralysie faciale plus ou moins étudiée, il incarne un parfait archétype de général comme seul a su l'incarner Erich von Stroheim. Bien que nous ayons connu de vue ou même personnellement des bouchers, agents de change, franciscains ou proviseurs qui relevaient du même habitus, et bien qu'Erich von Stroheim lui-même ait aussi incarné d'autres rôles : majordome, télépathe, professeur d'anglais, Beethoven — mais ne nous égarons pas car Bourgeaud s'impatiente.
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