Citations sur Envoyée spéciale (99)
ça mijote [...] c'est comme en cuisine [...] Il faut surveiller de temps en temps, faire revenir, déglacer, rajouter des épices au bon moment [...] j'ai monté mon dispositif. J'ai dû prendre un peu de temps pour distribuer les rôles. ça ne se fait pas tout seul, un casting, ça se fignole, mais là je crois que ça va. Tout est en place et chacun joue sa partie. Ils n'ont aucune idée de ce qu'ils font, mais ils font tout comme je l'avais prévu. Parfait, a soupiré le général [... ] ça me rappelle le titre d'un roman de Balzac, s'est-il laissé aller, Les Comédiens sans le savoir, je ne sais pas si vous connaissez. ( p 124/125)
débarrassée de toute présence humaine, la DMZ est devenue en soixante ans un parc naturel involontaire - destin semblable à celui entre autres et pour d'autres raisons, du site de Tchernobyl ou de l'archipel Montebello. Soit un sanctuaire où se reproduisent en paix des espèces quasi introuvables ailleurs telles que l'ours noir, le cerf tacheté, la chèvre sauvage angora, la panthère de Chine ou le léopard de l'Amour.
L'acronyme DMZ, rappelons-le, désigne la demilitarized zone qui sépare la Corée du Nord de celle du Sud.
On se souvient moins en effet que vingt-trois ans plus tard, dans la capitale du Pérou, un commando de guérilleros pesamment armés avait envahi l'ambassade du Japon dont il avait également transformé les membres du personnel en boucliers. Mais assez vite, se prenant d'affection pour ceux-ci, se laissant convaincre par leurs bonnes manières et leurs objections polies, les révolutionnaires en avaient libéré la plupart puis, cette inclination visant à la franche amitié, ceux qui devaient liquider les derniers otages en cas d'intervention policière s'en avouèrent incapables. Ce phénomène a été nommé, lui, syndrome de Lima.
Vous souvenez-vous, mon général, de Stockolm et de Lima ? Eh bien je crains qu'on en soit là.
Cela fait, Tausk quitte son bureau, ouvre une fenêtre du salon par laquelle entre une mouche massive au thorax bleu scintillant qui effectue d’abord quelques tours circonspects, doit trouver l’appartement à son goût car y volète pièce par pièce en s’attardant tel un huissier sur chaque meuble, chaque œuvre accrochée aux murs sans paraître envisager de sortir, passant à la bibliothèque dont, volume par volume, elle inventorie en vrombissant le contenu [...].
Je veux bien, condescend Pognel, mais à une condition. Je veux pouvoir poser mes conditions.
Il n’y a pas de conditions, fait valoir Objat. Vous ne posez rien du tout.
Ils sont assis sur un banc, à soixante centimètres l’un de l’autre. Ils parlent à voix basse, sans trop agiter leurs lèvres ni se regarder comme c’est l’usage pendant les rendez-vous d’espions. Les rares promeneurs ne peuvent imaginer qu’ils s’entretiennent, n’ayant pas l’air de se connaître mais de se trouver côte à côte par hasard, fatigue ou désœuvrement, désir d’observer trois cygnes barbotant à la surface du lac – plan d’eau ceignant une île aussi artificielle que lui, en forme de pain de sucre à demi fondu, coiffée d’une rotonde périptère inspirée par le temple de Vesta à Tivoli.
Depuis la terrasse du Mandarin, levant un instant les yeux au ciel, Tausk voit celui-ci traversé par un Boeing dont les tuyères laissent après lui leur habituelle traînée de vapeur d’eau, condensée par les –20° C de l’altitude et formant un fil blanc de cristaux de glace épanoui en halo triangulaire irrégulier, nuage artificiel qui moutonne vite et qui, déjà flouté par la bâche, pâlit avant de s’éclaircir et se décomposer.
Mais à ce propos, Pélestor aimerait qu’on lui explique pourquoi, lorsqu’il ouvre une boîte neuve de médicaments, c’est toujours du mauvais côté : celui de la notice d’utilisation pliée sur les pilules, comprimés ou gélules et qui fait barrage à ceux-ci, de sorte que Pélestor doit chaque fois refermer la boîte pour la rouvrir de l’autre côté, où la dose est en libre accès. Ce phénomène paraît inévitable, comme une tartine chue tombe toujours du côté confiture, sous l’effet d’une malédiction qui se poursuit même après la première ouverture de la boîte : chaque fois qu’il y a recours ensuite c’est toujours la notice qui se présente, la notice et la notice encore.
Et pas un mot à qui que ce soit, bien sûr, scande le commanditaire. Je ne dis jamais rien à personne, prétend Lessertisseur. Une tombe, à côté de moi, c’est une pochette-surprise.