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Citations sur Envoyée spéciale (99)

Pianotant sur le plateau du bureau comme quand on s’impatiente, ses ongles, rien qu’au son, lui ont paru trop longs. Enfin une décision prise, à effet immédiat : extrayant un coupe-ongles du tiroir, il a entrepris de les raccourcir, passe-temps utile qui peut vous prendre un bon moment en s’appliquant. Il s’y est mis, il les a coupés.
Trop courts. De sorte que, pendant les heures suivantes, il a senti les bouts de ses doigts fragilisés, comme démunis ou nouveau-nés, leur chair tendre retrouvant l’air libre et le respirant, presque gênée de le respirer – c’est un peu la même sensation que lorsqu’on vous enlève un plâtre. Cet effet post-opératoire ne dure jamais longtemps, très vite on n’y pense plus mais, les jours suivants, on est content de ses ongles courts, nets, délivrés d’angles où la poussière pourrait s’insinuer. On attend de les recouper, sachant que le cycle entier de repousse des ongles, côté mains, dure trois mois – côté pieds, compter neuf car ceux-ci, passant leur vie dans le noir, sont plus lents.
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Hubert Coste est plus grand que Lou Tausk, plus élancé, plus souriant, plus bronzé, plus musclé, plus tout ce qu'on peut concevoir et nous ferons grâce à sa putain de très jolie femme et de ses saloperies de merveilleux enfants. (...)
On est passés dans son bureau, Tausk y a exposé la situation. Constance enlevée, rançon demandée, photo préoccupante, menaces traditionnelles et qu'est-ce qu'on fait ? Situation à vrai dire si banale, comme on en voit tellement souvent, que nous sommes tous un peu embarrassés : Tausk par sa démarche humiliante auprès de son cadet, Hubert par ce que Tausk vient encore lui casser les pieds pour pas un rond, moi-même par une trame à ce point convenue.
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« Nulle raison, direz-vous, de croiser des éléphants dans la Creuse et sur ce point nous sommes d’accord, nous ne le mentionnons que pour la raison suivante. Selon les travaux du docteur L. Elizabeth L Rasmusse, les femelles de l’Elephas maximus usent comme toute espèce animale d’une certaine combinaison de molécules dès le moment où l’exercice du rut devient envisageable, voire souhaitable.[…] Nous pensions qu’il n’était pas mauvais que ce phénomène zoologique, trop peu connu à notre avis, soit porté à la connaissance du public. Certes, le public a le droit d’objecter qu’une telle information ne semble être qu’une pure digression, sorte d’amusement didactique permettant d’achever un chapitre en douceur sans aucun lien avec notre récit. A cette réserve, bien entendu recevable, nous répondrons comme tout à l’heure : pour le moment.
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Le nom de chaque station, d’autre part, est articulé de manière neutre alors que, selon la personne ou le lieu qu’il évoque, il pourrait s’y adapter en individualisant un peu l’affaire : ce pourrait être un accent dramatique à Stalingrad, flamand à Anvers, dévot à La Chapelle ou cornélien à Rome – qui n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis. Mais non, rien de personnel, tout le monde est traité pareil. La succession de ces deux tonalités, montante et descendante, sonne aussi comme si la voix faisait se rencontrer deux personnes au cours d’une soirée mondaine, ce qui n’a la plupart du temps aucun sens : nulle raison de faire connaître Pigalle ou Jaurès à eux-mêmes. Sauf dans l’hypothèse où l’on présenterait une femme prénommée Blanche à une autre femme prénommée Blanche, ou Alexandre Dumas père à Alexandre Dumas fils, bref.
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....se prépare en même temps un jus d’orange et une
théière, ce dans un ordre immuable et parallèle, sachant que le temps de presser deux oranges est égal à celui de l’ébullition puis que la phase de rinçage du presse-agrumes équivaut à celle de l’infusion.
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Autour du métro Couronnes, des ruelles déferlent du nord-est en affluents vers le boulevard : passage de Pékin, rue du Sénégal, rue de Pali-Kao. Celle-ci, Tausk l’emprunte après avoir longé quelques boutiques chinoises – furtifs effluves de glutamate monosodique –, restaurants tunisiens –subtiles fragrances de ras el hanout –, deux supérettes et un soldeur d’électronique, « Tout à 1€ » oppose une féroce concurrence à « Tout Mini € »
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On sait d’ailleurs trop peu qu’au cimetière de Passy, loin du siècle et des projecteurs, les pensionnaires donnent régulièrement un spectacle de fin d’année soutenu par une distribution remarquable : Fernandel, François Périer, Jean Servais, avec Réjane et Pearl White dans les rôles féminins. La qualité de l’œuvre est garantie par les talents d’autres défunts : scénario de Tristan Bernard et Henry Bernstein sur une idée d’Octave Mirbeau, dialogues de Jean Giraudoux, décors de Robert Maillet-Stevens, costumes de Jean Patou, musique de Claude Debussy. Le rideau de scène est d’Édouard Manet, la mise en scène de Jean-Louis Barrault. Le livret de cet ouvrage est disponible chez Arthème Fayard. On l’ignore en général.
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Le cimetière de Passy est, de loin, le plus chic de Paris. De taille assez réduite, il est imbattable dans la proportion d’individus riches et célèbres au mètre carré, spécialement dans le domaine des arts et lettres. On l’a d’ailleurs installé en surplomb, ce qui permet aux personnes gisant là de se maintenir toujours au-dessus du niveau des vivants.
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Ce qu'il faudrait avant tout, voyez-vous, c'est lui faire subir une sorte de purge une fois que nous l'aurons trouvée. La mettre entièrement hors-circuit quelque temps avant qu'elle intervienne. Une sorte de bonne cure d'isolement, si vous voulez. La personnalité se modifie dans ce cas-là. Je ne dis pas que ça détruit le caractère, mais ça crée des réactions mieux adaptées, ça rend le sujet plus ductile.
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C'est très simple, a répondu le général, vous allez déstabiliser la Corée du Nord.
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