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Critique de Annezzo


J'ai dans ma tête tout plein de petits tiroirs Kennedy bien remplis. Livres, émissions de radio, articles, études, documentaires, c'est bien fourni, et ô étonnement, je ne m'en lasse pas, des deux frangins et leur destin tragique.

Que dire... Suis imbattable sur l'histoire de la famille, depuis les pauvres émigrés irlandais jusqu'au fiston de Jackie et Jack, dit "John John". Grâce à Don Delillo je sais tout sur Lee Harvey Oswald (Libra), grâce à Marc Dugain je suis pointue sur la girl with polka dot dress, la fille à la robe à pois et tout ce qui concerne l'assassinat de Bobby Kennedy et les délires de la CIA sur l'hypnose en passant par Sirhan Sirhan. Grâce à James Ellroy j'ai tout sur les magouilles de la CIA, des anti-castristes, du KKK et de la mafia italienne autour de l'assassinat de JFK puis de la préparation de celui de Bobby, en passant par le Vietnam. Grâce à Marc Dugain encore, j'ai le bon dossier sur Hoover que Ellroy a aussi savamment étudié. J'ai même découvert un des ennemis de Bobby du temps du Mac Carthysme, Roy Cohn l'avocat du diable le "créateur" de Donald Trump, grâce à Philippe Corbé. J'en sais un peu plus sur Jackie Kennedy, beaucoup sur Sinatra et le RatPack, les maîtresses communes entre Jack, Frankie et Sam Giancana il capo de tutti capi. Un peu sur Lemm l'ami de toujours, beaucoup sur Ethel l'épouse de Bobby et sa ribambelle d'enfants dont la onzième naquit après la mort de son père. J'en sais des tonnes sur Marylin, notamment avec Michael Korda et ses Immortels. J'ai bien en tête la fratrie Kennedy, et puis le pater noster, guère aimable le filou, avec sa très catholique et peu affectueuse Rose d'épouse. "Je n'ai jamais connu un jour où mon frère ne souffrait pas" disait Bobby. "Personne ne sait détester comme Bobby" disait Jack (JFK), j'ai adoré la complicité entre les deux frères, sans oublier ces deux femmes cultissimes qu'ils ont honorées, l'un avec le corps, l'autre avec le coeur, la blonde et la brune, Marilyn et Jackie. Grâce à la formidable série radiophonique d'Alexandre Adler, "le crime du siècle", j'ai poussé un peu plus dans ma connaissance de Jack Ruby, l'homme qui tua Oswald. Et évidemment, et cette série fait un point absolument remarquable sur le sujet, tout sur le Dday. le 22 novembre 1963. Chaque centimètre de Elm Street ou de Daily Plaza, la librairie scolaire, chaque minute du trajet depuis l'aéroport, la place de chacun ce jour-là à midi et demi sur la place, dont un certain Georges Bush, que dis-je, deux Georges Bush, le père et son gamin de fils… le monticule herbeux, Zapruder, l'angle du tournant, l'étage des tirs "officiels", sans parler du fusil italien de qualité moyenne, les douilles tombées au sol, le trajet des trois balles officielles, les témoins partagés sur la provenance du bruit des balles… Je vous en passe, et j'ai l'air de frimer comme ça, c'est juste pour dire que je suis LA référence sur les Kennedy que le monde nous envie. Enfin, à peu près.
Mais je manquais de détails sur le destin de Mary Meyer.
Elle a été assassinée en Octobre 1964 à Washington, moins d'un an après la mort de JFK. Tous deux étaient amants, mais elle a plus compté que les autres, semble-t-il. Ils étaient amoureux, complices. Il la consultait lors de décisions politiques. L'ex-mari de la dame faisait partie de la grande maison, l'Agence, la CIA. Elle faisant son jogging dans le parc du Potomac, on n'a jamais su qui lui a tiré deux balles dans le corps, un innocent (noir !) a été inculpé sur la base de témoignages un rien fumeux, mais disculpé un an plus tard, ce qui était rarissime à l'époque.
Avant de lire "La contre-enquête", le livre de Jean Lesieur sur cette affaire, me suis offert ce roman, histoire d'avoir le film en tête. L'autrice précise qu'à partir de faits réels et avérés, elle a construit sa fiction, rempli des vides, imaginé les rapports entre ce dragueur de Jack et cette mère qui avait perdu son premier enfant dans un accident. Issue d'une grande famille, les Pinchot, libérée de ses chaînes, s'ouvrant à la peinture, mais aussi au cannabis puis au LSD, "Pinchy" partage tout avec son joli-coeur, qui lui, prend tout à la légère… Et lors de la mort de l'homme qu'elle aimait, elle lutte contre le désespoir en cherchant à faire éclater la vérité sur cette même Agence, doutant très fortement de la version officielle servie par la commission Warren. Elle écrivait un journal, dit-on, on ne sait pas si la CIA a réussi à mettre la main dessus. Alexandra Echkenazi nous l'écrit, ce journal, et invente des lettres de Jack amoureux, qui sont irrésistibles. Me suis fait plaisir à y croire, même si je doute qu'il ait eu envie non seulement de perdre la première élection, mais de refuser de se représenter en 1964. Par contre, de son humour, je ne doute pas ! Et on l'imagine craquant, le président S'en-fout-la-mort, avec sa petite Pinchy vaillante. Passé un doux moment en leur compagnie. Avant de passer aux choses "sérieuses", c'était bon de chantonner "Parlez-moi d'amour" avec un coeur tout neuf d'adolescente qui bat des cils.
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