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sur 729 notes
Faussaire, réactionnaire, antilibéral, antisémite, anticlérical, détestant aussi bien les francs-maçons, que les jésuites et les femmes, le portrait du protagoniste est haut en couleurs. A cette longue liste, encore faut-il rajouter amnésique à la suite d'un probable traumatisme. Voilà pourquoi Umberto Eco nous propose de plonger dans les écrits de Simon Simonini... et ceux d'un comparse pour le moins mystérieux : l'abbé Dalla Piccola.

Il s'agit ici d'un véritable roman historique qui s'enrichit constamment au fil du texte. S'il est d'abord question de l'Unité italienne et de la Commune, le récit développe ensuite des références à l'occultisme (Léo Taxil) et à l'affaire Dreyfus. Pour donner une petite comparaison nous nous situons ici entre le nom de la rose et le pendule de Foucault. Les personnages historiques (Freud, Garibaldi, Dumas, Daudet, Taxil...) croisent des inventions de l'auteur. La galerie est impressionnante.

Il faudra donc avoir une certaine sensibilité historienne pour apprécier cette lecture. le style est ici asse neutre, puisque les narrations évoquent des pensées qui pourraient aujourd'hui être condamnés. Malgré de nombreuses illustrations et un style d'écriture absolument onctueux, le livre reste volumineux : il s'agit d'un Pavé !

L'auteur se démène pour accrocher l'intérêt du lecteur : triple niveau de narration, références à la cuisine et scénario bien ficelé, avec des nombreux bons mots ou traits d'esprits réussis. Si une révélation est prévisible, la plupart des retournements de situations sont plutôt bien amenés.

Fort heureusement il se passe toujours quelque chose. S'il est question de rédaction de document sur lesquels se sont appuyés antisémites et anti francs-maçons, l'auteur nous livre également un roman d'espionnage et d'aventure. de quoi nous empêcher de laisser tomber cette lecture.

Bien qu'évoquant des thèmes centraux particuliers qui mettront du temps à émerger (dommage que la quatrième de couverture soit aussi bavarde), voici un roman qui devrait plaire aux adeptes d'occultisme et de XIXème siècle. Un grand roman, une histoire intéressante mais qui risque de froisser certaines susceptibilités (notamment de par les attaques misogynes et antisémites). L'ironie doit ici être savourée à sa juste saveur.
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Du grand Umberto Eco !

L'histoire du 19eme siècle racontée de manière très érudite à travers les yeux de Simonini, un pseudo-espion schizophrène haïssant son prochain, surtout s'il est juif ou maçon, mais pas seulement. Une particularité cruciale: à l'exception de ce triste personnage, tout les autres personnages et les faits rapportés sont historiques !

C'est ainsi que l'on assiste à la naissance de l'antisémitisme moderne avec la genèse du Protocole des Sages de Sion, suit l'affaire Dreyfus et plonge dans les méandres d'une société européenne malade avec force sociétés secrètes en tout genres et des espions et conspirateurs à la solde du plus gros portefeuille.

Le style et la structure du roman est à l'image de ce siècle, confus et peut rebuter (visiblement plus d'un). N'étant pas un historien avide de détails, j'ai fait le choix de ne pas m'arrêter là dessus et de me laisser porter par les grandes lignes de l'intrigue, pour laquelle la synthèse chronologique fournie à la fin du livre est fort utile, sans m'inquiéter de ne pas saisir toutes les subtilités des changements de perspective narrative et de police censés nous aider à cela.

Outre l'intérêt historique, et à condition d'arriver à passer outre la complexité de la structure et du style, on se laissera happer par un roman à suspense mené d'une main de maître.

J'ai constaté avec surprise la critique formulée par certains selon laquelle cette oeuvre pourrait être vue comme faisant l'apologie nomment de l'antisémitisme. Cela n'a aucun fondement à mon sens et ne m'a jamais traversé l'esprit, tellement le talent d'Umberto Eco amène naturellement le lecteur à se moquer des non-sens enfilés par le héros, le genre de héros que l'on adore haïr tellement sa bêtise et son opportunisme sautent aux yeux.
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Ce livre m'a profondément déçue.

Il y a de nombreuses années de cela, j'avais lu le nom de la rose qui m'avait laissé un excellent souvenir. Aussi je pensais en lisant ce livre passer un bon moment.

le début m'a laissé perplexe et un peu rebutée. Pendant un chapitre, nous avons le droit à une grande envolée du protagoniste qui explique pourquoi il n'aime pas les juifs, les allemands, les français, les italiens, les curés, les femmes ... et j'en oublie sans doute.
Ceci explique sans doute une partie de ma difficulté à entrer dans le récit (outre certaines liste de titre interminable), cette antipathie profonde que m'attirait les personnages y évoluant.
Une chronologie assez décousue par moment à achever ce mal.

Je viens de finir le livre est pourtant je serais bien à mal de dire ce qu'il s'y ai passé sinon un succession d'actes horribles et pervers commis par le "héros" dont la seule solution face à ses actes est

J'espère profondément que l'auteur ne partage en rien les thèse de son personnage car sinon c'est gravissime.

bref une lecture qui m'a déçue et déplu. J'aurais préféré resté sur mon souvenir précédent de l'auteur.
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Je suis une grande fan d'Umberto Eco et c'est un vrai plaisir de relire ses écrits, où le moindre mot est pesé et posé là, finement.
Le cimetière de Prague, c'est l'histoire dans L Histoire, une réflexion intelligente sur notre esprit et notre besoin de croire en tout. Une pépite.
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bon, j'ai vraiment pas réussi à rentrer dans ce livre.. j'ai insisté, par trois fois....Impossible
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Petit hommage à un monstre de la littérature: le Cimetière de Prague de Umberto Eco, chez Grasset et Livre de Poche.
Le pitch: A l'aube de sa vie, Simon Simonini est un homme qui déteste beaucoup de monde, notamment les femmes et les francs maçons, mais surtout les juifs. Pour retrouver la mémoire et percer à jour l'événement qui l'a tant troublé en mars 1897, ce notaire raté, passé maître dans l'art de l'espionnage, de la contrefaçon et du mensonge, va ainsi retracer sa vie au fil des pages d'un journal intime, depuis sa naissance dans le Piémont italien auprès de son grand père antisémite, jusqu'à sa vie actuelle dans le Paris de la IIIème République où il espionne pour de nombreux services. Il se remémore ainsi "l'oeuvre" profondément antisémite de toute sa vie: un récit qu'il a imaginé  de toutes pièces, sur la réunion secrète de rabbins au Cimetière de Prague pour poser les bases de leur domination du monde, plus tristement connu sous le nom du Protocole des Anciens Sages de Sion...
C'est avec une grande tristesse que j'apprenais la disparition du grand Umberto Eco il y a une semaine, immense écrivain qui n'avait pas son pareil pour produire des romans d'une impressionnante érudition. L'ayant découvert, comme beaucoup de lecteurs, avec le Nom de la Rose, j'ai finalement décidé de me replonger dans son oeuvre, en optant pour ce roman qui figurait depuis trop longtemps dans ma PAL.
Avec un talent incontestable, l'auteur nous livrait cette fois ci un roman d'une rare intensité et complexité, traitant de la naissance et de la montée de l'antisémitisme, ayant eu les dramatiques conséquences que l'on connaît. Car c'est là que réside la véritable leçon du Maître Eco pour son lecteur: tous les personnages de ce roman, à l'exception de notre antihéros particulièrement détestable, ont réellement existé au cours de cette période de l'histoire.
En plus d'être érudit, ce roman est brillamment construit autour d'une structure à trois voix savamment orchestrée: celles du personnage principal et de son double, l'Abbé Dalla Piccola, mais aussi un Narrateur qui tente de mettre de l'ordre là où le héros schizophrène s'égare.
L'écriture est belle, et le style soutenu, comme toujours.
En bref, voici un grand roman, qu'il ne faut cependant pas lire au premier degré, mais c'était là tout le génie de M. Eco, qui va beaucoup nous manquer. Ciao Il Professore...
Lien : http://deslivresetmoi7.blogs..
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Trente ans après le Nom de la rose, voici le dernier roman d'Umberto Eco. Enorme succès en Italie, et il y a de quoi !
Comme tous ses autres romans, il comporte une intrigue à rebondissements qui tient en haleine. Egalement comme dans tous les autres, l'époque du cadre détermine, outre la trame, le style ainsi que le climat intellectuel, par un système complexe de renvois littéraires et par leur imitation, citation et pastiche. Comme dans certains autres, nous sommes en présence d'une structure double entre intrigue (alias : story, ou fabula) et histoire (alias : plot, ou sjuzet - diraient les formalistes russes). Comme dans L'Ile du jour d'avant, le héros est lui-même dédoublé en deux alter-ego (ici un pseudo-abbé et un pseudo-notaire). Comme dans le Nom de la rose, la description initiale dans les toutes premières pages est simplement merveilleuse. Comme dans le Pendule de Foucault, il est amplement question de falsification, de calomnie, d'hermétisme, d'occultisme, de franc-maçonnerie... Comme dans Baudolino, le héros est un falsificateur, un menteur, un fraudeur, en beaucoup plus crapuleux cette fois-ci. Fin des analogies. Fin des remarques de forme-structure.
Le cadre donc, c'est le XIXe siècle (avec ses feuilletons et ses Dumas et Eugène Sue) entre Turin, Palerme et surtout Paris, et les chapitres d'Histoire directement convoqués : le Risorgimento (mouvement pour l'unification du Royaume d'Italie) et la Commune de Paris (1870). S'il faut caractériser en un seul mot le contexte intellectuel, il s'agit de la résurgence massive de l'antisémitisme en Europe, avec la diffusion de la phobie du "complot judaïco-maçonnique mondial", créée ou alimentée par deux célèbres faux historiques : le Protocole des Sages de Sion et, comme épilogue, le bordereau Dreyfus. Entre parenthèses, une lecture psychanalytique à plusieurs niveaux du protagoniste, de son dédoublement et aussi de son antisémitisme, est possible, grâce à un savoureux clin d'oeil au Juif autrichien ("ou allemand, c'est pareil" !) le docteur Froïde, consommateur de cocaïne...
Le (double) anti-héros représente donc un salaud d'espion envoyé infiltrer les garibaldiens, puis créer de toutes pièces les fameux faux, ainsi qu'orchestrer des campagnes de désinformation tantôt anti-jésuites, tantôt anti-maçonniques, tantôt anti-satanistes, tantôt - pour son plus grand bonheur ! - antisémites.
L'auteur précise qu'à part ce personnage, tous les autres parmi ses complices et ses victimes ont réellement existé et commis les actes leur étant inscrits ; et quant au protagoniste, "il fait des choses qui ont été réellement faites, sauf qu'il en fait beaucoup, qui ont donc probablement eu des auteurs différents. Mais, sait-on jamais, lorsqu'on évolue entre services secrets, agents doubles, officiers félons, ecclésiastiques pécheurs, tout peut advenir. Même que l'unique personnage inventé de cette histoire soit le plus vrai de tous, et qu'il ressemble énormément à d'autres qui sont encore parmi nous."...
Cette dernière considération sonnait comme une promesse aux Italiens, observateurs toujours avides de la chose politique... Pour ma part, cet engagement (on parle d'intellectuel "engagé", n'est-ce pas) n'a pas été véritablement tenu, car les similitudes attendues sont insuffisantes, surtout sur le plan... luxurieux. le débat italien trouve cependant un autre aliment nourrissant lié à son air du temps : tout ce qui gravite autour des commémorations du 150ème anniversaire de l'Unité nationale.
Mais même en-dehors de ces questions très péninsulaires, et je dirais également au-delà des lecteurs français qui sont privilégiés pour d'autres aspects, tout un chacun y peut trouver son compte, son plaisir et, naturellement, une très grande actualité - désinformation, falsification, complots... etc. -.

[critique datée 15/01/2011]
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Comme à son habitude, Umberto Eco nous livre ici un roman très riche, truculent, foisonnant d'histoires, d'anecdotes en tout genre, de conspirations politiques en complots, de trahisons en espionnage, tout cela situé entre l'Italie et Paris, dans les années tourmentées de la fin du 19e siècle. Juifs, Communards, jésuites, chrétiens, francs-maçons, Garibaldiens se croisent joyeusement. On perd parfois le fil dans certains chapitres si on n'est pas au fait des événements politiques de cette époque. Mais le rythme est suffisamment enlevé pour ne pas lasser et vite emmener le lecteur dans d'autres directions quand cela devient un peu trop compliqué.
On suit l'histoire du seul personnage inventé de ce roman, le capitaine Simonini qui croit être victime d'un dédoublement de personnalité. Pour mieux se comprendre, il entreprend d'écrire son journal et son « double » lui répond dans ce même journal. Au fur et à mesure de ses notes, le lecteur apprend son passé, entrevoit son présent et vit à travers ses souvenirs les événements riches en bouleversements de cette époque.
Une lecture certes ardue car très riche en références à des événements ayant vraiment eu lieu, mais agréable car d'une écriture soignée et maîtrisée.
Le dernier tiers du roman est encore plus intéressant et prenant, car plus axé sur les escroqueries de Simonini, escroqueries parfois à l'échelon national. On lui commande une émeute estudiantine pour détourner l'attention du public du scandale de Panama, et il trempe sérieusement dans l'affaire Dreyfus…
Et on découvre enfin toute la vérité sur ce fameux dédoublement de personnalité.
De nombreuses gravures d'époque enrichissent le roman. On a l'impression de lire les journaux à sensation de la fin du 18e siècle.
Une lecture passionnante, riche, foisonnante, instructive, jamais ennuyeuse.
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Je n'ai pas du tout accroché pour ce roman de Umberto Eco que j'ai trouvé très difficile à suivre. L'histoire se déroule au long du 19ème siècle dans une Italie en formation et une France en reconstruction, bref une période très compliquée. le roman l'est aussi qui suit ce siècle à travers les sombres arcanes des services secrets et autres sociétés maçonniques et nous fait vivre cette confusion à travers un personnage souffrant d'un dédoublement de personnalité qui rend l'intrigue encore plus compliquée. Bref je m'y suis complètement perdu et du coup bien ennuyé.
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Rares sont les auteurs qui, avec talent et facilité, parviennent à mettre en scène des faits historiques aussi variés que nombreux. Rares sont les auteurs qui, avec une aisance proche de la désinvolture, réussissent à se jouer de la réalité au point de faire croire en l'authenticité de sa mystification. Umberto Eco fait bien entendu partie de cette singulière espèce de brillants écrivains.

A Paris, la fin du 19ième siècle est aussi passionnante que mouvementée. Les royalistes se disputent avec les républicains et les socialistes sur fond d'antisémitisme, de pamphlets anticléricaux et de chasse à la « sorcière franc-maçonne ». Les complots sont légion et toute l'Europe envoie ses espions pour sentir dans quel sens le vent tournera au milieu de ces tourments franciliens. Voici le contexte historique dans lequel Eco va se plonger pour nous offrir un roman captivant et déroutant.

Captivant comme cet épisode de l'Histoire européenne. Comme cette réalité qui se rapproche tellement de la fiction qu'il est presque évident de donner du crédit aux thèses développées par Eco. Un homme, Simonini, antisémite et vénal, est, presque à lui tout seul, la cause de la montée de la haine des juifs en Europe et de la propagation des clichés les plus populistes. A lui tout seul il met sur pied et en page ces fameux Protocoles des Sages de Sion, célèbre faux qui mènera tout droit à l'Holocauste. Ce sont ses idées et son talent qui feront que les populations d'Europe choisiront de marcher sur un même rythme. Et peu importe les dommages collatéraux. Là se trouve le talent de Eco, génie romanesque incontestable à la compréhension aigue du sens de l'Histoire. Grâce à la fiction, il met en lumière la façon dont un complot peut mener à d'aussi désastreuses conséquences. Il montre par quels insidieux moyens il est possible de dicter quelle marche est à suivre et quel courant il faut soutenir. Déroutant.

Une réussite à ajouter aux succès, déjà nombreux, collectionnés par l'auteur du « le Nom de la Rose ».

Lien : https://unecertaineculture.w..
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