Vous avez sans doute entendu parler de
L'Immeuble Yacoubian, succès littéraire sans conteste pour
Alaa El Aswany, le fabuleux écrivain conteur de vies. La magie de sa plume avait réussi à m'expédier au coeur du Caire, dans un immeuble fréquenté par une foule de personnages bigarrés, différant aussi bien par l'éducation, la richesse, les aspirations ou le mode de vie.
Cette fois, départ pour le microcosme égyptien de l'université de
Chicago, qui s'est embarqué pour la terre promise mais dont l'adaptation sur le sol américain va parfois se faire dans la douleur.
Qu'ils soient profs ou étudiants, tous ont idéalisé cette Amérique qui ne les attend pas et panse les plaies du 11 septembre en adoptant parfois un comportement brutal à leur égard. Qu'importe, ils sont là pour tracer leur chemin et tous – nostalgiques de leur pays natal – s'efforcent de réaliser leurs rêves de grandeur.
Les personnages d'El Aswany sont une nouvelle fois dépeints avec grâce, subtilité et un humour terriblement corrosif. Entre Candide et Machiavel, ils sont tellement humains et attachants que même les plus perfides nous font sourire dans leurs tentatives désespérées de se pousser du col, de réussir et de devenir quelqu'un.
Plus politique que le précédent opus – davantage une chronique sociale – on y apprend les relations ambigües entre les USA et l'Égypte, les compromis, les arrangements. Sur cette trame internationale se tissent des destinées personnelles, des ambitions, des compromissions.
Cheïma et Tarek, les étudiants boursiers trouveront-ils leur voie? Safouat Chaker réussira-t-il à organiser la venue du Président égyptien à
Chicago sans que de dangereux opposants au régime ne lui barrent la route? le docteur Raafat sauvera-t-il sa fille? Danana et Maroua sortiront-ils de l'impasse qu'est devenu leur couple? Autant de vies qui s'entremêlent et se dénouent sous les doigts magiciens de l'auteur qui prend un malin plaisir à tyranniser ses personnages.
Même si je lui préfère
L'Immeuble Yacoubian,
Chicago est un très beau roman.