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3,87

sur 420 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
1981, dans les quartiers huppés de Los Angeles. Bret, dix-sept ans, scolarisé à Buckley, prestigieux lycée privé, vit livré à lui-même dans une villa de Mulholland drive. On le suit évoluant dans sa bande d'autres lycéens branchés, entre routine et lassitude, jusqu'à ce tout bascule à l'arrivée d'un nouvel élève, Robert, au passé mystérieux, très séduisant. Bret est persuadé qu'il cache un lourd secret ... d'autant que son arrivée semble coïncider avec les meurtres en série d'un tueur surnommé le Trawler ( le chalutier ) qui kidnappe, mutile et tue des jeunes femmes.

Dans ce nouvel opus, on retrouve tous les tropes habituels de Bret Easton Ellis : une jeunesse dorée à la dérive qui se noie dans la drogue, le sexe et l'alcool lors de scènes excessives qui se répètent, ou encore les crimes d'un tueur en série sadique. Un peu comme s'il avait fusionné Moins que zéro avec American psycho, toujours dans son style caractéristique, prose limpidement froide qui use des répétitions métronomiques de noms propres ( marques, groupes, rues, célébrités). On aime ou pas ce regard cinglant sur les privilèges. Moi j'ai toujours adoré cet auteur depuis que je l'ai découvert au lycée. Mais c'est évident que si vous n'avez pas accroché à ses précédents romans, vous n'accrocherez pas à celui-ci.

Pourtant, B.E.I. ne se contente pas d'une vaine resucée auto-parodique recyclant ses anciens succès. Les Éclats est son roman le plus troublant par les similitudes évidentes avec la vie de l'auteur, encore plus que dans Lunar park ( sa vraie fausse autobiographie ). Et c'est évident que B.E.I. fait tout pour entretenir le trouble : le héros porte son prénom et est en train d'écrire un roman intitulé Moins que zéro; il a bien été scolarisé à Buckley; c'est même son portrait tiré de l'album 1982 du lycée qui orne la couverture. Mais cela va bien au-delà. Ce roman est vraiment une oeuvre de pure métafiction très personnelle, entre ironie et introspection.

Déjà, c'est la première fois que l'auteur évoque frontalement son homosexualité; il le fait de façon très cru, avec des scènes de sexe sans filtre. Mais ce que je retiens c'est la fragilité de son Bret de dix-sept ans, piégé dans une vie qui n'est pas la sienne, obligé de cacher son attirance pour les hommes et ses ébats clandestins. C'est poignant de le voir se débattre dans le monde de surface où il s'est inventé un rôle à jouer, hétérosexuel et sociable, alors qu'il est profondément asocial et solitaire, préférant écrire plutôt que de passer du temps avec sa petite amie vitrine. À ce moment de vie où on apprend à naviguer dans un espace interstitiel entre l'adolescence et l'âge adulte, le narrateur est pris d'un vertige qui enserre et oppresse le lecteur.
B.E.I. excelle à tenir plusieurs arcs narratifs ( les crimes horribles du Trawler, l'homosexualité secrète, les soupçons sur le mystérieux nouveau, le désir d'écriture, sa vie sociale officielle ) qui occupent magistralement des espaces différents. C'est Bret qui en est le centre, tout converge vers lui dans une montée paranoïaque saisissante accompagnée d'une hystérie qui fait douter le lecteur de la fiabilité du jeune narrateur persuadé que Robert est le tueur en série, alors que le narrateur, cette fois plus âgé, évoque la création de ce livre comme une nécessité dangereuse à laquelle il n'a pu résister car le livre « s'est mis à remonter, à donner des signes de vie, à vouloir fusionner avec moi, à envahir ma conscience ».

Ses éclats ont les arêtes vives du souvenir de la fin de l'innocence d'une jeune homme à la psyché rongée par la peur et la paranoïa. Des éclats de plusieurs identités difficiles à concilier qui forme un roman tour à tour sinistre, violent, sexy, ambigu, drôle, effrayant, déchirant écrit par un écrivain, perpétuel adolescent, qui semble perdu dans le cynisme du monde adulte. Brillant assurément.
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Les métamorphoses de Bret

Sexe, drogue, alcool et Valium.
Ce cocktail détonnant qui a fait le succès des romans de Bret Easton Ellis nous étourdit une fois de plus tout au long de ce pavé de plus de 600 pages.

Nous sommes en 1981, Bret revient sur l'année de ses 17 ans. le jeune lycéen est en terminale et est alors plongé dans l'écriture de "Moins que zéro ".
Sa petite amie Debbie sert de couverture aux relations qu'il entretient avec d'autres garçons.
Bret ne veut pas se faire exclure de son groupe d'amis et préfère cacher son homosexualité.
L'arrivée d'un nouvel étudiant va pourtant chahuter l'harmonie de ce groupe qui navigue au gré des expérimentations.
Robert Mallory est charismatique mais cache un passé mystérieux.
Bret s'interroge sur le lien qu'il pourrait avoir avec le Trawler, le tueur en série qui sévit dans les parages.

Dans un style complètement amphétaminé Bret Easton Ellis conduit son récit à une allure effrénée. Impossible de descendre en marche même lorsqu'on a l'impression de passer plusieurs fois au même endroit.
C'est malsain et poisseux à souhait et la paranoïa presque schizophrénique de Bret finit par devenir étouffante et angoissante.
Ce roman clivant parfaitement maîtrisé par son auteur hypnotise autant qu'il effraie.
Vous êtes prévenus, les cocktails de Bret sont vicieux et redoutables.









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C'est un peu Proust sous Quaalude.
Bret Ellis a 17 ans et vit seul dans la maison de Mulholland tandis que ses parents visitent l'Europe pour quelques mois. Il est en dernière année dans un lycée huppé, et comme tous ses amis, il boit, se drogue, porte des vêtements de marque, conduit une voiture de luxe, mène une vie sexuelle intense, et se rend à des soirées où il croise des stars de cinéma. Ca, c'est le côté bling-bling. le côté sombre, c'est la solitude et surtout la peur, tandis que des jeunes filles disparaissent et sont retrouvées monstrueusement mutilées : les victimes d'un tueur en série, d'une secte de hippies, ou de ce nouvel élève qui vient d'arriver dans la classe de Bret et est déjà l'objet de tous les fantasmes ?

Avec ce roman, Bret Easton Ellis retourne dans le Los Angeles des 80's, mégapole fantasmagorique quadrillée d'avenues et hantée de meurtriers, à la fois planante et violente. On retrouve les mêmes ados que dans ses premiers romans, bourrés de thunes et de comprimés, évoluant dans des maisons gigantesques, jouant chacun leur rôle sans plus rien attendre de la vie (déjà), et écoutant en boucle de la new wave mélancolique au bord de leur piscine. Pour un peu, on les plaindrait.
J'ai adoré ce voyage spatio-temporel, et j'ai adoré ce roman, qui concentre à mon sens le meilleur de l'oeuvre d'Ellis : la torpeur et la lassitude d'une jeunesse lucide et sans espoir, le dédoublement de l'auteur et du narrateur, le vide existentiel et sa sensation de vertige, et la perversité des crimes commis dans l'indifférence de cette jetset. Sous l'aspect "amour, gloire et beauté", l'auteur ressasse toujours l'incapacité pour ses personnages à être heureux, et les pages qu'il consacre à leurs conversations insipides sur les histoires de coeur du couple le plus populaire du lycée m'ont fait penser aux salons proustiens du "Côté de Guermantes", avec ce même trait risible et ennuyeux qui souligne la vacuité des relations humaines.
Mais ce qui m'a surtout touchée, c'est la façon dont le Bret de 59 ans raconte le Bret de 17 ans, avec une indulgence qui recontextualise les conditions dans lesquelles le jeune Bret travaillait déjà sur "Moins que zéro" en croyant devenir adulte, et combien ce passage s'est avéré douloureux : "Je suis passé dans un autre monde, où j'allais rester pour toujours. Il n'y avait aucun retour possible vers l'innocence ou l'enfance -ce moment était celui de mon entrée officielle dans le monde des adultes et de la mort."
Car il est essentiellement question de nostalgie dans ce roman, et j'ai beaucoup aimé la douceur avec laquelle l'auteur (qui décidément s'attendrit avec l'âge) raconte le Los Angeles d'une autre époque, en liant ses souvenirs aux chansons de sa jeunesse, comme autant de madeleines musicales. J'ai trouvé ça émouvant et poétique.

C'est donc une lecture qui m'a énormément plu, qui m'a emportée dans un univers parallèle et mystérieux, et cependant humain d'une façon déchirante. Un roman très réussi, qui renoue avec le Bret Easton Ellis que je préfère, celui du XXe siècle.
"Tout était futile. Il n'y avait aucun espoir. le monde ne remarquait pas votre douleur." Etes-vous prêts à vous prendre un éclat de beauté dans le coeur ?
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Avec Bret Easton Ellis, c'est toujours difficile de connaître la frontière entre la fiction et la réalité … Comme nous le précise le narrateur (c'est à dire lui-même) dans son prologue, ce livre (relatant des faits datant de l'automne 1981) il a d'abord voulu l'écrire dès l'âge de dix-neuf ans. Puis a quarante-deux. Mais il n'était pas prêt … Finalement, c'est à cinquante-six ans qu'il s'est décidé …

Rentrée scolaire 1981. Bret est en dernière année de lycée, à Buckley (L.A.) Il se cherche encore un peu, bloqué entre l'enfance et l'âge adulte … Se sentant amoureux d'un couple magnifique, des amis proches depuis cinq ans (Thomas Wright et Susan Reynolds) les « stars » du lycée. Alors que lui-même fréquente (pour la forme …) Debbie Schaffer, la fille unique d'un producteur de Beverly Hills … (Bret a déjà des relations secrètes avec deux de ses camarades de cours, Ryan Vaughn et Matt Kellner) Ils ont dix-sept ans, sont issus d'un milieu privilégié, voire richissime, expérimentent la drogue, l'alcool et le sexe … Bret vit isolé dans la grande maison de Mulholland, depuis environ deux mois, avec la femme de ménage et le chien (ses parents sont partis faire un voyage, pour tenter une ultime réconciliation …) Il attend avec une certaine curiosité (doublée d'inquiétude) l'arrivée d'un nouvel élève (Robert Mallory) et sent instinctivement venir, un bouleversement dans leur quotidien …

C'est à cette époque que l'on a également découvert les agissements d'un certain « Trawler », un criminel qui cambriole les villas, vole des animaux domestiques et tue sauvagement de toute jeunes étudiantes …

Un roman sans tabou, sur les débordements de la jeunesse dorée des années 1980 à Los Angeles, sur l'importance des « apparences » si chères aux adolescents ou encore la (lente) recherche identitaire qui peut parfois devenir une réelle descente aux enfers pour les plus fragiles … Sans oublier la peur d'avoir à affronter un avenir qui ne nous ressemble pas …

Un texte très cru, dépourvu de fioritures. Des mots qui peuvent à la fois heurter et émouvoir. Une intrigue qui fait carrément froid dans le dos … Dont le style très « visuel » permet au lecteur d'imaginer toutes les scènes … Et un épilogue qui va vous laisser sans voix ! …

« Chapeau » à Bret Easton Ellis pour cet éminemment culotté (et non moins effrayant !) récit qu'on souhaite – bien évidemment – le moins « autobiographique » possible ! …
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Je n'avais plus lu le sulfureux auteur américain depuis mes années fac. Entre répulsion et fascination, j'avais dévoré dans un même élan « American Psycho » et « Lunar Park » et j'avais décidé que j'en avais lu assez. Et puis la sortie de ce dernier roman m'a donnée envie de retenter l'aventure Ellis. Et je dois dire que ça a été une réussite totale !
Entre autobiographie fictionnelle d'un écrivain à peine sortie de l'adolescence et thriller paranoïaque, je me suis complètement laissée prendre au jeu de cette année 1981, sous haute tension. Une fin de lycée bien dérangeante pour le jeune Bret, et ses amis Thom, Susan, Debbie et les autres. La jeunesse dorée de Los Angeles version 80's évolue dans une liberté totale et décomplexée, de fêtes décadentes au bord des piscines, en virées en Porsche, sexe à gogo, et autre consommation intensive de drogues en tous genres.
Jusqu'à l'arrivée de Robert Mallory. Celui qui pourrait bien bousculer les apparences, révéler les mensonges, et contaminer le récit de sa folie. Que la présence d'un serial killer particulièrement tordu vient renforcer encore.
L'atmosphère de ce roman m'a complètement bousculée et embarquée. C'est violent, frénétique et définitivement paranoïaque, troublant, répugnant et complètement addictif. Ellis y raconte avec justesse la solitude infinie de ces jeunes nantis, l'insupportable nécessité de dissimuler son homosexualité pour son personnage, les névroses d'une Amérique pourrie par le culte de l'apparence, et aussi, sa vocation d'écrivain, l'envie de raconter une époque révolue mais révélatrice des maux de nos sociétés. Troublant et implacable, un grand roman américain qui comme toujours chez Ellis, ne peut pas laisser indifférent !
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Je n'avais jamais lu Bret Easton Ellis avant «Les éclats» et je m'en réjouis car j'ai lu dans une interview qu'il conseillait à tout le monde de commencer par ce livre avant de lire le reste de son oeuvre.

Dans les premières pages, l'auteur nous explique que la première fois qu'il s'est assis pour écrire ce roman, c'était il y près de 40 ans, un an après les faits mais il s'était alors senti incapable de revivre cet épisode de l'automne 1981 alors qu'il avait 17 ans et étudiait au lycée huppé de Buckley à Los Angeles.

Bret est en terminale et a déjà entamé l'écriture de «Moins que zéro» lorsqu'un nouvel élève à la beauté éblouissante, Robert Mallory, intègre la classe et son groupe d'amis composé de Debbie, Ryan, Jeff, Thom, Susan et les autres. Une jeunesse dorée, livrée à elle-même, aux parents trop occupés à parcourir le monde, travailler ou fréquenter le milieu mondain. Des adolescents qui découvrent les premières amours, le sexe, l'alcool, la drogue, …

Au même moment, un tueur en série nommé le Trawler sévit dans la région. Bret voit alors un suspect potentiel en Robert, ce nouvel élève qui a séjourné dans un hôpital psychiatrique.
Mais parmi ces jeunes insouciants s'imaginant protégés par leurs privilèges, Bret est le seul à s'intéresser au Trawler et il entre dans un état de paranoïa, épiant tous les faits et gestes et paroles du nouveau venu. Parce qu'il est écrivain dit-il et un écrivain «entend des choses qui ne sont pas présentes».

Fiction ou réalité ? Pour cela, il faut lire ce roman hyper addictif, rondement mené, au suspens omniprésent, empreint de nostalgie aussi par les nombreuses références musicales et cinématographiques, Bret en étant très friand.

C'est aussi un roman hyper sexy, parfois cru, avec des scènes d'horreur mais bon … «Tu ne vas pas faire ta chochotte» !
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Je savais à quoi m'attendre avec Bret Easton Ellis, mais là en terminant ce livre, il m'a de nouveau frappé pour mon plus grand plaisir !

Dans Les éclats, il nous fait voyager dans le Los Angeles des années 80. On y découvre le jeune Bret Easton Ellis en dernière année à l'école privée de Buckley.
Au même moment, un nouvel élève intègre la dernière année, Robert Mallory.
Et puis il y a ce tueur en série, le Trawler qui sévit dans la région et qui enlève de jeunes filles qu'on retrouve plusieurs temps après mortes, d'une façon assez macabre.

Dans cette histoire l'auteur nous raconte la jeunesse des années 80, et je dirai que c'est plutôt une jeunesse sexe, drogue et rock & roll et livrée à elle-même.
Bret Easton Ellis se met à nouveau en scène dans sa propre histoire et j'ai trouvé que c'était tout simplement ingénieux de retracer fictivement sa dernière année de terminale.
L'auteur nous torture mentalement avec son personnage, on en deviendrait presque aussi paranoïaque que lui. On ne décèle pas vraiment le vrai du fictif ou du moins on se pose beaucoup de questions, et finalement cette histoire aurait pu être vrai !
Par contre il est dommage que le récit soit un peu long à certains moments, de longues phrases, des répétitions et des descriptions un peu trop élaborées font que ce livre parait interminable, mais après avoir lu American Psycho et Lunar Park je savais à quoi m'attendre et j'ai adoré malgré tout !

Pour conclure, ce fût donc une longue lecture mais que j'ai beaucoup aimé lire !
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LES ÉCLATS de BRET EASTON ELLIS
Buckley 1981, dernière année de lycée, des adolescents friqués ne connaissant rien au monde. Juste après les événements de Los Angelès, il n'a pas pu écrire, il lui faudra attendre 2006 pour parler de l'épisode du Trawler, le tueur en série de San Fernando Valley mais malade ce n'est qu'en 2020 qu'il pourra en faire la narration. A l'époque il avait encore des crises de panique, Debbie était sa petite amie, il essayait encore d'être attiré par les filles mais il entretenait une relation avec Ryan. En cours d'année arrive dans leur classe Robert, c'est à ce moment là, l'été 1981 que Julie disparut et ne sera retrouvée morte qu'en septembre. Cette mort lui fait repenser à des morts précédentes fin 80 et début 81 avec des mutilations concordantes. de plus avant chaque disparition de nombreux cambriolages avaient lieu dans ces secteurs avec des enlèvements d'animaux. Robert devient son suspect principal mais il est isolé dans sa perception et Robert est la coqueluche de la classe. Il décide de le suivre quand Matt, un copain de leur bande disparaît à son tour. Les événements vont se précipiter.
C'est un beau pavé de plus de 600 pages que nous propose Ellis. Il mélange habilement son histoire avec celle d'un tueur en série qui va rythmer sa dernière année de lycée. On retrouve son style, son « naming »qui ponctue régulièrement le récit au même titre que les chansons de l'époque. Les références cinématographiques sont omniprésentes, les voitures descendent souvent le Mulholland Drive de Lynch, ce sont des Porsche, des Jaguars ou des Mercedes, celles de papa ou maman bien sûr, ils sont si peu présents. C'est noir, glauque, sordide, la sexualité n'est pas seulement évoquée, elle est crûment assumée et décrite dans les plus grands détails. Cette homosexualité qu'il sait être son penchant, il essaye de la cacher avec Debbie toujours étonnée de devoir faire les premiers pas et cette affirmation progressive de son attirance pour les corps masculins, rendue à travers le visionnage des films avec Richard Gere et son AMERICAN GIGOLO est particulièrement réussie. Au final ce dernier livre d'Ellis ravira ses contempteurs, dont je fais partie, et dégoûtera définitivement ses détracteurs si tant est qu'ils aient envie de le feuilleter.
Allez, un disque de Blondie sur la platine, un xanax ou un valium et au lit!!
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Une nouvelle fois, Bret Easton Ellis nous emmène dans son Los Angeles des années 80. A travers les aventures d'un groupe de personnages âgés de 17 ans, il dresse un portrait au vitriol d'une jeunesse des quartiers riches. Pourrie par l'argent, délaissée par les parents, ils occupent leurs journées et leurs soirées à l'oisiveté, aux drogues et au sexe.

Cette plongée américaine est aussi un roman sur l'adolescence. En contemplant le quotidien de ces jeunes gens, on se rappelle à nos idées, nos envies, notre insouciance de cette époque de la vie. Même s'ils sont d'un autre monde social, leurs tribulations dégagent une sorte de nostalgie de ce passage juste avant l'âge adulte, où les priorités ne sont pas les mêmes.

Pour agrémenter ce petit univers, l'auteur intègre en arrière-plan une histoire de tueur en série qui rôde autour d'eux. Cela lui permet de réactionner les leviers qui font le piment de ses oeuvres. Dans un perpétuel mouvement entre folie, psychotropes et paranoïa, il crée un flou dans lequel le lecteur perd ses repères. La lecture devient inquiétante et nous garde sous tension jusqu'au dénouement encore plus déroutant.

« Les éclats » est une sorte de « Moins que zéro » gonflé à l'hélium. le côté minimaliste du premier roman de l'auteur, évolue vers un style beaucoup plus dilué, fait de longues phrases. Alors que le rythme est lent, les détails importants, l'action délivrée au compte-goutte, j'ai été comme hypnotisé par ces 600 pages d'une grande densité.

Se lancer dans une fiction de Bret Easton Ellis est une expérience unique, comparable à aucune autre. L'originalité et la maîtrise de l'écrivain m'ont pris dans leurs filets et la magie a fonctionné à nouveau. Cependant, je reste conscient que ce roman ne plaira pas à tout le monde tant l'oeuvre est singulière. de mon côté, je n'ai pas boudé mon plaisir, avec cette autofiction puissante, sombre et saisissante !
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Magistral, virtuose, vertigineux, paranoïaque et sombre, « Les éclats » est un magnifique rappel que l'auteur des romans cultes Moins que zéro, Les lois de l'attraction, American Psycho, Glamorama, Lunar Park et Suite(s) impériale(s) est un très grand écrivain, un des grands écrivains de sa génération et un écrivain passionnant. Et ce nouveau roman est pour moi un chef-d'oeuvre.

Dès l'introduction et comme à son habitude BEE brouille les pistes: un romancier « Bret Ellis » nous explique comment l'écriture de ce roman qu'il savait devoir écrire un jour, s'est violemment et physiquement imposé à lui. Il va ainsi revenir à des événements traumatisants qui se sont produits en 1981.
Bret, âgé de 17 ans à l'automne 1981, entame son année de terminale au lycée privé de Buckley High, lycée pour privilégiés de Los Angeles. Il fait parti d'un groupe d'amis unis et exclusifs constitué de sa petite-amie Debby, fille d'un célèbre producteur de cinéma et du couple le plus séduisant et populaire du lycée. Ils sont tous ultra riches, se rendent au lycée en voiture de luxe, enchaînent lignes de cocaïne et quaaludes, se saoulent au champagne… sans aucune surveillance et présence parentales.
Dans ce monde d'apparence, Bret est enfermé dans une fiction. Il joue un rôle bien répété, le parfait petit ami hétérosexuel alors qu'il est attiré par les hommes. Il est en train d'écrire Moins que zéro, le roman dont on/il sait qu'il va changer sa vie.
Alors que des effractions se multiplient à L.A. et que plusieurs adolescentes disparaissent, victimes d'un tueur sadique dénommé le Trawler, un nouvel étudiant au passé mystérieux, Robert Mallory, arrive à Buckley. Beau, charismatique, Bret le voit comme une menace à l'équilibre du groupe. Il pense que son beau masque cache un manipulateur. Il se demande s'il ne pourrait pas avoir un lien avec le Trawler.

Cette fausse autofiction addictive est superbement écrite avec beaucoup de subtilité et de précision.
Et comme toujours avec BEE, le roman offre plusieurs niveaux de lecture.
« Les éclats » est un thriller, un roman d'initiation, le récit d'un traumatisme, un roman sur l'obsession, sur la violence intérieure que nous réprimons, sur la solitude, la nostalgie d'une époque, la genèse aussi de la naissance d'un écrivain et enfin un roman sur la littérature.
On y retrouve ses obsessions, ses thèmes de prédilection et une violence sinistre et sexualisée. L'omniprésence des marques aussi, procédé littéraire (inspiré de Warhol) qui ancre le lecteur dans le réel, dénonce le consumérisme à outrance, et crée une parfaite équivalence entre les produits et les corps, tous deux interchangeables.
Une lecture parfaite pour le thème de l'envers du rêve américain. BEE écorne le rêve américain avec ses personnages qui ont tout et leur monde d'hyper privilégiés dans lequel il fait entrer la violence, signant la fin de l'innocence mais aussi égratignant au passage leur perfection physique et leur vacuité.
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