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sur 420 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
1980. le narrateur Bret a dix-sept ans et entre en terminale au très sélect lycée privé de Buckley, à Los Angeles. Tout en écrivant son premier roman Moins que zéro qui paraîtra quelques années plus tard, il s'adonne à la frénésie d'alcool, de drogue et de sexe avec laquelle la jeunesse dorée californienne meuble le vide laissé par des parents bien trop accaparés par les paillettes et les dollars de l'industrie cinématographique. Mais l'arrivée d'un nouvel élève, le séduisant et charismatique Robert Mallory dont Bret se convainc bientôt qu'il pourrait bien avoir partie liée avec le tueur en série de jeunes filles qui sévit dans la ville, transforme ce qui semblait une autofiction en un thriller noir et paranoïaque.


Aujourd'hui presque sexagénaire, l'auteur du très controversé livre-culte American Psycho revient après treize ans de silence avec un coup de maître : le voilà qui, à quatre décennies d'intervalle, revisite son premier roman et, obsédé par son introspection jusqu'à réinventer sans cesse son histoire sous une nouvelle forme, enrichie et exagérée par son imagination débridée d'écrivain, se joue de son lecteur, mais également de lui-même, en une vraie-fausse autobiographie délibérément confondante, un collage libre des fragments d'un passé dont il ne reste aujourd'hui que des éclats de mémoire distordue.


L'on pourra aimer ou détester l'écriture sans concession, directe et crue, qui ne s'embarrasse d'aucune pudeur pour décrire précisément les scènes de sexe et de meurtre. L'on restera immanquablement fasciné par cette fresque générationnelle qui restitue sans fard la Californie clinquante des années quatre-vingts, cachant, sous son faste ensoleillé et ses strass hollywoodiens, le vertige d'un vide existentiel, affectif et moral que l'individualisme et le matérialisme les plus effrénés ne réussissent qu'à fort mal exorciser dans une surenchère de plaisirs luxueux et une orgie de tranquillisants, d'alcool et de stupéfiants. L'écrivain s'en donne à coeur joie dans les réminiscences, exhumant marques et objets emblématiques de l'époque, sonorisant son texte de références musicales, usant du name-dropping autant que d'une topologie précise des lieux pour mieux revivre une jeunesse et une époque disparues.


De tout cela sourd une incommensurable nostalgie, celle d'un homme de presque soixante ans qui se souvient, comme d'un paradis perdu, de ses apprentissages de jeune adulte en un temps de liberté, sans téléphones portables ni réseaux sociaux, sans fusillades de masse ni politisation à outrance des moindres enjeux. Ne manque pas même au tableau, sans que cela semble choquer le jeune Bret, ce producteur de cinéma à la Weinstein, secrètement homosexuel et usant sans vergogne de ses promesses de scénarios pour parvenir à ses fins. Bret est gay lui aussi et doit cacher ses tensions sexuelles adolescentes derrière un personnage de façade et la couverture d'une petite amie. En même temps que cet empêchement à être lui-même finit par susciter une certaine compassion chez le lecteur, il participe au climat d'étrangeté paranoïaque qu'en admirateur de Stephen King le narrateur entretient en un suspense longtemps latent, avant qu'il n'explose en l'on ne sait s'il s'agit vraiment d'une réalité dans l'intrigue ou des fantasmes d'un Bret emporté jusqu'à la psychose par son imagination d'écrivain.


Travaillant ses obsessions avec une inlassable minutie, Bret Easton Ellis réussit un nouveau roman aussi malsain et sulfureux que brillant et virtuose : un pavé-fleuve dans la mare woke et un défi à la tyrannie de la censure et de la « cancel culture », comme on aimerait en voir davantage.

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Ce n'est pas un livre incontournable dans la littérature nord américaine.
Toute une époque avec ses codes, ses addictions, ses questionnements et cela pourrait être l'explication pour laquelle les médias présentent ce livre comme étant majeur dans l'oeuvre de cet écrivain, mais pas majeur du tout pour moi ! Il y a bien d'autres auteurs qui ont autant et aussi bien décrit cette époque, ses déviances, ses excès, ses répercussions sur la vie actuelle, peut-être même sur l'émergence du contre-pied qu'est le wokisme ?!
Après 200 pages les bras m'en sont tombés de platitude - platitude d'écriture surtout, la traduction pas terrible n'étant pas seule responsable - mais aussi d'ennui et de vide de nouveauté. 600 pages d'une petite police m'ayant effrayé, j'ai filé à la dernière partie qui a été plus dynamique. Et là par contre j'ai apprécié. Dommage qu'il ait ressenti le besoin de tant rédiger avant de nous donner de quoi l'apprécier. S'il avait concentré les 300 premières pages en une centaine, ça l'aurait fait.

Pourquoi ai-je tant pensé qu'il allait être meilleur que dans ses derniers livres ?
Peut-être parce que j'avais apprécié ses interventions lors d'émissions et interviews littéraires où il s'était révélé attachant et sincère.
Peut-être aussi me suis-je dit qu'il se serait bonifié avec l'âge.
Ou, peut-être parce que la première phrase du récit ouvrait l'appétit :
« Je me suis rendue compte, il y a bien des années, qu'un livre, un roman, est un rêve qui exige d'être écrit exactement comme vous tomberiez amoureux : il devient impossible de lui résister, vous ne pouvez rien y faire, vous finissez par céder et succomber, même si votre instinct vous somme de lui tourner le ds et de filer car ce pourrait être, au bout du compte, un jeu dangereux — quelqu'un pourrait être blessé. »
Va savoir.

Mes derniers souvenirs étaient liés à « Glamorama » en1998 qui ne m'avaient pas laissé un impression foudroyante ; par contre j'avais adhéré à son scénario rédigé pour le thriller érotique de Paul Schrader « The Canyons » en 2013.
Dans les grandes lignes, Bret Easton Ellis nous rapporte une nouvelle fois les tribulations d'un teenager californien, lequel écrit son premier roman. Cette activité semble avoir tout du moins un réel sens pour lui et ça je l'apprécie … disons que ça expliquerait, justifierait une part de son long isolement de la société. Il a salement morflé à Los Angeles en 1981, il a le droit d'en être resté sonné mais ne semble pas l'accepter comme une plaie faisant partie de lui. Si l'écriture de ce livre aura fait avancer ce noeud, alors oui, il aura eu raison de le faire.
Comme dans « Moins que zéro » on est toujours avec ce Bret Easton Ellis et ces lycéens californiens identifiables à l'uniforme de leur lycée privé de Buckley à L.A.. Ils vont en cours en voitures de sport, consommant sexe, drogue, alcool et médocs à foison. Ils s'invitent à des soirées, glandent autour des piscines, découvrent leur sexualité. Tout ça on connaissait déjà ; ça avait fait partie intégrante des moeurs de l'époque.

Les critiques littéraires annonçaient ce livre comme étant pour lui un retour à la fiction ; j'ai des doutes. J'avancerais plutôt qu'il s'agit là d'un livre « intime », vraisemblablement écrit avec des larmes et du sang (se déplacer la nuit avec un couteau de boucher, ce n'est pas rien). Allez, disons un peu de fiction et beaucoup d'autofiction.

Espérons que ce livre lui ouvrira un horizon littéraire trop longtemps étouffé par cette morsure de 1981, que c'était un passage obligé, qu'il lui permettra de se sentir encore plus libre, encore plus artiste - artiste, je pense qu'il l'est - et donc j'attends le prochain.
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Des gosses de riches à Los Angeles dans les années 80, de la drogue et de l'alcool sans modération, des couples qui s'exhibent et d'autres qui se cachent et pour le frisson un mystérieux tueur en série. Des ingrédients que Bret Easton Ellis affectionne et que l'on retrouve avec plaisir dès les premières pages du roman.

Dans le rôle du bad boy de la littérature américaine qui, depuis American psycho, dénonce le matérialisme et le consumérisme de la société , l'auteur met à nouveau en scène la classe des nantis, des individus généralement dépourvus de morale et d'empathie et qui n'ont d'autre objectif que la recherche de leur propre plaisir.
Pour cette autobiographie fictive, Bret Easton Ellis se met en scène et dialogue avec l'adolescent qu'il a été et l'écrivain qu'il deviendra. Ce jeune homme, membre éminemment actif de la jeunesse dorée, se décrit avec insistance comme écrivain écrivant déjà un premier roman entre défonce et sexe. Mais il aborde également les éléments terrifiants qui se produisent en jouant avec l' idée que, comme il est écrivain, il pourrait très bien avoir une imagination débordante et sur-interpréter ce qui se produit. de quoi brouiller les pistes entre autofiction et fiction!
Bret interroge ainsi son moi écrivain, lorsqu'il doit analyser la situation.
"Peut-être sommes-nous entrés dans un autre domaine, ai-je annoncé à l'écrivain."

On retrouve également avec plaisir cette pratique du name dropping, technique qu'il utilise dans chacun de ses livres pour créer une atmosphère et donner aux lecteurs des repères visuels ou sonores. le nom de Mulholland, les titres de films ou de chansons, l'évocation d'acteurs célèbres ou de marques prestigieuses agissent comme des clins d'oeil complices.

La virtuosité de l'écrivain n'est pas remise en question et certains passages sont brillants, avec un final astucieux .
Alors, comment dire que la lecture fut souvent ennuyeuse tant la répétition, sans doute volontaire, des discussions creuses entre les personnages, des soirées alcoolisées et des partenaires sexuels de Bret finit par lasser.
L'angoisse existentielle de Bret et sa consommation impressionnante d'anxiolytiques, ainsi que la volonté de dissimuler son homosexualité sont déclinés au cours d'interminables pages. Sans doute était-il nécessaire d'exprimer le vide ontologique dont souffrent les personnages, mais l'expression de ce vide finit par peser sur presque 600 pages.
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Souvenirs des ses années de jeunesse débridées à Los Angeles avec un point d'orgue sur l'année de terminale de lycée en 1981. Une vie faite d'alcool, de sexe, de drogues diverses et variées ou chaque étudiant possède sa voiture pour se rendre au lycée et où le fric des parents ruisselle sans retenue sur les enfants. Cette débauche d'excès en tous genres exposée de façon crue et brutale agace et fatigue le lecteur, mais la puissance, la vitalité de l'écriture et de l'intrigue fascinent. On évolue entre choc et fascination avec les aventures de ce docteur Jekyl et Mister Hyde en restant accroché à ce bouquin malgré son grand nombre de pages.
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Un nouveau texte de Bret Easton Ellis : cela faisait longtemps ! L'auteur est en forme, sauf que tout le long dudit texte, je n'ai pas arrêté de penser : globalement, c'est une histoire de gosses de riches, rien de nouveau sous le soleil. Ceci étant, j'ai enfin compris pourquoi l'auteur semblait attaché autant d'importance à l'argent : il est né dedans, avec. C'est presque touchant cette manie de citer des marques comme autant de repères d'acceptation par l'élite. Ça en devient énervant aussi, car on se demande ce que cache ce besoin compulsif des marques : totem, grigris ... Sinon, ce texte est impeccable, tranchant sans jeux de mots. Qui est qui finalement ?
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Avec les éclats, Ellis nous livre un de ses récits les plus romanesques qui soit. À la fois thriller et roman d'apprentissage, ce livre dans lequel la paranoïa est présente de bout en bout, évoque le passage de l'innocence de l'enfance à la dure réalité du monde adulte et qui s'inspire en partie des souvenirs de l'auteur dont l'enfance a été marquée par les meurtres de Charles Manson et des tueurs en série semaient la terreur dans le Los Angeles dans les années 70.
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Un récit dans lequel l'auteur se met en scène alors qu'il est étudiant à Los Angeles en 1981 et qu'il travaille sur son premier roman, Moins que zéro. L'action se situe sur quelques mois à peine, et notamment durant la période estivale, alors que Bret, âgé de 17 ans, se retrouve seul à la maison. Issu d'un milieu aisé, comme la plupart de ses amis de lycée, Bret roule dans une belle voiture, a une piscine et une employée de maison. Pour tuer le temps et calmer ses névroses, avec ses mais il organise des fêtes, consomme énormément de tranquillisants. Mais la vie de ces jeunes va se trouver bouleversée quand débarque dans la ville un certain Robert Mallory. Un garçon beau et mystérieux auquel l'on découvre un passé psychiatrique. Il n'en faut pas plus pour que Bret imagine les pires choses à son sujet, d'autant qu'un tueur en série baptisé le Trawler sévit dans les rues de Los Angeles, tuant des jeunes femmes dans des mises en scène macabres.

Est-ce que Robert Mallory a quelque chose à voir avec ce serial Killer ? C'est la question qui taraude Bret ainsi que le lecteur durant les 600 pages que dure le roman.

Nous voilà donc embarqué dans un formidable page-turner, dans lequel se succèdent, confessions intimes, scènes de sexe explicites, moment d'une jeunesse dorée et mal dans leur peau ne pesant qu'à la baise, l'alcool et la drogue. Tour ça sur fond de références à la pop music de l'époque et au cinéma du Nouvel hollywood. Car Bret Easton Ellis, en plus d'être un formidable raconteur d'histoire, est également une mémoire vivante sur le cinéma et la musique du tout début des années 80. Autant dire que certains vont y retrouver des références très parlantes. Ainsi, se succèdent au fil des pages, les noms de Billy Joel, Duran Duran, Billy Idol, Blondy, Devo, ou encore Depeche Mode, mais aussi Joan Didion ou Stephen King, pour la littérature, de Palma ou Kubrick pour le cinéma. Chaque nom cité dans le livre renvoie à une chanson qui correspond à un moment précis de l'histoire, montrant à quel point la culture a toujours été très présente dans la vie de Bret Easton Ellis.

Haletant, ponctué de scènes incroyables qui paraissent si réalistes mais aussi de passages parfois un peu redondants ou longuets, Les éclats est un livre d'une grande efficacité, dans lequel on plonge tout entier pour revivre cette époque, à déambuler aux côtés de Bret sur Mulholland Drive, à écouter de la variété Californienne, à frissonner de terreur, à se repaître de ces histoires croustillantes et vénéneuses vécues par ces adolescents tous accros au sexe, à l'alcool et aux drogues.
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À plusieurs reprises, Bret Easton Ellis a essayé d'écrire sur ce qu'il s'est passé l'année de ses 17 ans alors qu'il vivait à Los Angeles.
Ce n'est qu'à la cinquantaine qu'il s'est senti capable de se pencher sur cette année 1981 qui l'a marquée à jamais.
Bret fait partie de la jeunesse dorée des quartiers chics de la mégapole californienne. Quand il ne se rend pas en cours au volant de voitures de luxe habillé de vêtements de marque, tout ce petit monde musarde au bord de la piscine à la manière d'une peinture de David Hockney, le nez dans la coke, un verre de margarita à la main, une boombox diffusant les tubes pop du moment. Il sort parfois de sa léthargie pour aller au cinéma ou s'adonner à un sport.
Bret, Thom, Susan et Debbie forment un quatuor inséparable. Ils sont beaux. Thom et Susan sont en couple depuis deux ans. Debbie est la petite amie de Bret et un alibi pour dissimuler l'homosexualité de celui-ci.
Le tableau idyllique va voler en éclats avec l'arrivée en terminale de Robert Mallory, un garçon beau comme un ange.
D'emblée, Bret qui s'apprête à devenir écrivain et travaille sur ce qui deviendra « Moins que Zéro », son premier roman, se méfie de lui, une suspicion nourrie par son imagination et la présence dans la région d'un serial killer qui s'attaque à des adolescentes en les mettant en scène dans des postures obscènes.
Bret est-il doué d'un don de prescience ou est-il paranoïaque ? Telle est l'une des questions que pose « Les Éclats », un roman qui emprunte les codes du thriller pour tenir le lecteur en haleine.
Mais ce récit de plus de 600 pages parfois redondant pour mieux insister sur les obsessions du narrateur n'a pas été écrit uniquement pour nous faire frémir.
Dans une plume hallucinatoire et obsédante, il est le fruit d'un travail de reconstitution du passé par la mémoire d'un auteur façonnant le portrait d'un adolescent qui, à la manière de Proust, se voit devenir écrivain parce qu'il perçoit des choses invisibles aux yeux des autres.
C'est aussi le portrait d'une époque où la liberté était immense. C'était avant l'apparition du sida qui toucha dans un premier temps les homosexuels dans l'indifférence générale. Car si les années 1980 offrent un visage de permissivité, l'inversion, comme l'appelait Marcel, était condamnée, obligeant le narrateur à donner le change et à afficher l'apparence du parfait mâle blanc.



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Et tout à coup Stephen King écrit un épisode de « stranger things »

Où je l'ai acheté ?
Dans une petite librairie de Boulogne Billancourt le jour de sa sortie

Résumé
En terminale, au moment où il écrivait « moins que zéro », BEE aurait été victime d'un évènement dramatique dont il lui faudra plusieurs années pour accepter d'en parler…

Style
Fluide, assez lent (pour une fois chez BEE !!) , assez agréable.

Oui…
C'est un texte assez différents de ceux de cet auteur, plus lent, plus mélancolique :Alors que jusque là BEE était le critique de son époque pour la première fois il revient sur le passé et raconte une époque antérieure : les années 80 aux états unis, il y a donc 40 ans. On perd donc tout ce qui faisait le sel de son activité littéraire jusque là (pour ceux qui ne l'auraient pas compris American Psycho est avant tout une mise en abime de l'avidité sans fin et sans limite des années 80) pour gagner ce qui est un pastiche de littérature de genre et surtout une analyse froide de ces années-là dans ce qu'elles avaient de naïf et de positif (la vie avant le portable et les réseaux sociaux) mais aussi de terriblement angoissant ( la solitude abyssale des adolescents qui parait effectivement impensable aujourd'hui).
Pour la première fois l'auteur aborde aussi franchement son homosexualité (qui était un thème sous-jacent de tous ses autres textes) donc dis autrement le chroniqueur mondain devient témoin historique et c'est assez inattendu. D'autre part, les exégètes de BEE s'amuseront bien sûr a reconstruire toutes les allusions à son propre travail (le tueur en série, la soirée au bord de la piscine, la maison angoissante etc…)

Non…
Bien sur les obsession de BEE pour la beauté physique et sa détestation de la vie actuelle (déjà largement exprimée dans son texte précèdent « white ») font surface assez régulièrement. Son insoluble attrait répulsion pour son enfance et ses fétiches d'ultra consommation aussi… Bref BEE reste BEE et ne peut s'empêcher de tourner en rond ; mais depuis le temps…


Au final…
Une vraie surprise inattendue. Un texte qui n'a pas grand-chose à voir avec le reste de la production de cet auteur(« white » mis a part) mais qui en soi est intéressant et bien écrit. Je suis par contre incapable de deviner ce qu'un béotien de BEE comprendrait à ce texte plein d'auto références cryptiques et dont la trame narrative tient plus de la blague que du coup de génie.
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Selon certains critiques, les Éclats (Shards, qui fait penser à échardes) serait une réécriture de Moins que zéro, l'oeuvre qui a valu à son auteur sa notoriété. Rien de nouveau, donc. Comme je n'ai pas lu Moins que zéro (qui est au moins cinq fois plus court !), je ne peux pas en juger. Ce que je peux affirmer, en revanche, c'est que la version plus tardive des Variations Goldberg de Glenn Gould, sur un rythme plus lent que sa version de jeunesse, apporte de la densité et de la profondeur à l'oeuvre et aux sentiments-sensations qu'elle dégage et je ne doute pas qu'il en soit de même de ces « Éclats », malgré une traduction honteusement déficiente, à ce niveau de l'édition. L'article que Babelio consacre au traducteur Pierre Guglielmina, indique que sa production oscille entre 8 et 12 ouvrages par an : on ne peut que lui conseiller de ralentir la cadence pour soigner son travail – ou d'employer des méthodes modernes pour traduire (ou externaliser) les dialogues, où les américanismes, le manque de fluidité et de naturel sont les plus criants. Quand on regarde les sous-titres des séries américaines actuelles, on voit que la qualité a atteint un excellent niveau – qu'il s'en inspire, s'il persiste dans sa stratégie d'abattage. Ces dialogues très banals sont en effet la toile de fond de tout cet univers que BEE s'emploie à relater, cette classe de société, cette jeunesse aisée avec ses codes vestimentaires (qui nous sont parvenus un peu plus tard) et ses paysages, noms de lieux (arpentés dans les films et les séries tournés dans la région de LA, de Marlowe à Alerte à Malibu, en passant par Mulholland Drive), vecteurs de sens et de poésie, rythmés par une playlist de titres des eighties extrêmement riche. Et donc il importe, même pour cela, que la traduction se montre à la hauteur, y compris avec grande modestie, ce qu'elle faillit à faire. On est frappé dans ce récit par l'extraordinaire absence (physique ou autre) de l'élément parental. Dans cette immense jungle que les adolescents parcourent librement au volant de leurs fringantes bagnoles, leur bulle se fissure et se fragmente – imperceptiblement d'abord mais sûrement, pour aboutir au désastre final (« the end of laughter, and soft lies », chante Jim Morrison des Doors dans « The End »), que ne pourront conjurer ni les drogues ni le déni. Lors de la Grande Librairie qui avait réuni BEE et Philippe Djian, on n'avait pu qu'apprécier la connivence entre ces deux auteurs, et leur hommage appuyé à Stephen King, bien qu'on aurait tort de voir en Bret Easton Ellis un simple épigone et qu'on s'exposerait à de grandes déceptions en attendant des Éclats les promesses d'un roman d'horreur, même si l'horreur y est bien présente – ô combien !
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En 1981, Bret a dix-sept ans, il est en dernière année d'un très sélect lycée privé, dans une de ces banlieues d'ultra-riches à Los Angeles. Il a commencé l'écriture de ce qui deviendra son premier roman « Moins que zéro ». Ses amis et lui roulent au volant de bolides à plusieurs milliers de dollars, s'adonnent à l'alcool, aux drogues et autres petites pilules en tout genre (et ils n'ont qu'à aller dans la pharmacie des parents) et au sexe. Mais cette vie tranquille bercée par les fêtes, les séances de masturbations et quelques cours (quand même !), va être troublée par l'arrivée d'un mystérieux nouvel élève et d'un tueur en série.

Bret nous livre ici un roman qui est un savant mélange de thriller, roman d'apprentissage et d'étude sociologique. C'est ce dernier point qui fait selon moi le principal intérêt de ce roman qui était tant attendu, son dernier roman « Suite(s) Impériale(s) » remontant à 2010. le portrait qu'il dresse de cette jeunesse californienne livrée à elle-même est redoutable. Les parents sont absents et/ou alcooliques, drogués, quand ils n'agressent pas les amis de leurs enfants. Ils sont jeunes, beaux et riches mais il se cherchent comme tous les jeunes de leur âge et le monde dans lequel ils évoluent est sans concession.

De BEE je n'avais lu que Lunar Park qui m'avait fait une drôle d'impression à la fois ébahie par le style, et lui trouvant parfois un côté sex, drug and Rock & Roll un brin « too much ».
C'est donc avec quelques craintes que j'ai replongé dans l'univers de cet auteur honni par les Républicains américains (d'emblée il me parait encore plus sympathique). Alors même si je dois avouer lui avoir trouvé quelques longueurs, un côté parfois catalogue de publicités (marques de voitures, de vêtements, de design …), j'ai surtout été happée par le style, l'histoire, la description tant des personnages que des lieux ou encore des ambiances qu'il arrive si bien à retranscrire. Et on parle de cette bande son ?

Vous savez quoi ? A défaut d'une petite pilule, je reprendrais bien une dose de BEE.
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