Peintres roumains en Bretagne (1880-1930) : Peintures, dessins et gravures de la collection du Musée national d'Art de Roumanie du 13 juin au 4 octobre 2009

Comme les expos (2004-2005) des peintres polonais en Bretagne de 1890 à 1939 ont marché, ils ont retenté un coup en 2009 avec cette fois les peintres roumains en Bretagne.
Là ils sont moins nombreux : une quinzaine.

Celui qui d'emblée emporte mon adhésion, me touche par sa virtuosité, sa sensibilité, sa personnalité, c'est Théodor Pallady.
"Descendant de deux importantes familles de boyards, c'est le peintre roumain le plus français... L'égocentrisme du créateur moderne était renforcé chez lui par l'orgueil et par l'intransigeance héritée de ses grands parents... Il a été l'un des rares artistes intellectuels, obsédé par l'absolu de la peinture, comme en témoignent ses écrits et ses journaux.."
"..Très tôt il décide d'être peintre, se forme au dessin malgré que ses parents l'en dissuadent. Il s'affranchit de la tutelle familiale et s'établit à Paris, il n'a que 18 ans !.."
Il entre en 1896 dans l'atelier de Gustave Moreau, et là il rencontre Matisse, Marquet.. Pour sa vocation de peintre, être accompagné de la sorte est une aubaine. Je lis dans le livre que "dans sa manière de travailler, dans la recherche attentive des attitudes et de l'étude minutieuse des détails, ses premières compositions sont longuement élaborées et témoignent de l'influence du maître Moreau. Ben oui, car dès qu'il s'en sera affranchi, ce sera l'inverse. Il dira ceci :" J'ai été l'élève de Gustave Moreau à l'école des beaux-arts de Paris pendant 7 ans et il m'a fallu autant de temps pour me débarrasser du poids de cette obsession, pour arriver à ce que ma personnalité devait produire comme résultat de mon talent et de mon tempérament".
Comme on peut le voir, Pallady a un fort tempérament.

Le dessin pour lui est la base de toute composition, étant souvent visible sous la touche large de peinture mate, qui ne couvre pas entièrement le support. En compagnie de son ami Nicolae Grant, autre grand peintre Roumain, il va sillonner la Bretagne du nord au sud, de Bréhat à Pont-Aven..
Je m'arrête à nouveau sur Maisons au bord de mer, huile sur carton (1920-1924). Oui on est bien loin de Gustave Moreau, le détail a complètement disparu. La peinture est résolument moderne, les lignes du dessin sont prodigieuses. La Cathédrale de Quimper de 1925, crayon et aquarelle, Tréboul de 1929-1930, crayon et gouache sont admirables de sensibilité et de pureté, il excelle dans l'exercice et il m'est impossible de m'en lasser.

Un autre peintre a attiré mon attention, il s'agit de Max W. Arnold, également d'origine moldave, l'expressionnisme le porte, également l'école de Concarneau, le fauve, bien qu'il s'en défende. Et comme toute cette génération de peintres, la guerre est un naufrage. La vie des ports, la nature qu'il aime tant va s'éclipser, il va se retrouver isolé contrairement à ses pairs Matisse, Dufy qui s'exposent beaucoup, Concarneau et Douarnenez seront ses points d'attache, la vie du port, la fraicheur, l'authenticité suffit à son bonheur qui va donc s'éteindre vite avec la guerre, il tombe malade et mourra à l'âge de 49 ans.


Les livres sur l'Art
Quand je vois la séparation de Matisse d'avec Picasso, comme je vois la séparation des Deux vieillards de Tolstoï, ils ont chacun de bonnes raisons de laisser l'autre ; quand je vois Basquiat qui me fait aimer les masques alors que je déteste les masques africains, je me dis qu'il y a bien quelque chose qui se passe là, quand je n'ai aucune spéciale attirance pour l'Art contemporain mais que j'aime les verts d'Hockney parce que j'aime le Kent et qu'il fallait un grand pour peindre le Kent et me le faire aimer encore plus ; quand je suis tombé sur Haring, je ne vais pas dire : "et mon cul sur la commode" parce que c'est graffiti, j'aime point barre.

Pour en revenir à Pallady qui m'a tapé dans l'oeil. En fait d'un grand artiste je vais retenir deux ou trois trucs qui emportent mon adhésion totale, parce que tout simplement je m'identifie à lui sur ces coups là. Bref ce n'est pas un ensemble, une oeuvre, une bonne note au dessus de la moyenne qui me fait adhérer, c'est juste qu'un jour il a fait ça et qui fait que je me retourne sur lui, un coup de foudre comme pour une jolie fille. Un jour je suis allé voir une expo de Zingg parce que j'avais repéré deux ou trois trucs intéressants. Et ce qui était mis en valeur ne m'intéressait pas à vrai dire, j'y ai même vu beaucoup de faiblesses qui m'ont fait rabaissé sa cote. Ce qui m'a uniquement intéressé finalement c'est une petite aquarelle mise sous verre parce que non encadrée, à la vue de personne. Il s'avère que c'était la dernière du catalogue que moi j'aurais mis en premier.
Voilà pour Pallady le peintre roumain moldave, deux ou trois trucs auxquels je me suis senti très, très proche, pour ne pas dire en totale adhésion.

Et si chez les artistes, il n'y avait après tout qu'un ou deux trucs parfaits, excellents, talentueux à retenir et que tout le reste ce ne soit que de l'habillage. Combien de fois j'ai pensé à ça en voyant un Renoir par exemple une péniche sur la Seine qu'on dirait une pièce rapportée : avait-elle déjà l'agrément de l'artiste ?..
Mais les artistes sont d'éternels insatisfaits, à leur tour il leur arrive de dénigrer ce qu'ils font ou qu'ils ne s'y reconnaissent pas et on peut commencer ainsi le chapitre d'un long livre !....