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3,71

sur 2092 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un pont pour la Corne d'Or..
Un pont dessiné par Michel-Ange
Un pont entre le ciel et l'eau,
Entre deux rives, entre deux mondes
Entre l'Orient du sultan Bajazet et l'Occident du pape Jules II

Une incantation parfumée,
comme un poème de Mesihi de Pristina, le sharengiz,
Une mélopée envoûtante
comme le chant d'une danseuse andalouse -ou est-ce un danseur?-
Qui monte dans le ciel bleu d'Istanbul
en arabesques délicates
et trace
le lent affleurement,
dans la conscience et dans la main,
de l'oeuvre à naître
l'éclosion minutieuse de la beauté.

Un bizarre dessein de pont :
est on dans le conte ensorcelé d'une Shéhérazade jalouse?
ou dans le perfide jeu d'approche du pouvoir et du talent?

Un dessin qui ne vient pas:
retenu par l'amertume d' un orgueil
blessé
étourdi par la tentation du plaisir
éludé.

Un dessin sans dessein
écrit avec le sang rouge de la dague de damas noir
avec les secousses de la terre et la houle de la vague

Un dessein sans dessin
- amour muet qu'on n'a pas su entendre-
main qu'on n'a pas su prendre
doigts qu'on n'a pas su toucher
cheville qu'on n'a pu enserrer.

Un dessin à peine tracé:
mains, doigts, chevilles...
fragments d'attaches orientales
exquises esquisses
esquivées, toutes fines,
au haut plafond de la Sixtine

Un bizarre dessin de pont
Retrouvé avec les listes
de l'artiste
dans les archives ottomanes
comme un rêve d'opiomane...




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Courroucé par l'avarice du Pape Jules II qui traine les pieds pour payer ses services, Michel-Ange s'enfuit de Rome et répond positivement au sultan Bajazet, maître de l'empire Ottoman, qui lui demande de dessiner un pont inoubliable qui traverserait le Bosphore. Michel-Ange s'installe à Constantinople et recherche l'inspiration dans cette ville étonnante, cultivée, gracieuse, riche et fêtarde. Il devient l'ami du poète Mésihi, le secrétaire du Divan, qui peu à peu va souhaiter sans l'avouer une relation plus charnelle avec le maestro. Il déambule, travaille, boit, aime, et l'inspiration tarde à venir, ce qui agace le sultan.
L'inspiration viendra-t-elle enfin ?
Le pape abattra-t-il sa colère sur l'artiste qui a osé fuir en terre musulmane ?
Les ottomans accepteront‘ils un pont conçu par un infidèle ?

Ce résumé n'a l'air de rien. Il n'y a pas beaucoup d'action dans ce livre. Pourtant je l'ai dévoré d'une traite dans les aéroports et les avions qui parsemaient mon retour de vacances. Ce court roman divisé en courts chapitres de deux-trois pages est une atmosphère de bien-être et de poésie. Il nous fait sentir et toucher l'Istanbul du début du XVIeme siècle. Il nous fait pénétrer en douceur les attitudes entières, presque lunatiques, de l'immense Michel-Ange ; ses allégresses, ses désespoirs, ses colères, ses affres d'amour. Il nous rappelle que, peu de temps auparavant, l'autre gloire musulmane européenne – Grenade – était tombée et que les chrétiens vainqueurs se comportèrent sans mansuétude envers des hommes tolérants.
La part imaginaire existe. Cependant l'auteur décrit en postface tous les éléments de vérité historiques sur lesquels il s'est basé pour écrire cette histoire. le socle a l'air solide.

Lire ce livre revient à poser un baume relaxant sur vos neurones. N'hésitez pas.
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Un livre assez passionnant.
Istanbul, la Renaissance, Miche-Ange....
D'un auteur que j'imaginai difficile à lire , voici un livre court et tout à fait passionnant qui nous replonge en pleine Renaissance. L'érudition de l'auteur (que l'on sent très réelle) se fait ici discrète et l'on suit cette belle histoire avec un grand intérêt. J'ai été sensible à l'exotisme du sujet, à un grand dépaysement à la fois historique et spatial, et au style "littéraire" et puissant de son auteur.
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Voilà un ouvrage concernant Michel-Ange qui manquait à ma culture.
Après « Puissant et solitaire » et «Pietra viva » , celui-ci est un excellent complément.
Il relate le séjour de Michel-Ange à Constantinople où le sultan lui a confié la conception d'un pont sur la Corne d'Or. Une période peu connue de la vie de l'artiste.
On retrouve l'ambiance de l'époque, les intrigues, le rôle des artistes auprès des puissants, leurs difficultés financières, les désaccords, le mépris pour Léonard de Vinci…..
Michel-Ange n'apparaît pas sous un jour particulièrement sympathique dans ce texte, mais que l'écriture est belle et profonde !
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Voilà un livre qui trainait dans ma liste des pense-bêtes, le titre m'avait attirée, et l'histoire encore plus. de Monsieur Enard, je n'avais encore rien lu, pas attiré sans doute par les commentaires ici et là sauf bien sûr ce livre.
J'apprécie beaucoup l'art en général et cette plongée immédiat dans ce monde qui plus est auprès du grand maître Michel-Ange, et encore plus à Istanbul , la partie était gagnée d'avance. Je ne connaissais pas cette partie de l'histoire de l'artiste, ce qui donne vraiment un intérêt certain au récit, et la plume magistrale de Monsieur Enard finit de nous combler, nous lecteurs tellement friands de petites pépites.

Je vais sans doute tenter un autre titre mais lequel ?

Beau voyage aux pays des vizirs, de l'art, une lecture intéressante tout autant que poétique.
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Je suis sous le charme de ce récit historico-poétique. Que c'est bien écrit et fluide!
Des petits chapitres d'une page parfois deux qui se dévorent.
Michelangelo, sculpteur et architecte de génie quitte Rome pour dessiner les plans d'un pont à Constantinople. Rome reste fort présente dans ce bouquin car il a tout de même tourné le dos au Pape pour vivre son périple Ottoman et c'est la tête remplie de doutes qu'il entame son travail.

Gros travail documentaire sur les oeuvres qui se trouvent au Vatican, sur Léonard de Vinci, Raphaël,... et la fin juste sublime quand dans ses notes, Mathias Enard énumère tout ce qui est vrai que ce soit objets, oeuvres d'art ou évènements et termine son bouquin par...Pour le reste, on n'en sait rien.

J'ai beaucoup aimé, la douceur et la beauté qui ressort de ce roman.
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1506, Michel-Ange (celui de la chapelle Sixtine) quitte Rome où il est en délicatesse avec le pape Jules II au sujet de la construction du tombeau de ce dernier,
et arrive à Constantinople sur l'invitation du sultan Bayazid qui veut faire construire un pont reliant la ville à Pétra un faubourg du nord.

C'est mon premier Mathias Enard et ce livre court d'environ 150 pages se prête bien à la découverte.
Avec des chapitres qui font rarement plus de 2 pages, c'est une invitation au voyage, toute douce et pleine de poésie.

La plume de l'auteur est à la fois simple et riche.
Elle nous fait partager la vie de l'artiste, son oeil, son cheminement créatif, elle met en évidence quelques différences de culte entre l'Islam et le Christianisme au détour de la visite de Sainte Sophie.

Généreuse en vocabulaire spécifique à l'Orient et à l'architecture, c'est une belle promenade pleine de langueur et de parfums.
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Je voulais découvrir la plume de l'auteur j'ai donc choisi celui-ci car il est plutôt court et que j'ai aimé la quatrième de couverture et pour moi c'est une réussite, on arrive a être complétement embarqué dans ce récit malgré le fait qu'il soit court.

J'ai aimé suivre Michel-Ange entre l'orient et l'occident, j'ai aimé ces ambiances et ses lieux si bien décrit que se soit autour de l'Arno ou à Istanbul.

Il y est également question d'art et de peinture, j'ai aimé les chapitres courts, les correspondances dans le récit et l'on tourne les pages tellement rapidement

Un bon récit dépaysant mais également très instructif sur cette époque et cet artiste
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Mathias Enard imagine le séjour de Michel-Ange à Constantinople, invité par le sultan Bajazet à construire un pont reliant les quartiers Nord d'Istanbul au centre-ville. Si cette invitation a vraiment été envoyée, le récit proposé est fictif.

Au-delà d'une vérité historique, l'importance du texte est de permettre la rencontre entre deux mondes, deux empires. Celui d'Orient avec Byzance, lieu de séjour de Michel-Ange, et celui de l'Occident avec Rome d'où s'est « enfui » l'artiste pour contrarier le pape Jules II. C'est aussi, quand on lit la biographie de Mathias Enard, écrivain français pétri de culture orientale et parlant l'arabe, une forme imagée de ce que qu'est l'auteur, un occidental amoureux de l'Orient. du moins j'y trouve une projection personnelle.

Mais cette rencontre, c'est aussi celle d'une fin. L'Espagne vient d'achever la Reconquista et se lance avec le Portugal sur les rives atlantiques pour conquérir facilement de nouveaux territoires. Par ailleurs, c'est la fin du Quattrocento, c'est-à-dire la Renaissance italienne. La péninsule étant soumise à l'assaut d'autres puissances comme la France .

La Méditerranée n'intéresse plus. Ce n'est pas la route de la soie qu'il faut conserver, c'est celle des Indes occidentales, ou bien c'est passer par Bonne Espérance pour s'affranchir de la traversée des territoires orientaux et musulmans.

Alors quand l'auteur imagine Michel-Ange réfléchissant à un pont qui sera l'oeuvre, le bouquet final de cette période, il rêve de la paix et de la pleine
compréhension des peuples à travers l'amour, l'amitié mais aussi l'échange culturel. Pour cela Mathias Enard met en scène cette histoire fictive avec des mots que j'ai trouvés incisifs, concis et suffisants pour traduire l'esprit imprimé par l'auteur.

Malheureusement, dans ce récit, la jalousie et l'aveuglement idéologique d'une poignée de personnes amènera finalement la violence, la mort et la rupture des liens tissés, tel ce pont que Michel-Ange devait jeter entre deux rives opposées mais qui ne verra jamais le jour.
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Ne vous fiez pas au titre sauf pour y sentir le conte oriental.
Mathias Enard parle davantage d'art entre sculpture, musique et poésie ; de la création, des influences, des contrats à honorer pour aider sa famille; de sa rivalité avec Leonard de Vinci et de l'amour, sous toute ses formes.

Tout ceci, dans un environnement oriental, au milieu de Constantinople en pleine mutation, où le sultan profite de tous les talents florentins pour faire de sa ville un exemple de beauté.

On saluera non seulement l'écriture poétique que Mathias Enard mais également tout son travail d'archives pour être au plus près de la vérité et de vivre le temps de ses quelques pages dans la tête de l'immense Michel-Ange.
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