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3,71

sur 2093 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce roman se déroule en l'an 1506, Michel-Ange n'est pas encore l'artiste célèbre que l'on connaît désormais, en partie, pour ses fresques de la chapelle Sixtine. le jeune architecte-peintre est missionné par le sultan de Constantinople de bâtir un pont sur la Corne d'Or, reliant le port de Constantinople à Péra. Un édifice impressionnant que Michel-Ange accepte de concevoir en suivant les traces de Léonard de Vinci, qui lui aussi tenta de relever ce défi mais sans y parvenir. C'est ainsi que Michel-Ange décide de quitter Rome le 13 Mai et d'abandonner l'édification du tombeau du pape Jules II, qui ne paye toujours pas le sculpteur Florentin pour son travail.
"Parle-leur de bataille, de rois et d'éléphants" se lit très facilement contrairement à ce que l'on pourrait croire en vue de l'époque du récit. Mathias Énard parvient à faire d'un événement historique, une romance singulière et attachante.
Je recommande.
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1506 : Michel-Ange, remonté à bloc contre le Pape Jules II qui n'honore pas ses paiements, s'embarque sur un coup de tête vers Constantinople en terre mahométane.

L'enjeu est de taille : concevoir et bâtir un pont fabuleux pour le sultan Bajazet, rien de moins anodin dans cette commande que réaliser la jonction entre deux civilisations.

Mais en Orient, rien n'est simple et l'artiste va connaître le doute, l'amour, l'ivresse, les amitiés troubles et les trahisons.

Habile conteur, Mathias Enard dresse dans ce récit très resserré un portrait d'un artiste génial et fier, pourtant submergé par la puissance d'un Orient dont les logiques lui échappent. Mêlant dans son récit les lettres à son frère et les paroles d'un interlocuteur mystérieux, il nous entraîne petit à petit dans un complot et son dénouement fatal et qui pourtant façonnera Michel-Ange et impreignera son art de façon indélébile.

Le titre, tiré d'une citation De Rudyard Kipling, est une pure invitation au voyage et à l'aventure. Fidèle à cette promesse, le livre se laisse parcourir comme une ville lacustre en plein brouillard, au milieu de lueurs fantomatiques et d'éclats de voix, où les destins se croisent de façon fugace et brûlante.

T. Sandorf
Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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Tout le monde connaît Michel-Ange, sculpteur du David et de la Pietà, peintre du plafond de la Chapelle Sixtine, pour ne citer que ses oeuvres les plus connues. On a moins l'habitude de rentrer dans l'intimité de ce maître de la Renaissance italienne. J'avais déjà eu l'occasion de le faire avec plaisir dans Pietra Viva, le roman de Leonor de Recondo, qui racontait le long séjour de Michel-Ange à Carrare, pour y choisir et extraire le marbre du tombeau du pape Jules II. Dans Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants, Mathias Enard se base sur des documents historiques (notes et dessins de Michel-Ange entre autres) pour construire le récit d'un voyage à Constantinople en 1506 (donc juste après le séjour à Carrare), où Michel-Ange aurait dessiné les plans d'un pont à la demande du sultan Bajazet. Ces récits ont en commun l'évocation poétique de la grande sensibilité de Michel-Ange, et sa passion pour le corps humain, et en particulier pour le corps des hommes. Intéressante lecture.
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Où on suit le débarquement romancé d'un Michel-Ange à Constantinople en 1506.
L'artiste florentin a été invité par le sultan pour créer un pont sur la Corne d'Or (l'estuaire) ; le sultan ayant refusé auparavant les plans destinés par Léonard de Vinci, de 20 ans l'ainé de Michel-Ange.
Les hypothétiques semaines de l'artiste en Orient sont tellement rendues réelles par l'auteur que j'ai été happé par ce récit.
Dans des pages très riches, très resserrées, ciselées même , Mathias Enard a mêlé pour mon plus grand plaisir des faits et personnages historiques, l'Art sous la Renaissance, le style de vie en Orient et l'imaginaire.
Totalement déçu par son livre " le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs", je découvre un auteur capable de meilleur à mon goût et peut-être me laisserais-je tenter à lire d'autres de ses romans.
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Court roman centré sur le voyage de Michel-Ange à Constantinople en 1506 à la demande du sultan. Il s'agit du récit des quelques semaines passées par l'artiste italien dans le monde ottoman de l'époque. C'est poétique, on ressent le dépaysement, la réflexion sur la création artistique. Par contre, avec des chapitres très courts, certains pans de l'histoire n'ont pas du tout été développés, comme par exemple la rencontre avec le sultan.
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" Parle-leur de batailles, de rois et déléphants" de Mathias Enard (160p)
Ed. Acte Sud

Bonjour les fous de lectures....

Livre lu dans le cadre de mon défi " Je lis tous les Goncourt"
Ce livre a reçu le Goncourt des lycéens 2010

1506
L'un des plus grands artistes du monde occidental débarque en terre d'islam, à Constantinople, sur invitation du sultan.
Michel-Ange n'a pas encore réalisé les fresques de la Chapelle Sixtine ni dessiné le dôme de la basilique Saint-Pierre de Rome mais son David, qui depuis deux ans trône à Florence, en fait un artiste courtisé pour son talent.
Il fuit Rome et le pape Jules II, mauvais payeur, laissant ainsi en chantier le tombeau commandé par celui-ci.
Son travail: dessiner un pont majestueux devant enjamber la corne d'or.
Le sultan avait, au paravent, demandé les service de Léonard de Vinci mais le projet avait été refusé car jugé trop audacieux.
Michel-Ange, accompagné du poète Mesihi et d'une mystérieuse chanteuse andalouse, va s'imprégner de la vie de la ville, côtoyer ses habitants pour mener à bien son projet.

Le récit fait de courts paragraphes captive le lecteur et montre bien l'intensité des sentiments du grand Maître.
Nous assistons à ses réflexions, ses espoirs, ses déceptions, ses colères.
Tous cela raconté en quelques lignes pertinentes.

Très beau récit d'une rencontre entre un artiste occidental et l'orient.
L'artiste reviendra transformé par cette expérience.
"Il leur faudra parler longtemps de batailles perdues, de rois oubliés, d'animaux disparus. de ce qui fut, de ce qui aurait pu être pour que cela soit de nouveau." Cette phrase ne cessera de hanter le génie.

Bravo à Mathias Enard qui en quelque pages à réussi à nous captiver
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Résumé : Michel-Ange déçu par le comportement peu fiable du Pape Jules II quitte l'Italie pour rejoindre la capitale Byzantine. le sultan lui passe commande d'un pont pour traverser le Bosphore.

Le mot de la fin : On peut douter de la véracité historique, même si, l'orient et l'occident opèrent un magnifique syncrétisme chez le maître italien qui lui donne de la crédibilité. L'histoire elle est totalement prenante, le style est fluide et poétique, pour ce roman qui tient du conte. Je suis conquise par Mathias Enard.
Lien : http://www.lesmiscellaneesde..
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Il y a bien évidemment une part de fiction dans cette histoire, que nous dévoile ce roman onirique, paré d'une écriture ciselée, qui tend vers une forme de biographie plutôt classique sans qu'elle le soit pour autant. Les chapitres sont courts, et pourraient presque hacher l'histoire, ils s'apparentent cependant à un journal intime, sans que le héros principal en soit l'auteur. C'est assez curieux, ce narrateur omniscient qui nous dévoile ainsi la vie de l'artiste, comme un reportage presque mais sans la froide écriture journalistique, remplacée ici par une poésie pleine de fraîcheur dont on se délecte avec avidité. L'histoire ainsi racontée est entrecoupée par de véritables poèmes adressés au Florentin par une mystérieuse personne dont on devine l'identité aisément. Ils parlent d'un possible amour, de désirs, d'attirances. Ils dévoilent une autre vision que celle du narrateur omniscient, plutôt oriental, plutôt féminin. Cette alternance apporte davantage de richesse à ce "conte", tant par la beauté des mots que par leur suggestion. le lecteur est ainsi confronté à une double réalité, celle que l'on peut qualifier de diurne, où l'on apprend ses problèmes, son dur labeur, sa vie d'artiste mal reconnue encore à cette époque, et celle plutôt nocturne, plus intime, de l'homme qu'il était avec ses imperfections et ses doutes.

Un très beau roman donc, et une belle découverte de cet auteur dont on a tant entendu parler et qui m'intriguait. À lire, pour s'ouvrir à une autre littérature, jouissive !
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Je n'ai pu résister à la couverture précieuse : des minarets en or se détachant sur un ciel d'encre noire, et au titre merveilleux de ce petit livre : « Parle leur de bataille, de rois et d'éléphants ». J'ai été conquise par l'écriture superbe avec laquelle Mathias Enard nous conte le séjour de Michel-Ange à Constantinople, en 1506.
J'aime ces suites de mots, les inventaires de parfums, de couleurs, de marchandises, l'overdose de sensations éprouvées par l'artiste sur les rives de la Corne d'Or. Immergée dans cette ville au rythme des phrases, assourdie par l'avalanche des impressions d'Orient, enivrée par le vin et la musique, j'ai craint les colères du vizir et admiré les oeuvres de Michel-Ange. Son pont sur le Bosphore est-il un rêve ?
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Roman s'appuyant sur une anecdote historique et brodant autour du peu d'éléments connus, à l'instar de Marcel Schwob dans ses Vies imaginaires (1896), Mathias Enard nous fait pénétrer dans l'intimité du grand peintre, ses questionnements artistiques, ses rivalités, ses crises et fantaisies, ses problèmes d'argent, ses contradictions sensuelles. Son esthétique est celle d'un art inspiré, moderne, poétique, sensuel, à l'opposé de la pure technique de de Vinci. L'auteur trouve par là le moyen d'exprimer ses propres questionnements artistiques. Mais, tout en intéressant son lecteur avec une anecdote croustillante sur l'un des « grands » du monde, il lui parle art, avec amour et humilité.
La menée du récit est hétérogène, faite d'extraits de listes et de croquis de Michel-Ange, de lettres authentiques envoyées par le peintre à son frère, d'un récit narré de manière naturaliste à la troisième personne et d'un étrange discours-monologue de la danseuse-danseur, voix qui tutoie Michel-Ange et donc prolonge le récit avec la deuxième personne, ayant l'effet inattendu d'élargir le personnage au monde qu'il représente, à sa culture, au lecteur. La danseuse/danseur confère également, en s'étant approchée physiquement de lui, une densité intime au peintre – peintre présenté comme caractériel, associable, coincé… –, le rendant moins froid de caractère et plus sensible, moins légendaire et plus humain. C'est un peu la voix de l'auteur qui s'est approché de son personnage historique jusqu'à en vouloir toucher la peau, l'intime humain.
C'est sur la relation artistique et humaine entre Michel-Ange et Mesihi, qui se noue et se dénoue au-delà des différences culturelles, que se construit le récit, les descriptions lors des déambulations dans la capitale musulmane, le spectacle des danses et des fêtes sur les sens du peintre, les discussions artistiques...
Enard joue sur la tentation de l'exotique, sur la fascination de l'ambiguïté de l'androgynie. Cette aventure avec ce danseurs-danseuse, cette chanteur-chanteuse, un personnage social secondaire, au niveau d'une prostituée, est presque ordinaire et acceptable quand on sait de la forte pratique homosexuelle dans l'Istanbul de l'époque. D'un oeil anachronique, on pourrait la voir comme du tourisme sexuel, aventure qui n'aura jamais d'importance dans la vie publique du peintre. Cependant, cette aventure sans grandeur (finalement non pleinement réalisée par l'artiste, dont le désir semble s'éloigner avec l'ambiguïté du sexe du danseur) apparaît bientôt comme la couverture, le refoulement d'un véritable amour homosexuel, amour inacceptable pour la conscience occidentale de Michel-Ange, ou amour fraternel pour un frère d'art, art musulman irrecevable. Comme ce pont, d'inspiration occidentale, qui ne sera pas réalisé, cet échange aussi bien artiste, culturel, que humain, n'aura pas lieu. Ce refoulement peut être vu comme le symbole du rejet de l'homosexualité par la culture chrétienne (exprimé d'une toute autre manière dans le célèbre Cruising (1980), de Friedkin avec Al Pacino), ou encore plus largement comme le rejet de l'influence musulmane dans la culture occidentale (depuis Pétrarque qui, au contraire de Dante, par haine, rejette toute influence musulmane alors que toute la pensée antique revient en Europe par l'intermédiaire des Arabes qui ont donc un rôle fondamental dans la Renaissance). Comme tout refoulement, il crée un manque dans la personnalité occidentale, manque qui se traduit parfois par des oeuvres positives, comme le pourrait être l'inspiration de Michel-Ange, mais plus souvent par une haine mutuelle inexplicable : comment l'amant refoulé pourrait-il pardonner à l'aimé de l'avoir nié, de l'avoir confondu avec une simple aventure exotique ?
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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