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Citations sur Silence (83)

Mais que je vous renseigne, plus en détail, Sur les habitants de Tomogi. Ce sont de pauvres paysans qui subsistent chichement en cultivant des pommes de terre et du blé dans de petits champs. Ils n'ont pas de rizières. En contemplant ces cultures qui montent à l'assaut de la montagne surplombant la mer, on est moins frappé de leur effort inlassable que de la cruauté de leur vie. Cependant, le commissaire de Nagasaki leur extorque des impôts écrasants. À vrai dire, ces paysans ont peiné, très longtemps, comme des bêtes de somme et ils sont morts comme des bêtes de somme. La raison pour laquelle notre religion a pénétré cette région comme une eau généreuse une terre desséchée tient à la chaleur humaine, jusqu'alors inconnue, qu'elle apportait à ces pauvres gens. Pour la premiere fois, ils ont rencontré des hommes qui les traitaient comme des égaux, la bonté et la charité des pères gagnèrent ainsi leur cœur.
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Comme l’eau coulait sur son front, le petit se mit à hurler. Il avait des yeux bridés et une tête menue, celle déjà d’un paysan qui, en temps voulu, ressemblerait à celles de Mokichi et d’Ichizo. À son tour, cet enfant, comme ses parents et ses grands-parents, arracherait à la terre son existence de misère face à la mère noire dans cette région désolée et surpeuplée ; à son tour, il vivrait comme une bête et mourrait de même. Mais le Christ n’est pas mort pour la vertu et la beauté. L’héroïsme, je venais d’en prendre la conscience aiguë en cet instant, c’est de mourir pour les déshérités et les pervers.
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C'était notre premier baptême depuis notre arrivée au Japon. Ni cierges ni musique dans notre masure ; comme seul objet du culte, une petite tasse ébréchée pour l'eau bénite, et pourtant ce dénuement fut plus émouvant que la liturgie dans une cathédrale.
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La raison pour laquelle notre religion a pénétré cette région comme une eau généreuse une terre desséchée tient à la chaleur humaine, jusqu'alors inconnue, qu'elle apportait à ces pauvres gens. Pour la première fois, ils ont rencontré des hommes qui les traitaient comme des égaux, la bonté et la charité des pères gagnèrent ainsi leur coeur.
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Dieu existait-il vraiment ? S’il n’existait pas, quelle dérision que les années de sa vie passées sur des mers sans limites à seule fin de venir semer sur cette île aride une graine menue
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Depuis vingt ans déjà, la persécution s'est allumée, la terre noire du Japon a retenti des lamentations d'innombrables chrétiens, elle a bu à profusion le sang rouge des prêtres ; les murs des églises se sont écroulés et, devant cet holocauste terrible et sans merci qui lui était offert, Dieu n'avait pas rompu ce silence.
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Le silence de Dieu. Depuis vingt ans déjà, la persécution s'est allumée, la terre noire du Japon a retenti des lamentations d'innombrables chrétiens, elle a bu à profusion le sang rouge des prêtres; les murs des églises se sont écroulés et, devant cet holocauste terrible et sans merci qui lui était offert, Dieu n'avait pas rompu ce silence.
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L'homme est une étrange créature. Quelque part en son cœur, un optimisme lui assure qu'il passera impunément à travers le danger, tout comme, un jour de pluie, il imagine un faible rayon de soleil illuminant une lointaine colline.
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Ses frères en religion ne manqueraient pas de le condamner au nom du sacrilège, mais s'il les trahissait, il ne trahissait pas son Seigneur. Il l'aimait autrement que jadis. Tant d'épreuves avaient été nécessaires pour l'amener à cet amour. "Même à présent, je suis le dernier prêtre en ce pays. Mais notre Seigneur ne se taisait pas. Eût-il gardé le silence que ma vie jusqu'à ce jour aurait parlé de lui."
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Pour la première fois, une irritation perçait dans la réponse de Ferreira.

« Vous ne comprenez rien. Et la foule de curieux qui se disent apôtres, venus ici des monastères de Goa et de Macao, ne comprend rien non plus. Dès le début, ces mêmes Japonais, qui confondaient Deus et Dainichi, dénaturèrent et transformèrent notre Dieu, ils en firent autre chose. Même lorsque les problèmes de vocabulaire furent résolus, cette altération et cette falsification se poursuivirent secrètement. Même à la glorieuse époque des missions à laquelle vous faites allusion, les Japonais ne croyaient pas au Dieu chrétien mais à la propre déformation qu’ils lui avaient fait subir.

— Ils dénaturèrent et transformèrent notre Dieu pour en faire autre chose. » Le prêtre scandait ses mots à travers ses dents serrées. « N’est-ce pas encore là notre Dieu ?

— Non ! Dans leur esprit, le Dieu chrétien était intégralement métamorphosé.

— Qu’osez-vous dire ? »

À ce cri du prêtre, les poulets qui chipotaient tranquillement quelque nourriture sur le sol s’enfuirent dans un coin en battant des ailes.

« Ce que je dis est simple. Vous et vos pareils ne voyez du travail missionnaire que les dehors, vous n’en considérez pas l’amande. Il est vrai, comme vous le dites, qu’au cours de mes vingt ans de travail à Kyoto, en Kyushu, en Chugoku, à Sendai et ailleurs, des églises furent bâties, des séminaires fondés à Arima et Azuchi, et que les Japonais se convertissaient à qui mieux mieux. Le chiffre même de 200 000 chrétiens est une estimation prudente, il y en eut, à une certaine époque, jusqu’à 400 000.

— N’y a-t-il pas là de quoi être fier ?

— Fier ? Certes, si les Japonais avaient été amenés à croire au Dieu que nous leur prêchions, mais dans les églises qui furent construites à travers tout les pays, ils ne priaient pas le Dieu chrétien. Ils l’avaient adapté à leur mode de pensée d’une façon que nous ne saurions imaginer. Si vous appelez ça Dieu… »

Ferreira baissa les yeux et remua les lèvres, comme si une autre idée lui venait à l’esprit :

« Non, ce n’est pas là Dieu… c’est un papillon pris dans une toile d’araignée. C’est d’abord effectivement un papillon mais, le lendemain, seules les apparences, le corps, les ailes, sont d’un papillon, en réalité ce n’est plus qu’un squelette. Au Japon, notre Dieu est en tout point pareil au papillon dans la toile d’araignée, la forme demeure mais il n’en subsiste que le squelette. » (pp. 227-229)
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