J'ai eu la chance de lire
l'Enfant étoile, le premier roman de
Katrine Engberg, dans le cadre du jury Nouvelles Voix du Polar Pocket 2022, merci à la maison d'édition. L'intrigue commence de façon assez classique pour un roman policier par la découverte du corps sans vie d'une jeune fille. L'originalité arrive grâce à la voisine de cette dernière : au moment du meurtre, elle était tout simplement en train de rédiger un roman détaillant le déroulement de l'assassinant de sa jeune voisine.
J'ai démarré ma lecture avec mes quelques a priori sur les polars nordiques, n'en étant pas un grand adepte. Et pourtant
L'Enfant étoile m'a séduit et a mis de côté mes préjugés. le duo d'enquêteurs, Jeppe et Anette, forme un binôme complémentaire ; ils peuvent être drôles, ou au contrainte s'engueuler, mais ils se soutiendront toujours. le personnage de Jeppe, que l'on suit la plupart du temps, est torturé par un divorce récent, ce qui lui donne de la profondeur et une histoire. Il y a même un brin de romance qui vient s'immiscer dans cette enquête, je n'en dirais pas plus ! Anette est quant à elle un peu plus effacée.
Les personnages secondaires sont eux aussi bien développés, avec une autrice soixantenaire passablement alcoolique (elle tourne au vin rouge), un marchand d'art mégalo et pervers, un jeune homme introverti amoureux de la victime, un père torturé et noyé dans sa culpabilité… c'est une belle galerie de portraits et de potentiels coupables que nous dresse ici
Katrine Engberg. La question étant évidemment de savoir qui a eu accès aux brouillons de l'autrice et a décidé de mettre en application ce macabre projet. Se rajoute à cette intrigue tout un pan dans le passé de la victime et de certains personnages qui enrichissent l'enquête, car tout ceci va bien plus loin qu'un roman inachevé.
Au-delà des personnages, l'intrigue en elle-même est bien ficelée, bien rythmée, et captivante. Les fausses pistes sont suffisamment nombreuses pour que tous les scénarios qu'on tente d'échafauder s'écroulent aussi vite. Elle demeure malgré tout assez classique. L'ambiance nordique est bien présente et se révèle dépaysante mais pas oppressante, un juste milieu.
Sans être particulièrement originale ni percutante, ce fut pour moi une très bonne lecture sur laquelle je ne me serais pas penché sans ce jury Pocket. Nul doute que je lirais aussi à l'avenir
le Papillon de verre, le second roman de l'autrice danoise.