Le Retour

Nous sommes en 1775 au début du livre et le retour en question est celui, imminent, de James Cook, de son deuxième voyage dans le Pacifique qui, comme le premier, a duré 3 ans.
Sa femme Elizabeth, dont on adopte le point de vue, espère que ce retour sera définitif, que son mari va accepter une sinécure et enfin demeurer à Londres auprès d'elle et de leurs trois enfants survivants.
C'est seule qu'elle a affronté la mort de trois enfants et elle est lasse de toujours attendre, dans un climat d'entredeux.
Mais son mari pourra-t-il résister à la proposition qui lui est faite de repartir pour un nouveau voyage au long-cours, destiné notamment à découvrir le passage du Nord-Ouest qui permettrait de relier le Pacifique à l'Atlantique ?
Le suspense n'est bien sûr que psychologique, il suffit de lire la biographie de Cook pour connaître la réponse.
Cet ouvrage très introspectif m'a plutôt émue et je l'ai lu d'une traite.
Je suis cependant un peu gênée quand on prête des sentiments, des attirances et des réflexions à des personnes ayant existé dont on ignore la psychologie et la vie intime (on ne connaît pas grand-chose d'Elizabeth Cook dont on n'a conservé aucun document personnel).
Même si ces gens sont morts il y a 200 ans, qu'en auraient-il pensé ?
Pour cette raison, j'aurais préféré une pure fiction.

James Cook fut un explorateur anglais, dont on connait le nom, peut-être un peu moins ses exploits. Après trois voyages dans le Pacifique, il fut le 1er européen à poser le pied en Nouvelle Calédonie, à Hawai; c'est lui qui fit la cartographie de Terre-Neuve et de la Nouvelle Zélande...Grand marin reconnu par tous pour son travail ccompli, il eut aussi une femme, et six enfants.

Le Retour d'Anna Enquist raconte donc la vie de James Cook, mais c'est sa femme qui va être le centre du livre. Elizabeth va l'aider, l'assister, l'attendre aussi. Elle va mettre ses enfants au monde seule, elle va les élever un peu "toute seule", sans jamais lui en faire le reproche. Peu de lettres, une solitude certaine mais sans amertume. Il revient donc, et ils s'aiment toujours, retissent les liens qui font d'un couple ce qu'on en attend, et le destin ne va toujours dans le même sens pour tout le monde. le livre est passionnant parce qu'il y a, outre une fine exploration psychologique, le récit de l'explorateur et de son approche très humaniste de sa mission. On y apprend toute une foule de choses sur la vie sur ces bateaux, et sur les difficultés rencontrées par Cook avec son équipage.

Le livre aurait ainsi put s'intituler l'attente, et rend hommage à toutes ces femmes qui ont connu et connaissent encore de si longues périodes de solitude, qu'elles soient femmes de marins ou pas. Ce n'est pas larmoyant parce qu'elles ont elles aussi une vie sociale et intellectuelle. Hommage rendu aussi à ces aventuriers qui enrichissent tellement nos vies.

Biographie romancée, mais très documentée, d'Elisabeth Cook, femme de l'explorateur James Cook. Au XVIIIème siècle, James Cook oeuvre au rayonnement du royaume d'Angleterre en sillonnant les océans. Il cartographie de nombreuses îles – entre autre dans l'océan Pacifique – et essaie de répandre les bienfaits de l'agriculture et de l'élevage à des peuplades qui ne vivent que dans l'instant. Ses succès et sa reconnaissance font l'unanimité, jusqu'à sa troisième et dernière expédition, celle dont il ne rentrera pas.
Anna Enquist nous dresse le portait d'Elisabeth qui aura passé plus de temps à attendre son mari qu'à vivre à ses côtés. Seule elle élève et enterre ses enfants, seule elle tient sa maison et doit faire des choix d'éducation pour ses enfants survivants. Elisabeth est une femme de tête, qui participe à l'oeuvre de son mari – elle relit et corrige ses journaux avant leur publication – et incarne à sa façon une forme de féminisme. Les digressions sont nombreuses sur ses états d'âme, les abîmes de détresse qu'elle traverse lors de la perte de ses enfants. « le retour » n'est certes pas un roman très gai, mais un récit très instructif et à l'ambiance pénétrante.

J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire en raison de la narration qui alternait entre troisième et première personne du singulier pour la même personne et parfois dans le même paragraphe…
J'ai rapidement compris ce choix narratif qui fait ressortir la confusion des pensées d'Elisabeth et j'ai beaucoup aimé la plume de l'autrice.

J'ai ensuite été très captivée par les rebondissements de cette histoire malgré quelques longueurs, avant de finalement refermer le livre en étant un peu déprimée face à tous les malheurs vécus par Elizabeth (il faut être préparé au fait que ce n'est pas un roman joyeux).

Mon avis est donc plutôt mitigé mais j'ai beaucoup apprécié le côté historique.

J'ai lu cet été (pas seulement) "Le retour" de Anna Enquist. C'est une bio romancée de la femme du capitaine Cook. J'ai bien aimé, surtout le début. Je trouve la fin trop dramatique et trop dense, trop précipitée, si tu vois ce que je veux dire... Non je suis sûre que tu vois pas. J'ai des progrès à faire comme critique littéraire ;-)

Thomas Cook, mais surtout sa femme, qui raconte. Qui raconte sa vie d'épouse de marin, pas n'importe quel marin . Humain , sensible.