AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,93

sur 1210 notes
Décidément je trouve que Annie Ernaux est une écrivaine que je trouve intéressante et de valeur. J'apprécie ce qu'elle dit et la manière dont elle le fait, précisément, clairement, justement, lucidement, très intelligemment et sans concessions, sans effets de style recherché, visible.
Dans la Femme Gelée, elle dit ce qu'il s'est passé - quelle mémoire, qui reconstruit peut-être en écrivant - et surtout ses pensées et sentiments de ses années encore élève dans une école privée religieuse jusqu'à son mariage, la naissance d'un enfant.. Entre ces deux événements, le développement de son intérêt, attirance, curiosité pour l'autre sexe, avec discrétion (ou ellipse élégante) ses premières expériences dans ce domaine, un peu son époque étudiante (beaucoup plus présente dans l'Événement. Il y a d'ailleurs ce fait dans sa vie, dont elle ne parle pas dans ce bouquin -ci mais qui s'est produit dans ces années-là. Elle devait garder le récit de ce fait majeur pour un livre seul, l'Événement, justement).
Annie Ernaux, ça paraît facile à lire ( en tous cas pour moi qui ne suis pas du tout dérangé par sa syntaxe parfois bousculée) et à comprendre, c'est fluide, les mots sont compréhensibles - parfois même du langage parlé - mais, régulièrement, un bout de phrase dans le flot de la lecture, entre 2 virgules, est plus intrigant - pas saisissable au premier coup d'oeil - suscite la curiosité et donnerait matière à réfléchir, mais A. Ernaux continue, ne s'y arrête pas, ne développe pas, n'explicite pas, ne précise pas.
Bref, c'est plus riche et complexe, nuancé, que cela peut en avoir l'air au premier abord.
Je trouve que la Femme Gelée pourrait être utilement lu par les jeunes femmes - pour ne pas faire les mêmes concessions, aux autres et à soi, ne pas avoir les mêmes renoncements - et, aussi et peut-être surtout par les jeunes hommes, pour qu'ils s'interrogent, en étant amenés à être centrés sur les ressentis et la réflexion d'une femme, pour qu'ils jaugent leur attitude, leur comportement, souvent inconscients car conditionnés, par rapport aux femmes. C'est ce que j'ai fait et je trouve cela fort utile, concrètement applicable. La femme Gelée, comme un livre de prévention..
Et puis j'apprécie sa hargne générale, sa rage - mais pas le regret, le ressentiment ni la tristesse, sentiments qu'elle garde peut-être pour elle - le côté entier et indépendant dans la pensée qu'elle a mis dans ses livres sinon dans sa vie ( " toute mon histoire de femme est celle d'un escalier qu'on descend en renâclant"..).
Je me suis interrogé sur le choix de cet adjectif dans le titre. Cette image de l'escalier descendu m'aide à comprendre : dans le processus de gel la température descend peu à peu. Chaque degré peut correspondre à un renoncement, un concession, une erreur, une impossibilité, une difficulté, un choix etc et degré àprès degré, comme ceux d'un escalier, la température passe la barre du zéro et l'eau, vivante, se fige. gèle. C'est par ce genre de formule, disséminée dans le texte, que tout un chacun peut comprendre Annie Ernaux.
Annie Ernaux c'est, par le récit minutieux, détaillé sans que cela soit long et pesant, des guides d'émancipation, pour les femmes, et aussi pour les hommes !
Commenter  J’apprécie          100
Dans cette auto-critique méthodique, Annie Ernaux nous invite à découvrir son quotidien de la moitié du 20e siècle (paru en 1981). Avec un style direct -qui s'affirmera avec le temps-, elle pose le(s) constat de sa vie jusque-là.

Tout d'abord, emprunt de ressentiment -voire de tristesse- sur une jeunesse insouciante, mais quelque peu perdue, où la vie s'écoulait selon des postures bien établies. Sa famille non conformiste y alimentait sa candeur, et déjà les soubresauts d'une envie d'ailleurs.

Puis, vint le temps de la Honte et de l'éclosion de sentiments mitigés contre ses racines populaires et son envie de devenir "être UNIQUE". Elle comprend néanmoins très vite, que cette société-là ne lui laissera de la place que si elle re-rentre dans le rang.

Enfin , elle se soumet aux rôles établis : une "femme parfaite" dont les rêves de liberté seront pour un temps mis de côté. Mais combien ?

La colère alors, sourde gronde. La "femme gelée" se dit "maintenant, j'ai arrêté !"

Peu importe, ce qu'on pourra en dire, devenue -et toujours restée- une "femme imparfaite", elle décide de s'affirmer et nous enjoint dans cette posture.

J'ai vraiment apprécié, la narration de ce récit, en audio qui se prête bien à cette lecture.

AVIS PERSONNEL : Non, ce Prix Nobel n'est pas galvaudé, quoiqu'en disent les conservateurs !
Commenter  J’apprécie          60
La femme gelée
Annie Ernaux
Audiolib

Mon avis :

J'avais envie de continuer à découvrir Annie Ernaux. J'ai choisi celui-ci.
Elle raconte le destin la vie d'une femme des années 60. Etre une bonne mère de famille, s'occuper de son foyer des tâches ménagères de ses enfants et de son mari.

J'ai bien aimé les relations avec sa mère, une femme différente qui aimait lire et lui a transmis ce goût de la lecture alors que son père disait que c'était perdre son temps.
Elle fait une analyse complète de la condition de la femme, son rôle dans la société et sa représentation.

Ce n'est pas celui que j'ai préféré, je l'ai trouvé parfois pesant. La voix est bien en accord avec le texte, mais parfois monotone certainement dû à l'écriture et au style du roman.

Je remercie @audiolib NetGalley France.
Commenter  J’apprécie          30
Lu en 2022. Mon troisième ouvrage de l'auteure. Restée un peu sur ma faim après "La place " et "La honte", bien que toujours un peu gênée par l'écriture "clinique" et factuelle de Annie Ernaux, j'ai davantage apprécié cet ouvrage.
L'on peut facilement s'identifier, compatir, ou du moins ne pas rester indifférente à ces modèles ou contre-modèles féminins, à ces stéréotypes (matrimoniaux, maternels) enfermants, à tous ces obstacles à l'émancipation et l'épanouissement personnel. Des réflexions sociétales on ne peut plus actuelles...
Commenter  J’apprécie          50
"Depuis le début du mariage, j'ai l'impression de courir après une égalité qui m'échappe tout le temps."

Wow. La claque.

Je l'ai lu à voix haute tant le style d'écriture était chargé, lourd, monologue sans pause, presque aucune respiration.

Un récit qui fait froncer les sourcils, serrer la gorge, parfois sourire par le commun des souvenirs.

J'ai 28 ans, je suis maman de 2 enfants en bas âge. Suis-je une femme gelée ? Mes méninges carburent à toute vitesse.

Je le répète, une claque.

"[...] j'ai l'impression d'une vie encombrée à ras bord, pas la place d'y fourrer la plus petite goutte d'imprévu, la moindre curiosité."
Commenter  J’apprécie          12
L'héroïne a trente ans, elle est désormais enseignante et s'est mariée. La famille s'est agrandie car le couple a deux enfants. Tout va bien en apparence dans sa vie. Son mari a fini ses études et il est à présent devenu cadre et gagne bien sa vie. Ils vivent à Annecy une jolie ville, dans un appartement agréable, pourtant, alors qu'elle a "tout pour être heureuse" elle se rend compte que jour après jour qu'elle prend de moins en moins de plaisir à vivre même si elle adore ses enfants et son travail. Son quotidien est une course permanente pour arriver à s'en sortir avec tout ce qu'elle a à faire. Son implication dans la vie domestique est trop forte (les courses, les enfants, les repas à préparer...), et se rajoute à son travail qui lui demande aussi des préparations et des corrections. de plus, son mari lui fait des reproches comme si elle n'en faisait pas assez, elle doit être parfaite alors qu'elle n'y arrive plus.
Dans les années 60, il fallait être une "superwoman". Mais elle se révolte en prenant conscience que les hommes ont tous les plaisirs, et les femmes si peu, alors qu'elle n'était en rien préparée à ça, ni par son éducation, ni par les figures féminines de sa famille. Sa mère lui a en effet toujours répété que par les études elle atteindrait la liberté mais elle, ce qu'elle vit mal, c'est la solitude et la surcharge de travail quotidien, c'est d'être une "femme gelée".
Au passage, l'autrice nous parle de son enfance, des années heureuses de son point de vue, malgré les punitions et les cris...et l'éducation rigide et simple qu'elle a reçue.
Ses parents étaient différents. Sa mère ne se laissait pas marcher sur les pieds. Elle avait beaucoup de responsabilité dans sa vie professionnelle puisqu'elle tenait un commerce. Elle lui a donné le goût de la lecture car elle aime lire et le goût des études. Son "père-enfant" comme elle aime l'appeler, faisait sa part en cuisinant, en s'occupant de sa fille qu'il adorait et cela était réciproque, il était tendre et aimant, émerveillé d'avoir une fille, affolé par ses retards, ses maladies, sa fragilité. Ses parents se partageaient donc sans problèmes, les différentes tâches domestiques ce qui surprenaient beaucoup ses copines de l'époque.
Alors bien entendu, rien ne la préparait à vivre ensuite une vie de frustration une fois mariée. Rien ne la prédisposait à devenir la femme qu'elle est devenue aujourd'hui.
Toutes les femmes de la famille ont été des femmes fortes, au caractère bien trempé, combatives et indépendantes.
Elle aussi va le devenir, bien malgré elle ! Pourquoi les femmes dans la grande majorité des cas sont celles qui ont renoncé à leurs rêves ?

Publiée en 1981, "la femme gelée" est le troisième roman d' Annie Ernaux si l'on considère les dates de publication.
Elle le dédie à "Philippe" son premier mari et père de ses deux enfants, alors que le couple est en plein divorce. le thème central de ce texte écrit comme un journal intime, est bien celui de l'inégalité entre les hommes et les femmes dans notre société.
Je ne crois pas me tromper en disant que malgré les progrès effectués ces dernières années, ce roman autobiographique n'a pas pris une ride et que de nombreuses femmes même parmi les jeunes, s'y reconnaitront aisément.
C'est avec des mots simples que l'auteur nous offre ce beau récit, qui est quasiment une étude sociologique des années 60.
C'est une lecture féministe. Souvent, je repense à ce que je disais à mes copines dans les années 80 justement, quand elles se plaignaient du manque de participation de leur mari alors qu'elles travaillaient et n'arrivaient pas à mener de front vie professionnelle et vie au foyer. Sans entrer dans les détails personnels, je leur disais que c'était à elle de changer l'éducation de leurs garçons...mais à cette époque, elles-mêmes les maternaient trop, faisaient tout à leur place sans leur donner ni responsabilité, ni envie de devenir plus autonomes en ce qui concernait les choses matérielles.
En découvrant ce récit, les lecteurs pourront se questionner sur les avancées en matière de répartition des tâches, l'éducation des enfants, ce qu'on appelle aujourd'hui la "charge mentale"_ le travail domestique donc_ indispensable pour faire fonctionner la vie familiale.
On s'aperçoit très vite que l'émancipation des femmes a des limites, elles veulent travailler et certes les conjoints l'acceptent, mais rien ne doit changer pour autant dans leur vie, dans leur petit confort quotidien, dans leur liberté d'action. Les chiffres le montrent encore aujourd'hui, il n'y a aucune révolution dans la répartition des tâches quotidiennes, même si les jeunes générations partagent davantage c'est à la femme que revient toujours la plus lourde tâche à partir du moment où naissent les enfants.
Avec son style bien à elle, qui va droit au but, son écriture simple et sans fioriture, mais avec beaucoup de lucidité, et un certain recul qui rend ses propos universels, l'autrice nous offre encore une fois un texte très fort à lire et relire. J'ai aimé le relire. Ses doutes et ses interrogations sont très émouvants et ne peuvent que nous toucher.
Un roman autobiographique qui s'adresse donc à tous les femmes d'hier et d'aujourd'hui, jeunes ou plus âgées et à tous les hommes.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
Commenter  J’apprécie          211
« Un seul mot : Désillusion

L'histoire d'une femme qui depuis gamine rêvait de faire de grandes choses et de sortie avec des garçons et qui finit par comprendre que tout ça ne fait pas rêver

C'est très intéressant de suivre la vraie histoire d'une femme dans les 50/60, de ses premières visions du monde à sa quasi-trentaine

Elle voulait suivre son étoile et devenir prof

Mais une fois mariée le rêve devient plus dur à réaliser ; la maison doit être entretenue, la table posée et au fil des années des bébés vient tout compliquer

À cette époque, c'est à la femme de s'occuper de tout, l'homme travaille et n'aura pas comme seul but de gagner de l'argent, se poser devant le journal et faire rire des enfants propres et éduqués

Mais elle se battra pour devenir ce qu'elle veut »

Note : 😶‍🌫️ / 20
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          20
C'est maintenant qu'on brûle le patriarcat ?
Commenter  J’apprécie          10
Dans ce texte autobiographique, Annie Ernaux parle d'une femme, professeure trentenaire, mariée et mère de deux enfants.

Elle revient sur le parcours de cette femme depuis son enfance en Normandie, sa jeunesse, l'élève modèle qu'elle était, l'adolescente et les questionnements qui l'accompagnaient. Puis arrive l'installation en ville, les études, la vie universitaire, les sorties, les premières relations, l'ambition.

Elle aspire à plus de liberté, d'autonomie et d'indépendance. Elle ne veut pas ressembler à sa propre mère mais recherche une liberté de penser et de choisir.

Puis arrive le mariage, la maternité, le monde du travail, le quotidien, la charge mentale.

La femme gelée” est celle qui, comme beaucoup de femmes modernes, se perd dans cette vie routinière et ses habitudes, une vie posée, sans surprises. Les années passent et se ressemblent.

Dans ce livre publié en 1981, l'autrice dresse le portrait d'une génération de femmes et de sa condition. Il s'agit d'un livre féministe dans lequel elle compare le rôle des femmes de celui des maris et des pères dans une société en plein évolution.

Une très bonne lecture.

Lien : https://labibliothequedemarj..
Commenter  J’apprécie          150
Que ce soit à travers le titre ou le résumé, "La femme gelée" d'Annie Ernaux m'a de suite attiré. Ayant adoré "La place" et "L'évènement", j'ai vite enchainé avec la lecture de ce roman pour continuer à découvrir le talent de cette autrice. Seulement, après quelques pages lues, ça a vite été la désillusion. Impossible de rentrer dans le roman et de m'intéresser aux propos de l'autrice. J'ai finalement décidé de l'écouter en audio car il me semblait impensable d'abandonner ce roman. Et ça a été une bonne idée !

Dans "La femme gelée", Annie Ernaux nous parle de sa vision de la femme, à travers la vision qu'elle a de sa mère, des clientes de ses parents, de ses amies ou de ses femmes proches. Elle nous transmet ses attentes, ses idéaux à contre-courant avec son temps, sa soif de liberté et d'émancipation qui, peu à peu, se ternit au contact des hommes et, plus tard, de son mari.

Ce roman n'est pas mon préféré d'Annie Ernaux. Comme dit plus tôt, j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire. Pourtant c'est un roman qui reste puissant et qui m'a beaucoup plu sur le dernier quart. C'est un roman qui m'a révolté à certains passages et qui a chatouillé mon esprit féministe. On ressent le feu qui brule au sein de l'autrice et on a juste envie qu'elle prenne enfin sa liberté.

En conclusion, un roman prometteur mais assez inégal à mes yeux. le début a été difficile mais la dernière partie remonte largement le niveau de ce roman aux effluves féministes.
Commenter  J’apprécie          23




Lecteurs (3191) Voir plus



Quiz Voir plus

Connaissez-vous vraiment Annie Ernaux ?

Où Annie Ernaux passe-t-elle son enfance ?

Lillebonne
Yvetot
Bolbec
Fécamp

10 questions
294 lecteurs ont répondu
Thème : Annie ErnauxCréer un quiz sur ce livre

{* *}