AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 724 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je découvre la collection "Les affranchis" chez Nil qui propose à des auteurs de rédiger la lettre qu'ils n'ont jamais écrite.
Annie Ernaux révèle une nouvelle facette de sa vie : elle brave le silence en écrivant à sa soeur inconnue, emportée à 6 ans par la diphtérie. L'autrice est née 2 ans après la mort de cette soeur.
Elle a appris son existence lors d'une conversation entre sa mère et une cliente de l'épicerie familiale - sa mère a glissé « elle était plus gentille que celle-là ».
L'autrice décrit le silence cultivé autour de cette soeur dont l'ombre pèse sur son existence. Cette soeur tient plus du récit, de l'imaginaire, que du réel - elle est inconnue, parce que l'autrice n'a aucun souvenir d'elle.
Le texte est une belle lettre, sobre et sombre, destinée à quelqu'un qui ne pourra pas la lire. Annie Ernaux choisit d'écrire pour parler aux morts, d'écrire pour révéler le secret, pour qu'enfin soit nommée cette soeur étrangère dont la présence/absence a marqué sa cadette. Mais écrire une lettre a cette soeur c'est aussi parler de ses parents - de leurs parents. C'est intime et bouleversant.
Commenter  J’apprécie          10
Découvrir l'absence, en découvrant l'existence d'une soeur aînée. L'auteur écrit à cette soeur inconnu, qui n'a existé que dans les souvenirs silencieux de ses parents. le texte est juste , sincère, bouleversant car il est compliqué d'exister dans l'ombre d'un souvenir. Ici les thèmes du manque, de l'absence, de la relation mère-fille sont abordés avec clairvoyance et justesse. J'ai beaucoup aimé et j'ai découvert par la même une auteure que je ne connaissais pas.
Commenter  J’apprécie          10
Annie Ernaux inaugure avec « l'autre fille » une toute nouvelle collection chez Nil Editions, intulée « les affranchis », et dans laquelle il est demandé à des auteurs de rédiger la lettre qu'ils n'ont jamais écrite. C'est à la soeur morte plusieurs années avant sa propre naissance, qu'Annie Ernaux adresse sa lettre.



Alors qu'elle était âgée d'une dizaine d'années, c'est par le biais d'une conversation à laquelle elle n'était pas conviée que la romancière apprend l'existence de la petite morte. Une autre fois, elle entend de la bouche de sa mère qu'elle est moins "gentille" que l'autre, réflexion blessante et difficile à surmonter pour une petite fille. Annie choisit de faire comme si elle n'avait rien entendu et jamais n'abordera le sujet avec ses parents. La soeur fantôme restera un non-dit jusqu'au bout.

Ecrire à cette soeur qui ne la lira jamais est un exercice difficile, comment décrire l'absence ? : « T'écrire, ce n'est rien d'autre que faire le tour de ton absence. Décrire l'héritage d'absence. ». C'est un récit troublant et sensible mais également original par sa forme et par son thème. Il n'est pas si courant que soit évoquée dans la liitérature ou ailleurs, la place inconfortable de l'enfant « de remplacement ». Les inconditionnels d'Annie Ernaux y verront sans nul doute une nouvelle clé pour comprendre l'oeuvre de la romancière.

Une nouvelle collection à découvrir et je ne peux que vous conseiller de commencer par ce titre.


Lien : http://sylire.over-blog.com/..
Commenter  J’apprécie          10
« L'autre fille » d'Annie Ernaux a été publié en mars 2011 dans la collection « Les Affranchis » de l'éditeur NiL. Comme le souligne la première page qui vise à présenter cette collection : « Quand tout a été dit sans qu'il soit possible de tourner la page, écrire à l'autre devient la seule issue. Mais passer à l'acte est risqué. Ainsi, après avoir rédigé sa Lettre au père, Kafka avait préféré la ranger dans un tiroir. Ecrire une lettre, une seule, c'est s'offrir le point final, s'affranchir d'une vieille histoire. La collection « Les Affranchis » fait donc cette demande à ses auteurs : « Ecrivez la lettre que vous n'avez jamais écrite ». »

Annie Ernaux a écrit une lettre à un destinataire dont elle sait qu'elle ne la lira jamais : elle écrit à sa soeur, décédée deux ans avant sa naissance. Une soeur qu'elle n'a jamais connue, qui n'a jamais été sujet de conversation avec ses parents. Elle apprend son existence par hasard, durant son enfance, au détour d'une conversation surprise au cours d'un jeu, dont elle n'était pas la destinataire. Sa mère « raconte qu'ils ont eu une autre fille que moi et qu'elle est morte de la diphtérie à six ans, avant la guerre, à Lillebonne » (p. 16). « Elle dit de moi elle ne sait rien, on n'a pas voulu l'attrister. A la fin, elle dit de toi elle était plus gentille que celle-là. Celle-là, c'est moi » (Ibid.). Ces mots surpris par hasard vont tisser toute son existence, reconstruisant le sens du passé, proposant un nouveau sens pour le futur. de longues supputations émergent alors dans l'esprit d'Annie Ernaux : elle est née alors que sa soeur est morte. Elle est née parce que sa soeur est morte. Une culpabilité surgit. Des doutes également, un questionnement sur le sens de la vie.

Les mots sont toujours justes, l'auteure a su prendre de la distance avec ce vécu douloureux. En même temps, les émotions restent intactes derrière des mots qui cherchent à nommer, à mettre à distance, des paroles à la fois blessantes et fondatrices. Cette lettre courte m'a permis de me poser une question : comment fait-on pour écrire une lettre à un destinataire qui ne vous lira jamais ? Quel sens cela a-t-il pour l'auteure ? Elle esquisse une réponse à la fin : « peut-être que j'ai voulu m'acquitter d'une dette imaginaire en te donnant à mon tour l'existence que ta mort m'a donnée. Ou bien te faire revivre et remourir pour être quitte de toi, de ton ombre. T'échapper. » (p. 77)

Un livre poignant, une intention originale, à la fois de l'éditeur (et de la collection créée) et de l'auteure. J'aurais aimé cependant un style un peu différent, sans pouvoir préciser vraiment en quoi, sinon former le souhait d'une écriture un peu plus poétique.
Commenter  J’apprécie          10
Annie Ernaux une fois de plus démêle les fils de son histoire. Cette lettre s'adresse à la fois à sa soeur défunte et à ses parents. Ce secret qu'ils ont tacitement gardé sous silence, tout au long de leur trois existences. En respectant l'intimité de la douleur de ses parents elle a grandi à l'ombre de cette faille. Elle s'est nourrie des silences et des non-dits. Toute son oeuvre en est habitée.
A la lumière de cette lettre, on comprend mieux tous les sous-entendus et toutes les subtilités de ces autres récits. Ce court texte donne envie de relire l'ensemble de ses textes. En effet, certaines scènes et certaines attitudes de ses parents prennent un nouveau sens. On comprend mieux les rapports distants qu'entretient la mère avec sa fille.
L'écriture est toujours aussi précise et simple. En peu de mots beaucoup d'émotions passent et révèlent tout l'art de l'écriture de l'auteure. Un style très particulier qui pousse l'ordinaire, le quotidien vers l'exceptionnel. Une simplicité dans le choix des mots qui éveillent tout un monde de sensations.
Cette lettre est un moment de lecture rare qui éclaire toute l'oeuvre d'Annie Ernaux.
Commenter  J’apprécie          10
Annie Ernaux a choisi d'écrire à cette soeur dont on lui a toujours tu l'existence.
Un dimanche de 1950, alors qu'elle joue dehors - elle a dix ans - elle surprend une conversation entre sa mère et une cliente. "Elle raconte qu'ils ont eu une autre fille que moi et qu'elle est morte de la diphtérie à six ans, avant la guerre, à Lillebonne. Elle décrit les peaux dans la gorge, l'étouffement. Elle dit : elle est morte comme une petite sainte. [...] elle dit de moi elle ne sait rien, on n'a pas voulu l'attrister. A la fin, elle dit de toi elle était plus gentille que celle-là. Celle-là, c'est moi." Plus jamais Annie Ernaux n'entendra ses parents parler de cette soeur inconnue, jamais elle n'osera poser de questions, ce secret restera entre eux, comme une ombre... Pourtant, ses parents, à présent décédés, reposent juste à côté de la petite tombe blanche de leur fille première née.

Que dire ? J'ai ressenti beaucoup d'émotions à lire ce texte, pour de multiples raisons, dont bon nombre de personnelles.

Lien : http://antigonehc.canalblog...
Commenter  J’apprécie          10
Intéressé par le concept de transfuge de classe, j'ai découvert Annie Ernaux avec La place.
On y découvre sa vie, d'abord à la campagne puis dans un milieu qui n'était pas celui de ses origines.
Souvent, la question de ce qu'il fait la différence entre plusieurs membres d'une fratrie m'anime.
Dans ce court ouvrage Annie Ernaux offre une réponse : parfois on court après des ombres.
Est-ce cette soeur disparue qui lui donne cette force d'écrire?
Est-ce pour la faire revivre qu'elle écrit ?
Est-elle devenue cette femme par opposition à la personnalité de sa soeur ?
Devient -on ce qu'on dit de nous ?
Comment gère t'on l'absence ?
Le non dit ?
Se sont ces questions qui ont été soulevés lors de cette lecture.
L'autrice nous offre son témoignage en réponse, toujours éclairant.
Commenter  J’apprécie          00
Dans une lettre, l'auteure s'adresse à sa soeur aînée, morte à 6 ans de diphtérie, deux ans avant sa naissance, et dont elle a appris l'existence éphémère à 1o ans, en écoutant une conversation de sa mère.
3,75/5
Très court et très facile à lire .
Énormément de moments m'ont touché .
Ça faisait longtemps que je voulais lire des livres de cette autrice et franchement je ne suis pas déçue !
Je me rends compte que je suis vraiment fan des lettres
Commenter  J’apprécie          00
Court récit autobiographique.
Annie Ernaux apprend l'été de de ces 10 ans qu'elle avait une grande soeur morte de la diphtérie à 6 ans.
Annie Ernaux relate le poids des secrets, des non dits, de la culpabilité et des silences.
La seule fois qu'elle entend sa mère parler de sa soeur c'est pour dire qu'elle « était plus gentille que celle là. Celle là, c'est moi »
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          00
C'est une lettre qui ne sera donc jamais envoyée, jamais lu par son destinataire,… mais à qui est-elle destinée ? Pour qui écrit-on ces mots là ? Pourquoi ?
Une écriture simple, efficace, qui m'a touchée et fait réfléchir.
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (1561) Voir plus



Quiz Voir plus

L'autre fille (Annie Ernaux)

De quelle maladie est morte la sœur de la narratrice ?

De la diphtérie
De la pneumonie
De la tuberculose
Du tétanos

9 questions
11 lecteurs ont répondu
Thème : L'autre fille de Annie ErnauxCréer un quiz sur ce livre

{* *}