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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mon second livre d'Annie Ernaux après la place. Celui-ci est bouleversant !
L'autrice nous fait ressentir avec intensité ce qu'elle a vécu depuis la découverte de sa grossesse et son avortement. Etudiante, elle a 23 ans. Sa liaison avec un étudiant de son âge n'est pas sérieuse. Elle ne peut se confier à personne, surtout pas à sa famille. Nous sommes dans les années 1960. L'avortement est interdit mais elle ne peut imaginer mettre cet enfant au monde. Elle va tout faire pour trouver de l'aide.
Le texte, certainement autobiographique, est à la première personne. La plume tout en douceur et finesse est magnifique et nous accompagne dans ce parcours de la combattante.
Ce livre est nécessaire pour la personne qui a vécu ce traumatisme certes, mais aussi pour les jeunes femmes d'aujourd'hui dont le droit de disposer de leur corps est remis en question. L'avortement n'est pas anodin mais vivre une grossesse non désirée est encore pire.
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Annie Ernaux nous raconte ici sa propre expérience, celle de l'avortement. Nous pénétrons dans son intimité comme dans un reportage intérieur fait par la narratrice de 60 ans sur elle-même 40 ans plus tôt.
J'ai trouvé le sujet bouleversant, comment ne pas être ému ? J'ai trouvé que le style de l'autofiction/introspection était remarquable et juste.
Je suis un homme et je pense que ça n'a rien à voir avec de la littérature de bonne femme.
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En 2022, le prix Nobel de littérature a été attribué à l'auteure française Annie Ernaux.

Une auteure qui m'a toujours impressionnée, intimidée, inspirée. J'ai voulu tenter avec "L'événement", qui trônait depuis quelque temps dans ma bibliothèque. Et j'ai bien fait.

J'ai tout de suite aimé l'écriture d'Annie Ernaux. Directe. Authentique. Réaliste. Ce sont les trois mots qui me viennent à l'esprit concernant la plume résolument franche d'Annie Ernaux. Elle va droit au but, il n'y a pas de tabou. C'est vrai, c'est brut.

Ce récit laisse une marque, il est véritablement dur à lire. Aussi, je pense qu'il ne faudrait pas le mettre entre toutes les mains.

Certains passages sont vraiment difficiles. À supporter, à lire. Âme sensibles s'abstenir !

Alors j'espère qu'un jour, je rencontrerai cette grande dame qui, selon moi, a mérité son prix Nobel.

Certains qualifieront les écrits d'Annie Ernaux d'une nullité absolue, moi je les qualifierai d'un profond trouble, d'une immense émotion, et d'une grande justesse.

Avec ce témoignage puissant, Annie Ernaux ne nous raconte pas seulement son avortement, et ses répercussions mentales, elle nous porte la voix de milliers de femmes qui ont dû avorter, avant la loi IVG.

De plus, un petit brin de féminisme. Et des réflexions réfléchies. Et cela, en seulement 130 pages. Bravo.

4,25/5

(Issu de mon compte Bookstagram readwithfaustine)
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Annie Ernaux encore et L'événement pour crier aux têtes biens-pensantes ce que le ventre des femmes pleurent.

"Il y avait les autres filles, avec leurs ventres vides, et moi.
(...)
Ce n'était pas la peine de nommer ce que j'avais décidé de faire disparaitre.
(…) ce qui poussait en moi c'était, d'une certaine manière, l'échec social.
(...)
Et, comme d'habitude, il était impossible de déterminer si l'avortement était interdit parce que c'était mal, ou si c'était mal parce que c'était interdit. On jugeait par rapport à la loi, on ne jugeait pas la loi.
(...)
Ni lui ni moi n'avions prononcé le mot avortement une seule fois. C'était une chose qui n'avait pas de place dans le langage.
(...)
Si je laisse faire le temps, en juillet prochain, on sortira un enfant de moi.
(…)« je ne suis pas le plombier ! ». Et cette phrase qui lui avait peut-être inspirée un sketch de Fernand Raynaud qui faisait alors rire toute la France, continue de hiérarchiser le monde en moi, de séparer comme à coups de trique, les médecins des ouvriers et des femmes qui avortent, les dominants des dominés.)
(...)
Je sais aujourd'hui qu'il me fallait cette épreuve et ce sacrifice pour désirer avoir des enfants. Pour accepter cette violence de la reproduction dans mon corps et devenir à mon tour lieu de passage des générations.
(...)
Car par-delà toutes les raisons sociales et psychologiques que je peux trouver à ce que j'ai vécu, il en est une dont je suis sûre plus que tout : les choses me sont arrivées pour que j'en rende compte. Et le véritable but de ma vie est peut-être seulement celui-ci : que mon corps, mes sensations et mes pensées deviennent de l'écriture, c'est-à-dire quelque chose d'intelligible et de général, mon existence complètement dissoute dans la tête et la vie des autres."
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Cela faisait des années que je voulais lire Annie Ernaux sans jamais sauter le pas, son récent prix Nobel m'a poussé à enfin m'y mettre, et je ne regrette pas, tant son écriture est facile à lire et ses textes intéressants !

Dans L'événement, Annie Ernaud raconte son propre avortement, à une époque où c'était encore interdit. On découvre l'errance pour trouver une "faiseuse d'anges", l'acte en lui-même, barbare et douloureux, l'infection et l'hospitalisation.

Ce très court roman est donc un témoignage très intéressant du point de vue historique et sociologique. Annie Ernaud nous ouvre la porte de ses sentiments. Lorsqu'elle comprend qu'elle est enceinte, elle est étudiante et n'hésite pas une seconde sur son choix. L'avortement n'est pas une possibilité parmi d'autres, c'est la seule qu'elle envisage. Mais encore faut-il trouver quelqu'un qui saura l'aider. Elle va passer plusieurs mois à chercher, à demander de l'aide chez des médecins, auprès de son petit-ami, de connaissances... Et puis elle va finir par trouver et on a la description précise de comment ça se passe et des conséquences catastrophiques que cela a sur son corps. Elle manque d'y rester et doit être hospitalisée.

On y trouve aussi comme dans nombre de ses romans (tous ?) une réflexion sur la société et ses différentes classes. Annie Ernaux est consciente qu'elle appartient a une certaine classe et que c'est pour cela qu'elle réussi notamment à être soignée convenablement.

Un roman difficile mais que j'ai beaucoup aimé. Un témoignage à transmettre, notamment à notre époque où l'IVG est remis en cause dans de nombreux pays...
Lien : http://blogonoisettes.canalb..
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L'événement n'est pas toujours heureux. Il vous envahit et vous laisse démunie. Toute seule, avec au creux du bide, un futur dont on ne voulait pas. le germe d'un enfant et tout s'effondre, comme au ralenti.
Années 60, en France, Annie, étudiante à Rouen, se retrouve enceinte. Poursuivre cette grossesse, c'est renoncer. Et Annie, pas encore Queen, pas encore Nobel, n'est déjà pas du genre à renoncer. Il lui faut trouver le moyen d'avorter. le moyen de reprendre possession de son corps.

C'est une histoire de femmes. On le sait pourtant que ça ne peut pas se résumer à ça. Qu'il faut bien à un moment qu'un homme entre dans l'équation. Et pourtant, ce court récit d'un avortement est l'histoire toute entière du corps des femmes, de cette matrice de l'être humain. Je ne dirai pas que ce texte est une expérience de sororité, parce que les femmes qui entourent Annie sont décrites avec pas mal de rudesse. Elle n'est pas entourée d'une communauté féminine et bienveillante. Elle est entourée de semblables qui savent, comprennent, se lient, se liguent. Mais qui ne compatissent pas. On est de l'ordre du guerrier. le ventre est un champ de bataille et cette guerre est menée contre soi-même avant tout. Et comme dans toute guerre, les alliés avancent par intérêt.

Soi, en tant que femme. Soi en tant que femme dans un milieu social bien défini. C'est ce que j'aime et je redoute dans les textes d'Annie Ernaux. Ce regard qu'elle pose sur elle-même, fille d'un milieu modeste, transfuge de classe. Que dit cet événement de son positionnement social ? Quelle serait l'histoire si elle n'était pas en train d'écrire ce tournant ? C'est la force du texte, un regard chirurgical sur ce qu'elle est au monde. Question de place et d'un événement qui pourrait la remettre en cause.

C'est un texte violent par bien des aspects, nécessaire, c'est peu de le dire. Si je me revendique féministe sans en embrasser tous les codes, c'est pour ce genre de luttes. En matière de droits des femmes rien n'est jamais acquis, l'actualité nous le prouve tous les jours, l'histoire l'a déjà démontré. Louons Simone Veil et remercions Annie Ernaux. Faisons entendre leurs voix pour que les événements restent heureux
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Un livre choc, brutal, qui fait frémir. Je n'ai pas réussi à m'en détacher et l'ai lu d'une traite.

Annie Ernaux, trente-cinq ans plus tard, se remémore un évènement dramatique, qui a bouleversé sa vie alors insouciante, un évènement qu'elle a longtemps essayé d'occulter mais pour lequel, au fil du temps, elle a éprouvé le besoin impérieux de relater par écrit. Il s'agit de l'avortement qu'elle a subi en janvier 1964, alors qu'elle était étudiante en Lettres à Rouen.

A l'époque, un avortement ne peut être que clandestin, il est interdit en France et sévèrement puni par la loi. A partir de ses souvenirs personnels, de son vieil agenda et de son journal intime, l'autrice raconte simplement, froidement et dans les moindres détails, son parcours du combattant.
Attente de diagnostic, angoisse d'une grossesse accidentelle, accablement face à la lâcheté du géniteur et des médecins qui ne peuvent voire ne veulent prendre aucun risque pour l'aider. Ne reste plus que "la débrouille", le "bouche à oreilles" et le recours à une "faiseuse d'anges" dans des conditions sanitaires hasardeuses, Annie Ernaux manquera de perdre la vie, mais s'en sortira transformée, grandie également fière d'être allée au bout de cette épreuve périlleuse.

Le récit de l'autrice est sec, glaçant, réaliste, sans aucune concession. Inspiré de ses souvenirs et notes personnelles, il est aussi ponctué, entre parenthèses, de réflexions ou interrogations actuelles, de références à l'actualité. le style de langage parfois cru, violent contribue au climat d'angoisse récurrent. Cette oeuvre intimiste, Annie Ernaux l'a portée au plus profond d'elle-même pendant des décennies. Elle est le reflet d'une société misogyne, bourrée de principes moraux et religieux, une époque révolue où la femme ne possédait pas son corps et n'avait pas le choix d'accepter ou non une maternité.

En 1975, était votée la loi Veil "qui dépénalise le recours par une femme à l'interruption volontaire de grossesse."
"Aucune femme ne recourt de gaité de coeur à l'avortement" disait Simone Veil dans un discours devenu historique. Mais c'est un droit qui a été acquis à force de combats et de drames. Il faut le préserver à tout prix et lutter contre les courants qui tenteraient de le remettre en question.

#Challenge Riquiqui 2023

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Dans ce roman autobiographique, Annie Ernaux raconte cet évènement qui a marqué sa vie : son avortement. Lorsqu'elle est tombée enceinte l'IVG n'était pas encore légal en France. C'est en 1963, à 23 ans, alors qu'elle est encore étudiante qu'elle découvre sa grossesse, une chose est sûre elle ne veut pas de ça. Elle veut avorter. A travers ce roman on y découvre le combat qu'à dû mener Annie Ernaux pour avorter, les médecins qui refusent de l'aider de peur d'être radié de l'ordre, sa volonté de mettre fin elle-même à cette grossesse, l'avortement pratiqué par une faiseuse d'ange mais aussi les conséquences de cet avortement.

Ce roman d'une centaine de pages m'a marqué notamment lorsque Annie Ernaux énonce les différentes techniques utilisées par les femmes pour avorter ou encore le foetus une fois avorté qui finira dans les toilettes. C'est un roman assez brutal comme l'événement subi par Annie Ernaux, à travers ces pages elle nous montre la difficulté d'avorter en 1963. Mais surtout elle nous raconte l'histoire d'une femme qui ne souhaite qu'une chose : le droit de disposer librement de son corps.

Lien : https://www.instagram.com/gi..
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Que dis-tu d'un petit défi pour démarrer l'année? Ok? Je te propose de lire un prix Nobel! Oui, oui, tu as bien lu un prix Nobel de littérature pour être plus précise. Rien que ça. Je sais déjà ce que tu vas me dire. Les prix Nobel de littérature sont des oeuvres pour intellos et tu n'es pas intello. Tu es convaincu.ue de ne pas avoir le niveau pour te lancer. Tu es loin d'être érudit.e au point de te lancer dans ce type de lecture. Il y a quelques mois à peine, j'étais comme toi. Je me pensais incapable de lire un livre de ce niveau. Puis l'été passé, je me suis rendue au book club organisé pour la librairie bruxelloise Cook & book. Nous lisons chaque mois un même livre et en discutons lors de notre rencontre. Chacun présente ensuite une lecture sur un thème choisi préalablement. C'est comme cela que "L'événement" d'Annie Ernaux est entré dans ma bibliothèque. Il faut dire que Luna, libraire, en avait parlé avec tellement de ferveur et d'enthousiasme qu'il eut été difficile de ne pas le choisir à l'unanimité ou presque. Annie Ernaux n'avait à ce moment-là pas encore reçu le prix Nobel. Je ne la connaissais pas du tout. Publié chez Folio en version poche, ce roman très court date du début des années 2000. J'avoue avoir été rassurée par la concision du texte. Idéal pour moi, alors convaincue d'être incapable de le lire (vive la confiance en soi!). Je n'ai pas lu ce roman, je l'ai dévoré. Les mots sont choisis. Incisifs. Rythmés. Il n'y a pas une minute pour reprendre son souffle. Il faut s'accrocher. Se détacher. Annie Ernaux ne nous épargne rien. Elle écrit tout. Elle vomit sur les pages une histoire, un événement. Son avortement. A la première personne, elle nous confie son choix de jeune fille étudiante. Annie Ernaux a avorté dans les années 60. Rien n'est tu dans ce témoignage fort. "L'événement" est un parcours. Une attente. Une confession. Un exutoire. Pour moi, il fut une gifle. Violente. Un frisson constant. Une vérité. Un rappel. Oui je me doutais de ce qu'était un avortement. Non, je ne peux pas le comprendre. Non je ne l'ai pas vécu. Nous avons la chance de vivre dans des pays où l'avortement est un droit. Oui, à notre époque, les femmes peuvent disposer de leur corps. Oui, il serait préférable de ne pas devoir vivre une telle expérience. Oui, il est préférable que l'avortement se fasse dans les meilleures conditions. Un livre comme celui-ci est un fabuleux témoignage de ce qui était. Un texte engagé sans le vouloir (ou pas d'ailleurs). "L'événement" fait partie de mon top 10 en 2022. Sera-t-il dans tes lectures coup de coeur en 2023? Qu'en penses-tu?
Lien : http://lire1X.com
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Je ne connaissais pas Annie Ernaux avant son prix Nobel mais ne voulant pas mourir idiote, je me suis lancée. Une très belle découverte !
Ce texte porte sur l'avortement dans les années 60, dans la clandestinité. Une écriture simple et efficace qui nous montre simplement les difficultés rencontrées par tant de femmes à l'époque pour recourir à l'IVG.
Un livre qui nous rappelle à quel point certains droits ont été acquis dans la douleur
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