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sur 109 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Femme au foyer : On dirait le titre d'un tableau flamand. S'agit-il du énième récit de la vie d'une épouse, mère, qui subissant de rester au foyer pour élever sa progéniture, découvre la vacuité et l'ennui de ses journées dans un environnement social prompt à la juger privilégiée ? S'agit-il du énième récit de la vie d'une épouse, mère, qui choisissant de rester au foyer pour élever sa progéniture, s'épanouit dans son éducation, dans la confection de confitures et gâteaux, les travaux de couture, dans un environnement social prompt à considérer qu'elle ne fait rien de ses journées ?


Ce roman raconte sur 3 mois - d'octobre à décembre - la vie d'Anna, dont l'addiction au sexe ne peut se justifier que par son seul ennui domestique. Ce serait trop facile, les femmes qui se languissent chez elles ne trompent pas toutes leur mari. Ensuite, les femmes au foyer n'ont pas toutes, jeunes, perdu leurs parents dans un accident de voiture, ou quitté les Etats-Unis pour suivre leur mari en Suisse, et enfin elles ne sont pas toutes rongées par la mélancolie.


Dans cette Suisse pragmatique, correcte, efficace, tellement propre qu'elle blanchit l'argent, Anna avec son mari banquier et ses trois enfants. Américaine, elle peine à s'intégrer dans ce pays qui lui apparaît hostile, tant par son climat que par le patchwork de langues parlées par ses habitants, polis et distants. Anna est triste, passive, paralysée, elle a renoncé à sa volonté. Elle multiplie des rencontres sexuelles.


Jill Alexander Essbaum dresse le portrait d'une femme en quête d'identité, met à nu ses pensées les plus intimes, sa sexualité crûe, traitées cliniquement. Jamais l'auteure ne cherche à racoler le lecteur, à solliciter sa compassion, sa pitié ou son dégoût pour Anna, qui s'enfonce lentement dans une détresse mentale qui aspire ses forces, son énergie. Elle éprouve des souffrances de plus en plus grandes comme pour se prouver qu'elle est en vie.


Il s'agit d'un roman qui offre une construction élaborée servie par un style magnétique. A la suite d'un événement impossible à révéler, le roman prend un tournant inattendu et s'achemine à un rythme plus soutenu vers son épilogue. Les dernières dizaines de pages sont d'une beauté et d'une intensité à couper le souffle. Un beau et grave roman, qui restera longtemps dans ma mémoire.
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Femme au bord de tous les dangers,
"Une femme qui se sent seule est une femme dangereuse," dit le médecin psychanalyste à sa patiente, Anna dans ce formidable livre de Jill Alexander Essbaum. Pour quelles raisons ?
Le récit de Jill Alexander Essbaumsur sur le parcours de Anna tente de nous en livrer des pistes d'explications. Si ce livre est le premier roman de I'auteur, il n'a en rien le profil d'un coup d'essai tant le texte est servi par une écriture à la fois intime et puissante atteignant alors une dimension universelle. le lecteur pense à une "Emma Bovary" des temps actuels mais aussi à I'héroïne du livre de Chahdortt Djavann dans "Ia dernière séance. "Anna est une trentenaire qui vit en exil, enSuisse, avec son mari, banquier, et ses trois enfants. Femme au foyer, sa vie se déroule très mouvementée, trépidante dans une belle description de la société et de la c u l t u r e s u i s s e s . E n s u r f a c e , A n n a n e p a r a i t p a s s ' e n n u y e r e t p o u r t a n t s o n p a r c o u r s e s t c e l u i d'une femme, désespérément isolée et habitée par ses fantômes.
"Le fantôme"poursuit le médecin psychanalyste dont les phrases analytiques ponctuent ce texte d'une force inouie v o i r e é d i f i a n t e p o u r l e l e c t e u r , " p e u t ê t r e l e s e n t i m e n t r é s i d u e l q u i s u b s i s t e a p r è s u n e a c t i o n que vous avez commise mais pour laquelle vous avez des remords. Une chose que vous avez faite et à laquelle vous ne pouvez échapper."
On ferme le livre de J.A. Essbaum le coeur sur une limite, comme la femme de la couverture du livre (édition livre de poche) sur la balustrade de son balcon, avec un sentiment lourd ou délivré,complètement bluffé !!!
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Entre immersion mélancolique et ennui au sein du couple, Femme au foyer est dérangeant. Perturbant par son inaction mais surtout par son profond aspect psychologique qui met le doigt sur un malaise que, Anna, la protagoniste principale n'arrive pas à définir. Il ne s'agit pas ici d'un roman exclusivement féminin mais il exprime le couple, les choix et les envies, le rapport d'une femme aux hommes, d'une femme à ses propre désirs. Jill Alexander Essbaum, poétesse de renom, a su mêler des questions existentielles légitimes au quotidien d'une femme au foyer en proie à un malaise grandissant. Elle aborde différents thèmes comme le déracinement, l'apprentissage d'une nouvelle langue et sa culture et donc l'incidence sur le psychisme mais aussi le rapport à la maternité.

Anna, à tout pour être heureuse: un mari, trois beaux enfants et une jolie maison. Oui mais le bonheur ne se résume pas qu'à cela et elle le sait mieux que personne. Une rencontre et un mariage rapide ont fait qu'Anna quitte son Amérique natale pour la Suisse, fief de Bruno son mari. En même temps que le changement de pays, la perte de repères et la découverte d'une culture différente, suit un enfant. Puis un autre. Mais Anna se perd dans ses rêveries, sa solitude, son ennui. Elle consulte donc un psychiatre avec laquelle elle parle de ses maigres réflexions, fait part de ses questionnements mais ne se livre jamais. Et c'est peut-être de là que vient son malaise: le mutisme. Car Anna n'a pas d'amis, se coupe du monde, ne communique pas. Elle est insaisissable.

Divisé en trois parties, septembre, octobre, novembre, le roman est une spirale de sentiments et de ressentiments inavoués. En jouant sur des digressions entre entretien avec le psy, scène du passé et de la vie quotidienne, l'auteur dresse un portrait décoloré de son personnage. Anna ne sait pas elle même d'où provient cette mélancolie, ce qui la provoque, alors elle se réfugie dans les aventures où le sexe prédomine sur l'amour. Expiatoire, elle enchaîne les liaisons, s'enfonce dans les mensonges, se raccroche et se débat et n'aspire qu'au réveil d'un jour meilleur qu'elle ne sait pas ou ne veux pas provoquer. Anna est prisonnière d'elle même, de ses désirs et des conventions.

Rythmé par l'apprentissage du suisse allemand, l'accord des verbes et autres réjouissances grammaticales, la culture démontre l'état d'esprit du personnage sur sa vie quotidienne. La protagoniste souffre d'une culture différente, d'un pays et d'une population rigide où le conformisme et l'attitude est en totale contradiction avec elle, ce qui la pousse dans ses retranchements et ses incompréhensions. L'auteur signe un roman délicat et subtil quoique un peu long et décousu. Malheureusement quelques lacunes de traduction perturbe la lecture et m'a de temps en temps laissé perplexe. J'ai retrouvé pour ma plus grande joie, dans un autre style, un peu de Madame Bovary dans ce personnage. Jill Alexander Essbaum a su retranscrire grâce à une plume intense la langueur et le mystère évanescent d'une femme malheureuse. A lire un après-midi pluvieux au son d'un cannelé craquant et d'un chocolat brûlant.
Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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J'ai lu ce livre en tant que juré du Prix du Livre de Poche 2017.

Je dois bien vous l'avouer, ce livre avait tout pour que je le déteste avant même de l'ouvrir : un titre assez plat, une couverture plutôt repoussante (pour moi) et surtout un extrait de critique bien mis en évidence (« Après Madame Bovary et Anna Karénine. Magistral ») qui me semble trop beau pour être honnête. Bref, c'est avec des lames bien afutées, prêtes à hacher menu ce premier roman de Jill Alexander Essbaum, que je me lance dans cette lecture. le début du roman me conforte plutôt dans cette mauvaise impression. Anna,le personnage principal, est insupportable. Anna est américaine et mariée à un banquier suisse. Elle vit en Suisse avec son mari et ses trois enfants. Elle a tout pour être heureuse mais son statut de femme au foyer l'ennuie et déracinée, elle ne s'intègre pas du tout dans son nouveau pays. du coup, elle délaisse petit à petit sa famille et se lance dans une quête ininterrompue de compagnons sexuels. Ses petits problèmes sont vite insupportables pour le lecteur et en y réfléchissant bien, Anna me fait l'effet d'une Emma Bovary moderne. Tiens, ce roman serait-il finalement moins creux qu'il n'y paraît ? A partir de ce moment, je suis plus vigileant à ce que je lis et je me rends compte que Jill Alexander Essbaum écrit très bien et que la construction du roman est très intéressante avec ses courts chapitres découpés en petits fragments alternant la vie d'Anna et ses séances de psychanalyse. Tout est fait pour agacer le lecteur, Anna ne fait rien pour aller mieux, mais impossible de lâcher le roman. Jusque là, je pensais tenir un bon livre mais je ne m'attendais pas à ce que les 30 dernières pages me happent à ce point. C'est bien simple, la dernière fois c'était en lisant le funeste trajet d'Anna Karénine avant sa mort (lu 3 mois auparavant). Tiens, je viens de citer les deux romans évoqués en couverture.
Pour conclure, j'ai beaucoup aimé ce roman qui a réussi à bousculer mes énormes aprioris de départ.
Petite remarque finale, j'aurais laissé le titre original « Hausfrau » (femme au foyer en suisse allemand) qui aurait plus intrigant que ce plat « Femme au foyer ».
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Anna Benz est une américaine qui vit près de Zürich. Tout semble l'ennuyer, lui passer par dessus, elle n'est pas très concernée par ses trois enfants, elle aime son mari, un cadre bancaire, mais le couple ne semble pas très proche. Elle est très seule, n'a plus de famille aux USA, n'a qu'une vague connaissance qu'elle appelle amie faute de mieux, elle n'arrive pas à nouer une relation avec sa belle-mère. Elle ne se confie pas à sa psychiatre, avec elle aussi, elle reste à la surface des choses.
En Suisse depuis 9 ans, elle ne parle pas l'allemand et encore moins le suisse allemand qui lui permettraient de mieux communiquer avec son voisinage. Ses journées sont vides, elle n'a pas d'intérêt particulier, sa vie tourne plus ou moins autour de son foyer. Parfois, elle s'échappe et disparaît pendant des heures.
Un début du récit, Anna a enfin décidé de prendre des cours d'allemand, elle se rend pour cela presque chaque jour en ville, elle est studieuse, ne côtoye que les anglophones de sa classe et se fait une presque amie, la douce et gentille Mary, une canadienne dont le mari est hockeyeur. Les deux couples se rencontrent, Anna a une vie sociale un peu moins vide mais elle ne peut pas non plus à se confier à son amie.
Ce dont elle ne parle à personne, ce sont ses aventures sexuelles : si dans les autres aspects de sa vie Anna semble de plus en plus transparente et même absente, avec ses amants et avec son mari, elle a se révèle une maîtresse passionnée, avide d'une sexualité épanouie et débridée.
Il y a quelques mois, elle a eu une longue liaison avec un professeur américain qui est retourné aux USA, sans qu'Anna lui dise qu'il était le père de son plus jeune enfant, une petite fille dont les cheveux noirs, très différents de ceux des autres membres de la famille, ne semblent avoir interpellés personne. Maintenant, elle a deux amants, un participant à son cours et une connaissance de connaissances. Anna assume l'aspect purement charnel de ses relations, elle ne les enrobe pas de sentiments et de romantisme. Elle se rend compte aussi qu'elle se met en danger: elle est de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps absente de sa maison, de moins en moins concernée par sa famille, on s'étonne de la voir dans certains quartiers, elle doit menacer un des ses fils. En parallèle, elle est surprise à se sentir prendre du plaisir à d'autres choses (des sorties en famille, des discussions avec son amie...). Anna est ambivalente : elle met un terme à ses relations, puis change d'avis, puis veut privilégier la relation avec son mari, puis ne sait plus où elle en est, puis recontacte un amant... Sa "punition" sera terrible, Anna sera brisée à jamais.
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Mère de 3 enfants, épouse de banquier : en apparence, Anna mène une vie parfaite dans la banlieue zurichoise. Sauf que... Anna est américaine et ne parle pas le suisse-allemand, elle a du mal à s'intégrer au mode de vie suisse et n'a pas d'amis. Pour tromper son ennui alors que son couple bat de l'aile, elle enchaîne les liaisons pour se sentir à nouveau vivante. Mais son désespoir grandit et Anna meurt à petit feu.
Sous la surface lisse des familles se cache parfois des secrets inavouables. C'est ce qui m'a plu dans ce roman : il faut gratter un peu le vernis pour trouver les failles. Roman tragique et contemporain dont les personnages sont bien travaillés. Toutefois, n'ayez pas peur des mots crus !
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Elle est quand même un peu tristounette la vie d'Anna l'Américaine mariée à un Suisse qui encaisse sans mot dire dans ce magnifique décor prison. Il m'a fallu 50 pages pour vraiment entrer dans son jeu, à me demander ce qu'elle allait fabriquer chez sa psy, faire de son premier amant, du suivant, allait baratiner à son entourage et comment cela allait tourner. L'histoire d'Anna laisse un goût de gruyère piquant dans la bouche....et mérite mieux que l'en-tête racoleuse de la couv "après Madame Bovary et Anna karénine.." parce que l'on est pas obligé de toujours vouloir comparer pour prouver qu'on a édité un très bon bouquin.
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Anna, 37 ans, Américaine, est marié à un Suisse avec qui elle a trois enfants. Ils sont installés dans un village situé non loin de Zurich. Anna est femme au foyer, sans occupation depuis son mariage. Mélancolique voire dépressive, elle voit un psychiatre qui lui conseille de prendre des cours d'allemand pour mieux s'intégrer à la société suisse. Elle y rencontre Archie qui devient son amant comme l'a été un an plus tôt Stephen. Stephen, qui est sans le savoir, le père de sa fille, son troisième enfant… Elle fait également la connaissance de Mary, une Canadienne, qui deviendra son amie mais qui précipitera sa chute…
Premier roman de Jill Alexander Essbaum, Femme au foyer est une plongée abyssale dans la psyché d'une femme qui n'est à sa place ni dans son couple ni dans son environnement. Anna n'a plus d'attaches dans son pays car ses parents sont morts mais elle n'arrive pas à se sentir chez elle en Suisse. Entrecoupé d'extraits des séances avec la psychiatre et des cours d'allemand, le récit nous rapproche peu à peu du bord du précipice et comme dans un cauchemar nous sommes comme englués sans possibilités de nous en sortir avant d'avoir terminé le roman.
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
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Femme au foyer est le premier roman de la poétesse Jill Alexander Essbaum, une femme qui jusqu'alors m'était totalement inconnue… Ce livre m'a été recommandé par le logiciel automatique du site Babelio, qui selon mes notations précédentes m'oriente dans des lectures qui pourraient me plaire…

L'histoire est de prime abord tout ce qu'il y a de plus banal. Une américaine, Anna, épouse un banquier suisse et s'installe avec lui dans la banlieue de Zurich, où elle y élève leurs trois enfants. Anna est très seule, ayant du mal à maîtriser l'allemand et pire, le suisse-allemand ! Sans travail, avec à peine deux amies qui sont plus des connaissances qu'autre chose, Anna sombre doucement dans la dépression, qu'elle tente d'apaiser par divers adultères qui donnent temporairement l'illusion d'exister… Certaines critiques l'ont comparé à Madame Bovary ou à Anna Karenine ; il y a effectivement un peu de la détresse de ces deux femmes chez Anna.

Le roman est scindé en petites parties : celles retraçant les discussions d'Anna avec sa psy, et d'autres racontant simplement le quotidien d'Anna. L'écriture est très sèche, très distante, comme un personnage que l'on regarde de loin et qui nous semble affreusement nébuleux tant il n'a pas l'air heureux. J'ai eu du mal à apprécier le style des premières pages avant d'être à fond dedans et de trouver cela triste, mais triste… Combien de fois j'ai envié ces femmes d'expat' qui se la coulent douce avec des bambins dans des maisons dorées… à tort ! Inutilité, rejet, solitude, ennui etc., j'en passe et des meilleures ! Bref, l'écriture est très distanciée, en même temps assez poétique dans le sens d'un réel choix des mots. On ne se prend pas d'affection pour le personnage principal, et rien n'est fait pour. Tout est fait pour se placer d'un point de vue « méta », en surface, un peu comme un suivi sociologique. Etrange donc de voir la déliquescence d'une personne sans compassion, juste par les faits.

Le portait dressé d'Anna sonne très juste et très travaillé. Les choses ne sont pas laissées par hasard et la description de la vie en Suisse est très intéressante, à croire que l'auteure a fait l'expérience de cette vie qu'elle décrit. Rien n'est exceptionnel, rien n'est trop ou pas assez, il y a donc une grande justesse de l'écriture. En revanche, je n'ai pas aimé le personnage de la psy qui m'a semblé – et c'est bien le seul hic du livre – peu crédible.

Je ne peux pas en dire davantage car il ne faut pas gâcher l'intrigue, mais j'ai été affreusement triste aux deux-tiers du livre, réellement. En ce sens, la transmission de cette vie de chagrin est parfaitement réussie, même si cela devient à un moment très raide… le pire étant que n'importe laquelle d'entre nous pourrait potentiellement lentement chavirer vers une zone de non-retour.

Au-delà de l'intrigue à proprement parler, ce livre est aussi un livre sur la condition de femme, d'épouse et de mère. Existe-on pour soi facilement, quand on a également la responsabilité de trois enfants ? Y'a t-il des bonnes mères et des mauvaises ? Est-ce tragique de malgré nous préférer un de nos enfants ? Et qu'est-ce qui fait dire qu'un mariage est réussi : la fidélité, le sexe ou le fait de rire ensemble ? Un livre somme toute assez dur et réussi, du moins pour moi qui aime beaucoup ce genre de sujets.

Je le recommande bien chaleureusement à mes amies lectrices, qui se questionnement ou se passionnent sur leur place dans et en-dehors de leur famille.

Jo la Frite

Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Anna est une jolie américaine mariée à un banquier suisse qui réussit bien sa vie. En véritable épouse, elle élève ses enfants pendant que son mari travaille. Parlant très mal allemand, et encore moins "l'allemand-suisse", c'est une jeune femme renfermée sur elle-même et qui a tendance à s'isoler. Anna finit par s'ennuyer dans cette vie monotone et finit par s'échapper le plus souvent de son foyer pour ses cours d'allemand mais surtout pour ses aventures... Elle est rapidement dépassée par les événements et ne sait plus où elle en est.

Dans Femme au foyer ne vous attendez pas à suivre simplement la vie d'une de ces femmes au foyer qui finit par s'ennuyer de son quotidien et à enchaîner les conquêtes comme on a pu déjà lire dans bon nombre de livres. Vous allez plonger totalement dans un roman intense, dans une vie, qui vous troublera bon nombre de fois.

En faisant la connaissance d'Anna, le premier réflexe serait donc de penser que ce n'est qu'une pauvre femme au foyer qui s'ennuie alors qu'elle a un mari et des enfants qui devraient la combler. Rapidement au fil des toutes premières pages, on se rend compte qu'Anna ne sera rien de cette image-ci. Elle cache bien des choses et tout en paraissant si fragile, elle sera plus forte qu'on ne le pense. Elle paraît aussi un peu névrosée, l'effet est accentué par les séances avec le psychanalyste qu'on découvre au fil des chapitres, bien qu'elle cherche surtout des réponses sur elle-même et sur sa vie.

« La psychanalyse n'est pas une psychothérapie, répondit le docteur Messerli. L'objectif de la plupart des psychothérapies est de faire que le patient se sente mieux. La psychanalyse tend à faire de lui une meilleure personne. Ce n'est pas la même chose. L'analyse est rarement agréable. Regardez un os mal ressoudé. Il faut le re-casser pour le remettre en place correctement. La douleur de la seconde cassure est en général plus vive que le traumatisme initial. C'est vrai que le voyage n'est pas agréable. [...] »

Le roman est également troublant car il pousse parfois le lecteur face à certaines vérités, face à certaines questions que celui-ci peut se poser. Les passages avec le psychanalyste d'Anna sont très souvent très percutants, nous bousculant presque autant qu'elle. Il nous amène presque à franchir le pas et à vouloir entamer une quête de soi aussi intense que celle qu'Ana mène.

"Vous connaissez le mot allemand Sehnsucht ? Anna secoua négativement la tête. « Cela veut dire un désir ardent et douloureux. C'est un trou dans le coeur par où fuit tout espoir. » Anna eut une appréhension qui lui donna la nausée. le docteur Messerli le sentit. « Anna, dit-elle d'un ton réconfortant, la perte d'espoir est juste une impression. Ce n'est pas nécessairement une réalité. » Ah non ? rétorqua silencieusement Anna."

Jill Alexander Essbaum avec son écriture intense et puissante nous mène dans une véritable quête de soi qui ne nous laisse pas indifférent. Bon nombre de passages sont d'une telle force ! L'auteur ne nous laisse aucun répit, on tourne les pages sans savoir si on veut réellement ou non savoir où tout cela va nous mener.

Je me suis attachée à Anna, trop sans doute, et au fil des pages j'avais l'impression d'être à ses côtés, de ressentir ses émotions. Impossible de ne pas l'adorer et de parfois la détester, d'avoir envie de la secouer et ensuite de la serrer contre soi ou encore envie qu'elle ouvre enfin les yeux. Femme au foyer est un livre qui m'a réellement troublée, de ceux dont on pense encore plusieurs jours après l'avoir refermé. Un livre comme on en lit trop rarement aussi.

N'hésitez pas un seul instant ! Femme au foyer de Jill Alexander Essbaum risque bien de vous marquer et le livre est disponible aux Éditions Albin Michel.
Lien : http://www.ptitblog.net/litt..
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