Il en est souvent ainsi du deuxième roman d'un auteur dont j'ai beaucoup aimé le premier. Je commence toujours la lecture avec, à la fois, espoir et crainte : l'espoir d'être à nouveau emportée, subjuguée, ravie, et la crainte d'être déçue. "
Simple" de
Julie Estève n'a pas dérogé à la règle. J'ai d'ailleurs attendu avant d'ouvrir le livre, attendu quelques jours, je l'ai regardé, la sobriété de la couverture, la jolie illustration du bandeau…
Et puis, j'ai lu "Antoine Orsini est mort et le soleil n'y peut rien.", et ne me suis plus arrêtée. "
Simple" raconte, en effet, l'histoire d'Antoine Orsini, même si on a oublié ce nom depuis longtemps au profit de "baoul". Il est le baoul de ce petit village corse, l'idiot, quoi, le
simple,
simple d'esprit,
simple de tout, celui qui parle à sa chaise, une chaise trouée, fendue, à jeter. Il est celui que tout le monde rejette, surtout depuis qu'il a fait de la taule, depuis la mort de Florence Biancarelli, elle avait seize ans.
Lire "
Simple" de
Julie Estève, c'est entrer dans un monde poétique, un monde où la poésie enveloppe de soie la différence, cette espèce de folie que l'on attribue à celui que l'on ne comprend pas. C'est se plonger dans une langue particulière, celle d'un homme à l'âme d'enfant. Anto, je préfère l'appeler ainsi parle, parle, parle. Il raconte ce qu'il voit, les gens qui l'entourent et surtout Florence "La petite, on pourrait la regarder des heures et s'ennuyer jamais. Elle est un pays lointain à portée de main, pas obligé de prendre l'avion pour le paysage. Dans le village, c'est tombé sur elle la beauté et y a tout le monde qui la dévisage du haut, et du bas aussi. Les autres filles, elles existent plus quand Flo est là, c'est des figurantes comme dans les films."
Lire "
Simple" c'est découvrir le talent fou que l'auteure a de parer ses héros, quels qu'ils soient, d'une part d'humanité, d'intelligence, de tendresse, d'amour. Certes, tous ont des faiblesses, mais certains possèdent aussi des forces, des qualités, des valeurs insoupçonnées, et surtout le héros de l'histoire : "Me suis penché au-dessus de la flotte et suis tombé nez à nez sur mon reflet : en or massif ! Tête en or. Muscles en or. Même les couilles ! Un super-héros j'étais. Me suis dit qu'elle avait bien de la chance Vanina que son type brille autant. Ça m'a fait penser au con du mythe qui est amoureux de lui-même, celui qu'a donné son nom à la fleur." le mythe de Narcisse revisité par Antoine vaut, en effet, de l'or.
Lire "
Simple" m'a enchantée, captivée, émue. Il m'a permis d'entrer dans le coeur d'un homme différent, de comprendre ses tourments, ses difficultés, ses douleurs.
Julie Estève a su me faire partager l'intérêt qu'elle porte à ses personnages, sans faiblir, de la première à la dernière ligne. Quant à la fin… je vous laisse la découvrir.
"
Simple" : un très beau roman, tout
simplement.
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