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3,88

sur 162 notes
Chère Julie,
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Contrairement à ce que le titre de ton roman peut laisser présager, on ne part pas pour la lecture d'une histoire simple...Dès les premières lignes, on découvre tes mots, ce langage particulier que tu mets en place et qui nous plante un décor, une ambiance qui annonce que le voyage sera étonnant, étrange mais certainement pas une promenade bucolique et légère à travers la Corse, bercée par un accent chantant et mélodieux.
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La mélodie, émise sous le soleil trop fort est dès le début particulièrement dissonante. La narration que tu confies à ton personnage principal, Antoine Orsini, accentue cette sensation. Il nous dévoile sa particularité telle qu'elle est perçue par son entourage. Sa manière d'être, de percevoir son monde ne lui permet pas de passer inaperçu par ceux de son village qui pourtant ne voudraient pas avoir à le regarder.
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Dès le début de son existence, son père l'a repoussé, lui a fait porter le poids d'une culpabilité qui n'est pas la sienne. Antoine vit le rejet, le refus, la discrimination, comme des éléments constitutifs de son quotidien. Il est l'exilé perpétuel au sein de sa communauté, l'étranger moqué ou détesté pour cause d'incompréhension perpétuelle.
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Et à travers son récit, on découvre la clairvoyance de celui qu'on ne regarde pas vraiment, la souffrance cachée de celui qui ne connaît pas le sentiment d'être aimé, pris en considération, accepté tel qu'il est.
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Ton roman prend aux tripes, tord le coeur et l'esprit, et amène à s'interroger sur notre propre comportement face à la différence, sur cette capacité à parfois ne voir que ce que l'on veut voir et non pas ce qui est. C'est écrit avec sensibilité et intelligence. C'est une balade tragique à travers les paysages de l'île de Beauté. Mais c'est une balade qui ne peut laisser personne indifférent.
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Antoine Orsini est l'idiot du village , le "baoul" en Corse . Trisomique 21 , il est le troisième enfant de la famille , celui qui est né en provoquant la mort de sa mère , d'où la rage du père à son encontre .
Le baoul n'a que deux amis dans le village , l'Extraterrestre et Magic , et il aime d'un amour platonique Florence , la plus belle fille du village .
Antoine passe sa journée à errer à droite à gauche , il entend tout , il voit tout , il espionne sans vraiment le vouloir .
Tout n'est pas parfait dans ce village , il y a des histoires de voisinage , d'anciennes rancoeurs et de vieilles chicanes . Quand Florence est assassinée , le coupable idéal est Antoine . Il faut bien trouver un bouc émissaire .
C'est une fable poétique sur la différence , un plaidoyer pour tous ceux qui ne rentrent pas dans les cases .
Ce roman est un joli tour de force , on finit par se projeter dans la tête du simplet et entrer dans sa logique . D'un bout à l'autre du roman , le héros parle à la première personne , on finit par adopter son point de vue un peu "différend" .
Ce deuxième roman de Julie Estève est très différent du premier , "Moro-sphinx" , preuve s'il en est que l'autrice est capable de changer complètement de registre , il n'y a aucune confluence entre les deux écritures .
Merci aux Editions Stock et aux 68 premières fois pour cette magnifique lecture .
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Son nom c'est Antoine Orsini. Mais les autres le surnomment le baoul, le mongol. Dans un village de Corse, Antoine a grandi sans sa mère, morte à sa naissance, et entouré d'un père alcoolique et violent.

Victime de sa différence, il vivra seul dans le maquis. Rejeté par les autres, humilié, sans cesse rabaissé par la méchanceté des habitants du village, il se liera malgré tout d'amitié avec la belle Florence dont il deviendra le confident. Mais sa relation avec la jeune fille ne sera pas vu d'un bon oeil. Et lorsque l'adolescente est retrouvée morte, Antoine devient le coupable idéal.

Dans ce roman, c'est à travers le regard de cet homme simple d'esprit que nous découvrons son existence. Car lui seul connaît la vérité et, à travers un long monologue, il choisit de se confier à une vieille chaise cassée, de nous livrer sa propre vision du monde.

Malgré les moqueries et l'acharnement des autres envers lui, aucune rancoeur ni animosité ne viendra troubler la bulle d'Antoine. Julie Estève s'immisce dans la tête de ce personnage attendrissant avec une incroyable justesse. Sa candeur, sa spontanéité et sa lucidité m'ont beaucoup touchée. Des sentiments divergents m'ont également envahie durant cette lecture pleine d'originalité, en passant de la tendresse, à la révolte ou encore par la tristesse.

Julie Estève se glisse avec brio dans la tête de cet idiot du village qui doit faire face à la cruauté du monde qui l'entoure. Un personnage singulier et incontestablement marquant grâce à la plume saisissante de l'auteure. Un roman fort et audacieux qui m'a totalement séduite.


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Abruti, ahuri, andouille, arriéré, bêta, ballot, cloche cornichon, couillon, crétin, cruche, débile dégénéré, emmanché, faible d'esprit, fou, ignorant, idiot, imbécile, jacques, manche, niais, nul retardé, sot, stupide, simple d'esprit, simple, baoul…

Qu'il en existe des mots, des insultes, des méchancetés toujours plus élaborés pour désigner la différence, ou plutôt nommer notre intolérance à cette différence.

Simple, ce n'est pas seulement l'histoire d'Antoine mais d'Antoine et de Florence, malmenés tous les deux, abimés par la haine, la vilénie et la bassesse des hommes. Ce que seul l'homme peut faire à son prochain.
Le drame couve, on le voit arriver tout comme l'opprobre s'abattre sur celui tout désigné, le baoul, celui que tout le monde souhaite coupable. Car il est bien plus simple d'imaginer le mal associé à la différence que le mal chez Monsieur tout le monde. Parce que suspecté tout le monde reviendrait presque à se suspecter soi-même, accepter sa part d'ombre et ces possibilités toujours plus infinies et infamante d'atteindre l'autre.

Ce roman est attendrissant, bouleversant, incisif. Comme une envie de pleurer pour Antoine, sur Antoine. de pleurer sur notre inhumanité si humaine pourtant. Un espoir aussi pour ceux qui osent être autre, être en lien, qui traitent l'altérité avec bienveillance, humanité et qui parfois sont acteurs et accompagnateurs de résilience. Comme Madeleine, cette douce institutrice qui prend en compte, qui fait en sorte qu'Antoine compte, parce que sans amour, la violence parfois devient le seul repli.
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Deuxième roman après ma lecture apprécié de moro-sphinx. Simple, c'est la voix d'Antoine, un enfant un peu différent, mogol diront certains, d'un village corse. le "baoul" va nous raconter ce qui est arrivé un soir à Florence, sa jeune voisine qui a été retrouvée morte dans la forêt. Avec une écriture parlée, poétique, l'auteure nous entraîne dans les rues du village, dans les bois environnants, dans les arbres où Antoine aime se réfugier et observer la vie des villageois. La Corse y est décrite par ce simple d'esprit qui raconte sa vie à une pauvre chaise qu'il a trouvé au bord de la rue. Des personnages touchants pour ce conte poétique, avec en arrière plan la situation sociale, politique de la Corse. A nouveau, un texte très surprenant pour cette jeune auteure. Auteure a suivre.
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Un roman qui se lit facilement
C'est beau l'innocence du héros mais malgré tout il sait ce qu il fait il n'est pas si naif que l on peut le croire.
Les paysages corses sont tès bien décrits on s'y croirait
Ils sont très austères à l'image des personnages de ce roman.
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Simple… Un titre énigmatique qui renvoie à l'identité du personnage principal, Antoine Orsini, l'idiot du village. C'est dans sa tête que le lecteur est plongé, c'est par sa voix que l'intrigue est campée. Une intrigue qui, elle, n'a rien de simple.
Dialoguant avec une chaise fêlée puis avec le pied de chaise seulement, suite à un accès de colère, le narrateur nous promène dans son village, dans ses souvenirs. La chronologie est mise à mal, on apprend par bribes ce qui s'est passé dans ce petit village oppressant et asphyxiant pour tous les personnages principaux. La mort d'une jeune fille de seize ans. C'est encore par fulgurances qu'on apprend l'accusation injuste du narrateur, sa détention pendant plusieurs années, mais aussi son enfance, ses déceptions, ses illusions et la vérité. Une vérité dont on comprend que personne ne l'a véritablement cherchée.
Dans ce roman, le style est haché, le discours se veut simpliste, n'hésitant pas à utiliser la vulgarité, la grossièreté même. Mais la réussite de Julie Estève, c'est de faire de ce style oral et populaire, la voie d'accès à une poésie de l'âme. Un peu à la manière de Céline dans Voyage au bout de la nuit, finalement. La naïveté d'Antoine, sa sincérité, son absence de filtre nous donnent à voir la réalité avec une grande trivialité et une grande violence. Et finalement, ce qui se fait jour immédiatement, c'est que le monstre n'est pas celui qu'on croit.
Qu'on adhère au style ou non, qu'on s'attache au personnage ou pas, on est rapidement scotché à notre fauteuil, brûlant d'envie de connaître le fin mot de l'histoire. Car, bien sûr, le "taré" est l'être le plus pur de ce village, le seul qui ne se laisse pas embrigader par les rumeurs, qui ne laisse pas guider par le qu'en dira-t-on, le seul qui soit véritablement sain d'esprit. Et pourtant, pas de happy end, on le sait d'entrée de jeu, Antoine meurt, laissant ses compatriotes dans l'ignorance la plus crasse, dans la méchanceté la plus cruelle. Une définition riche et complexe du bouc émissaire, son rôle et sa signification...
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On m'a dit "Tu as aimé ça raconte Sarah de Pauline Delabroy-Allard pour sa plume incisive, tu vas adorer Simple de Julie Estève". Beaucoup on parlé du style percutant de ce roman et j'ai entamé ma lecture pleine d'une certitude : j'allais aimer. Malheureusement, ce que vous m'aviez fait miroiter, je ne l'ai pas retrouvé. Bien sûr que la plume est belle, spéciale, mais parce que le narrateur est spécial. Bien sûr que c'est beau et poétique, mais ça n'a rien à voir avec le style percutant dans "ça raconte sarah" ! Passé cette déconvenue, je chasse de mon esprit tous les avis, les échos, et décide de me forger mon opinion, sans a priori.

J'ai refermé le livre perplexe, l'ai laissé mijoter en moi, et je ne sais toujours pas vraiment quoi en tirer. Quelque chose m'a dérangée, il y a une ombre au tableau. le lecteur suit Antoine, aux capacités mentales réduites. Antoine est touchant, il y a une grande poétique en lui. Les mots sur le papier sont les siens, comme sortis de sa bouche. L'esprit critique est le sien, sorti des ses méninges. Et c'est ce qui dérange. Les situations sont parfois scandaleuses, révoltantes, et les réactions d'Antoine complètement décalées. Notre révolte est tuée dans l'oeuf par la compassion. Une ambivalence très particulière. Un univers lourd, une chape de plomb sur la candeur du personnage. Deux ambiances qui se heurtent, et qui font que je n'ai pas apprécié totalement ma lecture. Bien sûr, c'est une réussite, un beau travail, d'une originalité folle. C'est inévitablement un texte à découvrir. à aimer ou non, mais à se laisser tenter.
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Simple est un récit brut de décoffrage dont la narration se confond avec le personnage sans filtre et plein de candeur. Julie Estève nous place au plus près de ses émotions, de ses rires, de ses sentiments. Comme lui, elle nous offre la capacité à neutraliser (parfois) la forme de violence dont il est victime, par ses éclats de rires, ses petites manies et ses drôlerie (c'est aussi un personnage un peu farceur). Mais ne soyons pas dupe, on comprend qu'il a fait l'objet de persécution et a été désigné coupable et on s'en émeut forcément, on s'énerve même. Parce qu'Antoine est un bon gars, un peu maladroit mais plein de sensibilité.



Excellente lecture, Simple possède la belle qualité de nous parler et de célébrer de différence à travers un héros inoubliable, attachant et d'une grande beauté intérieure. Oui, Antoine est un simplet mais certainement le plus innocent de tous.

La langue au tempo rapide, pleine d'accidents narratifs et de contresens, offre une lecture étourdissante. Difficile à quitter, on est pris entre le désir de savoir la vérité et irrésistiblement attiré par le récit de ce narrateur qu'on ne peut qu'apprécier.

Et lorsque la fin arrive, c'est évidement sous le coup de l'émotion qu'on referme ce bouquin, avec à l'esprit qu'on n'est pas près d'oublier cette affaire (loin d'être simple) et surtout Antoine, un simplet bouleversant par sa candeur et sa lucidité.......................................
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Antoine Orsini est le baoul d'un village de Corse où tout se sait et tout se raconte. le baoul c'est le fou, l'idiot, le mec paumé à qui il manque une case. Celui qui crie aussi, qui pleure pour un rien, qui s'intéresse à tout d'une curiosité enfantine et parfois tordue. Qui fait peur, qui raconte des histoires effrayantes aux enfants, qui parle à Florence depuis les branches d'un figuier. Florence qui est morte, d'un trou dans le ventres. Mais ça le baoul il le savait qu'elle allait finir toute bleue dans les pins. Mais, juré, il ne l'a tuée que dans ses rêves qu'il dit à tout le monde. Mais personne le croit bien sûr, un baoul, c'est forcément lui, le coupable.

« Antoine Orsini est mort et le soleil n'y peut rien. »

A travers ses pages Antoine Orsini est pourtant bien vivant. Revenu de ses quinze années de prison dans ce village qui l'a vu grandir il raconte les gens, la religion, les paysages, Florence et ses chats, Noëlle et son ventre stérile, ses cauchemars et ses ciels roses. Avec des mots simples, ses crises d'hystéries et de violence, les insultes qu'on lui lance nous avançons petit à petit dans le dédale de ses pensées. Ses propos sont décousus, et pourtant… pourtant quand il parle à sa chaise, cette chaise fendue et délaissée, il y a tant de beauté, de poésie et de rêverie. Peut-être même n'aurait-il suffit que d'un envol, d'un peu de bonté, de patience...mais non, Antoine Orsini est le garçon qu'on abandonne, celui dont personne ne veut.

A travers son regard simple la brutalité des hommes côtoie la douceur d'une maîtresse d'école, les coups de son père sur son corps apprivoisent ceux de son frère pour le défendre, mais pourtant, tout au fond et pour tout le monde il reste le tueur né, celui qui dès la naissance a assassiné sa mère. Lui même n'est pas persuadé de l'avoir fait ou pas, d'ailleurs on a finalement que peu de fois son point de vue sur ce qui se passe, ce sont souvent des faits alignés les uns à la suite des autres qui nous offrent un regard clairvoyant sur ce qui l'entoure, ce qui l'isole, ce qui fait de lui un personnage si singulier.

Dans son récit essoufflé on tisse, petit à petit, la toile qui s'est refermée sur Florence Biancarelli, sa seule amie avec l'Extraterrestre (un opération téléphonique) et Magic (un enregistreur vocal), son amour d'enfance aussi sans doute. La seule à lui adresser la parole en tout cas. On s'élance sur des pistes qui ne mènent nul part, on s'interroge, on cherche, on creuse… Comme il est facile de condamner quelqu'un pour son étrangeté, sa bizarrerie, sa violence. Comme il est utile de se débarrasser du baoul, afin de ne pas voir, de ne pas comprendre que tant d'autres choses ont pu se produire, dont la plus cruelle, la plus terrible, des fins. Celle qui laisse un trou dans le ventre et un vide dans le coeur.

En résumé

Simple est un roman qui se lit d'une traite, sans discontinuer. A mi chemin entre le polar et la critique sociale il impose un regard simple, extravagant et émouvant sur ce petit village de Corse, sur la brutalité des hommes et la poésie du ciel. A travers le point de vue d'Antoine Orsini c'est le monde qui s'offre à vous.
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