Antoine Orsini est le baoul d'un village de Corse où tout se sait et tout se raconte. le baoul c'est le fou, l'idiot, le mec paumé à qui il manque une case. Celui qui crie aussi, qui pleure pour un rien, qui s'intéresse à tout d'une curiosité enfantine et parfois tordue. Qui fait peur, qui raconte des histoires effrayantes aux enfants, qui parle à Florence depuis les branches d'un figuier. Florence qui est morte, d'un trou dans le ventres. Mais ça le baoul il le savait qu'elle allait finir toute bleue dans les pins. Mais, juré, il ne l'a tuée que dans ses rêves qu'il dit à tout le monde. Mais personne le croit bien sûr, un baoul, c'est forcément lui, le coupable.
« Antoine Orsini est mort et le soleil n'y peut rien. »
A travers ses pages Antoine Orsini est pourtant bien vivant. Revenu de ses quinze années de prison dans ce village qui l'a vu grandir il raconte les gens, la religion, les paysages, Florence et ses chats, Noëlle et son ventre stérile, ses cauchemars et ses ciels roses. Avec des mots
simples, ses crises d'hystéries et de violence, les insultes qu'on lui lance nous avançons petit à petit dans le dédale de ses pensées. Ses propos sont décousus, et pourtant… pourtant quand il parle à sa chaise, cette chaise fendue et délaissée, il y a tant de beauté, de poésie et de rêverie. Peut-être même n'aurait-il suffit que d'un envol, d'un peu de bonté, de patience...mais non, Antoine Orsini est le garçon qu'on abandonne, celui dont personne ne veut.
A travers son regard
simple la brutalité des hommes côtoie la douceur d'une maîtresse d'école, les coups de son père sur son corps apprivoisent ceux de son frère pour le défendre, mais pourtant, tout au fond et pour tout le monde il reste le tueur né, celui qui dès la naissance a assassiné sa mère. Lui même n'est pas persuadé de l'avoir fait ou pas, d'ailleurs on a finalement que peu de fois son point de vue sur ce qui se passe, ce sont souvent des faits alignés les uns à la suite des autres qui nous offrent un regard clairvoyant sur ce qui l'entoure, ce qui l'isole, ce qui fait de lui un personnage si singulier.
Dans son récit essoufflé on tisse, petit à petit, la toile qui s'est refermée sur Florence Biancarelli, sa seule amie avec l'Extraterrestre (un opération téléphonique) et Magic (un enregistreur vocal), son amour d'enfance aussi sans doute. La seule à lui adresser la parole en tout cas. On s'élance sur des pistes qui ne mènent nul part, on s'interroge, on cherche, on creuse… Comme il est facile de condamner quelqu'un pour son étrangeté, sa bizarrerie, sa violence. Comme il est utile de se débarrasser du baoul, afin de ne pas voir, de ne pas comprendre que tant d'autres choses ont pu se produire, dont la plus cruelle, la plus terrible, des fins. Celle qui laisse un trou dans le ventre et un vide dans le coeur.
En résumé
Simple est un roman qui se lit d'une traite, sans discontinuer. A mi chemin entre le polar et la critique sociale il impose un regard
simple, extravagant et émouvant sur ce petit village de Corse, sur la brutalité des hommes et la poésie du ciel. A travers le point de vue d'Antoine Orsini c'est le monde qui s'offre à vous.
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