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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le nationalisme est un poison dont on n'est pas près de trouver l'antidote.
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Ce tome fait suite à Champignac, tome 1 : Enigma (2019) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant car ce tome deux se comprend par lui-même. Sa parution initiale date de 2021. Il a été réalisé par David Etien poiur les dessins, écrit par BéKa, le duo composé de Bertrand Escaich & Caroline Roque, et une mise en couleurs d'Etien avec l'assistance Clémentine Guivarc'h. Il comprend quarante-six pages de bande dessinée.

Juin 1941. le Special Operations Executive (SOE) au coeur de Londres meurtrie par des bombardements de la guerre. Pacôme Hégésippe Adélard Stanislas, comte de Champignac explique la situation à deux officiers des renseignements en civil, dans une pièce d'interrogatoire. En mai 1940, les troupes d'Hitler ont envahi les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la France. Une guerre éclair de quelques jours comme le monde n'en avait jamais connu. L'armée allemande a conquis plus de terrain en une centaine d'heures que durant les quatre premières années de la première guerre mondiale. Ses soldats semblaient être des surhommes. Ils ne s'arrêtaient jamais… Même pas pour dormir. Ils reposent la même question : pourquoi Champignac n'a rien fait alors qu'il avait le patient A à sa merci ? Ils lui demandent de recommencer depuis le début. Il y a un mois, Pacôme de Champignac séjournait dans le petit village de Bletchley, et il était au lit avec Blair MacKenzie. Elle lui demandait s'il avait jamais voulu exercer un autre métier que celui de scientifique. Il lui raconte la fois où il avait passé une épreuve de mathématiques pour devenir un employé de mairie, et comment il avait échoué, mais en démontrant au passage un nouveau théorème sur la nature exponentielle d'un système dynamique. Une heure plus tard, ils sont habillés et se dirigent vers le bâtiment qui abrite les bureaux.

Chemin faisant, c'est au tour de Blair d'évoquer son enfance : elle a appris à lire toute seule à l'âge de quatre ans pour connaître la suite des histoires de Dickens que lui lisait parfois sa mère. Quand ses parents l'ont découvert, ils ont mis sous clé tous leurs livres en anglais. Leur médecin de famille leur a conseillé de protéger son pauvre petit cerveau féminin des ravages de l'instruction. Elle s'est donc rabattue sur les livres en français et la poésie allemande. Elle lisait couramment deux langues à six ans. Puis, vers dix ans, elle s'est intéressée au grec et au latin pour comprendre leur influence sur les dialectes préceltiques, et en déduire les flux migratoires antiques. C'est à ce moment-là qu'elle est définitivement devenue le désespoir de ses parents. Ils pénètrent dans le bâtiment et s'assoient dans le bureau de monsieur Black. Celui-ci leur explique que parmi les messages interceptés s'en trouvait un en provenance de l'institut Kaiser-Wilhelm, à Berlin. Il leur tend pour qu'ils puissent en prendre connaissance. C'est une demande d'aide de deux scientifiques : le chimiste Schwartz et le biologiste Bruynseeleke. Champignac explique à MacKenzie qu'ils furent meilleurs amis avec Black et lui. Il faut aller les sauver.

Les aventures du comte de Champignac continuent : ses cheveux ne sont pas encore devenus blancs, mais il arbore déjà fièrement son épaisse moustache, ses lunettes rondes, ses cheveux en arrière, et ses gants blancs. L'amateur des aventures de Spirou et Fantasio retrouve également son amour des champignons, déjà présent dans le premier album de la présente série, ainsi que son collègue scientifique le docteur Black, apparu pour la première fois dans le tome 7, intitulé le dictateur et le champignon (1956). Un peu plus tard, Black, Champignac et MacKenzie doivent s'occuper d'un personnage au nom étrange : le savant Sprtschk, apparu pour la première fois dans la série Spirou et Fantasio, tome 13, le voyageur du Mésozoïque (1960). Nul n‘est besoin de connaître ces références pour apprécier pleinement l'aventure. le lecteur repère aussi des éléments de continuité avec le tome précédent : le personnage de Blair MacKenzie, polyglotte, linguiste, cruciverbiste. Il est évoqué leur participation au décodage de la machine Enigma, en tant que cryptanalystes. Sa relation avec le comte est de nature explicite, même si le récit reste tout public. À un moment, Champignac est amené à contacter directement Winston Churchill (1874-1965) pour obtenir une autorisation très particulière. Enfin, cette aventure se déroule également pendant la seconde guerre mondiale, pour grande partie en Allemagne nazie.

Comme dans le tome précédent, les coscénaristes ont inclus un passage de vulgarisation : sur les neurones, les neurotransmetteurs et les synapses, pendant deux pages, dix-neuf et vingt. Un peu plus loin, en page vingt-sept, le lecteur découvre une explication de la réaction en chaîne pour libérer l'énergie de l'atome. Ces exposés s'avèrent un peu moins ambitieux que celui sur le fonctionnement de la machine Enigma dans le tome précédent. Ils mettent également en scène quelques personnages historiques comme le professeur Werner von Braun (1912-1977) ou le docteur Theodor Morell (1884-1948), le médecin personnel d'Adolf Hitler. Ils décident d'ouvrir leur récit avec une séquence d'interrogatoire qui se termine dans la dernière page, l'essentiel du récit prenant alors la forme d'un retour en arrière : le lecteur plonge alors dans une histoire d'espionnage, avec un enjeu d'exfiltration d'un scientifique de haut niveau. L'artiste se montre très impliqué dans les différents aspects de la narration visuelle. Il assure un niveau de détails dans chaque lieu qui permet au lecteur de s'y projeter et d'avoir l'impression de pouvoir regarder autour de lui. Quelques exemples : le mur carrelé jusqu'à une hauteur de un mètre de la salle d'interrogatoire, les bâtiments de Bletchley Park avec une rendu de texture très tactile, la façade très détaillée de la mairie de Champignac avec également son mur d'enceinte, sa grille, et même un paysan qui passe devant en guidant son cheval par la longe, le papier peint de la chambre de Pacôme, le radiateur en fonte de la salle de classe communale, l'aménagement intérieur du bureau du professeur Black, l'appartement dans lequel logent Black, MacKenzie et Champignac, l'usine avec sa grande pièce dans laquelle s'affairent les employées, chacune avec sa tâche particulière, les façades d'immeuble dans les rues de Berlin, la salle de réception de la villa Göring où se tient une réception dansante, les pins de la forêt dans les Alpes bavaroises, l'intérieur du chalet Berghof.

Le lecteur sait avant de commencer que cette bande dessinée se conforme au schéma d'un héros bienveillant, qui va se porter au secours de personnes en danger et qu'il va réussir. Il éprouve donc un sentiment d'empathie a priori pour Champignac, et tout aussi développé pour Blair qui l'accompagne, l'aide, et utilise des compétences qu'il n'a pas, la partie serait perdue sans elle. La représentation de ces personnages facilite discrètement cette empathie : des visages expressifs, des traces d'entrain de l'enfance, d'émerveillement de personnes ni blasées, ni cyniques, une légère accentuation des arrondis, et une sollicitude ou une inquiétude envers l'autre, apparentes sur leur visage, dans leurs gestes. Etien joue subtilement sur de discrets détails dans ses dessins pour se placer plus franchement dans un registre réaliste, ou dans un registre un plus tourné vers l'enfance ou l'exagération comique, en fonction de la séquence, conservant ainsi une apparence tout public, tout en réalisant des dessins transmettant des attitudes et des émotions adultes. Il joue également sur ce glissement intentionnel de registre visuel pour les scènes d'action : la dureté très adulte d'un engagement armé sur un champ de bataille de la seconde guerre mondiale dans la page d'ouverture, contrastant avec l'enclenchement plus divertissant des fusées dont Werner von Braun a doté sa voiture.

Le lecteur suit bien volontiers Blair MacKenzie et Pacôme de Champignac dans cette exfiltration à haut risque, tout en s'interrogeant sur l'identité du patient A (révélée en cours de récit), et sur ce produit appelé Pervitin. Les auteurs exposent la nature de ce produit selon deux axes. le premier correspond à une drogue avec un effet d'accoutumance progressif, une redescente douloureuse et un effet de manque. Ils évoquent ces effets secondaires de manière claire et explicite sans trop s'y attarder, mais sans qu'il soit possible de s'y tromper. le second axe correspond aux effets sur la population qui en prend. En fonction de sa sensibilité, le lecteur pourra trouver la métaphore plus ou moins bien choisie. D'un côté, il est difficile de complètement accepter le fait que le nazisme puisse être causé par un produit consommé de plein gré, mais sans avoir connaissance des effets secondaires, comme si les citoyens étaient tous inconscients de ce qu'ils faisaient, ou ce qu'ils acceptaient. de l'autre côté, cette même métaphore présente les promesses d'Adolf Hitler, sa politique et son mode de gouvernement, comme répondant à un besoin inconscient de tout individu, une promesse trop belle pour pouvoir être refusée, questionnée, combattue. le discours sur une nation forte, prenant sa revanche et neutralisant l'ennemi devient l'opium du peuple, pour reprendre la métaphore de la drogue.

Le lecteur retrouve avec grand plaisir le duo formé par Blair MacKenzie et Pacôme de Champignac pour de nouvelles aventures pendant la seconde guerre mondiale. Les auteurs réussissent à insuffler de la personnalité dans leurs protagonistes, les rendant sympathiques et attachants dès la première page. La narration visuelle révèle des richesses à chaque page, un dosage très élégant en fonction de la nature de la séquence, passant avec habileté de la narration réaliste et à adulte, à la licence d'aventure avec un soupçon d'éléments fantaisiste, du grand art. Les scénaristes savent eux aussi doser entre spectacle divertissant, et gravité qui sied à l'évocation du nazisme. Ils ont conçu une métaphore pour l'embrigadement des citoyens par le régime, qui fait sens, avec les limites inhérentes à toute métaphore.
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J'attendais avec une certaine impatience la sortie de cet album. Lors de la lecture du code Enigma, on pouvait craindre que ce soit un one shot. Les auteurs ont finalement choisi de donner une suite et c'est tant mieux.
Ce second album tient ses promesses. C'est vraiment encore une excellente histoire servie par un graphisme et une mise en couleur sans faille.
Ces histoires sont passionnantes. le portrait du patient A est vraiment bien fait. Les personnages sont très attachants. Excellente série à suivre, je l'espère...
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Mai 1941

Après avoir réussi à déchiffrer le code de la machine Enigma allemande, Blair et Pacôme vive leur idylle dans la campagne de Londres, à Bletchley.

Mais cet intermède sera de courte durée car rapidement, le Comte de Champignac reçoit un message codé : ses amis Schwarz et Bruynseeleke sont retenus captifs par les nazis, qui les forcent à travailler pour eux.

Ensemble avec Black, le mathématicien également à l'oeuvre pour les services secrets britanniques comme Pacôme, ils formaient un solide quatuor de scientifiques de renom. Schwarz ayant comme champs d'expertise la chimie, quant à Bruynseeleke la biologie n'avait plus beaucoup de secrets pour lui.

L'affaire était trop personnelle et importante aux yeux du Comte, et Black eut vite fait d'obtenir, de Winston Churchill en personne, l'autorisation de mener une expédition en Allemagne pour exfiltrer les deux scientifiques.

Sous le couvert de passeports suisses, et en passant par le Portugal et l'Espagne, nos amis sont rapidement installés à Berlin où il ne leur reste plus qu'à retrouver la trace de leurs amis.

Et pour commencer, pourquoi pas tout simplement au principal institut scientifique de Berlin, la Société Kaiser-Wilhelm ?

En attendant, et en découvrant la vie dans les rues berlinoise, nos amis se posent une question qui mérite le détour.... comment l'Allemagne, en l'espace de quelques jours seulement, a-t-elle réussit à conquérir plus de terrain que lors des quatre années de la première guerre mondiale, écrasant de surcroît toutes les armées qu'elle rencontrait devant elle....

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La bonne dose.
Champignac, Mackenzie et Black partent en mission au coeur de Berlin afin d'exfiltrer deux de leurs amis savants enrôlés de force par le régime nazi. L'expédition est mouvementée, trépidante et surprenante. 
Le patient A est loin d'être un cobaye humain anonyme ou un malade imaginaire. Sa rencontre avec Champignac va occasionner désordre, incompréhension et soulever un questionnement sans réponse réellement satisfaisante. Champignac devra rendre des comptes et son interrogatoire qui ouvre et ferme l'épisode berlinois, en début et en fin de volume, assombri le climat bon enfant inhérent à la série mère Spirou et Fantasio. C'est la force et l'originalité des séries dérivées quand elles conjuguent talents graphiques et narratifs à l'exemple du Spirou d'Émile Bravo, du Marsupilami de Zidrou et Frank Pé et ici de Champignac. On peut s'esbaudir de la transfiguration du héros, un savant farfelu à la sexualité invisible en un inventeur intrépide et incarné. le voir nu au lit avec Blair est un enchantement qui crédibilise le personnage et booste l'empathie. le dessin de David Etien déjà excellent dans le premier tome semble avoir fait un saut qualitatif. La reconstitution du Berlin avant son anéantissement sous les bombes est très réussie. Avec ses histoires à tiroir et son sombre héros, Champignac est remarquable en tout point.
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Après avoir aidé à décrypter Enigma dans le premier tome, Champignac est embarqué dans une mission périlleuse dans l'Allemagne nazie. Suite à un message reçu de deux scientifiques allemands appelant au secours, il s'agit d'aller les chercher et les ramener. Ils formaient un quatuor de scientifiques avec Black, que Champignac a retrouvé à Bletchley.

Champignac, Blair et Black filent en Allemagne via la Suisse. Comble de l'ironie, ils sont tellement crédibles en fervents nazis qu'ils sont recrutés par les SS pour servir d'espion en Angleterre. le temps leur est donc compté pour libérer leurs deux amis.

C'est mené tambour battant. Pas de pause, pas de respiration, on file à toute allure à un rythme soutenu. Ils assistent à un bal donné par Göring, croisent von Braun, et même Adolf H. à Berchtesgaden. Les décors sont soignés à l'extrême, les caricatures fabuleuses, le scénario impeccable.

Le seul bémol qui pourrait gêner certains (mais pas moi), c'est que l'on n'a pas un Champignac léger et evanescent. On est loin du personnage secondaire des Aventures de Spirou et Fantasio. On est dans du costaud, du sérieux, du grave. Mais personnellement, cela me convient fort bien. Carton plein.
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Quel plaisir de retrouver nos deux personnages un peu loufoques, et pourtant prêts à sauver le monde. Tout semble impossible et pourtant le lecteur est happé par l'insouciance de nos deux héros, aidés par d'autres personnages tous aussi sympathiques. Toujours des petits clins d'oeil à l'histoire amusants.
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Après la fin d »Enigma », on retrouve nos personnages, toujours en plein seconde guerre mondiale, sur un thème de la plus grande importance : les armes de destruction massive type bombe atomique , leurs implications scientifiques et la morale lié à leurs utilisations.
Un scénario toujours très bien construit avec un petit clin d'oeil féministe et mon amour qui grandit pour le personnage de Miss Blair ! Un suspense grandissant au fil des pages est une action à la fin ! ! 😳 On entend bref sa chaise en lisant !
Les dessins plein de vie reflète parfaitement bien l'ambiance de cette histoire.
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