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Citations sur Demande à la poussière (183)

Vous mangerez des hamburgers toute l'année, année après année ; vous serez là à croupir dans des chambres ou des appartements cradingues et infestés de bestioles, mais tous les matins vous verrez le beau soleil, le sempiternel ciel bleu, et les rues seront pleines de femmes superbes que vous ne posséderez jamais et les nuits chaudes semi-tropicales sentiront bon la romance que vous ne connaîtrez jamais, mais ça fait rien les gars vous serez quand même au paradis, au pays du soleil.
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Elle m'a passé le bras autour du cou. Elle m'a tiré la tête et m'a enfoncé ses dents dans la lèvre inférieure. Je me suis débattu pour me dégager parce que ça faisait mal. Elle est restée à me regarder regagner l'hôtel, tout sourire, un bras passé par-dessus le dossier du siège. J'ai sorti mon mouchoir pour m'essuyer les lèvres. Le mouchoir avait du sang dessus. J'ai suivi la grisaille du couloir, jusqu'à ma chambre. À peine j'ai fermé la porte que tout le désir qui m'avait fait défaut juste un moment auparavant s'est emparé de moi. Il me cognait le crâne et m'élançait dans les doigts. Je me suis jeté sur le lit et j'ai déchiré l'oreiller avec mes mains.
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Et je pensais à eux, couché sur mon lit tout en fixant les globules de lumière rouge du St Paul Hôtel qui sautaient dans ma chambre et puis disparaissaient, et je me sentais misérable comme ce n'est pas permis parce que ce soir je m'étais conduit comme eux. Smith, Parker, Jones et toute l'engeance, je n'avais jamais été comme eux jusqu'ici. Ah, Camilla ! Quand j'étais môme au Colorado, c'étaient Smith, Parker et Jones qui me mortifiaient avec leurs noms horribles, qui m'appelaient Rital, Wop ou Macaroni ; c'étaient leurs enfants qui me faisaient du mal, tout comme je t'ai fait du mal ce soir. Ils m'ont fait tellement mal que je n'ai jamais pu devenir comme eux ni leur ressembler. (...)
Mais je suis pauvre et mon nom se termine par une voyelle, alors ils me haïssent, moi et mon père et le père de mon père, et ils n'aimeraient rien tant que de me faire la peau et m'humilier encore, mais à présent ils sont vieux, en train de crever au soleil au milieu de la rue, en pleine chaleur, en pleine poussière, tandis que moi je suis jeune, plein d'espoir et d'amour pour mon pays et mon époque ; alors quand je te traite de métèque ce n'est pas mon cœur qui parle mais cette vieille blessure qui m'élance encore, et j'ai honte de cette chose terrible que je t'ai faite, tu peux pas savoir.
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Mes misères me ramenaient à ma machine à écrire.Je restais assis devant, effondré, à plaindre Arturo Bandini. Parfois une idée volait innocemment à travers la pièce. C'était comme un petit oiseau blanc. Il pensait pas à mal. Il voulait seulement m'aider, ce cher petit. Mais moi je le frappais, je l'écrasais en martelant mon clavier et il expirait dans mes mains.
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J'ai regagné ma chambre, remontant l'escalier plein de poussière de Bunker Hill, le long des bicoques en bois mangées par la suie qui longent cette rue obscure, avec ses palmiers étouffés par le sable, le pétrole et la crasse, ces palmiers si futiles qui se tiennent là comme des prisonniers moribonds, enchaînés à leur petit bout de terrain, les pieds dans le goudron.
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Oui, c'est vrai : mais j'ai vu des maisons à Bel-Air avec des pelouses qui vous rafraîchissent rien que de les regarder, et des piscines vertes. J'ai désiré des femmes dont les escarpins seuls valent plus que tout ce que j'ai jamais possédé. J'ai vu des clubs de golf dans la devanture du magasin Spalding, celui sur la Sixième Rue, j'aurais tout donné pour les tenir ne serait-ce qu'une minute. J'ai tiré la langue devant une cravate comme un saint peut saliver après des indulgences. J'ai admiré des chapeaux chez Robinson's comme des critiques d'art peuvent s'étrangler sur Michel-Ange.
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Mais c'est que je voulais vivre, moi. Mon Dieu, me prenez pas déjà!
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Est-ce que les morts reviennent ? Les livres disent que non, la nuit hurle que si.
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J'avais vingt ans à l'époque. Putain, je me disais, prends ton temps, Bandini. T'as dix ans pour l'écrire ton livre, alors du calme, faut s'aérer, faut sortir et se balader dans les rues et apprendre comment c'est la vie. C'est ça ton problème : tu ne sais rien de la vie.
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Là-dessus tu as sorti une bouteille de ton sac et on a bu ça ; ton tour d’abord, ensuite le mien. Quand il n’y a plus rien eu dans la bouteille je suis descendu en acheter une autre au drugstore, mais une grande cette fois. Toute la nuit on a bu et pleuré, et ivre je pouvais dire les choses qui bouillonnaient dans mon cœur, tous ces chouettes mots, toutes les fines comparaisons, parce que toi c’est sur l’autre mec que tu pleurais et tu n’entendais rien de ce que je racontais ; mais moi je les entendais, et je peux te dire qu’Arturo Bandini était plutôt bon cette nuit-là, parce qu’il parlait à son seul amour, et ce n’était ni à toi ni à Vera Rivken qu’il parlait, tu comprends, mais juste à son amour. Ah j’en ai dit des belles choses cette nuit-là, Camilla. A genoux à côté de toi sur le lit, je te tenais la main en disant : « Camilla, pauvre petite, perdue et tout ça ! Desserre tes doigts fins et rends-moi mon âme lasse ! Embrasse-moi sur la bouche que je me rassasie du pain d’une colline mexicaine. Souffle le parfum des cités perdues dans mes narines enfiévrées et laisse-moi mourir ici, la main sur la douceur de ta gorge, blanche comme une plage du sud à moitié oubliée. Viens puiser le désir dans ces yeux malades et jette-le aux moineaux solitaires dans quelques champs de maïs, parce que je t’aime, Camilla, et ton nom m’est sacré comme celui d’une princesse très brave se mourant d’amour avec le sourire, pour quelqu’un qui ne le lui rendrait jamais.
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