Oradour : Arrêt sur mémoire

Dans la plupart des écrits sur Oradour, une tension apparaît entre le désir d’éclaircir la cause d’un tel évènement et l’impératif de le laisser inexpliqué.
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Les soucis politiques de l’immédiat après-guerre jouèrent un rôle décisif. Oradour fut détaché du contexte historique afin de limiter les divisions créées par l’activité des maquis. La Résistance était le sujet de vives controverses à la fois en raison de sa forte orientation politique à gauche et à cause des dangers qu’elle avait fait courir à la population. C’est pour cela que Tulle ne parut jamais susceptible de donner lieu à une commémoration nationale.
Séparer Oradour du contexte historique permettait d’éluder les tensions politiques délicates et d’insister sur la position de la France comme victime innocente. Ce fut facilité par le fait qu’on ne disposait d’aucune information sur le choix d’Oradour comme objectif de la répression.

Le temps et les intempéries ont infligé aux ruines leurs propres altérations. Les architectes responsables de la préservation du site ont toujours été confrontés au problème dans la mesure où les ruines sont éphémères et soumises à une constante détérioration. La pluie a délavé les décombres noircis d’Oradour, et les murs délabrés se sont effondrés sous l’effet du gel. Bien que des ouvriers réparent les ruines et taillent le lierre et les ronces, le délabrement et les progrès de la végétation menacent de transformer une scène d’horreur en un site mélancolique, voire romantique.

Avec l’érosion provoquée par la pluie et le froid, elles (les ruines) sont de moins en moins un témoignage de la « barbarie nazie » et de plus en plus une allégorie de plus vaste signification temporelle – la catastrophe, la destruction et la décomposition. Les ruines, préservées afin de figer un moment spécifique dans le temps, contiennent aussi l’histoire de leur nature éphémère et de la fragilité de la mémoire humaine.