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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Toxey Bivins est un jeune garçon qui a terminé le lycée, tout en os, pas bagarreur et passionné par la photographie. Jusque-là, tout va bien…

Là où ça se corse, c'est que nous sommes dans le Sud des États-Unis, dans les années 60, que Toxey est Afro-américain et qu'il vit, avec toute sa famille, dans le quartier le plus pauvre de la ville.

Non, l'écriture de l'auteur n'est pas de celle qui cherche à faire pleurer dans les chaumières.

Pas de pathos dans ce récit noir comme le café, juste des faits, des parcours de vie comme il en existe tant dans l'Amérique fracturée par tout ce qui peut diviser des Hommes (couleurs de peau, position sociale, argent,…).

J'avais le présage que ce Présage allait être une bonne lecture et si je ne suis pas capable de vous tirer les cartes, je peux vous présager un excellent moment de lecture avec ce roman noir sombre, profond, qui alterne les récits au passé et au présent, avec un vieil homme souffrant de la maladie à corps de Lewy, qui perd la mémoire et qui tente de raconter un épisode important de sa jeunesse, à sa fille, Cynthia.

Le titre en anglais parlait de "Bone omen" et comme dans ce roman noir, un personnage porte le nom De Bone, on peut dire qu'il y avait un jeu de mot avec son présage à lui et il avait bien raison, ce Bone, personnage étrange, taxidermiste et associé à un politicien aux dents longues, imbu de sa personne, pété de thunes et qui m'a fait penser à un autre politicien, celui avec une touffe orange sur le crâne (et rien dedans).

Oui, dans ce roman noir, les personnages sont réalistes, mais aussi travaillés, sans pour autant que l'auteur doive en ajouter des tonnes.

Ses personnages sont naturels, pas forcés, comme on pourrait en croiser, que ce soit dans les Quarters, le quartier pauvre ou dans l'entourage d'Elder Reese, qui se présente aux élections, sans programme, disant tout et son contraire et ne pensant qu'à attraper les filles par la techa… Son personnage est réussi et fout la trouille.

Dans ce roman noir, il y a du contexte social, des interrogations sur les anciens peuples qui vivaient là avant et qui furent spoliés, sur la nature qui trinque, sur les cerfs malades, sur la corruption dans la politique (et ailleurs), sur le fait que les gens soient fiers d'être incultes, non-lecteurs, sur la lobotomisation des masses, sur le racisme, sur la difficulté de trouver du travail.

Il y a aussi une grosse réflexion sur le fait que lorsque que certains fous accèdent au pouvoir, ils peuvent transformer le pays en zone de non-droit, laisser les gens faire la loi avec leurs armes, tirer à vue, instaurer des couvre-feux et jouer avec les médias, jouer avec les faits et transformer tout en attaque de sa petite personne, sous les regards énamourés et enfiévrés de ses supporters… Certains passages dans le présent font peur, très peur.

Le Présage est un roman noir qui claque comme un coup de fusil, qui pète à la gueule, qui fait peur, réfléchir, tout en nous entraînant dans une nature sauvage, avec des personnages qu'on n'oubliera pas de sitôt… Un portrait d'une Amérique réaliste, même si on n'a pas envie de voir se réaliser le présage, funeste, d'une Amérique aux portes d'une guerre fratricide…

Bref, c'était une lecture marquante, une lecture qu'il faut ensuite digérer, en se demandant ce que l'on va bien pouvoir lire ensuite… Un autre roman de Peter Ferris, sans aucun doute !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Divisé en quatre parties, le roman commence par un prologue en italique. On y voit C. T. Bone, du sang jusqu'aux coudes, confier un nourrisson à sa mère. Il a aussi apporté du lait, des biberons, etc. L'enfant dormira dans le berceau qui a servi pour C. T. et Hiram, son frère. On comprend que la mère de l'enfant, « la fille », est morte. On retrouvera périodiquement ces passages en italique qui nous éclaireront sur les relations de C. T. et de « la fille ». On rencontre ensuite Cynthia Bivins qui rend visite à son père, Toxey, dans une maison de retraite médicalisée : il est atteint d'une forme de démence qui perturbe sa mémoire et qui modifie son caractère. Il est parfois conscient de son état et il veut absolument « lui dire quelque chose » avant qu'il ne soit trop tard… On retrouve alors Toxey jeune homme, dans le comté de Mercy Oaks en Géorgie. Il travaille dans une épicerie et il a une passion pour la photo. le patron du magasin, un Blanc, conscient de son talent, vend ses photos aux clients et aux touristes. Une rumeur se répand dans le village : on a trouvé le corps d'une fille « de couleur » dans la réserve Lokutta...
***
Dans ce roman très noir, Peter Farris met au jour les pires aspect des États-Unis. La Géorgie est un État ultra-conservateur, religieux et rigoriste. le racisme y est toujours bien vivant, même si on tente parfois de sauver les apparences, et la mort d'une inconnue noire présente assez peu d'intérêt. Elder Reese, richissime héritier qui se lance en politique alors que Toxey est encore un tout jeune homme, rappelle évidemment un autre politicien, bien réel celui-là, par son populisme, sa totale absence d'éthique, son sexisme et… la couleur de ses cheveux. Sa famille a acheté une partie des anciennes terres indiennes qui constituaient la réserve, et personne n'apprécie de voir Frida, vétérinaire et naturaliste originaire du Nord, arpenter la région en compagnie de Toxey qu'elle a engagé pour prendre des photos. La fortune du clan Reese, leurs magouilles et leur amoralité rendent toute forme de résistance à leur pouvoir difficile et dangereuse. le récit laisse une grande place à la nature et à l'importance de sa sauvegarde. Il est épisodiquement question d'une maladie qui touche les troupeaux de cervidés, affection étrange au point d'être devenue une sorte de légende. J'avoue que j'aurais aimé en savoir plus à ce sujet. J'ai beaucoup aimé ce formidable roman bien que j'aie trouvé parfois difficile de m'y retrouver dans la quantité de personnages gravitant autour des Reese, leurs sbires et leurs proches à qui s'ajoutent les commerçants, les élus, etc., ce qui m'a dissuadée de mettre cinq étoiles. N'empêche : le Présage est un roman passionnant et brûlant d'actualité...
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Peter Farris, en tant qu'auteur de roman noir, s'inscrit dans la tradition du polar politique, porteur d'un discours critique, voire totalement contestataire. Son message est percutant et inquiet, au point de prendre parfois le dessus sur la trame romanesque.
Par un léger saut dystopique, il nous projette dans une Amérique en plein chaos et au bord de la guerre civile. Un homme est responsable de cette crise, un personnage mégalomane, narcissique, corrompu, manipulateur et populiste. Elder Reese, avatar évident de Donald Trump. A coups de théories du complot, de mensonges et d'incitation à la haine, il alimente une violence qui menace gravement la démocratie.

Mais Peter Farris, en écrivain aguerri, ne laisse pas sa colère et ses inquiétudes noyer la trame de son roman. Sans quitter des yeux son infâme personnage, il nous fait rencontrer Toxey, alternativement vieillard atteint d'Alzheimer qui a des secrets à révéler à sa fille ou jeune homme passionné de photographie.
Dans la réserve de la Lokutta, en Géorgie, à l'époque où un certain Elder Reese envisageait une carrière politique, on découvrit le cadavre d'une jeune fille noire et la disparition du bébé qu'elle portait. L'enquête fut bâclée, d'autant que la jeune fille était noire et que les rumeurs insinuaient que la richissime famille Reese pouvait être impliqué dans l'affaire.
Mais le jeune Toxey avait photographié la jeune femme enceinte au cours d'une fête foraine et des personnes plus ou moins bien intentionnées veulent récupérer la photo.

Autour de cette trame très simple, de nombreux événements et de nombreux personnages viennent enrichir le propos et donner vie à cette petite ville oubliée. La famille de Toxey, sa mère dépressive , son père alcoolique et ses soeurs avec leur marmaille expriment les difficultés des gens ordinaires qui se débrouillent comme ils peuvent avec leur vie mais sont liés par des liens puissants.
Le taxidermiste, capable du pire comme du meilleur, montre des qualités insoupçonnées en protégeant la jeune fille et son bébé. Tout comme Fiona la naturaliste qui se prend d'amitié pour le jeune photographe.
L'auteur évoque également ses préoccupations écologiques face à ces maladies qui touchent les cervides et qui, par analogie, suggèrent la menace qui pèse sur la société américaine. Par le même glissement analogique, il rend hommage aux populations indiennes disparues qui possédaient autrefois ces terres.

Les personnages secondaires developpent des personnalités riches et complexes et permettent aux lecteurs de ne pas sombrer dans le désespoir en assistant a l'énorme crise politique orchestrée par l'infâme Elder Reese, le seul personnage définitivement du côté obscur.
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Un roman social qui frise avec la dystopie à la construction habile et à l'intrigue rondement menée. Alternant passéet présent le lecteur se retrouve plongé au coeur de la Géorgie des années 60 où une jeune femme noire est retrouvée morte dans la réserve de Lokutta.
Toxey une jeune afro-américain se retrouve malgré lui mêlé à ce crime sordide et raconte cette histoire des années plus tard à sa fille alors qu'il souffre de pertes de mémoire.
L'auteur met en lumière les enjeux de pouvoir et la corruption tout en faisant la part belle à de nombreux personnages secondaires très touchants
Un roman prenant !
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Un roman noir de "nature writing" très réussi avec une écriture et des personnages plus poussés que dans ses précédents romans. Mais j'y mets un très gros bémol : il faut attendre 1/3 du roman pour que l'intrigue se lance vraiment.
J'étais sur le point de me lasser, quand enfin, il en vient où il voulait en venir.
La double temporalité du roman fonctionne très bien : la Géorgie de la fin des années 60, très raciste, et le présent en prise avec les troubles que la société américaine connaît.
La nature est belle et foisonnante, comme ce roman, qui vaut la peine de s'accrocher pour en découvrir la fin.
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Une fois n'est pas coutume, je vais commencer par la Fin. Pourquoi ? Tout simplement car j'ai été déçu.
J'aurais aimé une fin différente, une fin un peu plus longue, une fin qui ouvre une porte au lieu de la refermer. Celle de l'auteur est complètement en raccord avec le ton du livre et les thèmes abordés ; mais voilà, j'en attendais autre chose.
Cela dit, maintenant je peux passer à tous les points positifs de ce roman très contemporain.
Divisé en plusieurs parties, le roman alterne entre la période de la ségrégation et le monde actuel. Avec pour fil conducteur Toxey, un homme noir, photographe amateur, dont on découvre une partie de la jeunesse. C'est l'histoire d'un secret que bien des années plus tard, il dévoile à sa fille Cynthia qui vient le visiter dans un centre pour malade d'Alzheimer.
Les personnages sont peaufinés. On ressent de l'empathie pour ces hommes et femmes dont la couleur est synonyme de pauvreté. On ressent de l'aversion pour ces nantis pour lesquels la vérité n'est sûrement pas bonne à dire.
Ce roman est une satire des hommes politiques des États-Unis et notamment l'un d'entre-eux, à la mèche folle et dont la couleur est surprenante. Si vous voyez qui je veux dire…
C'est également le constat d'une Amérique divisée, portée aux extrêmes et dont la capacité à dialoguer semble avoir disparue.
Un constat bien triste mais réaliste qui doit réveiller les consciences.
Enfin, #lepresage nous embarque dans l'Amérique rurale des chasseurs, des pêcheurs, des hommes en lien avec la nature et sa beauté.
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Nous sommes en Géorgie. Un cadavre est retrouvé dans la réserve naturelle de la Lokutta. Elder Reese, sosie de Trump, homme d'affaires corrompu décide de se lancer dans la politique et va racheter des terres de la réserve indienne. le corps d'une jeune fille noire est retrouvé. Elder Reese ne voit pas d'un bon oeil que Toxey, jeune noir qui rêve de devenir photographe professionnel et Frida, jeune vétérinaire et naturaliste décident de venir sur ses terres pour observer le mystérieux mal qui touche les cerfs. Ce polar dénonce les maux qui rongent les Etats-Unis : corruption, lobby des armes, racisme. Un polar coup de poing comme sait si bien le faire Peter Farris.
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3,5 étoiles seulement parce que je ne m'attendais pas à cette fin, qui m'a déçue, alors que j'avais apprécié ma lecture jusque là, et que j'espérais un dénouement moins accablant. le propos est glaçant, d'autant plus que je pense qu'il reflète bien la corruption politique aux États-Unis, et évoque constamment l'ombre d'un ex-président à la coiffure improbable. J'ai beaucoup aimé les personnages de Toxey et de l'ornithologue, contrairement à Cynthia, que j'ai trouvée mièvre. Et malgré cette fin -qui ne déplaira peut-être qu'à moi-, c'est un très bon roman, implacable et effrayant, que je vous conseille vivement.
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Dans un présent dystopique, un vieil homme, Toxey, au bord de la sénilité, raconte à sa fille comment on a pu en arriver là, à cette Amérique emmenée au bord du chaos par Reese, un populiste menteur et sans scrupules, soutenu par des milices. le genre de futur proche chaotique qui est le thème de nombreux livres actuels, polars ou non.
La majeure partie du récit se déroule donc à l'époque des 17 ans de Tokey, dont la famille habite un quartier noir et pauvre de Géorgie, proche d'une réserve naturelle, la Lokutta, dont une partie a déjà été « mangée » par les ambitions de la famille Reese. Les Reese, clan sudiste par excellence, impitoyable, dont le rejeton se lance en politique avec les mêmes principes qu'il viole les femmes noires qui travaillent dans son hôtel de luxe.
Des personnages auraient pu modifier cette sinistre ascension : Toxey, apprenti photographe, Frida, vétérinaire qui connaît cette Lokutta sauvage sur le bout de son couteau (l'occasion, typique dans la collection Gallmeister, de magnifiques descriptions de nature) ou bien C.T. Bone, taxidermiste en contrat avec Reese.
Il y aura donc des grains de sable dans l'affreuse mécanique de Reese, mais on sait qu'il y a survécu, au moins jusqu'ici, dans ce présent qu'il peut faire virer au cauchemar s'il remporte la présidence. A moins que…
Pour être un joli pavé, on lit facilement le récit, parfois très dur, par une excellente écriture, par une alternance du passé/présent qui n'a rien d'un simple va et vient, chacun éclairant l'autre. Les personnages sont bien approfondis, sans sombrer dans un excès de psychologie, et il faut à l'auteur finalement peu de phrases pour décrire la terrible matriarche du clan Reese.
Après « le diable en personne » et « Les mangeurs d'argile », également superbes, Peter Farris continue de mettre la barre très haut.
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Quelques photos prises lors d'une fête foraine par Toxey un tout jeune homme pratiquant sa passion vont entraîner une série de drames dont il gardera le secret tout au long de sa vie. Sa mémoire commençant à disparaître en raison d'une maladie va le décider à se confier à Cynthia sa fille unique. Les chapitres alternent le présent des visites de Cynthia à son père et les scènes du passé. Bonne intrigue avec un dénouement assez imprévisible. Beaucoup de personnages par contre, ce qui donne parfois l'impression de foutoir.
Les prédictions politiques à la fin du roman sont pertinentes et inquiétantes mais elles ont le défaut d'écraser partiellement le roman.
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