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3,95

sur 132 notes
"I hurt myself today to see if I still feel". Cette reprise de "Hurt" par Johnny Cash a hanté toute ma lecture de ce roman, où il est notamment question de MMA, et dont je suis sortie sonnée.
On est dans le Sud des Etats-Unis, dans le delta du Mississippi. Jack est un gosse abandonné, finalement adopté à 12 ans par Maryann Boucher (prononcer "Boo-shay" à la française), artiste et propriétaire sans descendance d'un immense domaine en Louisiane. Mais Jack a la rage en lui, un feu violent qui l'embrase et le consume, et dont il se libère en se battant dans une cage grillagée, jusqu'à devenir une légende du MMA. Désormais âgé de 46 ans, brisé et couvert de cicatrices, la tête en vrac, il se retrouve acculé, couvert de dettes et sur le point de perdre le domaine -et pire, Maryann. Débute alors un ultime combat pour régler ses problèmes et sauver son âme.

Oh là là, le beau roman douloureux que voilà ! le titre original, "The fighter", est bien plus adapté à cette histoire, car même s'il est question de l'Amérique des losers, ceux de Michael Farris Smith ne s'oublient pas : Jack Boucher, donc (auquel j'ai prêté les traits du beau Viggo Mortensen), le combattant lettré mais accro aux pilules rouges et bleues, à l'alcool, et toujours prompt à suivre ses pires travers ; Annette, la stripteaseuse tatouée des pieds à la tête, qui se compose sa propre religion ; Baron, l'imposant patron de fêtes foraines non autorisées ; Big Momma Sweet, la terrible organisatrice de combats clandestins très lucratifs... J'ai aimé cette farandole de Freaks qui laissent parfois briller un peu de leur âme les nuits de lune.
Mais quelle violence aussi ! Pas seulement lors des combats, mais tout au long du roman, tout au long de ces vies qui ne font pas de cadeaux. Ce n'est pas une lecture sereine ; l'écriture étouffante prend au corps et la tension est telle que j'avais à la fois envie d'en terminer rapidement, mais pas envie de quitter aussi facilement. Alors, pourquoi un tel masochisme ? Parce que Michael Farris Smith excelle à se faufiler dans les méandres et recoins de l'âme, à infuser l'espoir le plus fou, à faire croire aux miracles, à donner à ceux qui ont touché le fond la force de se relever et de se regarder une dernière fois en face, et à offrir la rédemption à tous les pécheurs. (Rien que ça, oui. Michael Farris Smith est un Dieu)
Et vu qu'on est dans le Sud gothique, l'auteur fait même apparaître des esprits et bruisser les arbres dans le crépuscule finissant : un pur régal irrationnel et sensoriel pour échapper un peu à la dureté de l'histoire et se fondre dans sa poésie onirique.

Bon, je suis fan de Michael Farris Smith, donc il se peut que je manque d'objectivité. Mais je suis sûre de son intense talent, de son immense humanité, et de l'incroyable beauté de ce roman.
Alors, envie d'entrer dans la cage à votre tour ?
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Jack Boucher, la cinquantaine, roule dans son pick-up sur les routes du delta du Mississipi. Dans sa boîte à gant, une enveloppe contenant douze mille dollars, gagnés au jeu. Son but, rembourser Big Momma Sweet, une cheffe de clan, pour qui il a combattu étant jeune dans des combats particulièrement violents et quelquefois truqués. Mais après un accident qui le laisse inconscient, l'enveloppe disparaît...Il y a Annette, une jeune femme de vingt et un ans, tatouée sur une grande partie de son corps et qui a un numéro dans le spectacle itinérant de Baron, un forain qui l'a pris sous son aile, et qui a trouvé l'enveloppe sur le bord de la route...Jack entreprend de retrouver cet argent, sous la menace de Big Momma Sweet qui lance ses sbires à ses trousses.

Bienvenue dans le pays des oubliés, dans le delta du Mississipi, qui voit se dérouler une chasse à l'homme, qui va catapuler les destins d'êtres blessés et cabossés par la vie. Jack, abandonné bébé, qui a traîné de familles d'accueil en familles d'accueil, recueilli par Maryann, qui est maintenant dans un hospice et qu'il veut revoir avant la fin, Annette, qui n'a pas connu son père, Baron, un forain philosophe qui n'hésite pas se servir de ses poings. Un roman dont l'ambiance peut paraître glauque et désespérée mais qui, grâce à des portraits particulièrement et profondement humains, font de ce roman une grande tragédie, servie par le style à la fois crû et poétique de Michael Farris Smith.
Une découverte marquante à la fois sur le fond et sur la forme.
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Le pays des oubliés de Michael Farris Smith est un roman d'une redoutable efficacité. Admirablement construit, littéralement ciselé, il se lit d'une traite, le souffle court et la peur au ventre.


Il est empli de hargne, de rage et de violence.
Ses personnages, les oubliés du monde qui file droit, les laissés pour compte, les abandonnés, jouent des poings et puis du coeur.
Pour survivre. Comme ils peuvent.
Écorchés – dans tous les sens du terme – ils se débattent. Souffrent et négocient. Ils font les mauvais choix, si tant est que choix il y a.
Ils sont ceux qu'on ne voit pas, les camés, les sauvages, les combattants.


La voix de Michael Farris Smith est claire. Précise. Terrifiante.
Elle dit le monde des exclus, des misérables et des survivants. le monde de ceux que le rêve américain a délaissés.
Elle dit l'Amérique qui a mal et qui fait mal. Celle des combats d'hommes et de chiens, des paris à la vie à la mort,
et des assassinats pour quelques centaines de dollars.
Elle dit le sang-froid et la folie,
Le désespoir et la fièvre.


Entre les pages du Pays des oubliés, une poésie rare fait son lit.
Ça pue, ça suinte, ça saigne,
ainsi va la vie, ainsi va la mort.
Mais au détour d'une ligne ou d'un amour naissant, une lumière se dessine, un espoir surgit.
Et on s'y accroche, pour ne plus le lâcher.

Lien : https://www.mespetiteschroni..
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USH ! Onomatopée exprimée pendant un coup de poing bien placé. Ou alors après une grosse rasade avalée qui brule le gosier. Expression d'un lecteur partiellement sonné par une autre solide livraison de noir par Michael Farris Smith.

Pauvre Jack, il a pas grand chose pour lui.. Ah si un prénom qui colle complètement avec le whisky qu'il les qu'il s'envoie derrière la cravate à grandes doses de sanglier pour essayer de noyer ses problèmes, mais, flute, ils veulent vraiment pas couler, alors faut bien finir la bouteille au goulot.

Assommer une vie misérable de gamin orphelin bringuebalé de foyers en foyers n'ayant pour identité qu'un nom que ses vrais parents ne lui ont pas donné. Et manque de bol une fois de plus se retrouver le Mississipi.

Le Mississipi. Outre être l'état qui fout le plus de confusion dans tes connaissances en orthographe quand il est prononcé par un bègue, c'est aussi un spot défavorisé ou la part de culture agricole l'emporte sur la beauté des paysages. Non mais il va nous faire rêver avec quoi l'auteur ?

Eh bien avec cette bonne vieille carcasse de Jack, ses maux de corps et d'esprit, sa couenne raide de sanglochon et sa soif de whisky, d'opiacés et de justice. le Mississipi, ses oubliés, ses combats à main nues, ses forains et sa pègre. Une atmosphère, miteuse, rêche et âpre. Un environnement triste et beau. Et cette écriture à la suie qui noircit le bouquin.

J'ai aimé ce titre même si je l'ai trouvé un peu plus introspectif et moins créatif que son premier joyau d'obsidienne : le pays des oubliés. J'y ai retrouvé avec délectation sa plume noire envoutante. Je range ce petit noiraud à coté de ses copains de David Joy.

Vivement le prochain.
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Ce roman nous entraîne dans une Amérique des laissez-pour contre, de ceux qui sont à terre et qui ont tant de mal de se redresser mais aussi l'Amérique de la pègre.
Jack a tout perdu dès le départ, il est élevé par une femme remarquable Maryann qui ne va pas ou ne peut pas s'opposer aux choix de celui-ci.
Jack est au bout du rouleau, usé par la vie, l'alcool et les drogues.
Puis il fait une rencontre qui tient du miracle. Un ange nommé Annette …

Les miracles existent si l'on a la force d'y croire vraiment …
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Jack a tiré la mauvaise carte à la naissance. Abandonné à l'âge de deux ans, après plusieurs années en foyer, il a été recueilli par Maryann qui vit maintenant ses derniers jours dans son hospice, victime de la maladie d'alzheimer.
Jack n'a pas de temps à perdre, il a des dettes de jeu, et la maison de Maryann va être saisie par la banque s'il ne trouve pas rapidement 30 0000 dollars. Pour gagner de l'argent, il se livre à des combats organisés dans le delta du Mississippi et joue aux cartes aussi . Son corps, fracassé par les coups qu'il a pris, est en miettes et il a aussi des séquelles de trauma crânien qui lui ont laissé une mémoire défaillante . Il carbure aux anti douleurs et à l'alcool pour faire passer les cachets et doit tout écrire dans un carnet pour palier à ses trous de mémoire.
Pour essayer de se racheter, Jack, malgré son corps meurtri et ses douleurs qui l'accablent , il doit mener un ultime combat où il risque sa vie. Il combattra dans la cage jusqu'au bout, tel un gladiateur dans une arène, sous les cris et les insultes des spectateurs, assoiffés de violence et de sang, excités par la présence hypnotique de la mort qui plane.
Jack sera t'il plus chanceux cette fois ?
L'auteur nous livre un roman intense sur cette Amérique des déshérités, ces petits blancs pauvres,sans travail, affaiblis par la crise, qui trouvent refuge dans la drogue et l'alcool et vivent de traffic divers et de larcins. Michael Farris Smith signe avec le pays des oubliés un roman très noir et émouvant sur ces habitants du delta du Mississippi, oubliés, exclus du rêve américain.
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M.F. SMITH peint des portraits sans concession de personnages abimés par la vie dans une Amérique des petites gens.
Son récit est vraiment addictif, la langue est juste et picturale (merci le traducteur) voire cinématographique. Les personnages sont remarquablement croqués.

J'aime la part de lumière qui reste dans ses récits, sans bons sentiments. Juste des hommes et leurs choix, sans juger, sans moraliser. Mais toujours une lumière après la tempête.
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Les livres de Farris Smith sont très noirs, vraiment très noirs. Mais pleins d'humanité. Ils valent vraiment la peine de se plonger dedans et de résister malgré la brume sombre qui vient s'insérer dans le récit ... La boxe, le jeu, l'argent, jusqu'où ? Et aussi l'amour ...
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Avec Nulle part sur la terre Michel FARRIS SMITH signait un roman noir, avec le pays des oubliés il récidive mais il s'enfonce encore plus profondément dans les ténèbres. L'enfer n'est plus très loin.

Dès les premiers mots le ton est donné, le lecteur est dans l'ambiance, plongé dans la vie de Jack qui dès le départ est loin d'avoir touché le gros lot et ce n'est qu'un début. Qu'à cela ne tienne il apprendra à faire avec et il fera la seule chose pour laquelle il est doué : se battre, au sens propre comme au figuré. Les combats clandestins, la drogue, le jeu, ce sera sa vie. Mais une telle vie a un prix et Jack est fatigué, son corps l'abandonne et son esprit le trahit, surtout sa mémoire. Mais il y a quelque chose qu'il ne peut pas oublier : la seule personne qui ait jamais pris soin de lui envers et contre tout : Maryann. Alors il ne peut pas cesser le combat, pas encore, il a un dernier round qui l'attend et pas des moindres. Maryann a été son seul rayon de soleil dans cette vie de galère et il ne laissera personne lui prendre la seule chose qu'elle ait : sa maison. Sauver cette maison de la saisie c'est son baroud d'honneur, c'est sauver son âme. Alors Jack est prêt à tout, mais dans ce monde féroce il n'est pas le seul. Les paumés sans scrupules et les petites frappes sont légion et il semblerait que tous veulent se mettre en travers de son chemin. Dans cette toile d'araignée géante où ils sont tous englués c'est chacun pour soit, et tout le monde tente de se faire la malle avant que la tarentule se ramène ou à défaut de pousser quelqu'un d'autre dans ses mandibules. Un repos de courte durée, car il semble que tous doivent y passer et Jack plus vite que les autres car il joue de malchance. Mais tout le monde à un ange gardien, même Jack sauf que le sien arrive peut être un peu tard.

Et puis il y a le pauvre lecteur qui serre les dents et encaisse les coups avec Jack. Impuissant il assiste à cette descente aux enfers et pourtant il voudrait le sauver. Parce que c'est foutrement injuste, parce que Jack vous prend aux tripes à se débattre seul, terriblement seul, sans jamais renoncer alors qu'à l'horizon on a beau chercher il n'y a aucun espoir.

Ce livre est un magnifique crève coeur.
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Le titre annonce d'emblée le propos :nous sommes au pays des oubliés, le Mississippi profond où sont enracinés tous les paumés, balayés par les puissants .
Alcooliques, drogués, chômeurs de longue durée, prostituées, bookmakers ont trouvé leur porte-parole. Farris est le romancier du désespoir le plus noir, des impasses et des lendemains de gueule de bois. Il décrit, avec une réelle humanité, un homme qui tente de survivre en participant à des combats qui l'ont précocement brisés. Il a été abandonné, tout bébé, devant l'armée du Salut. Il a toujours été confronté à l'indifférence, au mépris et s'est construit un corps de combattant pour être reconnu.
Mais alors que son corps le lâche, il doit mener un dernier combat en hommage à la seule personne qui lui ait donné de l'affection.
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