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Juliane Nivelt (Traducteur)
EAN : 9782351783306
Gallmeister (01/02/2024)
3.79/5   24 notes
Résumé :
La Louisiane et le Mississippi sont dévastés par les ouragans et désertés par leurs habitants. Une jeune mère, Jessie, cherche à démarrer une nouvelle vie. Mais elle doit d'abord échapper à la secte qui l'a séparée de son compagnon et qui les traque, elle et son fils. À la tête de ses poursuivants que le désespoir a transformé en fanatiques, une fausse prophètesse, Elser, se déplace à bord d'un corbillard noir et galvanise des foules prêtes à croire en n'importe quo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Rien ne va plus sur cette foutue terre.
Les saisons n'existent plus. Aux périodes d'extrême sécheresse, suivent des pluies diluviennes qui détrempent les sols et empêchent les récoltes. Les ouvriers agricoles ne trouvent plus d'emploi. Même les plateformes pétrolières n'ont pas survécu. Nous sommes aux confins du Mississipi et de la Louisiane, dans un paysage dévasté, maisons éventrées recouvertes de bâches pour suppléer les toitures envolées, champs de maïs inondés et couchés, rien ne résiste aux passages répétitifs d'ouragans. La population reflue vers des territoires plus cléments, seuls quelques irréductibles s'accrochent à leur bicoque bricolée et à leur lopin de terre infertile. L'économie s'écroule, les investisseurs qui pourraient injecter un peu d'argent pour relancer la vie ont déguerpi depuis longtemps, plus personne pour nier le dérèglement climatique, n'est ce pas M. Trump ?
Quand les êtres désemparés sont gagnés par la désolation, la religion s'épanouit : une voie vers la lumière. Un espoir de retour vers le passé, comme un paradis promis. Malheureusement, le malheur fait naître dans des têtes détraquées des cultes tordus comme cette congrégation du Temple de la gloire et de la douleur qui recrute des fidèles dans la région, une menace supplémentaire !
Holt sort d'une soirée de beuverie, dans le champ pelé qui jouxte le parking où il s'éveille il remarque un grand chapiteau blanc en train d'être monté. Est-ce une issue possible, rejoindre cette collectivité ? L'aura de cette femme, Elser, qui semble le gourou magnétise la foule des fidèles. Elle prône « une théologie faite d'avarice, d'angoisse et de désir où damnation et flammes de l'enfer » ont la part belle. « Elle promet aux âmes perdues que leurs corps et leurs esprits sont au bon endroit. Aucun bulletin météo ne pourra les déloger de ce territoire dévasté ». Mais les doutes de sincérité effleurent l'esprit d'Holt quand elle entame la partie du sermon où elle affirme avoir eue une vision d'une jeune fille envoyée par le créateur pour faire cesser les intempéries, le racket de la quête confirme ses inquiétudes. Profitant d'une de ces messes, Holt s'introduit dans le camping-car de la prêtresse et dérobe argent et un gros trousseau de clés.
De son côté Wade vit seule dans sa petite maison, tourmenté par les remords depuis que sa fille Jessie est partie il y a quelques années. Il faut dire que les rapports avec la jeune femme ont toujours été tendus. Son épouse est morte lors de l'accouchement et il n'a jamais sut faire face seul, hésitant entre éducation stricte et permissivité. Et lorsqu'elle a atteint la majorité, elle est partie avec ce maudit Holt à qui Wade voue une haine farouche.
Jessie et son petit garçon Jace sont seuls, Holt n'est pas rentré à leur domicile. Il faut prendre la fuite, car depuis qu'ils détiennent ce fameux trousseau de clés les membres de la secte sont à leur poursuite. Elle pense, tout de suite, à rejoindre son père Wade pour trouver asile, lui qui pourtant ne sait même pas l'existence de son petit-fils.
Lorsque Holt réapparait, évadé après avoir été prisonnier des illuminés geôliers de la secte. Il a surpris une conversation, comme quoi le trousseau ouvre les portes d'un mystérieux lieu dénommé « l'Abîme », qui n'est pas sans rappeler des souvenirs vieux de dix-huit-ans à Wade.
J'ai été bavard, mais ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler l'épilogue, ni le sort de nos héros, se sortiront-ils des griffes de leurs tordus poursuivants ?
Michael Farris Smith nous livre un roman noir, très noir aux couleurs des ciels tourmentés précurseurs d'ouragans. Des chapitres courts, des dialogues épurés, la menace continuelle d'un cataclysme et de ces fanatiques fous furieux conférent à ce roman une atmosphère angoissante qui va crescendo jusqu'à un final palpitant. L'auteur sait jouer sur nos peurs actuelles du dérèglement climatique et dépeint des personnages attachants, cabossés, aux vies rudes et tortueuses dans cette zone géographique qui lui est chère.
Merci aux Editions Gallmeister pour cette belle lecture.
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Premier roman pour ma part de Michael Farris Smith, et il faut reconnaitre que je ne ressors pas déçue de cette lecture, au contraire !
L'immersion est brutale dès les premières pages et j'ai vraiment été happée par le style âpre de l'auteur.
Michael Farris Smith est un auteur dont j'avais déjà lu pas mal de bien et qui mérite bien le détour. En tout cas selon mes critères, car je me dois de reconnaitre que je suis plutôt assez friande de littérature américaine.
Une toile de fond de vents, d'éclairs, de tornades sur fond de dérèglement climatique plus que crédible donne encore plus d'ambiance à ce récit qui ne ménage pas ses personnages.
Des personnages que j'ai trouvé plutôt convaincants, tout en nuances, à part peut-être la gourou, ou plutôt la fausse prophétesse Elser…
J'avoue m'être laissée emportée par cette histoire, même si je mettrais un petit bémol pour la fin qui ne m'a pas tout à fait convaincue. Cela ne m'empêchera pas de vouloir continuer à découvrir l'oeuvre de cet auteur. Et comme j'ai « Nulle part ailleurs « dans ma PAL ….
En conclusion, encore merci à Babelio pour son opération masse Critique ainsi qu'aux éditions Gallmeister pour l'envoi de ce livre.

Challenge Mauvais Genres 2024
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Les personnages écorchés sont attachants. Il y a cette jeune mère, qui pour échapper à une secte, retourne chez son père qui apprend, dans ce fait, qu'il est grand-père. Qui se remet en question car il n'a pas été facile d'élever seul une fillette dont la mère est morte en couche. Il y a le père du petit garçon qui a eu une enfance difficile. Ça se passe en Louisiane avec en toile de fond cet ouragan qui menace les habitants. Je n'ai pas trop compris cette histoire de secte. Merci à Masse Critique et aux éditions Gallmeister. Une belle écriture.
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On peut résumer les histoires et les ambiances de Michael Farris Smith en utilisant les titres de ses romans précédents, ce qui donnera une bonne idée de ce que retrouvera le lecteur dans cette nouvelle histoire pour Sauver cette terre. Un pays des oubliés qui n'ont Nulle par sur la terre où aller, Une pluie sans fin qui s'abat sur eux dans ces noires forêts (Blackwood).

Je n'irai pas jusqu'à dire que l'auteur américain écrit toujours le même livre, mais ses obsessions se retrouvent dans ce nouveau roman, avec La Louisiane et le Mississippi meurtris par des tempêtes et ouragans à répétition, dans une ambiance de fin de monde, de fin d'un monde.

Comme le dit l'auteur dans ses interviews (voir ici sur le blog), il part souvent d'une image imprimée dans sa tête, sans plan préalable. Avec des personnages qui ne trouvent pas (ou plus) leurs places.

Le roman débute, une fois encore, avec une mère et son jeune enfant jetés sur la route, sans rien. On découvrira leur histoire au fil des pages.

Dans une Amérique qui se liquéfie du fait du dérèglement climatique et de l'effondrement du système, où certains n'ont plus que leurs croyances comme espoir, c'est une traque qui se déroule.

Une gourou qui prêche la « bonne » parole, qui profite surtout de la crédulité des esprits perdus, va lancer cette chasse. L'ambiance décrite par la quatrième de couverture pourrait faire penser à un roman fantastique, mais le récit a au contraire les pieds sur terre. le spirituel est dans l'endroit, pas dans les hommes.

L'auteur raconte des histoires ancrées dans la terre, même quand l'environnement se déchaîne. Obligeant les personnages à s'adapter, en mode survivaliste.

L'âme du texte passe à la fois par les protagonistes, emplis de failles et terriblement humains, et par la moiteur de l'environnement. Transpire par eux, cabossés, aux caractères rugueux.

On les retrouve à travers ces endroits de l'Amérique pour lesquels l'écrivain a un lien émotionnel fort. Ce sont ces paysages qui rendent l'ambiance quasi surnaturelle, alors que l'intrigue est du genre réaliste.

Le roman est court, moins de 300 pages, la prose y est brute mais fait émerger une sorte de poésie. La marque de l'auteur.

Il en profite pour égratigner jusqu'au sang les croyances et les manipulations religieuses des êtres en désespérance.

Même si j'ai trouvé la fin trop expéditive, l'auteur sait insuffler de la vie dans ses personnages, courageux à leur manière, il faut dire qu'il ne leur rend pas l'existence facile. Sans le savoir, ils sont tous en quête de rédemption.

Michael Farris Smith confirme son talent à créer des romans noirs, sombres mais terriblement humains. Sauver cette terre, si c'est encore possible ? Ses personnages tentent de trouver une issue, et leurs errances marquent l'esprit du lecteur.
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
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Michael Farris Smith nous a déjà proposé plusieurs romans tendus et sombres mais qui laissent apparaître une terrible beauté dans les luttes de ses personnages pour fuir ou vaincre la cruauté et la violence auxquelles ils sont confrontés.

Il reconstitue, dans son dernier roman, un avenir inquiétant dans lequel des ouragans frappent le Sud des États Unis avec une grande régularité. Ces intempéries violentes ont fait fuir une grande partie de la population, seuls les plus pauvres continuent à subir les ravages climatiques et la désertification de la région.
Les commerces et les entreprises ferment les uns après les autres, et le gouvernement américain a abandonné la région. Pour survivre, certains pillent les maisons abandonnées pour vendre la ferraille.
" Les habitants avaient été nombreux à fuir le Mississippi et la Louisiane en laissant la plupart de leurs possessions derrière eux. Tantôt Wade considérait son activité comme du vol. Tantôt il la considerait comme du recyclage. Il ne manquait jamais de la considérer comme de la survie. "

La fille de Wade apparaît dès le début du roman dans une situation désespérée. Son bébé dans les bras, elle court pour fuir des hommes armés qui recherchent son compagnon.
Holt a en effet dérobé de l'argent et un trousseau de clés alors qu'il était employé par une secte religieuse et les séides de la prédicatrice sont à ses trousses.

L'auteur dénonce ici les escrocs qui exploitent les crises environnementales, tout comme ils avaient profité des crises économiques, en faisant miroiter un monde meilleur.
" Elser, la dirigeante charismatique, qui fumait cigarette sur cigarette, offrait la rédemption aux populations dévastées de la Louisiane et du Mississippi, dans des lieux, presque entièrement désertés par le gouvernement où le nombre d'habitants diminuait chaque jour, cependant la mission venait leur servir des alléluias et des Dieu-soit-loué mijotés dans la poêle de la peur et de la haine. "
C'est sur la crédulité de ceux qui ont tout perdu et qui ont toujours entretenu des relations de dépendance vis à vis de la religion que se construisent les fortunes des prédicateurs.

Pour moi, ce roman de Michael Farris Smith n'est pas le meilleur.
Les retrouvailles difficiles entre Jessie et son père sont certes convaincantes et émouvantes, tout comme le contexte et le cadre sont parfaitement campés. On retrouve ici une narration qui s'attarde auprès de ceux qui souffrent et peinent à exprimer leurs sentiments.

Mais les relations entre Holt et la prédicatrice restent beaucoup trop floues et la fascination réciproque est à peine esquissée jusqu'à finir en impasse.
Le dénouement dans les souterrains, en forme de course-poursuite, est sans doute rédigé avec efficacité mais ne donne que des réponses évasives. Cet "abîme" que l'auteur nous promettait fait un flop et nous laisse dans la perplexité.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
De longues périodes de sécheresse ou des précipitations diluviennes. Les entre-deux étaient rares. Ces conditions extrêmes nuisaient aux cultures, qui étaient soient assoiffées, soient noyées, aussi Wade n'était-il plus nécessaire pour manoeuvrer les gros engins, sauf de manière sporadique, sur des fermes isolées. Les récoltent se raréfièrent , puis les plateformes pétrolières commencèrent à fermer. Incapables de résister à l'assaut permanent des intempéries. Il obtint un maigre solde de tout compte qu'il croyait suffisant pour le maintenir à flot le temps de trouver un autre poste, hélas il ne trouva jamais d'autre poste. Les sociétés retirèrent leurs franchises du Mississipi et de la Louisiane . La population diminua. Les magasins mirent la clé sous la porte. Personne n'embauchait et ceux qui avaient assez d'argent pour investir dans la région n'étaient plus disposés à prétendre que le réchauffement climatique était une fable.
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Le coyote s'approcha encore. Soudain, il leva la tête et scruta la route ; à la lisière de l'obscurité, un moteur grondait. Des phares apparurent, une intrusion mécanique dans le monde sauvage.
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- Le patron nous force à mettre cette chaîne, murmura-t-elle. Je crois qu'il veut nous laver le cerveau.
- Il va y arriver, si tu continues.
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Ainsi, dés son âge le plus tendre, la radicalité lui apparut comme la norme.Si une chose s'obtenait sans risque ni sacrifice, elle ne valait strictement rien.
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– Papa ?
Quelque chose en lui bascula. Un grand chavirement de son âme.
– Papa ?
Quand il voulut répondre, il prit conscience qu’il avait le souffle coupé et revit le pied minuscule de sa fille dans sa paume burinée, les grands yeux bleus émerveillés de sa fille qui agrippait son pouce et, s’il n’avait entendu un vague grondement en provenance de l’orage qui s’éloignait, il aurait lâché le combiné et se serait effondré par terre, mais le tonnerre lui restitua son souffle ainsi que son cerveau, et il parvint à répondre à sa fille.
– Jessie.
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Videos de Michael Farris Smith (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michael Farris Smith
Derniers conseils avant l'autoroute des vacances. Trois romans aux intrigues serrées, aux atmosphères singulières, ancrés dans une région : le Mississippi, la Sardaigne loin des dépliants touristiques, et le quartier de Kensington gangréné par la drogue à Philadelphie. À LIRE "L'île des âmes" de Piergiorgio Pulixi, traduit de l'italien par Anatole Pons-Reumaux, éd. Gallmeister. "Blackwood" de Michael Farris Smith, traduit de l'anglais (États-Unis) par Fabrice Pointeau, éd. Sonatine. "La rivière des disparues" de Liz Moore, traduit de l'anglais (États-Unis) par Alice Seelow, éd. Buchet-Chastel.
UNE ÉMISSION ANIMÉE PAR Michel Abescat Christine Ferniot
RÉALISATION Pierrick Allain François-Xavier Richard
TÉLÉRAMA - Juin 2021
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