«Le génocide est une marée noire, ceux qui ne s'y sont pas noyés sont mazoutés à vie.»
Patienter avant de me plonger dans une lecture plébiscitée par les critiques, aux nombreux prix parce qu'il y a des chances qu'elle me plaise aussi, pour faire durer le plaisir de la découverte, petit moment savoureux et grisant. le livre rejoint très vite ma bibliothèque, en haut de ma PAL (celui-ci depuis sa sortie) et puis j'attends le bon moment...
Il est arrivé, et l'avant a disparu, laissant la place à un après ... comblant toutes mes espérances.
Un coup de coeur, oui, parce que votre livre, Gaël Faye, est un petit bijou de délicatesse, de justesse, parce que vous abordez le dernier génocide du siècle dernier avec une telle humanité, à travers les yeux de l'enfance, de l'innocence et parce que cette histoire, en partie la vôtre je suppose, m'a émue. Elle laisse des traces indélébiles, à l'image de celles que la violence de la guerre ne pourra jamais effacer, celles que vous évoquez avec tant de force dans votre livre, vectrices de tant de souffrances, saccageant corps et âmes.
Vous racontez, sous les traits de ce jeune garçon de dix ans, Gabriel, le bonheur innocent d'une enfance joyeuse, la bande de potes, les passe-temps, les petits défis, leur petit trafic de mangues ... et puis, L Histoire, qui va rattraper ces enfants et les faire grandir bien trop vite.
La douceur sucrée que vous avez su distiller avec merveille et que l'on savoure lentement, laisse alors sa place à la violence...et quand ce "petit" pays devient un piège mortel, que le dernier verrou a sauté, la fuite, quand elle fût possible, se révéla être la seule issue...
Votre écriture est belle, poétique, et je referme ce livre, convaincue qu'il m'accompagnera longtemps, très longtemps; et une question, naïve, qui me taraude : pourquoi ? Pourquoi ? Trois mois de massacres avant que l'opération Turquoise française ne soit lancée...Trois mois ! J'ai honte ... le gouvernement français a eu sa part de responsabilités, les Nations Unis aussi, en prenant la décision de réduire les effectifs militaires à leur minimum sur le territoire rwandais et ainsi quasiment anéantir les possibilités de secours humanitaires, et tant d'autres encore ...Putain de monde !
Bravo Mr Faye, bravo et merci pour cet émouvant témoignage !
«On ne doit pas douter de la beauté des choses, même sous un ciel tortionnaire. Si tu n'es pas étonné par le chant du coq ou par la lumière au-dessus des crêtes, si tu ne crois pas en la bonté de ton âme, alors tu ne te bats plus, et c'est comme si tu étais déjà mort.»
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