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Voilà un titre laconique qui recouvre pourtant un roman haletant, à la limite de l'essai, du thriller aussi.La plupart des événements racontés partent de faits divers authentiques, et le roman explique ce qui les relient.
Dans les années 60-70, disparaissent, d'abord un militaire dans la zone démilitarisée entre les deux Corées, puis , au Japon des jeunes femmes en particulier .
Un accident d'avion de la Coréan Air en 1987 , plutôt un attentat, va mettre au jour une ahurissante découverte et expliquer ces multiples disparitions:La Corée du Nord est coupable de ces exactions;elle voulait initier et ce dans les moindres détails, ses propres ressortissants aux modes de vie des « évaporés » afin d'en faire d ' indétectables espions.
E; Faye raconte donc ces nouvelles identités, ces pertes de repères , et l'énorme chape de plomb qu'est la Corée du Nord.
Il ne faut pas se disperser pour lire ce livre certes passionnant, , mais les noms japonais inhabituels pour nous, transformés en coréen, demandent une réelle attention.
Sinon aucun moment d'ennui, le suspense est à toutes les pages.
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Éric Faye est un auteur que j'avais déjà découvert il y a quelques années avec son livre intitulé Nagasaki. Ce dernier m'a laissée une forte impression et il m'arrive encore fréquemment d'y repenser, même si je ne me rappelle plus de tous les détails. Quand ma grand-mère m'a dit avoir acheté son nouveau livre – oui, ma grand-mère et moi adorons parler de livres ❤ -, je n'ai pas pu m'empêcher de le lui emprunter !

Avec Éclipses japonaises, Éric Faye donne une voix aux « cachés par les dieux », ces personnes ayant été enlevées dans les années 1970-1980 par des Nord-Coréens afin de former de futurs espions du Régime. On suit principalement tout au long du récit deux Japonaises, Naoko Tabane, kidnappée à 13 ans, et Setsuko Okada. Mais nous découvrons également le récit du GI américain Jim Selkirk, de l'archéologue Shigaru Hayashi et de l'espionne nord-coréenne Chai Sae-Jin. A travers plusieurs points de vue, on parcourt ainsi plus de 30 ans de la vie de ces personnes qui n'ont pu décider eux-mêmes de leur destinée.

Face à leurs histoires, on assiste non seulement à un arrachement géographique mais également identitaire. Les kidnappés sont en effet forcés d'apprendre le coréen, de réciter par coeur la doctrine du dictateur Kim Il-sung, de donner des cours de langue et de savoir-vivre pour que les futurs espions nord-coréens puissent se faire passer pour de vrais Japonais/Américains. Ils sont également obligés de se marier avec des inconnus, d'apparaître sans consentement dans des films, de se faire porter disparus ou même de se laisser tuer par le Parti. Dans cette espèce de huis-clos, il est impossible de s'enfuir ou d'affirmer sa personnalité. Nos deux amies japonaises n'oseront jamais évoquer l'incident qui les a fait venir en Corée du Nord. Quand elles se rencontreront dans la rue, elles ne s'échangeront que des conversations formelles, de peur d'être sous écoute. Quand elles auront des enfants, ceux-ci ignoreront tout de la vie de leur mère, croyant être des Nord-Coréens de souche. Si tout cela parait bien gris, choquant et malheureux, des petits moments de bonheur se glisseront tout de même ici et là, offrant à la Corée du Nord une place importante dans leur coeur.

Bien qu'un fil rouge relie toutes les histoires, le récit apparaît plutôt de manière déconstruite. le récit commence par exemple avec la capture de l'espionne Chai Sae-Jin qui, lors de son interrogation, évoquera sa professeur de japonais, Naoko. On fera donc un retour dans le temps pour découvrir l'histoire de cette collégienne enlevée alors qu'elle rentrait de son club de badminton. Lorsque celle-ci évoquera son ami Setsuko, le chapitre suivant abordera le point de vue de cette dernière. Nous passerons ainsi de suite à chaque protagoniste jusqu'à remonter à la piste découverte par un journaliste japonais qui révélera au monde ces fantômes oubliés de la société. Plus qu'une chronologie temporelle, on assiste dans Éclipses japonaises à une sorte de chronologie relationnelle, passant d'un personnage évoqué à un autre. Si cela peut paraître quelque peu perturbant au premier abord, j'ai finalement beaucoup aimé cette manière de faire si peu répandue.

Outre cette caractéristique narrative, l'autre aspect primordial de ce roman est évidemment le fait qu'il soit basé sur des faits réels. Éric Faye a décidé dans son livre de partager au grand public l'histoire si peu connue de ces gens. Pour ce faire, il s'est documenté à l'aide de plusieurs livres, documentaires, films, tous listés en fin d'ouvrage. Il a également rencontré le GI américain qui a servi de base au personnage de Jim Selkirk. Malgré cela, Éclipses japonaises demeure un livre de fiction puisque l'auteur a par exemple imaginé le déroulement des scènes d'enlèvement ou encore les émotions des divers protagonistes. Cette caractéristique majeure du roman en fait un livre particulièrement poignant. J'ai grandement été bouleversée par ce que j'ai appris entre ces lignes, puisque j'ignorais tout de ces événements. Grande passionnée d'Histoire, j'ai pu découvrir grâce à ce roman une nouvelle facette de l'histoire du Japon – pays qui me passionne – et de la Corée – à laquelle je commence à m'intéresser de plus en plus.

A cela s'ajoute encore le style de l'auteur d'une grande sobriété. Ni excès ni effusion de sentiments ne sont de mise dans ce roman intimiste. Tout au long du récit, on ressent une grande réserve venant de la part des différents personnages. S'ils nous confient leur histoire, cela se fait toujours avec une certaine timidité, comme s'ils avaient encore peur que quelqu'un les écoute. On se prend rapidement d'affection pour eux, on se sent triste de la situation dans laquelle ils se trouvent et on aimerait tellement être en mesure de les aider. Avec son style simple, l'auteur ne nous impose aucune émotion forcée et nous laisse ressentir ce que notre coeur nous dicte.

J'ai été séduite par Éclipses japonaises du début à la fin, ressentant avec une grande intensité les divers événements qui se sont déroulés au fil des pages. L'intime témoignage de ces personnes me laissera une trace immuable, tels le roman Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka. Je ne pourrais plus jamais oublier que de tels faits ont eu lieu et sont encore peut-être d'actualité de nos jours. Si Nagasaki m'avait particulièrement marquée pour son ambiance, je retiendrais ici le style et la narration si humaine et intime d'Éric Faye. Ce roman fut une magnifique découverte de ce début d'année 2017 !
Lien : https://livraisonslitteraire..
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Prix du Jury Cultura dont j'ai eu le privilège de faire partie, qui a obtenu l'unanimité, à un vote .
Pas mon premier choix, cependant un pan d'une réalité inconnue, en cette guerre froide de la Corée du Nord et du Japon.
Un livre très documenté, fort bien écrit, mais se rapprochant du récit journalistique, malgré les recherches de l'auteur, excellentes, et qui emportent pour les émotions des victimes....Imaginaires ou réellles....La petite fille qui n'embrasse pas sa mère, suite à une querelle....Je ne sais pas....
Ceci dit, si on n'avait pas minimiser ces faits....que serait-il arriver et là..le livre vous permet de réfléchir, ou de chercher plus loin que l'auteur vous a mis la puce à l'oreille.
Et là j'aime, ces livres qui vous donnent une démarche de recherche....
Bravo !
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Quelle histoire incroyable que l'on apprend grâce à Eric Faye ! Première partie : pose des fondations. Des scénettes de disparitions au Japon. Deuxième partie : Nous retrouvons les disparus en Corée du Nord et le pourquoi dans leurs vies quotidiennes (intéressant). Troisième partie : J'ai décroché avec des paragraphes où je me suis demandé si c'était bien le même livre, ce qui m'a fait perdre le fil à replacer les personnages. J'aurai aimé qu'il y en ait moins mais qu'ils soient plus fouillés.
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C'est un roman fascinant basé sur des faits réels mais que je pensais moins nombreux. On est emporté par ce récit à l'écriture brillante rendu très vivant par l'utilisation du présent. Il fait un peu penser au roman " les évaporés" de Thomas Reverdy sinon que les Japonais qui s'évaporent ne le font pas dans "Éclipses japonaises", de leur plein gré. C'est par hasard, sans s'y attendre, qu'ils sont arrachés à leur quotidien et envoyé dans un univers inconnu, celui de la Corée du nord. Ce roman nous offre le suspense d'un policier et nous plonge dans la psychologie des personnages, leurs émotions, leur monde intérieur bouleversé. Mais il faut continuer de vivre en tentant d'oublier le passé, le pays natal, pour s'adapter à une autre vie, à une tâche qu'au début, ils ne comprennent pas. Un Américain est également déplacé dans ce pays redouté, toutefois, lui, a choisi de s'y rendre afin d'éviter de participer à la guerre du Vietnam. Il épouse une jeune Japonaise : ils ont deux enfants qui ignorent tout de leurs origines et du passé de leurs parents . Dans ce roman apparaît également une jeune Coréenne du nord, élève modèle, sérieuse et douée qui renonce à son avenir de femme pour servir l'état et devenir espionne. Ces destins s'entrecroisent, tous sont scindés en deux identités dont une n'est ni d'origine, ni choisie. Et pourtant, ils parviennent à vivre.
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Des années 60 au début des années 80, des dizaines et dizaines de personnes de tous milieux et niveaux sociaux, disparaissent au large des côtes japonaises et coréennes. Tels les fameux « évaporés », ces êtres qui, du jour au lendemain s'effacent de la circulation, des jeunes hommes et femmes se volatilisent, se dissolvent dans les brumes d'un empire du soleil levant perdu aux confins d'une junte nord-coréenne.


Ainsi dès 1966, un GI en mission dans la zone démilitarisée entre La Corée du Nord et du Sud, s'évapore lors d'une patrouille. A la fin des années 70, une collégienne qui revenait de son cours de badminton, une jeune femme et sa mère qui voulaient manger une glace, un archéologue qui terminait tout juste sa thèse et s'apprêtait à la poster, sont kidnappés par des hommes et jetés au fond d'une cale d'un bateau en partance vers le large, vers la Corée du Nord.
Ils ne reverront, que pour certains, leurs terres natales que vingt ou trente ans plus tard lorsqu'un, journaliste mettra à jour une relation entre l'explosion en plein vol d'un avion de la Korean Air et un prénom qui revient en boucle, un prénom finissant par « ko ». Qui est cette femme qui revient sans cesse dans la bouche de cette terroriste arrêtée ? Quelle est son action ? D'où vient-elle ? Quel est son pouvoir ? Et pourquoi n'arrive-ton pas à retrouver sa trace ?

La suite : http://lecarrejaune.canalblog.com/archives/2016/09/20/34344747.html

Lien : http://lecarrejaune.canalblo..
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« Les histoires comme celles-ci sont pareilles au Nil, elles n'ont pas un commencement. Elles en ont une myriade. Et toutes ces sources engendrent des rus qui se jettent, l'un après l'autre, dans le cours principal du récit -le grand fleuve ».



C'est ainsi qu'Eric Faye nous emmène dans les années soixante en Asie, au plus fort des tensions entre les deux Corées et le Japon. La grande histoire, celle des relations internationales exacerbées que connaissait cette zone du monde pendant la guerre froide, est aussi faite du tissage des destins de tant d'anonymes qui se sont vus dérober leur vie : dépossédés de leur libre arbitre, privés à tout jamais de leur famille. Ces « Eclipses japonaises », ce sont ces Japonais disparus, « évaporés », car enlevés sans qu'aucune trace ne permette jamais à leurs proches de comprendre ce qu'il s'est passé, ni de faire le deuil.

C'est le cas de Naoko, une jeune japonaise enlevée à l'âge de treize ans, propulsée dans l'univers glacial du totalitarisme nord-coréen et qui devra apprendre le coréen avant de se voir assigner la tâche d'enseigner un japonais parfait, verbal et non-verbal, jusqu'aux comptines enfantines, à des futurs espions de Corée du Nord.

Naoko croisera une autre japonaise, Setsuko, de quelques années plus âgée, enlevée en même temps que sa mère dont elle est sans nouvelles, à qui elle devra également enseigner le coréen. Et puis, il y a ce soldat américain, le caporal Selkirk, qui surveille la ligne d'armistice depuis un poste d'observation Sud-coréen, et dont l'angoisse grandit face aux rumeurs concernant l'envoi probable de sa compagnie au Vietnam.

Enfin, parce que les victimes sont aussi à l'intérieur, Sae-Jin, « Perle de l'univers », jeune nord-coréenne, étudiante brillante parlant un excellent japonais, est enrôlée pour servir son pays, en devenant agent secret et, au gré des missions qui lui seront imposées, rien moins que terroriste.

Les faits sont romancés mais historiques. Derrière une couverture et un titre énigmatique, Eric Faye nous propose une enquête sur les traces de ces oubliés de l'histoire dont on commence à parler depuis quelques années. Mais il s'agit bien d'un roman, qui allie à une belle écriture toute en retenue, l'expression d'une empathie envers ses personnages. L'auteur ne se contente pas de révéler les faits, il explore les sentiments qu'éprouvent ces « eclipsés » tout au long de leur vie, les difficultés qu'ils ont eu à s'habituer à la vie qui leur a été imposée, mais aussi celles qu'ils éprouveront, pour certains, à retrouver ou découvrir un jour leurs origines.

Une lecture passionnante qui donne envie d'en savoir plus sur cette période de l'histoire et cette partie du monde, mais aussi un roman émouvant, à ne pas manquer !


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Eclipses japonaises, Eric Faye, Seuil, roman
Les éclipses, ce sont les volatilisations, les évaporations de personnes enlevées durant les années 60 et 70 par la Corée du Nord. Les éclipses ne sont pas toutes japonaises, elles sont américaines, philippines, libanaises. roumaines. Personnellement, l'information ne m'était pas parvenue, ou je l'avais complètement occultée. Eric Faye, de "sa" villa Kujoyama à Kyoto, a mené de sérieuses recherches sur les cas de disparition, et en avive le souvenir dans ce roman.
Pourquoi donc un roman? En effet, tout est vrai. La Corée rouge apparaît telle qu'elle est. E. Faye a même interviewé la personne qui deviendra le G.I. américain retenu par l'ennemi pendant 38 ans. Bien sûr, les noms des personnes réelles ont été changées. Mais surtout, le romancier prête des sentiments, un caractère, un tempérament, des traits physiques aux personnages qu'il a choisis de faire entrer dans son livre, et relie leur histoire. Tous rencontrent un jour un des personnages. La construction du roman appartient à la fantaisie et à la volonté de l'auteur. E. Faye ménage des suspenses, et l'on se plairait à voir L Histoire changer de cours. le style est précis, concis, rapide. Ce qui importera est souligné légèrement. Au lecteur d'être attentif. Après tout, lui aussi suit l'enquête.
En exergue, Faye a mis le vers fameux de Dante: Toi qui entres ici, abandonne toute espérance. Mais aussi la parole d'une "enlevée": Alors comment ai-je fait pour vivre? J'ai simplement abandonné tout espoir. Comme si le quotidien d'un particulier, à qui le hasard avait chambardé sa ligne de vie, rencontrait la pensée d'un grand poète. Et pourtant, ce qui tient les personnages, c'est l'espoir du retour. le G.I. supporte d'être brutalisé par son compatriote. La jeune Naoko aimerait bien insérer une incongruité dans son enseignement du japonais, mais elle espère rentrer chez elle. "On peut obtenir n'importe quoi d'un être humain qui espère." Les parents des disparus espèrent aussi. Bien que les victimes aient peur des représailles, elles n'hésitent pas à faire parvenir des messages laissant entendre qu'elles ont été enlevées par des yakuzas.
E. Faye commence son récit en énumérant un certain nombre de victimes, disparues en des lieux différents, la zone démilitarisée entre les deux Corées, divers points du Japon. Il en dit un peu au sujet de son premier personnage, puis crée une attente. Il fait grandir une future espionne coréenne en parallèle des disparitions. Autre espèce d'enlevés, les enlevés pour l'Etat.
Mais pourquoi la Corée du Nord fait-elle disparaître des personnes? Des personnes jeunes, parce que les vieilles n'apprennent plus facilement. Pour qu'elles apprennent le japonais ou une autre langue aux espions coréens, pour qu'elles jouent dans des films de propagande, pour que les personnes enlevées créent des familles "coréennes". La Corée du Nord, on en a entendu parler, c'est une dictature qui tyrannise un pays gisant dans la misère. Elle fait régner la peur: sans doute, il y a des mouchards dans la pièce, les enfants répètent les conversations des parents, les Japonais et les Américains sont déclarés ennemis du pays, et pour cela, ne peuvent parler leur langue, il faut apprendre par coeur la doctrine du pays, le djouché, les sujets sont soumis à des séances d'autocritique, elle surveille ses "enlevés" qui ne peuvent séjourner près de la mer, et ses espions, pour qui l'amour de la patrie doit être plus fort que n'importe quel autre sentiment. Elle est pauvre, aliments et produits manquent dans les magasins, des vols ont lieu, l'électricité est coupée. Elle distille sa propagande mensongère, ne fait entendre que des airs martiaux, interdit postes et télévisions; rien ne sort du pays. Cette propagande constitue son point faible: les espions peuvent voir qu'ailleurs c'est différent, le sergent américain à qui on fait écouter des messages-radio entend du jazz, de la pop. "Il faisait bon vivre au Sud" se dit un espion coréen. Car le continent asiatique est dynamique et émerge de la misère. Si l'espionne, qui a placé la bombe dans l'avion de la Korean Air, avoue qui elle est, c'est parce qu'on lui a menti.
Un décor réel est planté. Des personnages y évoluent dans des espaces très réduits et surveillés, réfléchissent, nourrissent des sentiments. La doctrine ne leur enlève ni la sensibilité ni la liberté de penser. le personnage le plus touchant est sans doute celui de la jeune adolescente, avec qui le livre commence et finit, âgée de 13 ans, qui s'est fâchée avec sa mère le jour de la disparition, et qui ne reviendra pas de son exil, sans qu'on sache véritablement ce qu'il est advenu d'elle. Mais elle laisse une fille, son portrait caché, et c'est comme si elle vivait encore à travers elle. de même, la fille aînée de la famille néo-coréenne, qui a choisi le métier de sa mère, va pouvoir mener une vie normale et heureuse au Japon. L'amour est plus fort que le poids d'un pays terrible et hypocrite.
Ce livre se distribue en trois parties: la première dévoile la stratégie coréenne; comment elle recrute et forme des espions; comment l'espion apprend à être japonais, comment de tous jeunes êtres sont enlevés à leur vie, à eux-mêmes. La deuxième parle des autres enlèvements et effleure l'ironie du hasard, comment l'envie d'une glace conduit au désastre, celle d'aller à pied mène à la mort dans un pays qui avait d'abord fasciné et qui était celui des ancêtres. La troisième s'attarde ironiquement sur la circulation et la quantité des informations. Sur la façon dont les services d'espionnage japonais décryptent tout signe insolite, et sur le remords d'un journaliste qui n'a pas assez pris garde à la courtoisie des ravisseurs, et qui dans un port apprend que le bateau a une issue secrète par laquelle sortent de petits canots prompts à la fuite en cas d'arraisonnement. En conséquence, et parce que tout près de la retraite, il fait tout pour retrouver les parents des disparus. La communication confond le silence. Mais si les enlevés sont rendus à leur pays, c'est aussi parce que la Corée démocratique et populaire connaît une sévère crise économique.
C'est un récit empli d'informations sur des faits assez récents. Et captivant parce que le lecteur veut savoir ce qui arrive aux personnages. On retiendra aussi qu'il nous appartient d'être vigilant, pour éviter que de telles choses arrivent; en effet les Japonais n'ont-ils pas détourné le regard? Les Russes ne se sont-ils pas débarrassés de ces Américains encombrants? le journaliste se repent d'avoir été négligent_ et d'une mémoire exercée.
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Dans ce roman, Eric Faye met à jour un épisode méconnu de la Corée du Nord: l'enlèvement de japonais pour en faire des espions, voire des terroristes puisque l'une des disparues sera à l'origine de l'explosion d'un avion de la Korean Air en plein vol. Et il faut bien avouer que c'est vraiment un épisode étonnant qui ne peut laisser indifférent, qu'on se retrouve dans la peau du GI américain ou dans celle de la collégienne. A ce titre, je ne regrette pas cette lecture mais il m'a semblé que le récit restait un peu trop froid et clinique alors qu'il y avait matière à faire un roman plus dense et chaleureux.
Lien : http://parenthesedecaractere..
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L'auteur l'avoue dès les premières pages : il est difficile de s'emparer de cette folle histoire.
Des japonais ordinaires enlevés par le régime nord-coréen... avec pour objectif de former des espions - et des tueurs - qui pourront se faire passer pour de parfaits nippons. Voilà comment Naoko s'est retrouvée à enseigner des émissions de télé pour enfants à de futurs agents de la plus grande dictature au monde. Scène surréaliste, parmi tant d'autres, de cet incroyable roman.
Incroyable et pourtant largement inspiré d'histoires authentiques. Des histoires de détentions forcées que même les démocraties ont du mal à reconnaître. Un aspect traité dans une dernière partie un peu moins prenante. Il faut dire que la première m'avait emmené très loin dans la folie des hommes...
Un roman contemporain qui donne à lire le monde. En montrant à quel point les individus sont peu de chose face à l'impératif de maintien de la paix avec la confondante Corée du Nord.
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