AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,89

sur 305 notes
5
27 avis
4
36 avis
3
12 avis
2
3 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Enlevés sur les côtes japonaises, kidnappés pour servir la cause d'un pays paranoïaque, rééduqués intellectuellement… Pour certains, la parenthèse désenchantée se traduit en décennies d'embrigadement.

Je referme ce livre assez perturbée, sidérée du contexte géopolitique qu' Eric Faye transpose en un roman en forme d'enquête d'investigation, attachant, addictif et fort documenté.
Je ne connaissais pas le sort de ces évaporés, ces "éclipses", enjeux dans une guerre d'espionnage entre la Corée du Nord et le reste du monde. J'ai lu avec des pauses internet pour parfaire le sujet. C'est une plongée dans un univers complètement ubuesque, où l'individu est transformé en objet à des fins politiques ou stratégiques.

En creux du "fait-divers" épouvantable, se glisse une réflexion sur la capacité de résilience des individus, leur faculté troublante d'adaptation quand les années passent et que la vie personnelle reprend ses droits (mariage, enfants, travail), et le décalage énorme du retour dans une société maternelle devenue à son tour étrangère.

Des évaporés, déracinés au départ comme à la fin d'une vie en no man's land.

Incroyable lecture...
Commenter  J’apprécie          780
Un roman qui m'a donné froid dans le dos… à la découverte de tranches de vies en Corée du Nord dans les années 1960-70 jusqu'au début des années 2000.

Je connaissais les « évaporés » du Japon, ces personnes qui disparaissent irrémédiablement, souvent volontairement, pour refaire une vie ailleurs. Je ne savais rien des « éclipsés » à qui la situation est totalement imposée sans autre choix que d'y consentir bon gré mal gré sinon de mourir. Un sort terrible, une vie de plusieurs décennies volée. Et quand ils peuvent revenir dans leur pays d'origine, c'est au prix d'une immense culpabilité : comment ont-ils pu malgré tout se laisser aller à avoir des moments heureux ? comment vont-ils expliquer cela à leurs proches à qui ils ont tant manqué sans aucune explication de leur départ ?
Mais surtout je suis révoltée (hélas pas surprise !) qu'un état quel qu'il soit se permette d'utiliser ainsi des personnes prélevées ici et là contre leur volonté, de les enfermer dans une vie de servitude avec un bourrage de crâne hors du commun ! Et lorsque les autres pays suspectent quelque chose, les relations diplomatiques empêchent bien des sauvetages.
Ce roman est superbement écrit et permet de comprendre les tenants et aboutissants de toutes ces histoires qui se rejoignent. Roman traitant d'enjeux politiques mais aussi tout simplement d'humanité et de survie.
Commenter  J’apprécie          330
Dans « Éclipses japonaises » Éric Faye nous fait le récit de femmes et d'hommes japonais kidnappés par la Corée du Nord. Sous ce régime totalitaire, autoritaire et complètement paranoïaque, ces japonais vont former des agents secrets nord-coréens à devenir totalement japonais. En leur enseignant la langue, les coutumes et les traditions du pays, ils devront leur procurer une véritable identité japonaise afin qu'ils puissent ensuite infiltrer au mieux le Japon. Ces personnes se sont évaporées pendant plus de trente ans sans que personne ne sache jamais ce qu'elles sont devenues. Elles sont d'ailleurs surnommées par les japonais les « cachés par les dieux ».

Nous voilà face à un grand roman d'espionnage ! Oui sauf qu'ici Eric FAYE écrit son livre à partir de faits réels ! En effet, durant les années 70-80, au Japon et aux Etats-Unis un certain nombre de personnes ont en effet disparu soudainement.

Par le biais de la fiction et à travers un roman passionnant et captivant, l'auteur nous fait découvrir le destin incroyable et sidérant de ces disparus. Extrêmement bien documenté, avec une écriture simple, le roman nous plonge au coeur du régime nord-coréen ! Nous souffrons avec ces disparus qui ne comprennent rien à ce qu'il leur arrive (certains d'entre eux sont de très jeunes adolescentes) et très vite la triste réalité historique se confond avec la fiction.

J'avoue être restée totalement abasourdie par ces histoires individuelles dont, en ce qui me concerne, je n'avais jamais entendu parler (aucune mention de tout cela dans les livres d'histoire).

Le livre terminé, la seule pensée qui nous vient : qu'il est bon de vivre dans un pays démocratique !
Commenter  J’apprécie          323
J'avais lu il y a quelques années une enquête de L. Mauger et S. Remael intitulée Les Évaporés du Japon ainsi qu'un roman de T B. Reverdy Les Evaporés qui parlaient de ces hommes (90 000 par an, ce n'est pas rien !) qui disparaissaient volontairement pour fuir une société trop stressante, un endettement, une perte d'emploi, un échec à un examen ou une famille dans laquelle ils ne trouvaient plus leur place. Ils se fondaient dans la multitude des mégalopoles. Certains se suicidaient, d'autres refaisaient leur vie. On les retrouvait parfois. Souvent, on ne les revoyait jamais.
Cependant, pour certaines familles s'ajoutait la crainte d'un enlèvement par la Corée du Nord, fait assez fréquent dans les années 1970-1980.
J'en étais restée là. Je me souviens que ce phénomène de société, ces gens qui décidaient de plier bagage et de tout quitter volontairement, en une nuit, m'avait fascinée.
Ce que j'ai découvert dans le livre d'Éric Faye m'a tout autant passionnée : en effet, l'auteur raconte précisément la vie d'hommes et de femmes enlevés par la Corée du Nord pour former des espions nord-coréens en leur apprenant la langue japonaise et les coutumes du pays.
On les appelle en japonais les « cachés par les dieux ou kamikakushi ».
Le roman d'Eric Faye, extrêmement bien documenté et très proche de la réalité historique, modifie les noms, bien sûr, mais finalement et sans doute grâce à la fiction, permet d'approcher au plus près des sentiments de celles et ceux qui ont été arrachés à leur famille, à leur pays, à leurs racines pendant plusieurs dizaines d'années et transplantés ailleurs, devenant par là-même étrangers aux leurs et à leur propre culture.
Naoko Tabane, collégienne de treize ans, rentre de son cours de badminton. Nous sommes en décembre 1977 à Niigata. Elle sera enlevée. En Corée du Nord, elle s'appellera Hyo-sonn et apprendra d'abord la langue de ce pays étranger. A son tour, elle devra enseigner le coréen à une japonaise, elle aussi enlevée. Les échanges des deux jeunes femmes sont étroitement surveillés. Elles doivent apprendre ensuite « la philosophie » du pays, le « Djoutché » (Juche), doctrine officielle développée par Kim Il-sung. Puis, une mission sera confiée à Naoko : face à des Coréens connaissant parfaitement le japonais, elle devra « parler de sa petite enfance », leur apprendre des berceuses, leur raconter les émissions de télévision qu'elle regardait enfant.
La jeune fille ne comprend pas tout de suite le but de sa mission. « Ils buvaient son enfance » pense-t-elle en voyant ces jeunes adultes pendus à ses lèvres. Mais soudain, elle prend conscience d'une chose terrible, à savoir « qu'elle était peut-être en train d'apprendre des comptines à des tueurs ».
Le but de tout cela ? Faire de ses auditeurs coréens de parfaits Japonais, dans leurs moindres gestes, leurs moindres mimiques afin qu'ils deviennent des espions modèles et qu'un oeil averti soit incapable de soupçonner leur origine.
« À force de parler, Naoko Tanabe avait la sensation de se vider de sa langue maternelle comme de son enfance », elle « s'écoulait en eux… », « quand ses élèves seraient devenus des Naoko Tanabe, elle-même aurait tari. C'en serait fini d'elle. »
La prose magnifique d'Eric Faye peint avec finesse et justesse une jeune femme qui se meurt, que l'on tue à petit feu. Sa souffrance paraît insondable.
Il y aura aussi Setsuko Okada, future infirmière, qui sera enlevée le quinze août 1978 sur l'île de Sado, avec sa mère. Plus tôt, c'est Jim Selkirk, le GI américain, qui disparaîtra le 17 février 1966 pour ne réapparaître que trente-huit ans plus tard…
Et ces destins vont se mêler, se fondre, se croiser sans que les protagonistes ne puissent se parler vraiment, échanger, dire ce qu'ils ont sur le coeur. Ces gens vont vivre une vie qui n'est pas vraiment la leur, auront des enfants, nés en Corée du Nord, parlant le coréen du Nord, des enfants qui seront un peu étrangers à leurs parents, des enfants à qui on ne pourra pas dire la vérité, qui auront peur du Japon, présenté à l'école comme le pays du diable…
Quand on dit que la réalité dépasse parfois la fiction…
Fascinant dans son propos mais aussi dans sa forme, ce roman est construit comme un puzzle, restituant par là même une réalité géopolitique complexe. Petit à petit, le lecteur reconstitue, à travers les différents points de vue sur les événements, une Histoire, des histoires à peines croyables et hélas, encore d'actualité !
Une oeuvre centrée sur un double mouvement vertigineux d'hommes et de femmes qui perdent leur identité : des Japonais devenant bien malgré eux insensiblement Coréens, et d' autres faisant le trajet inverse, tout aussi peu volontaires, contrairement à ce qu'on pourrait penser. (On ne choisit pas nécessairement d'être espion !)
Un roman extraordinaire, extrêmement bien documenté, au suspense digne des plus grands romans d'espionnage, qui met en scène des personnages dont la tragédie nous émeut, des êtres exilés sur la planète rouge et qui ont trouvé malgré tout en eux la force incroyable de vivre et d'aimer…
Un grand cru de la rentrée littéraire 2016…

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          292
J'ai refermé Éclipses japonaises en état de sidération. C'est par hasard que j'ai pris dans une cabane à livres ce roman dont je n'avais pas entendu parler, écrit par un auteur - Eric Faye - que je ne connaissais pas. Je remercie la personne qui a déposé ce livre et fut ainsi à l'origine de ma découverte.
Découverte tout d'abord d'une de ces tragédies de l'Histoire contemporaine qui ont parsemé les années d'après la seconde guerre mondiale. Découverte ensuite d'un auteur à l'écriture subtile et imagée.
La construction littéraire m'a fascinée. C'est comme écouter une symphonie. Chacune de ces histoires débute sur un point de rupture, suivi d'une action violente qui propulse les protagonistes dans un univers cauchemardesque et pourtant bien réel où sans tortures physiques, leur esprit est laminé, leur vie confisquée, leur avenir obéré. Tout ce qui faisait d'eux des êtres humains autonomes, qui avaient des soucis, des souhaits, des projets qui leur étaient propres, tout ce qui faisait leur identité propre, est broyé jusqu'à ce qu'ils deviennent des marionnettes aux mains d'un gouvernement totalitaire.
Ceci peut ressembler à une dystopie. le récit est pourtant basé sur des faits réels.
Durant trente ans, ces personnes enlevées, les "évaporés" comme on les appelle au Japon, vont vivre en Corée du Nord, obéir aux ordres, tenter de s'adapter, disparaître complètement pour certains, revenir au Japon pour d'autres, en 2000. Mais comment revenir chez soi après une telle expérience, après avoir planté des racines dans un pays si proche et pourtant isolé, figé dans sa bulle temporelle.
Éclipses japonaises, un nom qui paraît tomber du ciel, mais qui s'ancre ici dans son origine grecque, disparition.
Commenter  J’apprécie          214
De la fin des années 70 au début des années 80, le gouvernement nord-coréen organisa le rapt de nombreux ressortissants étrangers, dont une majorité de japonais, enlevés près de chez eux sur la côte. Eric Faye en fait le thème d'"Éclipses japonaises", un roman captivant, au style simple, dont il mène l'intrigue avec beaucoup de finesse. le lecteur y suit le sort, les états d'âme et la vie quotidienne de cinq personnages centraux dont les trajectoires se croisent. 
L'auteur donne à cet épisode sordide de la lutte que se livrent le Japon et la Corée du Nord, une dimension tangible qui rend ces faits, qu'on n'ose pas qualifier de "divers", humains, cruellement humains. L'amour, la haine, la mort, le cynisme, la géopolitique et la raison d'Etat s'y mêlent tragiquement. 
Commenter  J’apprécie          180
Au Japon, des femmes, des hommes, jeunes pour la plupart, disparaissent dans une région en bord de mer. Malgré des enquêtes de la police, nulle trace ne peut être trouvée. Mais alors, quel liens entre Naoko Tabane, une collégienne de treize ans qui disparait en 1977, Setsuko Okada, qui disparait avec sa mère en 1978 sur l'île de Sado, et avec Jim Selkirk, un GI américain qui disparait à côté de la DMZ entre les deux Corées.
Pour chacun d'entre eux, la vie change brusquement lorsqu'ils sont brutalement enlevés, jetés dans un sac, puis sur un bateau,. Ils se retrouvent dans un pays inconnu dont ils devront accepter les règles, apprendre la langue, puis former de jeunes coréens à leur langue, leurs coutumes, afin d'en faire de parfaits japonais, ou américains, futur espions qui iront se fondre dans une population qui nous pourra pas soupçonner leur origine.
L'écriture superbe d'Éric Faye, à la fois fine et parfaitement dosée, avec une grande justesse dans les descriptions des sentiments divers de ces jeunes, nous emporte dans leurs têtes, nous fait comprendre les souffrances, les atermoiements, les doutes, et aussi les espoirs, tout au long de ces longues années loin de chez eux ou chez elles. « Eclipses japonaises » est un roman étonnant, prenant, qui fait passer sous une forme romanesque une vérité et des faits historiques à la fois déconcertants et glaçants d'inhumanité. Car l'auteur dévoile une réalité politique et économique complexe et sombre, particulièrement bien documentée.
chronique complète ici https://domiclire.wordpress.com/2017/12/29/eclipses-japonaises-eric-faye/

Lien : https://domiclire.wordpress...
Commenter  J’apprécie          140
Si « Éclipses Japonaises » est bien une fiction, elle s'appuie sur des événements bien réels que sont les enlèvements de jeunes japonais par les coréens du nord dans la fin des années 70.
Des japonais arrachés à leurs quotidien pour aller enseigner leur langue et leur culture à de futurs espions nord coréens.
Ce roman est très rythmé. Il donne à entendre tour à tour la parole de ces victimes, mais aussi celle des espions en devenir, celle des familles sans nouvelles.
Tout n'est que mensonge et souffrance et pourtant ces prisonniers parviennent pour certains à se construire une vie, à aimer, sans oublier.
Beaucoup de sensibilité et d'intelligence dans ce récit pour évoquer une page d'histoire que je ne connaissais que très peu.
Commenter  J’apprécie          120
Le titre est bien choisi.
Des enlèvements au Japon direction la Corée du Nord, ils sont utilisés pour faire la vaisselle... Non.. ?
Basé sur une histoire vraie ayant eu lieu en 1977 et 1983.
Mis à part cet Américain qui intentionnellement entre dans cette dictature.. Peut-être pour y découvrir le rêve Coréen ?
Un exemple de cette vie :
Chaque foyer nord-coréen doit posséder une image des Kims accrochée à un mur. elles doivent être nettoyées quotidiennement avec des chiffons et sont contrôlé par un Bowibu (un agent).
Un témoignage d'un geôlier déserteur sur une des prisons, même si c'est un roman, on ne peut douter d'une certaine réalité.
J'ai aimé lire cette histoire !




Commenter  J’apprécie          120
Des femmes disparaissent sur les côtes nord du Japon, elles semblent s'être évaporées laissant derrière elles des familles désespérées. C'est la Corée du Nord qui les a enlevées afin d'enseigner à ses espions l'art et la manière de se comporter comme de vrais japonais. Craignant de devoir aller combattre au Vietnam, un GI déserte. Ils vont subir l'isolement, l'endoctrinement et une vie imposée. Certaines vont se croiser un temps, le GI épousera l'une d'entre elles. Ils ne perdront jamais l'espoir de revoir les leurs, espoir qui se réalisera pour certaines quand la Corée du Nord, affamée, les échangera contre du riz.
Eric Faye trace des destins oh combien ! singuliers de ces êtres à qui tout échappe, dont l'essence même est niée, dont toutes les références et les repères sont gommés, à qui une soumission totale est imposée. Dans cette noirceur absurde qu'est la Corée du Nord, ils arrivent toutefois à voler quelques instants de calme et de bonheur lorsqu'ils arrivent à un semblant de normalité.
Ecriture précise et légère, beaucoup de finesse et de sensibilité, un roman inspiré d'histoires vraies, Eclipses japonaises est à la fois instructif et émouvant.
Commenter  J’apprécie          120




Lecteurs (570) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3682 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}