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sur 433 notes
« Un paysan, c'est un tronc d'arbre qui se déplace » disait Jules Renard. Ce premier roman de Marion Fayolle – « du même bois » – s'inscrit dans ce même esprit avec une narration qui met tout à égalité : les choses et les objets s'animent, les bêtes se personnifient, les êtres s'animalisent… Animaux, murs, personnes, enfants, tous du même bois en quelque sorte.

À l'heure où les agriculteurs reviennent au coeur de l'actualité, ce texte éclaire avec beaucoup de poésie la dure réalité de ce métier. Mais il dit aussi l'attachement à la terre et la peine que l'on peut éprouver quand il faut la quitter, se séparer du troupeau. Alors résonnent les paroles du pépé qui a souvent répété « que le jour où il n'y aura plus de bêtes, ça ne sera plus vivable ». Il aura eu la chance de mourir avant.

On suit le quotidien d'une ferme familiale, comme il en existe de moins en moins, mais qui dessine nos campagnes. Celle-ci est perchée à quelques encablures de la source de la Loire, en Ardèche. Autour du chef de famille et de son épouse, il y a les grands-parents, les enfants et un beau-frère différent. « Ici, on fait toute sa vie sous la même toiture, on naît dans le lit de gauche, on meurt dans celui de droite et entre-temps, on s'occupe des bêtes à l'étable. »

Le fil rouge est la vie de celle qu'on appellera tout au long du livre « la gamine » qui chouine et renâcle d'un quotidien tourné entièrement autour de l'élevage, de l'entretien des bêtes, des vaches qu'il faut aider à mettre bas, des poules qu'il faut nourrir, des repas qu'il faut préparer. Une vie qui ne permet pas de trop s'éloigner ou de prendre des vacances.

Alors la gamine s'évade par un imaginaire puissant qui déroute les siens…

Construit autour des chapitres thématiques qui peuvent ressembler à des nouvelles, ce roman raconte avec force détails le quotidien de ces paysans de montagne au moment où leur fin approche, où le cycle de la vie, de la naissance à la mort, va laisser la place au vide à l'heure de la crise agricole.

Le pépé, la mémé, la mère... Les personnages de Marion Fayolle semblent tout droit sortis d'un jeu de sept familles. Aucun d'entre eux n'est désigné par un prénom ou un nom. Les personnages sont des types. Ils représentent une génération d'éleveurs. Les jeunes rêvent d'ailleurs, "imaginent une vie à eux, qui ne serait pas celle des parents, qu'ils auraient réussi à inventer tout seuls". Les vieux ne veulent pas vivre sans les bêtes et craignent le départ des jeunes.

Les perspectives radicalement différentes des personnages n'en font toutefois pas des êtres que tout oppose. Bien au contraire. Avec une démarche presque naturaliste, Marion Fayolle questionne l'hérédité. On hérite de la terre de ses parents, de leur étable, de leur cheptel. Pas seulement. On hérite aussi d'une sensibilité, d'un tempérament volontiers taiseux mais débordant d'une humanité généreuse et directe.

Aucun dialogue ne vient troubler le récit écrit au rythme de la vie paysanne. Sans tirets ni guillemets les paroles s'insèrent à même le texte, elles font partie du tout. Il nous prend alors envie de lire à voix haute pour goûter la musicalité du texte, pour partager le quotidien des personnages, entrer dans leurs habitudes, ressentir leurs

"Du même bois" est un joli premier roman qui dépeint la ruralité avec beaucoup de justesse, mais qui questionne aussi l'hérédité, au sens universel du terme. Un texte d'une très grande poésie sans grandes envolées lyriques et avec un vocabulaire simple.
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Et voilà un coup au coeur.

Un livre transgénérationnel incroyable et touchant qui aborde chaque élément marquant d'une vie de famille. D'une vie tout court.
C'est beau à en pleurer et rugueux à en crever.
C'est poétique.
C'est plein de douceur et de réalisme. La vie de nos aïeux, la vie de la terre.
Celle qu'on a oublié. Mais qui coule pourtant dans nos veines. Qui fait vibrer nos cellules.
Ça parle de transmission, de partage, de valeurs.
Ça parle de la fin d'une aventure et du début d'une autre. Ça parle de la mort et de la beauté d'un coucher de soleil un soir été.
Ça parle de la rudesse du temps. Et du temps qui passe.
C'est un livre marquant.
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Du même bois évoque le vivre à la campagne, mais pas seulement le vivre dans une ferme...
On y trouve des personnages ancrés dans des convictions que seuls certains peuvent comprendre.... le livre n est pas noir, juste réaliste.
Livre facile et agréable à lire.
J ai retrouvé des moments que j ai pu vivre: jouer dans la voiture abandonnée à la nature avec une ribambelle de cousins...
Le passage avec l idiot du village et sa faisanne m a fait sourire...
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Marion Fayolle est illustratrice de BD. C'est ici son premier roman. Roman plein de tendresse. 15 courts chapitres titrés. Certaines pages sont toutes mignonnes, comme celle qui parle des "petitous" - remplacés par l'expression "petits touts" - parce qu'"ils sont un peu de leur mère, un peu de leur père, un peu des grands-parents, un peu des arrière-grands-parents, un peu de ceux qui sont morts." Mais comment être soi quand il y a tant d'autres ?

Quelque part en Ardèche, près des montagnes là où la Loire prend sa source, émerge une ferme, une "bâtisse tout en longueur... Ici, on fait toute sa vie sous la même toiture, on naît dans le lit de gauche, on meurt dans celui de droite et entre-temps, on s'occupe des bêtes à l'étable." Toute une tribu tourne autour de cette maison. Dans la famille Ardèche, je demande la mère, la mémé, le pépé, le beau-frère, la gamine et même l'orphelin. C'est encore mieux que des prénoms. le quotidien est simple, aimant et rural. Ce monde, le même depuis des générations, n'est-il pas cependant en voie de disparition ? Car la gamine qui trimballe dans sa tête "les bêtes de ses ancêtres" préfère dessiner plutôt qu'hériter des animaux de la ferme, eux qui ont eu "tout un paysage à brouter." Il est toujours possible de refuser la transmission même si l'on est fait "du même bois."

Le livre de Marion Fayolle, écrit au présent, ce temps qui donne au lecteur la sensation immédiate de participer, mélange les dialogues et le récit. Toute en douceur, en poésie, en nostalgie, cette fiction s'inspire largement de l'histoire personnelle de l'autrice. C'est une très jolie lecture.
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« La bâtisse est tout en longueur, une habitation d'un côté, une de l'autre, et au milieu une étable. le côté gauche pour les jeunes, ceux qui reprennent la ferme, le droit pour les vieux. On travaille, on s'épuise, et un jour, on glisse vers l'autre bout. »
Dans ce roman, Marion Fayolle nous décrit la vie familiale dans une ferme où l'activité est reprise de génération en génération et où tous vivent sous le même toit. On y lit la rudesse du travail et celle des hommes aussi, l'importance des apparences, les sentiments que l'on ne dit pas ou si peu…
La plume de l'auteure est douce, presque poétique parfois et laisse affleurer toute la tendresse qu'elle éprouve pour ces personnes qui ont dû bercer son enfance ardéchoise.
Un beau texte, très visuel, grâce auquel l'on se sent « immergé » dans le paysage et dans cette atmosphère aussi bucolique qu'exigeante. Un premier roman très réussi que je vous encourage à découvrir!
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Un gentil petit livre, un roman facile à lire et à oublier, l'impression de survoler la cour d'un corps de ferme et de picorer quelques images couleur sépia, puis de s'en aller vers d'autres contrées, sans regrets. Des personnages sans nom, qui n'ont pas de réelle consistance et dont les destins se mêlent sans laisser de trace. Un peu de poésie, parfois. Voilà, c'est tout !
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Petit livre à la manière de Marie-Hélène Lafon.
La vie dans la campagne du centre de la France est un sujet qui demande soit une imprégnation liée au vécu de la personne qui l'écrit, soit une certaine distanciation sociologique, sujet d'étude dont la littérature ne raffole pas, dans l'esprit et la sensibilité indispensables à une qualité narrative.
L'artificialité du procédé nuit à l'authenticité et la sincérité du propos. Les scènes qui se suivent sont comme une projection de diapositives dont on abusait il y a quelques décennies avec la thématique de l'évolution du cadre de vie au fil des générations dans un même lieu rustique, avec l'inévitable liquidation et la transformation que l'on suppose en gîte rural.
MH Lafon a vécu dans ce genre d'endroits, l'autrice de ce livre née en Ardèche il y a 35 ans n'a pas du connaître les affres de la vie rude et austère décrite dans ce roman.
Ce livre est un exercice de style bien écrit et précis mais...c'est tout. Je suis de plus en plus exigeant avec le désir de vérité dans ce qui est écrit, la littérature n'est pas qu'une posture artistique, elle est là aussi, et surtout pour lutter contre les faux-semblants qui obscurcissent notre vison et la vie en société.
Dispensable.
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Je connaissais Marion Fayolle pour son travail d'illustratrice et autrice de BD que j'appréciais pour sa poésie et la façon onirique dont elle met en image la vie de ses personnages. Je la découvre romancière et je retrouve avec plaisir cette même poésie.
Marion Fayolle nous raconte l'histoire d'une ferme et de la famille qui y vit sur plusieurs générations. Il y a la gamine, le pépé, la mémé, le petitou... On ne connait pas leurs prénoms et pourtant on s'attache à leur histoire, aux joies et aux peines qu'ils rencontrent. L'autrice embarque avec succès le lecteur au coeur de cette ferme qui bientôt ne sera plus car la jeune génération est partie pour la ville. Plus personne ne veut de cette vie de dure labeur. Cette histoire c'est l'histoire de la famille de l'autrice, cette ferme elle l'a connue enfant et ça se sent. On sent que ce monde agricole, Marion Fayolle le connait, l'a côtoyé et c'est ce qui rend son livre touchant, empli d'émotion et juste à la fois.
Une lecture que je recommande !
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Mais que c'est beau, doux et poétique !
Ces histoires racontées de génération en génération avec une plume qui rend triste et joyeux en même temps. Cette gamine qui a une bête en elle, une bestiole qui grandit plus les années passent, cet oncle qui est malheureux, mais qui donne tout son amour à une faisane, tous ces humains dans une seule ferme avec leurs contradictions et leur humanité.
C'est une ode à la famille et aux temps qui passent.
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Ce petit livre décrit la vie de 3 générations dans une ferme habitation.
Moi-même issue de la petite campagne, j'y ai bien retrouvé le rapport que j'ai pu avoir avec les vaches, la nature et les personnes.
Le libre décrit avec justesse la vie des gens, des êtres de la nature.
Le style d'écriture, emprunté au milieu paysan renforce la sensation d'y être embarqué.
On sent que l'autrice aime ce milieu.
Elle nous le fait partager.
Hélas ce monde paysan, comme le livre le transmet, est finissant.
Un bon moment qui permet de revivre nos années jeunesses à la campagne entre l'étable et la cuisine, entre la vache, la gamine et la mémé….
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