La première impression à l'entame de ce livre fut une forme de connivence générationnelle. Tout commence par un mauvais rêve. Une ferme perdue dans les champs de maïs. Un tableau qui paraît idyllique mais dont on sent qu'il dissimule quelque chose. le malaise s'installe rapidement...
L'imagerie me ramène directement aux songes fiévreux de
David Lynch. La présence terrifiante derrière le restaurant de Mullholand Drive se mèle à la répulsion provoquée par Bob, le croquemitaine de Twin Peaks. Puis, je retrouve un peu de
Stephen King dans sa description de personnages, dans cette manière de dissimuler l'horreur derrière une apparente normalité.
Ne laissez pendre votre pied hors du lit de peur que le croquemitaine ne vous attrape et vous entraîne dans les ténèbres.
Et Derrière la porte close d'une petite maison cossue, image d'épinal d'une vie rangée et respectable, peut se dérouler les pires horreurs.
Au fil des pages cette familiarité se confirme. Je n'irai pas jusqu'à parler d'un sentiment de déjà-vu comme celui qui m'a accompagné tout au long de la série Stranger Things qui, à force de jouer sur le fétichisme nostalgique, m'avait donné de redécouvrir unez histoire que j'aurais lu il y a des années (le fameux effet Mandela). Quelques références musicales s'invitent pour composer une bande-son imaginaire que je complète inconsciemment des nappes vaporeuses d'Angelo Badalamenti.
Pourtant il serait réducteur de ne voir dans ce livre qu'une somme d'influences.
Les Loups à leurs Portes est aussi un livre à l'intrigue originale et à la construction ambitieuse.
A première vue, nous avons l'impression de lire des nouvelles indépendantes. Certaines se déroulent dans divers régions des USA, d'autres en France. L'époque n'est jamais clairement identifiée.
Puis les liens apparaissent progressivement.
Parfois évidents.
Parfois plus ténus.
Un ombre menaçante plâne sur ce roman. Celle d'un homme d'une cruauté incroyable, qui empoisonne tout ce qu'il touche.
Sur la jaquette,
Amélie Nothomb, caution littéraire, déclare que ce livre l'a empêché de dormir la nuit. Je ne peux en conclure qu'elle a le sommeil plutôt léger parce que ce roman, aussi agréable soit-il, n'est jamais effrayant. Malgré tout, pour un premier roman, il démontre un belle maîtrise.