Malika Ferdjoukh fait partie de mes auteures favorites parce qu'elle maitrise à la perfection l'art de faire peur sans jamais terrifier. J'avais déjà fait l'expérience de ses talents avec Chaque soir à onze heures, un de mes romans favoris. Et j'ai pu à nouveau goûter à son talent pour raconter le mystère en lisant Sombre citrouille il y a deux ans dans le cadre de mes études.
À la collinière, la maison familiale, en cette étrange journée d'Halloween, trois générations de Coudrier sont réunies pour l'anniversaire de Papigrand, le patriarche. Alors que les enfants sont mandatés pour la cueillette des citrouilles, ils font une étrange découverte dans le potager : un macchabé que personne ne connait. Alors comment se fait-il que trois personnes semble avoir un mobile pour le tuer ? Et l'identité du mort comme celle de l'assassin ne sont que des secrets parmi d'autres dans la pas si parfaite famille Coudrier.
Dans ce roman, un de ses premiers parus à L'école des Loisirs,
Malika Ferdjoukh fait appel à deux thématiques récurrentes de ces romans : le mystère et les familles dysfonctionnelles, deux éléments qui mêlés donnent lieu à des situations cocasses parfois drôles et parfois terrifiantes et offrent des rebondissements dans l'histoire en veux-tu en voilà.
En ce qui concerne les dysfonctionnements de l'imposante famille Coudrier, je ne peux pas vous en dire plus sans risquer de vous spoiler une partie de l'intrigue. Sachez seulement que l'on adore détester certains des personnages parce qu'ils représentent en version caricaturale des membres d'une famille qui pourrait un peu être la nôtre.
Et c'est cette ambiance de repas familial qui permet d'épaissir un peu plus le mystère. Car entre les secrets bien gardés derrières des portes closes, les nombreuses querelles et autres rancoeurs mal réglées et le visage privé de cette famille en apparence parfaite, l'air devient vite pesant dans la maison. Petit à petit s'installe une ambiance de huis clôt étouffante.
Malika Ferdjoukh nous présente ici un mystère qui ressemble parfois à une vaste murder party tant des rebondissements dans l'histoire jaillissent de partout à la fois. Et quand enfin le coupable est dévoilé à la manière d'un masque de monstre arraché à la fin d'un épisode de scoubidou, on tombe des nues. Ne reste alors plus qu'à relire l'histoire pour tenter de rassembler les indices une nouvelle fois.
Ce qui m'a frappé dans ce roman entre le drame familial et le roman policier c'est son double niveau de lecture. Je l'ai lu à l'âge adulte et il m'a paru terriblement dur et cynique quant à sa vision de la famille. Sombre Citrouille n'est donc pas simplement un très bon roman de littérature jeunesse pour jouer à se faire peur mais aussi une critique de la famille très adulte.
Une nouvelle fois,
Malika Ferdjoukh nous prouve sa capacité à créer des mystères envoutants, des familles plus vraies que nature et des romans à la plume à la fois terrifiante et hilarante. À mettre entre toutes les mains sans restriction d'âge et à lire éclairé par une lanterne citrouille pour se mettre dans l'ambiance.
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