Quelle histoire ! Quel roman ! Et quel auteur !
Ce n'est pas mon premier
Ferey mais là je suis… conquise serait totalement inapproprié au vu du contenu alors on pourrait dire ferrée.
J'avais lu
Zulu qui se déroulait en Afrique du Sud. Ici, avec
Paz, nous sommes en Colombie. Points communs : la violence et l'immersion tota
le de l'intrigue dans le pays.
Caryl Ferey est un voyageur qui sait utiliser les lieux / paysages comme un élément essentiel de ses romans.
Paz, c'est un thriller qui s'inscrit dans l'histoire politique de la Colombie abordant violence, corruption, guérilla avec les FARC mais aussi d'autres unités de combat, polices et journalisme.
Les personnages principaux font partie d'une famille complexe et très influente, entre politique, police et activistes. Saul Bagader, Angel et Lautaro ses deux fils, voilà trois héros bien testostéronés. On devine assez vite des rapports familiaux complexes et l'existence de secrets ou de non-dits familiaux.
Diana Duzan, personnage principal aussi, montre une image de la femme très positive : elle n'a pas froid aux yeux, est une journaliste intègre, intelligente et sympathique, apparemment plaisante. Diana va croiser la famille Bagader de plusieurs manières, entre autre à travers une enquête qu'elle mène sur une série de crimes ultra-violents qui ont lieu à travers le pays.
La violence est très présente dans ce livre, je dirais même l'ultra-violence. Mais elle n'est pas gratuite, je veux dire qu'elle s'inscrit tout à fait dans l'intrigue et n'est pas là pour faire du sensationnel. Une ultra-violence tout à fait choquante cependant, c'est pourquoi j'ai été surprise puis consternée de lire en notes en fin d'ouvrage : « J'ai choisi d'atténuer certains aspects particulièrement violents des drames vécus par le peuple colombien. »
Ce roman aborde de nombreux thèmes sociétaux majeurs : la place de la femme dans la société, la corruption, le commerce de la drogue, les problèmes d'environnement avec la crise climatique, le rapport des jeunes femmes à leur corps qui les met à la merci des hommes peu scrupuleux…
L'histoire est riche car elle aborde plusieurs aspects ; dans les six cents pages, aucune ne m'a semblé en trop. le récit est équilibré et clair, même s'il fa
ut un peu de temps au début pour s'habituer aux noms des personnages car nombre d'entre eux ont des surnoms et il y en a beaucoup. L'écriture est agréable et discrète, pas de grands effets. Malgré tout, le suspense est ménagé à travers des procédés classiques d'alternance de points de vue mais sans que la forme ne gâche le fond. On veut savoir la suite, on tourne les pages, peut-être pas de plus en plus vite car on veut profiter jusqu'au bout de la qualité du récit, mais de plus en plus longtemps car on n'arrive plus à lâcher le bouquin, feignant de croire que l'on pourrait se passer de sommeil pour le finir.
Vous l'aurez compris, j'ai trouvé ce livre vraiment bien ; dire que je l'ai beaucoup aimé me paraît un peu indécent au regard de la violence qu'il contient, mais il relève
le défi de nous divertir, de nous tenir en haleine, nous faire palpiter et nous instruire aussi de l'histoire d'un pays, d'une société et d'événements qui ont eu lieu.
Caryl Ferey est une voix à part dans le paysage français du roman noir et je compte bien compléter ma bibliothèque de ses ouvrages.
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