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4,06

sur 679 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une nouvelle fois, Caryl Férey m'a emporté dans un pays déchiré, la Colombie, après l'Afrique du Sud (Zulu), l'Argentine (Mapuche) et le Chili (Condor). Cette paix annoncée par le titre, Paz, est loin de régner mais attention à ne pas confondre avec la capitale bolivienne, La Paz, un autre pays d'Amérique latine, situé bien plus au sud de celui dont la capitale est Bogotá.

Avec son talent unique d'écrivain maîtrisant parfaitement le thriller politique et social, il m'a permis de plonger dans les affres d'une société gangrénée par tous les trafics mais avant tout par celui de la drogue auquel s'ajoute celui, moins connu, des mines illégales.
La violence terrible et pourtant atténuée, comme le confie l'auteur dans ses notes de fin d'ouvrage, est omniprésente. Au travers des échos que nous avons dans notre lointaine Europe, il est difficile, voire impossible d'imaginer un tel degré de mépris de la vie humaine. Pour cela, peut-être faudrait-il remonter aux dégâts irréversibles causés par les conquistadores ?
Dans Paz, tout tourne autour de la famille Bagader. Saúl, le père, est un éminent personnage, Procureur général de la Fiscalía, il tire les ficelles afin que le pouvoir serve au mieux ses intérêts. Pour cela, il a placé Lautaro, son fils cadet, à la tête de la police criminelle de Bogotá.
Si son épouse, Lorena, est très troublée psychiquement, il y a des raisons que je découvre au fil des pages. Lautaro a un frère aîné, Angel, qui a choisi, par idéal, de rejoindre les FARC (forces armées révolutionnaires de Colombie) pour tenter d'abattre un pouvoir corrompu. Hélas, pour lui, bien avant que les négociations tenus à La Havane pour ramener enfin la paix (Paz) dans le pays, Angel a été capturé après que tous ses compagnons aient été massacrés. Il a vécu cent vingt jours cauchemardesques aux mains des paramilitaires puis passé huit ans en prison.
Au moment où se déroule l'histoire, il est en pleine réinsertion, travaille dans une librairie de Carthagène et côtoie Flora Ibanez, travailleuse sociale. Angel et Valeria, sa compagne à l'époque des FARC, ont eu une fille, Lucia, confiée à Rafaële, sa grand-mère, afin qu'elle ait la vie sauve.
Retrouver sa fille est l'unique but que poursuit Angel mais, pour cela, il doit faire la lumière sur l'histoire très complexe de sa famille. de plus, une vague de crimes atroces, mis diaboliquement en scène, secoue le pays. Pourquoi ? Pour qui ?
C'est ce que j'ai voulu absolument savoir en dévorant ce roman de la série noire de Gallimard, passant au travers de crimes plus atroces les uns que les autres, d'une misère noire poussant les paysans des montagnes à abandonner la culture du manioc pour la coca. Cette cocaïne dont le trafic enrichit des puissants se voulant très respectables afin que, dans les cités nord-américaines ou européennes, beaucoup trop de nos semblables décollent de la réalité, fassent la fête… Quelle fête ? Quelle réalité ? Pour combien de vies gâchées ? Pour en savoir plus sur ce thème, il est indispensable de lire Extra-pure de Roberto Saviano.

Paz m'a complètement emporté dans ce pays lointain, la Colombie, pour lequel Caryl Férey réussit de magnifiques descriptions qu'elles soient urbaines ou en pleine nature. C'est un fameux roman noir, plein, toutefois, d'humanité.
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Dès les premières pages, le décor est planté et notre curiosité aiguisée.

Un homme voit sa nuit - auprès d'une belle jeune femme brune Diana rencontrée sur Tinder, sous pseudo - écourtée suite à un appel téléphonique. Il doit rejoindre d'urgence le lieutenant Dunque, son bras droit. Diana se voit éjectée de l'appartement, sans explication. Elle a le temps de repérer sur la boite aux lettres le nom de celui qui vient de la virer de façon si peu élégante. Elle, qui est journaliste d'investigation pour le deuxième journal du pays El Espectador découvre qu'il n'est autre que Lautaro Bagader chef de la police criminelle et se dit que ce départ précipité doit cacher quelque chose d'important.
En effet, le cadavre d'une jeune fille nue, membres découpés et agencés selon la technique du "vase à fleurs" vient d'être trouvé quartier de la Candelaria. "Trente-six corps non identifiés retrouvés en morceaux aux quatre coins du pays dans la même semaine...", cette façon de procéder rappelle cruellement les massacres de la « Violencia », la guerre civile des années 50 qui a fait tant de morts et de déplacés. L'accord de paix signé récemment avec les FARC va-t-il devoir être remis en question ?
Un autre personnage entre en scène, Angel, frère de Lautaro, ex membre des FARC. Il vient de sortir de prison et a trouvé un emploi dans une librairie de Carthagène grâce à Flora Ibanez, la coordinatrice du centre de réinsertion. Il découvre ou plutôt son chien découvre une tête humaine, à demi ensevelie dans le sable mouillé de la plage.
L'enquête parviendra-t-elle à résoudre tous ces crimes abominables perpétrés dans un pays déjà en grande souffrance ?
Si Caryl Férey avait situé Mapuche en Argentine, Zulu, en Afrique du Sud et Condor au Chili, pour Paz, il a donc choisi comme décor la Colombie, pays gangrené par la violence et la corruption.
Avec Paz, Caryl Ferey nous offre encore un excellent thriller, richement documenté, radiographie d'un monde violent, sans concession, mais hélas bien réel, en l'occurrence la Colombie, où certains hommes politiques coopèrent encore avec des groupes de narcotrafiquants et paramilitaires, malgré l'accord de paix récent avec les FARC.
Outre ce volet culturel hyper enrichissant de quasi reportage journalistique, c'est également le génie de Caryl Férey pour construire un thriller à l'intrigue très sombre, basé sur une tragédie familiale, au sein d'un conflit qui n'en finit plus de récidiver, que je salue. Sur plus de 500 pages, il maintient un suspense extraordinaire où la sociologie, la politique et l'amour sont étroitement mêlés. Paz est une grande fresque captivante de bout en bout portée par des femmes intrépides auxquelles l'auteur donne une place de choix.
On est très loin des romans à l'eau de rose et c'est souvent sombre, mais l'auteur a su apporter quelques touches d'humour et parfois de poésie, beaucoup de psychologie dans ses personnages. Ce polar à l'intrigue haletante m'a permis de découvrir un tableau de la Colombie, très documenté, loin des cartes postales.
Quant au titre Paz, n'est-ce pas ce que l'on souhaiterait, d'abord pour les personnages du roman et à plus grande échelle, pour la Colombie et pour le monde tout entier ?

Pour moi, Caryl Férey est le maître incontestable du polar sociologique et politique. Un vrai coup de coeur que j'ai pu ressentir grâce à Lecteurs.com dans le cadre des Explorateurs du polar et aux éditions Gallimard / série noire.
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Carl Ferey. Vraiment ,un bon , un très bon auteur de polars .Enfin , pour certains d'entre nous , nombreux tout de même , car je connais nombre de lecteurs aguerris qui " voudraient bien , mais ...ne peuvent point ." C'est qu'il ne fait pas dans la dentelle , notre ami Caryl , des morts , y'en a et c'est souvent , comment dire , " pas toujours très poétique " oh,non, c'est plutôt genre " massacre à la tronçonneuse " , du lourd , du glauque , du violent .Un monde de mecs dans lequel évoluent aussi quelques femmes " qui en ont "...Des gros bras , pas toujours d'une "exquise finesse " chez des personnages que rien n'effraie ....Avec eux , je pense que même le coronavirus aurait eu peur ...Enfin , je suppose , hein , parce que je devais le rencontrer vendredi dernier , notre ami Caryl, invité qu'il était à s'exprimer devant notre club de lecteurs ...Las , vous savez ce qu'il advint de toutes ces réunions....Le coronavirus , force est de l'admettre , a fait reculer ce brillant auteur, partie juste remise , espérons- le , tant l'événement était attendu....
Bon , je m'égare et je résume, si vous n'aimez pas nager dans le sang ou marcher sur des morceaux de cadavre en décomposition, passez votre chemin ! Par contre , si vous avez passé avec succès les épreuves de " Mapuche ,Zulu , Utu , Aka..." alors vous allez vous plonger avec intérêt dans ce nouveau roman.Comme l'indique le bandeau de présentation, il sera question d'un père, de ses deux fils , d'un drame familial dans un pays plus qu'agité, un pays où règnent les trafics de drogue , d'êtres humains , un pays de luttes pour le pouvoir et la puissance , un pays fascinant sans doute , mais tout de même à éviter, oui , oui, même lorsque la pandémie qui s'abat sur nous se sera calmée et éloignée . Ce pays , c'est la Colombie dont l'auteur , dans un récit fort bien documenté, va nous présenter le pire...Car Caryl Ferey , c'est ça aussi , une grande érudition et un immense travail de recherches sur le contexte économique et social du cadre de l'action . Là encore , cet aspect du roman peut s'avérer fastidieux à la lecture , mais est un élément essentiel pour la compréhension de l'intrigue .Et on en apprend , des choses....Comme je vous l'ai dit , " il faut aimer " , c'est vrai , mais quand on aime, comme moi ....
L'intrigue est construite avec une implacable rigueur , écrite avec habileté, la syntaxe sert au mieux le récit, tout comme , d'ailleurs , le vocabulaire choisi pour s'adapter aux événements, d'où , parfois ,certains propos un peu...... comment dire ....." sans filtre "
J'ai pris l'habitude de " suivre " Caryl Ferey " , j'ai passé " l'épreuve " et je me réjouis chaque fois que paraît un nouvel ouvrage . Celui -ci s'inscrit parfaitement dans la lignée de ses prédécesseurs, comme le montrent les avis de nombreux ami(e)s babeliotes .
Mais , bien entendu , vous n'êtes pas obligé(e)s de me croire....
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Amateurs de thriller noir et violent ? Ce livre est fait pour vous... Voyez-vous, il y a des livres qui montrent ce que l'homme a de meilleur en lui, ceux dits pleins d'humanité et de sensibilité. Mais pas "Paz", non, lui il n'en fait pas partie, pas du tout. Au contraire, on y voit le pire du pire, et l'auteur ne prend pas de pincettes pour nous le raconter.

Son intrigue se déroule en Colombie, et pour qui connaît déjà un peu l'histoire de ce pays saura qu'il ne sera pas transporté au pays des Bisounours. Les paysages magnifiques et le bleu de l'océan ne font pas le poids face aux guerres civiles, corruptions politiques, cartels de la drogue et assassinats crados. Et c'est dans cette espèce de merdier âprement cruel que Caryl Férey nous jette tête la première. Ses protagonistes principaux, à une ou deux exceptions près, ne sont pas des tendres, juste le reflet de l'environnement brutal qui les a vus naître.

Une série d'assassinats a lieu. Des morceaux de cadavres sont retrouvés un peu partout, jetés sans doute d'un avion, là une jambe, ici un bras ou une tête. D'autres sont retrouvés entiers, mais préalablement découpés à la tronçonneuse et agencés dans des postures qui ne sont pas sans rappeler la Violencia. Ça dégouline rouge de partout, la putréfaction titille les organes olfactifs, le tout nourrissant de bonnes nuits de cauchemars.

Dans cette ambiance qui met en appétit (façon de parler), nous y suivons plusieurs personnages. Lautaro, chef de la police de Bogotá, chargé de cette affaire sanguinolante. Diana, journaliste d'investigation, qui enquête sur le passé trouble de Lautaro. Angel, ancien FARC, à la recherche de sa fille disparue juste après que sa grand-mère ait été assassinée (et dont des morceaux ont été retrouvés parmi tant d'autres). Voilà pour les principaux, mais il y a aussi un patriarche/homme politique et sa femme dépressive, quelques collègues prêts à aider, une femme amoureuse qui ne sait pas dans quoi elle met les pieds, quelques politiques corrompus, trafiquants sanguinaires et flics sans pitié.

Vous voilà parés ! le premier chapitre donne le ton dès le départ. Inutile de vouloir s'attacher aux personnages, on comprend bien assez tôt que, vu l'ambiance, tout le monde ne pourra s'en sortir. Et puis ils sont détestables au plus haut point, pour la plupart du moins. Travaillés ce qu'il faut pourtant mais à la psychologie abjecte, impossible donc de les aimer, même en prenant plaisir à les suivre dans cette intrigue tord-boyau hautement bien ficelée.

Intrigue dans laquelle tout se recoupe, tout est lié, tout se rejoint pour nous offrir un final explosivement sanglant. Intrigue qui ne manque pas d'action, de rebondissements et de révélations. Intrigue grâce à laquelle on visite un pays qu'on ne voudrait pas connaître de trop près.

Narcotrafiquants, gangs mafieux, pochards, escrocs et psychopathes nous servent de guides touristiques dans ce pays qui morfle au quotidien. Haine fraternelle, assassinats odieux, trafic de drogue et violence de haut niveau rythment nos visites à travers tout le pays. C'est cru, tendu, brutal, sanglant, quelque peu trivial, d'une violence inouie.

Et l'auteur de préciser dans ses notes en fin d'ouvrage qu'il a « choisi d'atténuer certains aspects particulièrement violents des drames vécus par le peuple colombien » parce qu'il estimait « que la coupe était déjà pleine » ... ...

J'ai rarement lu un roman aussi "crade", mais j'ai aimé. Il est foutrement bien écrit déjà, le contexte et l'ambiance carrément bien dépeints, l'intrigue ultra-violente mais prenante, les personnages abjects mais ambigus comme j'aime. C'est noir, cruel, inhumain. Je n'en lirai pas tous les jours des comme ça, mais il est certain que je reviendrai vers cet auteur qui ne fait pas dans la dentelle et fait pleuvoir les morts comme vache qui pisse ("Zulu" m'attend d'ailleurs bien sagement depuis quelques mois).
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Paz, c'est la paix, mais la paix n'existe pas encore complètement en Colombie. Et ce polar n'est pas qu'un polar, il nous entraîne aussi dans l'histoire d'un pays détruit successivement par la soif de l'or des colons espagnols, par les grands propriétaires terriens, puis par le trafic de drogue, avec guerres civiles, terrorisme et atrocités en sus.

C'est un thriller avec rebondissements, avec des gens idéalistes et d'autres, tout à fait machiavéliques. Si le conflit familial du roman est fictif, les horreurs ont réellement existé. En effet, il n'y a malheureusement pas que les auteurs de thriller qui ont de l'imagination, les tortionnaires aussi. Ils savent inventer des supplices et d'horribles façons de mourir. Ils pensent par exemple à utiliser une tronçonneuse pour débiter leurs victimes et en jeter les morceaux du haut d'un avion.

Le roman est aussi un rappel du triste sort des pays du Sud qui ont un climat agréable, des terres fertiles, tout pour être des paradis, mais qui sont trop souvent des enfers de misère que les populations cherchent à fuir.
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Dans l'enfer colombien, liaisons dangereuses entre Narcos, politiques, FARC, polices et milices de toutes sortes. Un tableau hyper réaliste dans le plus pur style Ferey...
"Bogota frissonait dans les bras des Andes." ; "(...) la pluie faisait des balles traçantes dans le soleil, à l'unisson." ; "Une tribu de junkies amorphes comatait le long des trottoirs" ; "Un homme (...) les haillons sur les chevilles, occupé à chier contre un poteau où les chiens étaient passés avant lui." ; "Des effluves de rat crevé se répandaient depuis les poubelles ouvertes, que des chiens errants inspectaient en surveillant leurs arrières." ; "Aucune politique publique n'avait permis de mettre un terme aux trafics." ; " (...) l'histoire de son pays, de ses ancêtres : un génocide appelé civilisation."
Le colonel Lautaro Bagader, chef de la police de Bogota, dur au dehors plus sensible en dedans, "Il fallait qu'un homme ait du répondant et ce n'etait pas ses larmes de chien perdu au moment de jouir qui allaient l'émouvoir"
Son père le procureur Saul ami intime du candidat à la présidentielle Oscar de la Pena "souriait dans son costume en lin, un sourire flippant à la Sean Penn (...) comme la fissure d'un lac gelé."
"ça s'est passé comment avec de la Pena ?
- Comme Rita Hayworth avec Orson Welles"
Son neveu Damian dont l'éducation est à l'avenant "Renvoyé trois jours (...) Pour t'appendre à penser avec ta bite, tu t'en tires bien, petit fumier."
Angel son frère gauchiste, attiré par le théâtre, engagé dans les FARC, passé par un camp d'extermination, rescapé miraculaux " (...) avait eu droit à un traitement spécial, un protocole imaginé par un cerveau malade."
Un florilège de phrases assassines, peaufinées comme seul Ferey sait le faire ( le fer)
"Lautaro Bagader (...) avait un groupe efficace (...) Il avait viré les lopettes qui se prenaient pour des aigles, les feignasses, encouragé les filles qui avaient du cran."
"Angel n'avait pu esquiver le coup de crosse (...) Il était tombé inconscient, dans les limbes d'un pandemonium bien réel."
"Filloz, un petit homme de soixante dangereux comme un pistolet à bouchon."
"Une tête d'enfant grisonnant, voilà ce que des gènes mal branlés avaient donné à Francisco Zamora."
Diuque le lieutenant de Lautaro "Coupe à la mode iroquois, machoires et carrure de poids lourd, adepte (...) des techniques de combat et du tir de précision, (...) avait de la jugeotte pour un tueur assermenté"
"Lautaro se sentait comme un lion dans une impasse, traqué par des hyènes dont il ne connaissait m^me pas le putain de nom." "Le soir tombait derrière la vitre de l'appartemlent, son moral aussi."
"Angel avait cessé de se faire des illusions (...) ce n'était plus la gauiche qui était emportée dans les égouts du système néolibéral, mais la démocratie - et son agonie n'était qu'une question de temps..."
"Le temps n'était plus à la guerre, ce ragondin crevé dans le ventre des Colombiens."

Comme pour Zulu, Condor ou Mapuche, la fiction supposée de Ferey n'est jamis loin de la réalité.


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Le souffle coupé... Retourné... Ce livre ne laisse véritablement pas indifférent. Une histoire de famille dans un pays rongé par l'ultra-violence, des cadavres en veux-tu en voilà, un rythme extrême qui ne connaît de pause seulement pour souligner l'implacable noirceur de l'âme humaine. Dans ce récit, l'espoir n'est pas le sujet, il n'y en a même presque aucun. Et dire que l'auteur nous informe que la réalité en Colombie est bien pire... La réalité dépasse bien la fiction. À lire avec modération.
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Depuis son premier grand succès « Zulu », Caryl Ferey aime nous faire voyager. Ces dernières années, il semble s'être focalisé sur le continent sud-américain, parce qu'après l'Argentine et le Chili, sa nouvelle aventure s'est posée en Colombie.

Comme dans chaque roman de cet auteur, l'intrigue n'est qu'un prétexte. L'objectif principal est de dépeindre un territoire, loin des parcours touristiques. Il nous entraîne donc sur les sentiers et dans la jungle à la découverte de lieux méconnus. On fait la rencontre des acteurs du côté obscur de ces régions. Il nous expose à des évènements que l'on n'imaginait pas et nous confronte à la dure réalité.

Cette brillante mise en scène permet de mettre en lumière le passé souvent peu glorieux de ces pays. On assiste en même temps aux décisions des plus puissants, qui font la pluie et le beau temps et aux plans diaboliques mis en place par les trafiquants. Ils sont tous capables du pire pour arriver à leurs fins. le seul facteur commun à l'ensemble de leurs manigances, de leurs combines, de leurs trahisons est le recours presque systématique à la violence. Ainsi, l'aventure devient sombre, les échanges âpres et la tension monte crescendo.

Le moins que l'on puisse dire c'est que la Colombie, un des foyers du trafic mondial de la drogue, en pleine guerre civile, est un jardin vraiment propice à une histoire à la Ferey. En complément de l'ambiance glauque, il y intègre des personnages forts mais nuancés, avec sa maîtrise habituelle.

Après un épisode un peu moins convaincant, Caryl Ferey revient en force aux affaires. Avec sa plume haut de gamme, il confirme qu'il est un grand Monsieur du roman noir français. « Paz » est une tragédie familiale féroce qui réunit la politique, le social et l'Histoire dans un récit aussi exigeant que passionnant !
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Première lecture de Caryl Ferey même si j'ai Utu, Zulu et Mapuche parmi les livres qui m'attendent
J' étais très curieux de voir comment Caryl Ferey allait s'en sortir avec un sujet aussi rabâché surtout au cinéma et dans les séries : la Colombie , la drogue, la violence,tout le monde associe ces trois mots avec la vague impression que cela va un peu mieux depuis la chute de certains cartels
Coup de chapeau à l' auteur qui nous écrit un roman passionnant
Pour cela , il a deux atouts majeurs: un gros travail de documentation et une connaissance personnelle du terrain même dans certaines zones infréquentables
Le lecteur le sent tout de suite.J ‘ ai pensé à DOA et à Pukhtu et aussi à Cédric Bannel et son Kaboul Express.A chaque fois, la connaissance du pays est approfondie, rien n'est laissé au hasard.Nous sommes avec eux sur le terrain
Paz n' est pas à conseiller aux âmes sensibles car la violence extrême est au coeur du livre .Malheureusement, Caryl Ferey n' invente rien
C' est ce qui fait la force de ce livre puissant et dramatique
Je ne vais pas tarder à lire ses autres livres mais après une petite pause car il faut prendre un peu d'air pur après un tel choc littéraire
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Le dernier Caryl Ferey est arrivé ! Et perso, je ne résiste jamais à l'appel de Caryl Ferey… et cela depuis la découverte incroyable de son écriture avec « Zulu » !!
Après l'Argentine et le Chili, il nous emmène encore en Amérique du Sud, et cette fois-ci, c'est en Colombie… Mais quel pays ! Pourtant avec Caryl, on est habitué à partir à sa suite dans des pays à l'histoire violente et cruelle (Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande, Argentine, Chili….) mais là j'avoue qu'avec la Colombie cela dépasse tout… C'est un pays bouffé de l'intérieur par la violence, la corruption, la pauvreté, la drogue, où la vie et la souffrance humaines ne valent absolument rien. C'est désespérant, étouffant, navrant, révoltant, triste…. Honnêtement je ne sais pas comment ce pays va pouvoir s'en sortir, se relever avec un tel passé et une telle situation actuelle. Dans les autres destinations décrites par Caryl Ferey, il y avait tout de même un peu d'espoir… Nelson Mandela pour l'Afrique du Sud, des tentatives de réconciliation et des enquêtes pour l'Argentine etc. Mais là, rien… La drogue, des mines illégales, la corruption… tout est trop ancré dans le pays depuis de si longues années. du coup, j'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire. Trop dur et trop d'infos à ingurgiter. J'ai fini par réussir à m'attacher aux personnages malgré la désespérance de la description de cette misère humaine et de cette cruauté. On retrouve trois hommes d'une même famille, les Bagader. Saul, le père. Patriarche très puissant, politicien « investi » dans le processus de paix qui tente de se mettre en place en Colombie. Lautaro et Angel, ses deux fils. L'un ancien militaire (voire paramilitaire) cruel et efficace, à la tête de la police à Bogota, et l'autre ancien FARC, sorti de prison après des années et en réinsertion, loin, très loin de sa famille qui l'a renié et trompé. Famille complexe avec de lourds et douloureux secrets. Deux femmes essaient de tracer leur chemin dans cette Colombie violente et cruelle, chemin qui les mènent dans le sillage de la famille Bagader à leurs risques et périls. Diana, une journaliste intrépide qui aime la vérité avant tout et aussi l'adrénaline du danger et Flora, une formatrice auprès des ex-FARC qui par amour va s'engager dans une quête périlleuse. Je ne rentrerais pas dans le détail de l'intrigue ni de la situation de la Colombie, il vous faut lire « Paz » pour cela et ce serait retiré trop de suspens au récit. « Paz », paix, quelle ironie que ce titre pour ce livre et ce pays qui en manquent cruellement.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Caryl Ferey (y en a ? ça existe encore ?), il faut savoir que c'est un écrivain, un homme qui se documente beaucoup et qui va sur place avant d'écrire ses livres. Et il y met ses tripes, et se trouve toujours du côté de l'humain, de celui qu'on n'entend pas, qui souffre et qui est maltraité. Ça fait à l'arrivée des sacrés bouquins, parfois durs à avaler mais dont il ne faut pas faire l'économie.
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