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sur 554 notes
L'appétit ouvert par "May et Chance", j'ai poursuivi ma découverte de l'oeuvre de Jim Fergus par ce livre que l'on pourrait qualifier de biographie familiale romancée, à défaut de trouver un terme plus adéquat. Je précise que j'ai lu la première édition, celle de 2011, ma médiathèque ne possédant pas celle, remaniée, de 2021. Si j'ai bien compris, la présentation n'est pas la même : ici le journal de Marie-Blanche (mère de l'auteur) est intercalé entre la narration de la vie de Renée (mère de Marie-Blanche et donc grand-mère de Jim Fergus). Dans la nouvelle édition il y aurait deux parties successives, et certains ajouts.

En prologue, l'auteur rend visite à sa grand-mère Renée en 1995, dans l'Illinois où celle-ci réside. Très âgée et atteinte de la maladie d'Alzheimer, elle ne réagit quasiment plus, ce qui n'empêche pas Jim de régler quelques comptes avec celle qui ne l'a jamais aimé, imaginant les réponses qu'elle lui aurait sans doute faites. Et on se rend compte en lisant la suite que ces réponses correspondent bien au caractère profondément égocentrique et perturbé de cette femme dont la vie n'a pas été un long fleuve tranquille...

Dès sa naissance, Renée vit sous le signe du mensonge : son père l'a eu d'une de ses nombreuses maîtresses, une danseuse à laquelle il avait "commandé" un fils. Las, c'est une fille qu'elle mettra au monde, mais comme Henriette Fontarce avait simulé une grossesse en accord avec son mari Maurice (entre autre pour éviter le "devoir conjugal" avec cet époux qu'elle n'aime pas), il faut bien s'accommoder de cette gamine... Entre ces parents qui ne se tolèrent que pour satisfaire aux convenances mais vivent chacun leur vie, Renée grandit comme elle peut, aimée par son père mais négligée par sa mère qui préfère batifoler avec l'oncle Gabriel. Ce qu'elle ignore, c'est que Renée est régulièrement témoin de leurs ébats, et va finir par développer un amour obsessionnel et malsain pour cet oncle au point de se promettre de le voler à sa mère. Et bien sûr, elle va arriver à ses fins, à l'âge où les gamines devraient encore jouer avec leurs amies et pouffer en regardant les garçons de loin. Et pour mieux assurer son emprise sur sa nièce, le bon tonton va dans un premier temps l'adopter (ou plutôt l'acheter à ses parents en échange du paiement de leurs dettes), et prétendra l'épouser un peu plus tard en Egypte. C'est là qu'il va emmener toute la famille, y possédant des plantations de coton et de canne à sucre fort lucratives. Ce sera l'occasion pour le lecteur de découvrir le contexte colonial dans ce pays juste avant la première guerre mondiale. L'histoire de Renée se poursuit entre la France et l'Egypte, de son adolescence à ses trois mariages, d'une guerre à la suivante. En 1920 elle donnera naissance à Marie-Blanche, et quinze mois plus tard à son frère surnommé Toto. Elle les confiera à une nourrice, Louise, et finira par quitter le domicile conjugal pour retrouver Pierre Fleurieu, un ancien amoureux qui deviendra son second mari.

On suit donc parallèlement l'histoire de sa fille Marie-Blanche à travers son journal. Une enfance plutôt heureuse entre le Prieuré, résidence de son père en Bourgogne, et un château en Dordogne, (le château de Marzac, que j'ai visité il y a deux ans, je résidais juste à côté dans un gîte !) propriété de "l'oncle Pierre", second époux de Renée. Celle-ci a fini par renouer le contact avec ses enfants, mais ne cesse de dénigrer cette fille qui ressemble trop à son père, et qu'elle trouve laide et bête. Difficile de se construire avec cette image qu'on lui renvoie sans cesse ! Heureusement son père et son beau-père sont plus indulgents envers elle et la laissent relativement libre de vivre sa vie dans leurs propriétés respectives. Marie-Blanche poursuit ses études à Paris, en pension, puis à Londres quand sa mère divorce de Pierre et se remarie avec un riche américain propriétaire de la Héronnière, dans le Hampshire. Entretemps le fameux Gabriel est réapparu dans la vie de la famille...
Toute sa jeunesse, Marie-Blanche a été ballottée d'un endroit à l'autre au gré de la vie aventureuse de sa mère. Elle finira par céder aux sirènes de l'alcool (on l'apprend dès les premières pages, puisqu'elle relit son journal depuis un luxueux centre de désintoxication en Suisse) et aura trois enfants avec son mari William Fergus. Jim étant le troisième, conçu pour "remplacer" Billy, l'aîné tragiquement décédé à 8 ans.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, je n'ai pas dévoilé grand-chose de cette histoire foisonnante (environ 600 pages quand même), à peine quelques points de repère. Elle se déroule sur plus de six décennies, on voyage sur trois continents et on traverse deux guerres. Et on croise une multitude de personnages dont une grande partie font partie de la famille de l'auteur. Certes, c'est romancé, mais je pense que les grandes lignes sont authentiques, en tout cas elles m'ont semblé plausibles. J'espère quand même que le fameux oncle Gabriel n'était pas aussi pervers et incestueux en réalité, parce qu'il est vraiment dépeint comme un être foncièrement nuisible. Certaines scènes ont été vraiment pénibles pour moi, mais le contexte de l'époque était tel que ce genre de comportement était courant, mais passé sous silence pour préserver une réputation, ou des intérêts financiers comme ici. le contexte historique est assez bien replacé, j'ai d'ailleurs appris pas mal de choses sur la colonisation de l'Egypte.

Par contre je n'ai pas été emportée comme dans la saga "Mille femmes blanches", il m'a manqué ce souffle épique qui m'avait transportée sur quatre volumes. Ici, peu de place pour l'imagination, on passe d'un domaine à l'autre, d'un mari au suivant, d'une turpitude à une trahison, c'est un peu lassant à la longue. La version réécrite a peut-être corrigé certains défauts, si je la trouve d'ici quelques années, je retenterai pour comparer.
En conclusion, une lecture intéressante quoiqu'un peu longue, mais que j'oublierai sans doute assez rapidement parce que je n'ai pas réussi à m'attacher à ces deux femmes, le courant n'est pas passé entre nous !

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39. Marie-Blanche - Jim fergus - Marie-Blanche est alcoolique et a rompu tous liens avec sa famille. L'histoire remonte le temps à travers un siècle et trois continents. Sa mère Renee, riche héritière, a vécu une vie hors du commun. Personnalité forte, froide et tyrannique, elle en est venue à détruire la vie de ses proches.

- j'ai bien aimé cette saga sur plusieurs années. J'ai été choquée parfois de certaines scènes. L'histoire est bien racontée et on ne voit pas défiler les pages.
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Jim FergusMarie Blanche

Henriette la comtesse est prétentieuse, jalouse, arrogante.. Stérile elle a voulu faire croire qu'elle avait accouché de l'enfant de sa servante pour des raisons de succession.
Maurice le comte est plus soucieux de ses chevaux, de la chasse et de ses amis du club que de sa famille.
Gabriel le vicomte est le frère de Maurice et l' amant d' Henriette. C'est un jouisseur sans scrupule mais un homme d'affaire avisé.
Renée est l'enfant rebelle, alcoolique et insatisfaite de son sort.
Autour de ces aristocrates décadents, un personnel nombreux plus ou moins fidèle.
Dans ce roman trop long il est difficile de s'y retrouver dans tous ces personnages en fin de règne.
Ces aristocrates déchus de la deuxième moitié du XX°s. ont perdu leurs privilèges et une grande partie de leur fortune, mais surtout le sens le de leurs responsabilités et les valeurs morales qu'ils incarnaient.
Il ne faudrait pas oublier qu'à l'origine ils ont été anoblis par leur roi pour des services rendus, à la patrie militaires, économiques culturels ou religieux
Jim Fergus nous fait comprendre qu'ils ont gardé les avantages de leur position sans assumer leurs obligations.

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Magnifique roman, et surprenante découverte d'une facette méconnue de cet auteur ami de Jim Harrison, dont l'oeuvre regarde plutôt habituellement vers l'ouest américain.
Ici, une atmosphère très française, avec une écriture superbe, fluide, dynamique, simple, évocatrice, servie par une magnifique traduction de Jean-Luc Piningre.
La première partie de ce roman basé sur des personnages réels est consacrée à Renée, grand-mère de l'auteur. D'enfant parfois victime, elle devient au fil des pages une femme libre, cruelle voire perverse, froide et pourtant pleine de désir et tellement charismatique. le portrait de femme est d'une justesse et d'une force d'évocation époustouflantes. La relation incestueuse avec l'oncle, dans cet univers début de siècle imprégné de décadence fin 19ème, évoque parfois Choderlos de Laclos et Renée fait parfois légèrement songer, par sa philosophie de vie, à la Juliette de Sade.
Puis c'est au tour de Marie-Blanche, qui donne son nom au livre, de faire l'objet d'un portrait déchirant de femme mélancolique. Jim Fergus tente ainsi, en dressant le portrait de la mère puis de la fille, de comprendre comment la mère ait pu faire preuve d'une telle cruauté envers sa fille, et comment la fille se soit ainsi orientée dans l'existence sur la voie d'une autodestruction systématique et implacable.
Je conseille de commencer la lecture par la partie sur Renée, puis celle sur Marie-Blanche et de ne lire qu'ensuite les petits textes qui encadrent l'oeuvre (introduction, préface, et textes de fin). Ceux-ci sont autant de miniatures qui permettent de prolonger la lecture en compagnie de l'auteur, tout en visitant la vie et les souvenirs d'un écrivain, par delà la mélancolie d'une mère.
Lien : http://www.williamjoshbeck.c..
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La reedition a ete une redecouverte! Lu il y a quelques annees, c etait l ouvrage de Jim Fergus qui m avait le moins convaincu. Quel changement d avis pour moi apres l avoir relu complete dans cette edition par l auteur. Est ce parce que je suis plus agee de quelques annees? Bref, cetre histoire qui retrace la vie d ailleuls est une petite pepite. Maintenant je peux dire que j adore rous les livres que jai lu de cet auteur.
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Quel livre ! Mais quel livre ! Vous le prenez et ne vous en détachez pas. C'est du grand Jim Fergus !

Ce roman se termine en fait page 649 et ensuite, l'auteur, en bon journaliste, nous donne plein de détails. Mais parle-t 'on vraiment d'un roman ? Cela se rapproche davantage des mémoires personnels que d'une fiction comme nous le précise d'ailleurs l'auteur.

Quand on lit la vie immorale qu'ont menée son arrière-grand-mère Henriette, sa grand-mère, Renée, et sa mère, Marie-Blanche, on se demande comment Jim Fergus a pu s'en sortir finalement pas trop mal : une sorte de résilience

J'ai beaucoup apprécié les photos de famille qui nous permettent de mettre un visage sur les personnages.

Quelques erreurs de dates dans le texte et en légende d'une photo : étonnant de la part de cet auteur qui semble par ailleurs si perfectionniste ! mais on lui pardonne : il est tellement talentueux !
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Dix ans après sa parution, Marie-Blanche fait son retour en librairie dans une nouvelle édition modifiée et enrichie.
Ce roman biographique de plus de 700 pages (ne soyez pas effrayé, il se lit facilement, et en plus il y a des photos) nous parle de deux femmes.
Qui sont-elles pour que l'auteur ait choisi de nous en raconter l'histoire ?
Marie-Blanche, qui donne le titre à ce roman, est la mère de l'auteur, Jim Fergus. Renée,  qui aurait pu tout aussi bien avoir le rôle-titre, est sa grand-mère.
Deux femmes, deux destins aux étranges similitudes qui les conduisent de France aux États-Unis.
Les chiens ne font pas des chats, dit le proverbe, les deux protagonistes de ce livre en sont la parfaite illustration.
Renée, enfant à la curiosité excessive va le payer cher.
Elle voit des choses qu'une enfant de son âge ne devrait pas découvrir.
Ça lui donne des envies qui lui feront commettre des erreurs.
Des mauvais choix qui la poursuivront toute sa vie.
Aimer la mauvaise personne va la mener dans un piège infernal qui tracera sa destinée.
Et quand, à son tour, elle deviendra mère...
Marie-Blanche aura un destin tout aussi bouleversant.
Séparée de son père et son frère dès l'enfance, elle subira les décisions d'une mère castratrice, froide et tyrannique,  jusqu'à ce qu'à son tour et secrètement, elle quitte le foyer dans lequel elle se sent prisonnière.
Comme Renée,  Marie-Blanche multipliera les rencontres, comme elle, les mariages, les séparations, comme elle, elle aura des enfants, comme elle, elle ne saura pas donner d'amour.
Et puis un jour, un drame.
Est-ce cet événement qui conduira Marie-Blanche vers une fin tragique ?
Ou est-ce une prise de conscience, d'une vie ratée, d'occasions manquées ?
Jim Fergus remonte le temps.
Grâce à des témoignages, des photos et divers documents qu'on lui a transmis tardivement, il cherche à comprendre qui étaient ces deux femmes, deux énigmes dans sa vie d'homme.
Il trace leur portrait avec les éléments qu'il a récupérés au fil des ans.
Sans empathie, sans complaisance mais sans les condamner non plus.
Deux vies hors du commun.
L'une, fille d'aristocrate (du moins c'est comme cela qu'on l'a présenté pendant longtemps à l'auteur), qui ne rêve que de gloire, de reconnaissance et de richesse et qui ne sait pas aimer.
L'autre, à qui tout pourrait sourire, mais qui fait les mauvais choix, les mauvaises rencontres, et qui va se perdre dans les excès.
L'une qui mourra très vieille, l'autre beaucoup trop jeune.
Deux femmes qui n'ont pas su aimer, qui n'ont pas su s'aimer.
Mêlant avec talent, le romanesque et la biographie, Jim Fergus nous livre là, un roman personnel et émouvant.




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Comment parler de Marie-Blanche sans tomber dans les superlatifs: Marie- Blanche est un chef d'oeuvre absolu de la littérature Américaine. L'histoire folle, invraisemblable et pourtant réelle de la grand-mère de Fergus, mère de Marie-Blanche, femme au caractère tellement trempé qu'elle broie tous ses proches sur son passage pour suivre le chemin incroyable de son destin à travers le monde, la France, l' Egypte, les Etats-Unis... Aventurière sans état d'âme qui bouscule tout et sacrifie sa fille pour toujours avancer, Jim Fergus essaie de comprendre son histoire et nous décrit une personnalité hors du commun qui vivra une existence hallucinante et destructrice. Ne vous laissez pas impressionner par le nombre de pages, une fois commencé, on ne peut plus se défaire de ce roman !
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Quelle étrange famille maternelle que celle de l'auteur Jim Fergus.
Dans ce roman, il revient sur l'histoire de sa grand-mère et de sa mère. Dès le départ, il explique que tout n'est pas réel, que l'histoire est romancée. Jusqu'à quel point ? J'avoue ne pas avoir compris la haine ressentie envers Renée, la grand-mère.
Que ce soit la grand-mère ou la mère, elles semblent s'être construite toute deux sans amour maternel, avec chacune une pression familiale plus que pesante. Selon moi, elles sont toutes les deux victimes et sont devenues ce qu'elles ont pu !!!
L'écriture de Jim Fergus est toujours aussi attrayante. On se laisse emporter par cette histoire familiale, même si bien souvent j'ai été halluciné par des moeurs dissolus, incestueux, adultères, toxiques...
Je n'arrive pas à définir si ce roman est un hommage de l'auteur à sa maman, ou pas... s'il a cherché par son écriture à trouver des réponses...
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Tout commence par une visite de l'auteur, Jim Fergus, à sa grand-mère Renée. Il en dresse un portrait pas très sympathique et autant dire que je n'étais pas pressée de la connaître plus amplement.
Ensuite, Jim Fergus nous narre la vie de Renée : un papa gentil, une mère dont l'amant n'est autre que le frère de son mari, un oncle violent qui aime les jeunes filles... Tout au long de sa vie, Renée va déménager à divers endroits du monde. Elle se mariera 3 fois, aura 2 enfants dont Marie-Blanche.
Cette dernière est la mère de l'auteur. Et comme sa mère, elle voyagera aux 4 coins du monde. Et comme sa mère, elle ne saura pas vraiment ce qu'est l'amour maternel.
Dans cette quête, Jim Fergus cherche à en savoir davantage sur ses origines et ses racines. Il n'apprendra que très tardivement les réelles raisons de la mort de sa maman.
Le récit est plutôt bien structuré. Les chapitres sont courts, l'écriture est fluide et agréable à lire.
Et même si tout est essentiel pour l'histoire, j'ai trouvé le roman un peu trop long. J'ai stagné à certains moments. Il m'était difficile d'avancer dans la lecture, à cause de cette impression de redondance.
Marie-Blanche reste une belle saga familiale, sans que cela soit un coup de coeur comme mille femmes blanches, un autre livre de Jim Fergus. .
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