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3,92

sur 728 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lu bien avant 2015. Alice Ferney comprend les femmes comme personne. J'avais eu le coup de foudre immédiat pour sa plume, dès la lecture de ce court roman.
C'est le cycle de la vie qu'on voit défiler à travers les pages. Cela débute à une époque où la mortalité infantile et le décès en couches étaient monnaie courante, où la mort séparait les couples prématurément. Ce livre célèbre la force, le courage et la dignité de celles qui portent la vie, donnent, subissent, transmettent, luttent et... Aiment !
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D'Alice Ferney, je garde le souvenir vibrant de Dans la guerre, livre de guerre écrit par une femme. Ici, l'élégance des veuves pourrait sembler proposer un schéma plus classique, une femme qui écrit sur des femmes. Mais ce petit livre dit beaucoup de générations de femmes qui n'ont vécu que pour donner la vie, même si l'amour n'est pas tout à fait absent. D'un monde patriarcal, elle fait émerger, par sa peinture délicate des personnages féminins, un vrai matriarcat, essentiel au dessein social. le regard des femmes sur les hommes, des femmes sur leurs nombreux enfants, les femmes entre elles, ce sont bien les femmes qui sont le coeur de générations qui se suivent et de l'histoire qui se fait.
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Ce récit commence par une litanie de malheurs, de tristesses qui accâblent une femme, Valentine. J'ai alors ressenti à un moment l'envie d'abandonner sa lecture. Mais, heureusement Alice Ferney a une écriture vraiment douce, un phrasė velouté, cela encourage à la lecture malgré la dureté de ce qui est relaté.
Cela en fait un beau roman, témoignage de la condition féminine à travers plusieurs générations.

Les couples se forment de façon simple et rapide, parfois c'est une union arrangée. Dès les unions scellées, hommes et femmes s'installent dans un rythme de vie qui deviendra quasi monotone, aux habitudes bien posées. Chacun son rôle. Les femmes sont dédiées à leur foyer, leurs enfants, elles sont soumises à leur mari, consentantes et aimantes. La coutume, la contrainte sociale et la pression religieuse y participant pleinement.

Les nombreux décès enferment ces femmes dans des successions de deuils, de souffrances, et façonnent leur caractère devenu à la fois dur, résistant et résigné. Mais toujours digne !

Pour Mathilde, belle fille de Valentine, les grossesses quasi incessantes sont devenues une menace pour sa santé. Grossesse alliée à la souffrance ... dans cette famille, à cette époque, cela parait une évidence ! Mathilde ne s'en plaint pas même si elle en souffrira jusqu'à mourir. Elle se soumet à son mari, Henri.

Ce patriarche inflexible n'écoute pas le médecin qui tente de lui expliquer le danger qui guette sa femme usée par les grossesses.
Au contraire, très égoïste, Henri s'enorgueillit de voir sa famille s'agrandir, d'être obéi, de contribuer à la grandeur de la France. Il est le seul à avoir un lien avec l'extérieur du fait de sa profession. Il est totalement aveugle aux souffrances et à l'affaiblissement de sa femme qui s'accentuent au fil des trop nombreuses grossesses.

Henri incapable de communiquer et d'une fierté obstinée est un obstacle pour les autres membres de sa famille. Un obstacle au parler franc, un obstacle à concevoir les choses autrement. Aussi il est incapable d'exprimer une quelconque affection à ses enfants.

Le rôle très important qu'occupe une femme à ses côtés constitue la charpente incontournable d'une vie qui le comble. Une femme aimante et soumise est indispensable à la construction de son idéal ; de ce qui le glorifie. Sans une femme ... que serait-il ? A la mort de sa femme, on comprend à quel point le rôle de sa femme était essentiel. Henri est incapable d'apporter affection et attention aimante à ses enfants. Il est "carencé" dans son rôle de parent. Il décide alors de faire appel à une autre femme, Gabrielle (qu'il connaissait déjà et pour qui il avait déjà une affection réciproque) pour reprendre le rôle devolu à la mère. Ce remariage lui permet de retrouver une organisation de vie telle qu'il la conçoit.

À travers ce roman on voit l'évolution, la progression de l'image de la famille dans la société. Dabord les parents de Valentine, puis Valentine elle même, puis sa belle fille Mathilde, puis ses enfants et enfin ses petits-enfants. Dans cette très nombreuse descendance, parmi la génération la plus récente, quelques divorces s'imposeront ; signe qu'une évolution doit malheureusement passer par une rupture.

Je pense que cette description de la condition de la femme aurait été bien pire si les personnages évoluaient dans un milieu social défavorisé, ce qui n'est pas le cas dans cette famille. Aussi, heureusement la violence ou toute autre forme de haine ne semble pas toucher ces personnages.

Ma grand-mère ayant eu 12 enfants, j'ai beaucoup pensé à elle en lisant ce livre. Je sus assez sûre qu'elle a dû vivre les mêmes difficultés de femmes, mais avec en plus une certaine indigence socio-économique, ce qui a dû lui rendre la vie encore bien plus dure ... très dure !

Hommage à toute ces mères.



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Comment décrire ce livre... C'est un livre court mais vous allez traverser des décennies. Ce livre est d'une grande douceur d'écriture. Pourtant les personnages passent et la vie n'est pas simple. Fin du XIXème début du XXème on aborde la vie de femmes (bourgeoises certes) avec un regard discret et pudique. Une écriture travaillée et subtile qui nous fait autant lire les mots qu'imaginer l'histoire. On oublie presque nos personnages tant on entend la voix du narrateur (ou narratrice n'est ce pas). C'est comme si en nous, femmes du XXIème siècle, il y avait cette compréhension innée de la société de cette époque. On accepte l'évolution au fil des générations sans précipitations et avec beaucoup de sagesse.
Je suis heureuse d'avoir lu ce livre, j'avais vu le film (Éternité) avant d'avoir lu le livre (chose que je ne fais pas habituellement) et je crois qu'à part la voix off (pas aussi forte que la narration du livre), le film a su montrer ce que les mots nous font ressentir dans le livre.
Je suis curieuse de lire d'autres livres de cette auteure, qui semble arriver d'un autre siècle ... c'est un compliment :)
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Beau texte qui nous emmène de la toute fin du dix neuvième siècle et jusqu'au milieu du vingtième : 2 générations de femmes avec un schéma identique : mariage, enfants, veuvage et une dignité absolue, une grande abnégation, un courage face à la vie et à la mort.
Ces femmes qui vivent pour les autres , leur mari avant tout et ensuite leurs enfants....

C'est un livre plein de pudeur et d'humanité, de féminité devrais je dire, car c'est avant tout l'histoire un peu universelle des femmes, dans leur 1er rôle qui est de transmettre la vie. . .

Un agréable moment de lecture servi par une très belle écriture toute en nuance et en délicatesse.



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Ce roman, court par son nombre de pages, est d'une intensité incroyable. J'ai continué à penser aux personnages et à leurs destins plusieurs jours après avoir terminé ma lecture et cette sensation est l'une de mes préférées dans la lecture. Je me suis retrouvée dans l'incapacité de laisser totalement Valentine, Mathilde et Gabrielle.

Grâce à Alice Ferney, nous sommes plongés au début du 20ème siècle. Les couples se marient, les femmes enfantent dans la douleur à de multiples reprises, assistent avec désespoir aux décès de leurs maris ou fils à la guerre et finissent dans la solitude leurs vies, marquées par le sceau du chagrin et des deuils.

Chaque ligne est écrite avec beaucoup de délicatesse et d'humanité. La maternité est ici un point d'ancrage très fort et elle est décrite avec beaucoup de douceur et de tendresse. Ces passages m'ont particulièrement touchées.

Nous ressentons également beaucoup de compassion face aux drames qui vont tâcher les vies de ces trois femmes, courageuses, fortes et sensibles. Les moments de bonheur, essentiellement liées aux mariages, aux naissances et aux histoires d'amour qui sont celles d'une vie, apportent un peu de légèreté dans cette époque qui n'était pas simple.

J'ai passé un très beau moment de lecture. La plume d'Alice Ferney m'a bouleversé par son humanité et sa profonde tendresse pour nos ancêtres féminins qui ont bercés le monde.

Un très beau coup de coeur, donc, pour ce petit roman, dont le contenu m'a fait vibré jusqu'à la dernière page.
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Magnifique écriture qui évoque avec pudeur et sensibilité la douloureuse histoire de plusieurs générations de femmes qui se sont sacrifiées avec dignité et courage pour perpétuer le cycle de la vie. Au début du siècle, dans la bourgeoisie traditionnelle où les mariages s'arrangent, où la contraception ne s'imagine pas, les grossesses nombreuses sont la destinée attendue, souhaitée même pour accomplir le destin féminin, synonyme de fécondité. Les naissances contrebalancent les deuils fréquents. Les veuves survivent dans un renoncement remarquable, remplissant leur devoir de mères avec une élégance qui force le respect. Très belle lecture !
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Avec Valentine, on nous entraîne d'emblée dans un vertige de générations qui se succèdent. Des femmes aux grandes familles qui elles-mêmes engendrent beaucoup d'enfants, qui eux-mêmes... etc. de quoi, s'y perdre un peu. Même si la réflexion centrale de ce roman reste le statut de la femme à une certaine époque qui ne la considérait comme remarquable qu'à partir de l'instant où elle acquérait le statut de mère. Besoin, envie, nécessité, les sentiments ne sont que peu évoqués ici. C'est cette éducation de tout temps qui fait que les filles ont ce besoin d'enfanter. Pour justifier leur existence, pour se voir à travers les yeux des autres comme accomplie, entière. Valentine, Mathilde, Gabrielle, Clotilde, toutes issues d'une même lignée et pourtant elles évoluent avec le 20ème siècle qui s'écoule et les moeurs évoluent aussi, lentement mais sûrement.
Un livre sur la maternité tour à tour bonheur, carcan, puis choix ; sur les hommes à travers leurs morts. Une succession de destins familiaux qui brosse une chronique d'époque.
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Avec l'élégance des veuves, me voici à mon troisième titre d'Alice Fernay.

Après quelques hésitations quant au thème, je me suis laissée aller tranquillement à cette lecture.

Au début, tout allait très vite fiançailles, mariages, naissances, mortalité infantile, enchainement des grossesses… le mot qui convient c'est expéditif, pour la suite aussi en quelque sorte ! Je me suis interrogée sur ce que ce rythme effréné allait donner mais l'auteur est rentrée plus précisément dans le sujet.

Dans un contexte de vie en pleines mutations, de guerre aussi, Alice Fernay nous parle majoritairement de deux destins issus de la Bourgeoise qui édictait les règles de vie à la lumière du Catholicisme et qui offrait peu de liberté aux époux de mener leur vie avec indépendance. Les parents arrangeaient les unions.

« Croissez, multipliez-vous, ne vous privez pas l'un de l'autre dit la Bible ».

Alors, les femmes enchainent les grossesses telles des poules pondeuses, elles n'envisagent pas autre chose malgré la mort de certains enfants, elles relèvent la tête pour leur nichée, leur mari.

Une femme ne vacille pas, elle pleure en cachette, mais est vite rattrapée par sa tribu et cet époux qui est un véritable étalon !

Cela conduit immanquablement à l'épuisement de ces mères qui n'ont pas de répit, morts et vies s'alternent souvent et c'est dramatique. Elles aiment leurs enfants mais ont si peu de temps pour chacun.

Le contrôle des naissances n'est pas encore intégré dans les habitudes, alors on se résigne et se révèle encore plus déterminée. Cette mort qui entraîne un sursaut de vie pour soi et ceux qui restent.
C'est là que se niche l'élégance des veuves.

La femme quoique soumise est le pilier de la famille.

Je ne suis pas allée dans les détails de ce récit, car il a été très bien mené par d'autres ami(e)s Babélio.

La fin de cette histoire est heureuse, l'amour est là, dans un couple où chacun respecte son passé et permet d'envisager une destinée commune avec résilience.
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Etre femme. Etre Mère.
Perdre ses êtres chers et de chair.
Entendre la souffrance et la force de la création, malgré tout.
Emerger par ce vous êtes mères et traverser le chemin de la vie.
Belle écriture, riche.
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