Les Bourgeois

Un siècle dans la vie d'une famille. Si la première partie (jusqu'à la Libération) m'a entraînée dans la fratie, j'ai un peu traîné des yeux ensuite. Un rien d'ennui devant ces naissances , mariages, même si L Histoire s'intrique dans l'histoire. Mais la langue élégante d'Alice Ferney permet d'avancer.

Un saga familiale très bien écrite, sur fond de diaporama historique dont les longueurs m'ont surprise,
Le tout est intéressant, mais on s'approche parfois tellement de l'étude sociologique ou ethnologique que l'on peine à s'attacher aux personnages…
car ils défilent ces personnages, et au fond ils importent peu, c'est le milieu social qui est au coeur du roman.
Un milieu bourgeois analysé et décortiqué certes, mais avec quand même pas mal d'indulgence… j'aurais aimé des personnages plus fouillés et un regard plus perçant sur la condition féminine et sur les effets de cette éducation aux valeurs catholiques de devoir et de vertu

On a tous en tête bien sûr la chanson de Brel, "Les Bourgeois, plus ça devient grand plus ça devient...". Ces Bourgeois-là sont loin d'être cons, pour certains plutôt sympathiques, bref pas des "méchants Bourgeois". Roman construit comme une sorte de puzzle temporel (on passe d'un court chapitre à l'autre de 1849 à 2013 par exemple), les Bourgeois de père en fils, par leur patronyme et leur classe sociale, nous baladent sur un siècle d'existence, nous faisant réviser l'Histoire de France de la fin du 19ème à aujourd'hui. "Réviser" car c'est beaucoup plus cela qu'une analyse de la classe bourgeoise finalement. Même si tous les ingrédients y sont saupoudrés malgré tout comme la place des femmes au foyer, réduites à pondre un nombre d'enfants incroyable à la chaîne, ou encore la réussite sociale (médecin, avocat, militaire...) sinon on est le canard boiteux de la famille, etc. Lecture enthousiaste au départ et ça s'étire, ça s'étire... et le plaisir lié au souffle romanesque de la grande saga familiale devient un excercice assez fatiguant pour tenter de se retrouver dans cette grande lignée généalogique où j'avoue m'être perdue parfois... La jolie écriture soignée d'Alice Ferney n'a pas réussi à compenser tout cela. C'est con...

Bourgeois, c'est le nom comme le statut de cette famille dont nous suivons l'histoire ou plutôt L Histoire au cours du XX éme siècle. L'auteure nous invite à feuilleter avec elle, un peu longuement, un album de famille et elle dépeint avec affection ces aïeux (aisés) qui sont éventuellement les nôtres et qui structuraient la France. Alice Ferney est un peu complaisante avec ses personnages. Elle décrit avec force détails leur droiture, leur probité, leur dignité mais elle ne masque pas la violence de certaines de leurs valeurs : catholicisme rigide – misogynie extrême – approche sociale inexistante – autoritarisme forcené – colonialisme assumé - nationalisme ravageur... Elle n'esquive pas non plus les pires attitudes de ces Bourgeois, sous l'occupation nazie en particulier, même si elle recourt volontiers à ce si pratique verbe « ignorer » qui signifie autant « ne pas savoir » que « ne pas tenir compte de ». Ce livre est néanmoins une occasion de revisiter le XX éme siècle au niveau d'une cellule familiale bourgeoise, c'est à dire au coeur de la vie des Bourgeois. le devenir de cette famille à travers le siècle laisse apparaître les profondes transformations de la société française au cours de cette période. C'est peut-être pour chacun d'entre nous l'occasion de s'interroger et de mieux comprendre les attitudes de nos ascendants face à L Histoire.

Les derniers chapitres du livre prétendent hélas analyser ces transformations sociétales jusqu'à aujourd'hui mais la famille décrite est vraiment trop déconnectée de notre époque pour que la recette fonctionne. La démonstration est donc peu convaincante et l'analyse bâclée, mal documentée, incomplète et parfois même erronée. Peut-être est-ce trop tôt. Nul doute toutefois que l'évolution des générations suivantes face à L Histoire qui ne fait pas de pause – grosso modo à partir des années 80 avec le déferlement du néo-libéralisme, la fin de la guerre froide, la révolution technologique, la mondialisation, l'amplification du phénomène migratoire, le renforcement des inégalités, le recul général des libertés, le réchauffement climatique, l'effondrement de la biodiversité et le retour du spectre de la guerre, pourra faire l'objet d'un autre ouvrage. Ce seront sans doute nos descendants qui pratiqueront cet exercice à notre endroit. Pas certain que notre bilan soit beaucoup plus favorable...

Le "Bourgeois" du titre est ici un patronyme mais également la dénomination d'une classe sociale, bien qu'à mon sens les termes "catholique" et "conservateur" caractériseraient davantage cette famille dont la narratrice est très proche : née au début des années 1960, tout comme l'autrice, elle figure, enfant, sur une photo souvenir, assise sur les genoux de l'un des fils Bourgeois. L'un des huit fils ! Seules deux filles peinent à rétablir l'équilibre des genres. La plupart de ces dix héritiers, qui sont venus au monde entre 1920 et 1940, donneront eux-mêmes naissance à une nombreuse progéniture, reproduisant plus ou moins consciemment le modèle familial, mais entre-temps la société française se sera transformée, les mentalités auront évolué ; la norme de 1920 sera devenue une survivance un siècle plus tard. Aucun d'entre eux, cependant, ne rompra vraiment avec le clan et la philosophie sous-jacente.
Au travers de destins variés mais prenant souvent la forme de carrières militaires, Alice Ferney retrace un siècle d'histoire de France qui se solda, pour ces officiers de divers grades, par des déconvenues plutôt que des réussites : déroute de 1940, fiasco de Diên Biên Phu, conclusion peu honorable, à leurs yeux, des "événements" d'Algérie. Les deux filles de la fratrie ont tenu leur rang et accompli sans état d'âme la mission qui leur était assignée à la fois par la religion et par leur père et leurs maris : perpétuer la lignée. Les générations suivantes s'écarteront probablement de ce schéma mais alors la plupart des grands-parents ou arrière-grands-parents ne seront plus de ce monde pour s'en désoler.

J'avais déjà lu 6 romans d'Alice Ferney, notés de 3 à 5 étoiles. Elle continue de me surprendre. C'est vrai que c'est une impressionnante construction de la « petite » histoire, celle de cette nombreuse famille de catholiques convaincus (loyauté acquise aux positions papales, garçons militaires, avocat, ou médecin, femmes très mères forcément au foyer) dans la « grande », de 1895 à 2016, et ça doit être un sacré boulot. Mais les aventures dans le siècle de cette tribu de nantis pour qui « l'argent n'est pas un sujet », un peu dépassés par les évolutions sociales d'après 68, un peu choqués par les agissements et les choix politiques français en Algérie mais toujours fidèles à leurs valeurs bourgeoises ont fini par me lasser, malgré l'écriture toujours impeccable de la dame. J'ai fini surtout pour savoir qui est cette narratrice proche de Claude, un des plus jeunes fils du patriarche et qui semble sa principale source d'information, mais la réponse m'a échappé jusqu'au bout. Quelqu'un pour m'aider ?
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Ce livre retrace toute la vie de la famille Bourgeois avec tout le contexte politique qui se rattache aux différentes époques. Par moment, l'impression de basculer vers l'essai historique.

L'auteur à le grand mérite de retracer au travers de l'histoire d'une famille fictive typique voire caricaturale , un pan de l'histoire française . Description d'un milieu bourgeois parfaitement restitué dont l'auteure n'en fait que trop parti. Mais on l'en excusera puisque c'est justement dénuée de jugement critique qu'elle décrit plus encore finement ce monde là.... un monde bourgeois sans rapport au monde que soi et encore soi et sans souci d'autre que la perpétuation de son nombril et de bons petits soldats. C'est ce genre de livre qui donne accès à une société dont on ne soupçonne même pas qu'elle se perpétue encore;.... mais si mais si

Des longueurs ........