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sur 562 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Conteuse hors-pair, Alice Ferney nous revient dans son dernier roman, avec la saga d'une famille, Les Bourgeois, des bourgeois et l'entame avec un décès, le décès de Jérôme Bourgeois, quatre-vingt ans, qui "fut résolument français et provincial", "né chez les nantis et soignant les pauvres". Donc pas "méchant bourgeois".
Né en 1933, il était le fils d'Henri et Mathilde et frère de sept garçons et deux filles: Jules, Jean, Nicolas, André, Joseph, Louise, Claude, Guy, Marie, "Être dix, c'était avancer dans la vie comme une étrave avec derrière soi le tonnage d'une énorme famille".
Sous forme d'un journal, dont les nombreux feuillets auraient été dispersés, et regroupés sans chronologie, Ferney ( probablement la narratrice, une Zelig qui nous interpelle directement dans le récit) suit la trajectoire de cette famille conservatrice de la droite chrétienne, embrassant tout un siècle d'histoire de France et celle européenne. Je dis conteuse hors pair car raconter sur un siècle, aussi clairement, sans ordre chronologique, l'histoire intime dans la grande histoire, relevée d'une multitude de réflexions intelligentes et profondes sur les liens entre les évènements et les émotions, avec un regard critique déroutant, c'est indéniablement du talent.
La famille, le couple étant ses sujets de prédilection, elle nous décortique ici l'évolution des rapports sur trois générations; rien de nouveau mais romancé par Ferney c'est toujours innovative. Elle a presque l'air d'avoir la nostalgie du temps où le mariage était l'unique solution pour une vie commune entre les deux sexes; apparemment il avait plus de valeur et de poids qu'aujourd'hui (".....mariage, qui n'était pas –comme il arrive que le ressentent aujourd'hui les jeunes mariés –la fin de quelque chose, l'aboutissement ou le point final du temps de la passion libre, mais son commencement et celui de la vie commune, la découverte de la sensualité partagée et la création de sa propre existence."). Aussi une certaine nostalgie de l'éducation bourgeoise d'antan, mais l'écrivaine, coquine, après l'avoir vantée, ajoute : "On n'était pas malheureux ! dit Claude aujourd'hui, sans songer une seconde que cette affirmation pourrait bien signifier le contraire de ce qu'elle prétend dire". Elle titille d'autres sujets, comme les droits des femmes, ont-ils vraiment avancé, ou juste changé de perspective ? ou les privilèges acquis de la bourgeoisie du début du siècle, que d'autres classes sociales ne pourront y accéder que tardivement, comme les vacances payés (1936).
Deux autres thèmes récurants,
Le thème de la guerre, toutes ces vies perdus pour rien avec des slogans du genre du général Lattre en Indochine, "Je vous apporte la guerre et la fierté de cette guerre. Notre combat est désintéressé. Nous ne combattons pas pour la domination mais pour la libération".....révoltants,
Le thème de la mort, la fin inévitable pour tous sans aucun échappatoire qui semble beaucoup l'occuper,vu le nombre de fois qu'elle y revient avec des réflexions nuancées, "une abstraction.....un souvenir. Voilà ce que fait de nous la mort."

J'ai trouvé les personnages peu attachants, figés dans leur cadre bourgeois et catho, une rigidité, une perfection ( celle des hommes presque tous vertueux, et surtout celle des femmes, avec au moins un contingent de 9 à 10 mômes, toujours impeccables, super serviables au mari ...., les maris qui les aiment follement après 9 enfants, un conte d'Andersen ....) qui m'a un peu exaspérée. Une rigueur morale qui bien qu'étant leur force fut aussi leur faiblesse. D'autre part la vie d'une famille bourgeoise, de surplus profondément catho sur fond d'histoire de France et d'Europe n'est pas un sujet qui me passionne vraiment, surtout qu'ici c'est un peu long. Donc si ce n'était la plume grandiose d'Alice Ferney et son faux regard impartial qui donne encore plus de pep à son sens critique, je ne l'aurais probablement pas lu.


"L'esprit occidental aime tant les causalités, les explications rationnelles, les fondements."




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Alice Ferney - dont j'ai nettement plus apprécié d'autres ouvrages - nous narre l'histoire d'une famille (très) nombreuse, bourgeoise de nom et de mode de vie, durant tout le vingtième siècle, et aussi un peu avant et après.
J'ai été intriguée par l'exploration d'un territoire inconnu pour moi, en particulier la vie d'une nichée aussi fertile.
Ces personnages traversent les faits marquants de l'histoire contemporaine en restant "droits dans leurs bottes" (ou plutôt dans leurs chaussures de tennis).
Cette famille de conservateurs penche à l'unisson du même côté, alors qu'il me semble qu'une éducation semblable peut fréquemment donner des adultes dissemblables. Il y a bien un mouton noir, mais c'est le premier de la fratrie à décéder !
Peut-être que le jugement partial de l'autrice s'explique par le fait qu'elle les connait ?
Ce roman se borne donc à décliner le devenir de ces personnes pas spécialement sympathiques, je l'ai lu par pure curiosité, comme je parcourais dans ma jeunesse un journal concernant la vie des altesses royales que ma mère achetait assez régulièrement.
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Bouh que c'était long. J'ai lu jusqu'au bout parce que je n'aime pas abandonner un livre et qu'au final j'arrive toujours à trouver mon compte dans des romans conçus sur le schéma "la petite histoire dans la grande histoire". Mais ce livre et moi on s'est rencontrés sur un malentendu, et l'on se quitte poliment, mais froidement.

Le malentendu, c'est que je n'aurais jamais imaginé une seconde qu'il ne puisse y avoir de place à l'ironie, ou même à une certaine forme de distance, dans un roman qui s'intitule "Les Bourgeois" pour parler... des bourgeois. Pas n'importe lesquels: cette bourgeoisie catholique traditionnaliste à familles nombreuses et positions sociales élevés. On est bien sûr pas obligés d'en rire, mais a minima se doit-on, dans un roman, d'en mettre le corpus idéologique en perspective. C'est en tout cas ce que j'en attendais, n'étant pas, loin s'en faut, de ce monde.

Or d'ironie et de distance, que nenni. Beaucoup de complaisance même pour cette famille aux innombrables têtes (on s'y perd tant ils sont nombreux) traversant le siècle de la première guerre à la chute du mur avec un logiciel inchangé; complaisance pour ces chefs de famille maurrassiens puis pétainistes puis pro Algérie française (oui mais vous comprenez c'est leurs valeurs, l'honneur la patrie tout ça), pour ces femmes perpétuellement dans les langes et perpétuellement baignées de béatitude domestique (aucune garce, aucune avare aigrie dans tout ce beau monde, vraiment?).
Je n'ai pas non plus aimé la construction du livre en aller-retours présent / passé; la narration chronologique pour la partie passé fonctionne plutôt bien par sa simplicité, en revanche la partie présent, également découpée en tranches datées, n'apporte rien à l'ensemble, pas plus que la posture de la narratrice qui bien que très présente ne se positionne pas dans le récit (amie? membre de la famille? écrivain?) et se contente de tourner sans fin les pages des albums photo de la famille.
Quant à la plume de l'auteure, eh bien là non plus je n'ai pas adhéré à cette espèce d'évanescence éthérée dans les mots, pas plus incarnés que les personnages.
Un malentendu, je vous dis...
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Ce roman n'est pas un ouvrage facile. le lecteur devrait se méfier de la couverture vintage et bucolique, qui laisse entendre que nous avons affaire à une tendre histoire d'enfance. Pas du tout. "Les Bourgeois" fait parti de ces romans réservés aux esthètes, complexes, singuliers et viscérales, qu'Actes Sud nous propose parfois. C'est le cas de "Les Parisiens" d'Olivier Py, rentrée littéraire de 2016.

Dès les premières lignes, nous avons tendance à oublier que l'auteure de ce roman est une femme, car l'écriture d'Alice Ferney est très « masculine ». Elle nous plonge avec aplomb et ténacité, dans l'arbre généalogique des Bourgeois, une famille qui porte bien son nom. Nous suivons le rythme infernal des naissances – dix enfants ! – au fil des années, et surtout, des guerres. C'est alors une fresque à la fois familiale, historique, politique, économique et sociale que nous offre Alice Ferney. Entre les naissances nombreuses et les décès qui font partie de la vie, l'auteure part des racines, pour aller jusqu'aux jeunes pousses, dans ce colossal arbre généalogique.
Nous avons alors l'impression que l'auteure veut tout nous dire, ne rien omettre de cette famille, de ses grands combats, – Première et Seconde Guerre mondiale – de l'éducation bourgeoise et religieuse des enfants, en passant par leurs tourments, leur inquiétude, leur mariage et leur bonheur. "Les Bourgeois" est donc un roman qui, à lui seul, est une performance littéraire.

Quand on regarde bien, il ne se passe finalement pas grand chose dans ce livre, et tellement à la fois. Tout est concentré autour de cette gigantesque famille aisée et pieuse. Toutefois, Alice Ferney use de redondances qui peuvent freiner notre lecture. Entre les faits historiques, détaillés comme un manuel d'Histoire et les liens qui unissent chacun des membres de la famille, jusqu'à nous perdre ; il faut savoir s'accrocher ! En somme, ce roman tourne en rond, et il n'est pas facile de comprendre la démarche de l'auteure.

Enfin, même si ce roman demeure somme toute ennuyeux, car même s'il raconte beaucoup, il divertit peu, il arrachera des larmes au lecteur. Car au-delà de parler des naissances abondantes et de l'affirmation sociale d'une famille sur le déclin, il est aussi question de la mort. Qui dit naissance, dit mariage et décès. Alice Ferney traite donc avec poésie et une remarquable philosophie, de notre approche de la mort. Ses mots sont poignants, les scènes bouleversantes et les émotions sincères. C'est alors un véritable retour sur soi qu'elle nous propose et une réflexion sur nos moeurs, notre vie, notre rang social, nos aspirations, nos propres peurs. Car tous, peu importe qui nous sommes, riches ou pauvres, familles nombreuses ou carriéristes, nous allons tous nous retrouver au même endroit. La mort elle, ne fait pas d'exception. Et c'est peut-être l'une des rares choses qui relie les êtres humains entre eux, malgré toutes leurs disparités. Alice Ferney se charge de nous le faire comprendre, avec grandiloquence, sagesse et recul.
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Henri et Mathilde Bourgeois sont nés à la fin du XIXème siècle, leurs dix enfants entre 1920 et 1940: Jules, Jean, Nicolas, André, Joseph, Louise, Jérôme , Claude, Guy et Marie. Leur descendance prolifique accompagne le XXème et le XXIème siècle.

Alice Ferney nous raconte à nouveau une famille éprise dont la tradition est le ciment. Les femmes y passent "sans transition du monde plein d'interdits des jeunes filles à celui plein d'obligations des épouses " et des mères, dans un épanouissement matrimonial pour nous ambigu. Les hommes, protecteurs, sont voués à la force l'armée ou aux Grandes Ecoles. Une "famille nombreuse, hétérosexuelle et catholique", "dernière floraison de la vieille société patriarcale et colonialiste", des gens "riches, privilégiés et éduqués".

C'est sans doute peu ou prou sa famille, à Alice Ferney, et si la narratrice, petite fille d'Henri et Mathilde, n'est jamais nommée, on se doute (ou on imagine?) qu'elle lui ressemble. Elle nous emmène dans cette ronde huperbolique des générations avec un réel sens du récit, une habileté narrative et un style tout à la fois sensible et puissant. On s'émerveille de n'être jamais perdu,on sait étonnamment toujours qui est qui, on repère les personnalités et les parcours, on éprouve des sympathies et des antipathies (là où la narratrice n'offre que bienveillance), et des émotions. Des émotions, il y en a, dans cette farandole d'événements, naissances, mariages ou décès, joies et drames qui font et défont les vies des familles et de leurs membres, qui font que celles-ci se retrouvent et se reconnaissent, dans des maisons accueillantes, où les récits se perpétuent, et les photographies se conservent.

Cette famille se conçoit comme un mode de vie qui se transmet. Dans une économie de moyens, on jouit de son argent sans en faire un but, on se confie à Dieu comme seul maître, seul critère moral, ancrage puissant, définitif et singulier. On ne perd pas son temps à se lamenter et s'épancher, mais on agit, selon des règles et une loyauté jamais remises en question. L'autorité du père semble librement consentie, comme si elle était fédératrice plutôt que tyrannique, parce que ça ne se discute pas, que la tradition est le maître mot.

La narratrice, femme mûre des années du terrorisme et de la procréation assistée, quoique fidèle à cette généalogie singulière, ne cesse de s'interroger : que voyaient-ils? que pensaient-ils? que cachait cette réserve commandée? rêvaient-ils, parfois? Quels espoirs, quelles vibrations, quelles rébellions étouffées?

Elle va rechercher l'émotion et l'intime derrière la carapace, les conventions, le puritanisme. Derrière l'arrogance, elle cherche l'humain avec une sensibilité qui m' a souvent touchée. Elle évoque la vieillesse et la mort, son approche comme son empreinte. Elle raconte la fratrie dans cette famille si nombreuse, cette hydre à dix têtes où s'entremêlent étrangement solitude et solidarité.

La narratrice se refuse à juger avec nos acquis, nos savoirs d'aujourd'hui, nos mentalités; elle regarde avec recul et indulgence (coupables?) cet homme resté royaliste, antisémite , autoritaire, cette femme oubliant ses aspirations pour intégrer la ligne de conduite familiale, ces couples sûrs de la répartition des tâches et des rôles entre les sexes. Ces Bourgeois, vaniteux mais généreux, intransigeants, redoutables, elle en fait des êtres de chairs et de sang, qui ont -ou n'ont pas - leurs doutes et leurs douleurs. le lecteur, lui, n'ira pas jusqu'à pardonner l'allégeance à Pétain et à l'Algérie française, mais il y trouvera une cohérence. Tout en appréciant son esprit de nuance et son besoin de comprendre, j'ai regretté la détermination d'Alice Ferney à édulcorer, qui fait tendre son propos vers l'hagiographie d'une époque et de moeurs révolus.

Le récit s'inscrit d'autant plus facilement dans L Histoire qu'après le père, soldat de 14, quatre des fils sont des militaires, et l'un résistant : 39-40, l'Indochine et l'Algérie. L'aspect purement historique est sans doute la grande faiblesse du livre: l'auteur considére pour acquis de nombreux faits qui me sont étrangers, mais surtout elle ne réussit pas à fondre Histoire et petite histoire, elle plaque ses données historiques tambour battant, un peu comme s'ils étaient sortis des manuels scolaires qu'Henri, tout au long de sa carrière d'éditeur , a contribué à éditer.(J'ai souvent sauté, je l'avoue)

L'élégance des veuves portait identiquement ces thèmes de la transmission générationnelle et de la maternité bienheureuse. Alice Ferney, dans la concision qui était une forme d'humilité brillante, y réussissait une sorte de "petit roman parfait". Vingt deux ans après elle y revient avec une ampleur et une ambition qu'autorisent son parcours et son expertise d'écrivain(e) reconnue. le pari du roman familiale tentaculaire est tenu avec autant de brio que de délicatesse. Elle ne réussit cependant pas pleinement l'ambition d'un roman universel du XXème siècle français.
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Le cadre de ce roman est le 20ème siècle, résumé par l'autrice sous la forme de quelques évènements marquants , symptomatiques pour elle du temps qui passe et des mentalités qui changent. Pour l'illustrer on suit sur cette période l'évolution d'une famille nombreuse, aisée et catholique. Pas grand chose de plus que ce canevas sommaire. Les nombreux personnages , formatés par la tradition et inaptes au changement, sont décrits superficiellement et l'analyse de la grande histoire est elle même rudimentaire. le livre ne tient que par les talents de conteuse d'Alice Ferney qui sait trouver les images qui parlent à qui a vécu ce siècle. le livre parait quand même long, de ceux qu'on ne lit que par petits bouts et dont la lecture s'éternise.
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Je fais partie des lecteurs avec avis mitigé. En effet, je ne suis pas insensible à une saga familiale, dynastique, sur trois ou quatre générations, traversant le XXème siècle en France, écrite très proprement (le style, la patte Alice Ferney).
Cela est pour les deux étoiles et demie.
Et, les deux étoiles et demie laissées en gris ?
Trop de personnages, et un petit désaccord, non toutes les familles catholiques bien pensantes n'ont pas enfanté chacun une bonne dizaine d'enfants. Cette répétition de la famille nombreuse dans le roman relève du fantasme et non pas de la réalité (ne serait-ce qu'en raison de la division du patrimoine).
Ensuite, du coup, il y a une profusion de personnages que l'on s'y perd sauf à prendre des notes (ce que j'ai fait), mais même... il manque des éléments.
Ensuite, du coup, encore, des personnages passent complètement à la trappe et on aurait aimé les suivre un peu. Ainsi, Nicolas, le seul apparemment un peu rebelle, on ne comprend pas.
Etc..
Encore, les pages d'histoire sont plaquées, donc en exagérant un tout petit peu, vous avez en fait deux livres en un. Un roman familial. Un manuel d'histoire. Les liens entre les deux sont ténus et comme reconstruits, artificiels.
Enfin, la narratrice, elle est où, elle est qui ? C'est elle qui aurait dû constituer la véritable colonne vertébrale, la chair, le coeur, l'âme, mais en la positionnant quelque part mais nulle part, dans cette ruche à procréer... on devine mais on reste dans le flou.
Conséquence, on n'a pas le temps d'adhérer aux personnages, pas le temps empathique.
Dernière question (conséquence de la conséquence), quelle était pour l'auteure la finalité de ce roman ?
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Une fois de plus c'est cet insupportable Finkielkraut qui m'a amenée à cette lecture suite à l'une de ses dernières émissions Répliques sur France-culture qui terminait en déplorant le silence de la presse pour ce dernière opus d'Alice Ferney .
Alors .
Autofiction en quelque sorte , Alice Ferney s'inspire de ses racines pour remonter le temps et dresser le portrait d'une famille "bourgeoise" ,et excusez du peu jusqu'à leur patronyme , si d'aventure on pourrait s'y tromper . Bon on passera sur la maladresse .
Dans une forme de balancier temporel , souple , déployé sur plus d'un siècle , sur quatre générations , c'est l'écriture de la petite histoire dans la grande Histoire , c'est l'individuel dans le collectif , c'est une forme de pensée et de préhension des évènements , c'est une lignée et sa sécularité , c'est réveiller sa fibre sociale dans un positionnement assumé de bourgeoise , c'est embrasser un grand pan de l'histoire dans ce va-et vient fluide pour mettre en échos ou dissonance le présent et le passé , C'est forcément vu sous un prisme subjectif dont elle ne cherche pas à s affranchir mais pourtant avec une prise de hauteur par moment pour témoigner de son honnêteté face à l'histoire. , c'est une oscillation souple permettant aussi de porter un regard un peu moins manichéen que d'ordinaire pour réajuster le jugement du lecteur qui entend en sourdine "Les Bourgeois c'est comme les cochons.....Tout cela et plus encore .
Et de la valse à mille temps , ça donne le tournis quelquefois ! Mais à aucun moment le repère est perdu , Alice Ferney possède cette élégance de plume classique qui permet de jouer avec la chronologie .
C'est aussi le résultat d'un travail minutieux de recherche historique , et à certains moments on basculerait presque vers le genre Essai sociologique , historique et on pense naturellement à Bourdieu .
Là ou le bât blesse c'est qu'il y a une réelle faiblesse dans l'ossature de son ouvrage ; ce qui devrait constituer un arrière-fond indicateur des grandes lignes de l'histoire se substitue presque à la trame romanesque et rend la lecture poussive . Un véritable déséquilibre dans la forme nuit considérablement à la richesse de fond . Quel dommage !
N'empêche que .Au delà de ses imperfections , ça reste un bon roman .Voilà une auteure très ancrée dans le vécu , elle a une adhésion au réel pleine d'amour . Alice Ferney vit AVEC les autres , , dans le sens où elle sait faire des allers-retours entre elle et l'autre , une forme d'empathie naturelle d'où elle puise une exceptionnelle finesse d'analyse psychologique et ça compense ses failles .
Bon à part ça je vais réviser mon histoire maintenant : Clémenceau Fournier , Maurras Pape Pie XI , Chamberlain ....
Et promis mais pas juré ni craché - ça ne se fait pas chez les bourgeois"- je ne deviendrai pas réc . Juste un peu plus ouverte à la différence . Et c'est là la richesse de ce bouquin qui m'aurait sinon bien ennuyée puisque je n'ai aucun goût pour le genre Saga , ni pour L Histoire en elle-même .
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Saga familiale dans la plus pure tradition française. Construit sur un élégant mais néanmoins classique aller-retour entre le passé et le présent, la double épopée nationale et intime déroule, entre 1920 et 2015, la vie du clan Bourgeois dans un jeu plus ou moins subtil de résonnance avec son temps.
Fratrie de huit frères et soeurs, les Bourgeois incarnent à merveille une classe sociale solidement arrimée à la religion et le patriotisme. Les hommes exercent une profession dans les domaines de l'armée, la médecine, le barreau ou les affaires, les femmes font des enfants. Attachés aux traditions et à la transmission, chaque génération est éduquée dans une tenue exigeante, constituée d'un subtil mélange de discrétion et de silence. Mais comment ces sacro-saintes valeurs familiales pourront-elles résister à l'éclat du temps ? Quelles que soient les aspirations d'émancipation de chacun, gare à ceux qui tenteraient de s'éloigner un peu trop du cadre ! Alors les uns et les autres s'arrangent comme ils peuvent en essayant de trouver un équilibre entre la vie du groupe et la destinée individuelle.
On ne peut que saluer l'ambition de l'entreprise littéraire qui parvient à tenir un équilibre délicat entre le souffle collectif et une petite musique intime. Les portraits sont réussis, souvent touchants par leurs failles. En revanche, on peut regretter un manque d'originalité dans la forme et le fond. de fait, cette lecture agréable a souvent des relents d'ennui ou de déjà lu.
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Pas inintéressant mais un peu longuet et morbide

La traversée du siècle à travers la vie de plusieurs générations de membres d'une même famille.
L'auteur a opté pour un défilement non chronologique, faisant voyager le lecteur à travers les années. Choix dont je ne comprends pas l'intérêt, je ne vois pas ce qu'il apporte à l'ouvrage.
Avant d'être une saga c'est un support pour narrer divers événements marquants de ce siècle.
Ayant déjà lu plusieurs ouvrages de ce genre et étant relativement au courant des grands événements de ce siècle, ce roman ne m'a pas captivé, ne m'a rien appris.
J'ai été ennuyé également par les réflexions à répétitions sur la mort ainsi que par des répétitions pas rares sur certains sujets.
Ce n'est pas un roman inintéressant mais pas pour moi. Il s'adresse à des personnes souhaitant avoir une vision des grands événements de ce siècle et il aurait gagné à moins s'attarder sur des considérations morbides et à éliminer les redites.
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