Citations sur L'amie prodigieuse, tome 4 : L'enfant perdue (373)
Elle m'étreignit et dit : Pars, pars, et fais des choses encore plus prodigieuses que celles que tu as faites jusqu'à présent ! (…) Je suis si heureuse que nous ayons été amies pendant tout ce temps, et que nous le soyons encore ! (p.522)
Tout ce qui m'arrivait - les études, les livres, Franco, Pietro, les filles, Nino, le tremblement de terre - allait passer, mais moi (n'importe lequel de ces moi parmi ceux que j'avais accumulés), oui, moi, je resterais toujours là, immobile : j'étais la pointe fixe du compas, autour de laquelle tourne la mine traçant des cercles. (p.201)
Nous adorions être assises côte à côte, la blonde et la brune, l'une sereine et l'autre nerveuse, l'une gentille et l'autre perfide, opposées et complémentaires, et nous deux ensemble très différentes des autres femme enceintes, que nous scrutions avec ironie. (p.175)
Et s'il t'aimait vraiment, mais était incapable de t'aimer autrement ? (p.118)
J'avais beau désormais écrire et parler de l'autonomie féminine en long et en large, je ne pouvais me passer de son corps, de sa voix et de son intelligence. Me l'avouer fut chose terrible, pourtant je continuais à le vouloir, je l'aimais même plus que mes filles. A l'idée de lui nuire et de ne plus le revoir, c'était comme si je me fanais d'un coup et dans la douleur: la femme libre et cultivée perdait ses pétales, se détachant de la femme-mère, la femme-mère prenait ses distances avec la femme maîtresse et la femme-maîtresse avec la ménagère enragée, et toutes semblaient sur le point de partir au gré du vent.
... l'informatique ça a l'air tellement propre, et pourtant ça salit ! C'est très sale et ça t'oblige à laisser des traces de toi partout, comme si tu te pissais et te chiais dessus à longueur de journée.
C'était peut-être pour cela que je recherchais si fréquemment sa compagnie. L'énergie qui émanait d'elle en permanence avait le pouvoir de mettre à l'aise, de consolider un projet et de suggérer des solutions, de manière inconsciente.
L’amour et la haine courent côte à côte et je n’arrive pas, absolument pas, à me concentrer sur une quelconque bonne intention. Tu sais, Oliviero avait raison : je suis méchante. Je ne sais même pas entretenir l’amitié. Tu es très gentille, Lenù, et tu as toujours été patiente avec moi. Mais ce soir j’ai compris, une fois pour toutes : il existe en permanence un solvant qui opère lentement, avec une douce chaleur, et qui détruit tout, même quand il n’y a pas de tremblement de terre. Alors, s’il te plaît, si je te blesse, si je te dis des saletés, bouche-toi les oreilles, je ne fais pas exprès, ce n’est pas ce que je veux. Je t’en prie, ne m’abandonne pas, autrement je vais m’écrouler !
Les bons sentiments sont fragiles. Avec moi, l’amour ne résiste pas. L’amour pour un homme ne résiste pas, même l’amour pour les enfants ne résiste pas, il ne tarde pas à se déchirer. Regarde dans ces déchirures et tu verras la nébuleuse des bonnes intentions se mélanger à celle des mauvaises.
- Non ! Pour produire des idées, il n'est pas nécessaire d'être un saint. De toute façon, les vrais intellectuels, il y en a très peu. La plupart des gens cultivés passent leur vie à commenter paresseusement les idées des autres. Leur énergie est principalement consacrée à exercer leur sadisme pour contrer tout rival potentiel.