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sur 616 notes
Avec ce portrait d'une reporter-photographe, Jérôme Ferrari signe un roman puissant où il est question du sens des images, du réel et de sa représentation, de la photographie et de la mort.

Antonia, 38 ans, perd la vie dans un accident de voiture au détour d'un virage après une nuit blanche. L'oraison funèbre est prononcée par son oncle prêtre, qui est aussi le membre de sa famille dont elle était le plus proche et celui qui lui avait offert son premier appareil photo. le récit épouse ensuite le déroulé de la liturgie catholique, les flash-back se chargeant de dessiner le portrait de la jeune photographe.

Après s'être rapidement lassée des concours de pétanque et des inaugurations pour le journal local, Antonia a tenté les reportages sur les indépendantistes corses. Mais en 1991, comme d'autres à cette époque, c'est finalement sur le terrain de la Yougoslavie qu'elle ira chercher l'aventure. Si elle s'invente une vocation, un destin, c'est aussi pour échapper à son sort, refusant d'endosser les rôles d'admiratrice et de consolatrice dévouée auprès de Pascal B., leader nationaliste et mâle dominant dont les allers-retours en prison jalonnent son existence.

A travers ce roman, l'auteur balaie l'histoire de la photographie de presse (de l'invasion de la Libye par l'Italie jusqu'au siège de Sarajevo) et questionne son utilité et ses dérives. L'image, par son pouvoir fascinant peut-elle impacter le cours de l'Histoire ? Combien de photographies font office de simples preuves et combien d'autres sont absolument obscènes ?
Son statut d'enseignant de philosophie et son passé de militant autonomiste permettent à Jérôme Ferrari de s'emparer de ces sujets avec une grande intelligence. La réflexion qui en émane est enveloppée dans une écriture dont la beauté tient à ces longues phrases déroulant leur épaisseur avec fluidité. Puissant.
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Le dernier livre de Jérôme FerrariÀ son image explore avec finesse les rapports ambigus de la photographie et de la mort, le désenchantement inhérent à la routine, la vanité des causes nationalistes et la mesquinerie de leurs luttes intestines, la difficulté de conduire sa vie en échappant à tout prix à la fatalité.

La vie du personnage central, Antonia, est, dès les premières pages, fauchée dans un accident de voiture. le narrateur entreprend alors de croiser les réactions - la sidération, le deuil - de l'entourage d'Antonia avec l'histoire de sa vie depuis ses 14 ans. Son oncle prêtre - qui est aussi son parrain – est une figure importante de ce roman, très attachée à notre héroïne, qui lui a offert son premier appareil photo, et qui tentera vainement de l'éloigner de la hideuse Gorgone. C'est lui qui conduira la liturgie pour ses obsèques.

Les chapitres qui racontent la vie d'Antonia alternent avec cette liturgie du prêtre, mêlant intimement, chapitre après chapitre, la mort à tous les instants de sa vie, de sa première rencontre photographique avec la violence des nationalistes, alors qu'elle est adolescente, jusqu'à son départ pour Belgrade en 1991, où elle veut photographier la guerre. Car elle est lasse de regarder les nationalistes se tuer entre eux, lasse de n'être embauchée dans un journal local que pour photographier des événements dérisoires, rehaussés à la gloire de l'île. En Yougoslavie, elle photographie des scènes de guerre, des cadavres. Elle écrit à son parrain, en parlant d'autres correspondants présents sur place comme elle, et horrifiée de ce qu'elle constate : « Mais surtout, ils aiment cela, tous, et moi aussi. »

Elle finira par rentrer, écoeurée, mais en Corse aussi le nationalisme et ses dérives la bousculent. Elle photographie à Corte une foule en délire qui écoute une annonce : le FLNC a fait exécuter un militant contestataire de leur camp. La foule applaudit à tout rompre. Les photos qu'elle a prises de cette exaltation lui paraissent alors hideuses. Désormais elle ne sera plus que la photographe des événements heureux, des baptêmes et des mariages. Sauf que ni le destin de son île, ni son destin à elle ne se trouve sous contrôle. La Gorgone croisée tant de fois et qui l'a tant fascinée – et répugnée - l'a rattrapera sur une route de montagne.

Lien : https://blogs.mediapart.fr/a..
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Un livre atypique qui nous promène entre la Corse et les Balkans entre un passé ancien un présent, un passé récent. Il faut suivre, au début c'est surprenant mais j'avoue avoir été séduit par cette oeuvre
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Somptueusement écrit
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Beau livre, aux descriptions sublimes d'une Corse toujours et encore recommencée. Ferrari maîtrise sa plume, encore et toujours.
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Très beau livre, très profond.
Merci Jérôme Ferrari.
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Il y a les guerres, il y a la Corse, il y a la photographie et tout cela s'organise aux accents de l'office funèbre que le parrain de la jeune photographe célèbre à la mort de celle-ci.

Antonia est morte bêtement, si jeune encore, dans un accident de voiture, elle qui a traversé plusieurs guerres en tant que reporter, au plus près des conflits, immergée dans ces luttes sanglantes, stériles, incompréhensibles souvent tant leur fureur accable les populations.

Antonia est devenue photographe grâce au cadeau que son parrain lui a offert dans sa prime jeunesse. Il est ainsi devenu celui qui la comprenait le mieux, et tandis qu'ils évoluent chacun dans des sphères radicalement différentes, il demeurera toujours son point de repère, surtout au plus fort de leurs oppositions, quand les tragédies des pays, qu'elle s'obstine à découvrir par le prisme des guerres fratricides, occupent toutes ses pensées, sous-tendent sa réflexion politique, lui permettent de se construire.

Bien sûr, il y a aussi la Corse, ses luttes sanglantes, meurtrières, intestines où des factions rivales s'opposent tragiquement, où les amis de jeunesse se retrouvent ennemis, où son amoureux lui-même se laisse corrompre par l'escalade de la violence. Alors un jour, parce qu'elle ne sait rien faire d'autre que photographier, Antonia choisit de revenir s'installer en Corse et de s'immerger dans les photos de famille, mariage, et autres événements familiaux pour oublier ce que la mort instille de fascination.

Toute la vie d'Antonia va défiler pour le lecteur tout au long d'un requiem, chanté en polyphonie, dont la liturgie est imposée par son parrain, devenu prêtre, qui doit célébrer les funérailles et les paroles des séquences de cette messe des morts s'imposent pour magnifier cette mort tragique, en contrepoint de cette vie fauchée, reflet de toutes celles qu'Antonia restituaient dans ses photographies. L'image, la mort, l'ambiguïté du regard sur l'indicible, l'innommable, l'impact de ces photographies où l'esthétique éloigne du réel du fait du talent du photographe, toutes ces questions sont au centre de ce roman impressionnant, fascinant. L'écriture de Jérôme Ferrari est dense, vivante, profonde, d'une technicité hallucinante, et ses phrases belles, puissantes, longues et rythmées sont comme le ressac de notre époque si déchirée.
Lien : https://camusdiffusion.wordp..
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Évidemment très, très bien écrit.
Mais un peu morbide : une jeune Corse vient de mourir, son oncle et parrain célèbre la messe, et chaque moment de la célébration est l'occasion d'un souvenir ou d'une évocation. Donc, c'est un peu décousu, et certains chapitres n'ont pour ainsi dire rien à voir avec Antonia. Mais le thème central, c'est l'image : Antonia était photographe. Donc on a beaucoup de réflexions autour de l'image, de la photo.
C'est très beau, comme un Requiem de Mozart.
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Ce roman prend pour prétexte l'histoire d'Antonia, jeune femme corse qui grandit au coeur d'un village, en pleine expansion du FLNC, afin de dérouler une histoire de la photographie.
C'est son parrain qui lui offre son premier appareil photo, et elle se prend de passion pour cet art, au point d'en faire son métier.

Je n'ai pas accroché au style, les phrases sans fin, et les digressions historiques ne m'ont pas enthousiasmée, et pourtant, ce roman avait tout pour me plaire sur le papier.
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Je ne sais pas comment ce livre est arrivée dans ma PAL, ce n'est pas du tout mon genre de lecture. Un peu trop religieux pour moi. Je n'ai pas trop compris le lien qu'il y avait entre toutes les histoires à côté. Bref, je pense que vais très vite l'oublier.
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