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EAN : 9782896908585
360 pages
Goélette (15/11/2016)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Il fallait bien du courage pour tout quitter et fonder une ville en pleine nature sauvage!
1642. Bien qu'à ses débuts, la colonie française en Amérique prend tranquillement de l'expansion. Après Québec et Trois-Rivières, c'est sur l'île anciennement nommée Hochelaga qu'un nouveau groupe de colons décide de s'établir. Inspirés par la voie divine, menés par le jeune sieur de Maisonneuve et l'attentionnée Jeanne Mance, ils sont prêts à surmonter toutes les épreu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un grand rêve porté par un beau récit
Publié le 22 novembre 2016

François Beaudreau, L'annonceur, Pierreville, le 16 novembre 2016

Quand vous entrez dans son récit, l'auteure commence par vous raconter un coup de foudre. le coeur d'Isaac s'emballe pour la jolie Gabrielle. Il en va de même pour la suite du roman Ville-Marie, le rêve des fous.
La plume de Johane Filiatrault arrive sans peine à séduire celles et ceux qui s'aventurent dans les pages de son second ouvrage, « Ville-Marie, le rêve des fous », aux éditions Goélette.
Ce n'est pas un secret. Depuis son premier livre, intitulé « Hochelaga » et paru en 2015 chez le même éditeur, nous savons que l'auteure maîtrise à merveille cet art de nous faire entrer dans le récit en sculptant ses personnages et à leur donner un souffle, pour emprunter à la métaphore.
Lors d'une soirée chez l'auteure, en présence d'une trentaine d'invités, le 5 novembre dernier à Saint-François-du-Lac, Mme Filiatrault confie qu'elle a toujours été habitée par ce désir d'écrire. « Au secondaire, j'avais écrit un poème », relate-t-elle. « C'était fascinant. Je me suis dit à ce moment-là que je pouvais être écrivaine. »
Dans « Ville-Marie, le rêve des fous », le lecteur plonge en plein récit historique. Il côtoie des personnages qui vont jouer un rôle déterminant dans la fondation de Montréal. À cette épopée, Johane Filiatrault entremêle une part de fiction bien ficelée qui ajoute à l'intérêt des histoires, petite et grande, qu'elle nous raconte.

Le grand rêve
Pour vous donner un avant-goût, voici ce que vous lirez, à l'endos de la couverture: « 1642. Bien qu'à ses débuts, la colonie française en Amérique prend tranquillement de l'expansion. Après Québec et Trois-Rivières, c'est sur l'île anciennement nommée Hochelaga qu'un nouveau groupe de colons décide de s'établir. Inspirés par la voie divine, menés par le jeune sieur de Maisonneuve et l'attentionnée Jeanne Mance, ils sont prêts à surmonter toutes les épreuves pour bâtir leur cité. »
« Ils seront accueillis par Ozalee, une jeune métisse amérindienne, qui, par sa curiosité et sa grandeur d'âme, saura assurer le pont entre les différentes nations et faire grandir tout un chacun. Elle les mènera, un pas à la fois, vers leur grand rêve. »
Pour le reste, vous vous délecterez de ce récit raconté avec talent.

FILIATRAULT, J. (2016). Ville-Marie, le rêve des fous, Saint-Bruno-de-Montarville, Éditions Goélette, 360 pages.

classé sous : Arts et culture
Lien : https://amecq.ca/2016/11/22/..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Nicolas referma le portail derrière lui et rejoignit Ozalee en courant. Elle marchait vers le fleuve à grands pas, cherchant à voir si le canot de son frère était toujours là. Amèrement déçue, elle constata qu’il n’y était plus.
— Wakisa est déjà parti, fit-elle avec rage, donnant un coup de pied sur un caillou qui s’en alla rebondir au loin.
— Je t’en prie, Ozalee, écoute-moi quelques minutes. Ensuite, j’irai te conduire chez toi avec la chaloupe, si tu veux.
Elle ne répondit rien mais lui jeta un bref regard. Un acquiescement ?
— Je vais te donner mon point de vue à ce sujet, d’accord ? fit Nicolas, soudain véhément. Il y a dix hommes pour une femme ici, Ozalee : il n’y a aucune autre explication à chercher ailleurs, je t’assure. Si ça se trouve, les prétendants de mes petites sœurs ont fantasmé sur elles en les regardant grandir dès qu’ils ont mis les pieds sur l’île, il y a neuf ans. J’espère que ça ne te choque pas trop que je te dise les choses de cette manière crue mais, au point où nous en sommes, s’enfarger dans les mots ne règlerait rien, pas vrai ?
— Ils sont là, comme des bêtes, à attendre qu’elles aient douze ans pour les prendre ? C’est dégoutant !
— Ils ne les prennent pas, Ozalee, ils les marient, et se conduisent envers elles avec civilité. Ils en prennent charge pour le reste de leurs jours, avec les enfants qu’elles leur donneront. C’est honnête, il me semble.
— Honnête peut-être, mais ils les marchandent tout de même à tes parents, comme s’il s’agissait de peaux de bêtes !
— Nos coutumes sont ce qu’elles sont ; imparfaites, peut-être.
Nicolas se sentait soudain ébranlé dans les convictions séculaires dont il avait hérité. Ozalee avait-elle raison de questionner cette façon de faire qui lui semblait si naturelle et normale ? Incertain du terrain mouvant où il s’avançait, il se replia en zone connue et il reprit d’une voix douce :
— Tu veux que je te raccompagne chez Mademoiselle Mance ?
Farouche, elle ne répondit rien.
— J’aimerais vraiment que tu restes, Ozalee. Je… commença-t-il en s’empourprant. J’ai envie que tu sois ici, avec nous, acheva-t-il, se ressaisissant.
Elle se retourna et prit sans un mot la route de l’Hôtel Dieu. Nicolas lui emboita le pas. Comment lui dire à quel point il la trouvait désirable avec son corps mûr de jeune femme ? Comment lui avouer qu’il l’avait toujours trouvé belle, depuis la toute première fois où il l’avait vue ? Comment, trouver des mots qui ne la blessent pas – elle qui était si choquée de leurs mœurs – des mots qui ne lui rappellent pas ce « marchandage » qu’elle honnissait ? Quels mots disaient un homme de sa race à elle, quand il souhaitait prendre femme ? Il tritura ces questions dans sa tête tout au long du chemin. Il n’avait rien résolu encore quand ils furent arrivés.
Lorsqu’il reprit le chemin de chez lui, il se sentait aussi lamentable qu’un poisson qu’on a jeté sur la grève.
……………
Ce soir-là, avant de s’endormir, Jeanne Mance et Ozalee eurent une longue discussion, l’adulte cherchant à démystifier pour l’adolescente leurs coutumes matrimoniales françaises.
— Mais toi, Ozalee, tu feras quoi quand se présentera un homme de ta nation qui voudra faire de toi sa femme ?
— Ça dépend… Si je l’aime, j’irai avec lui. Mais s’il ne me plaît pas, il n’aura qu’à passer son chemin : je le renverrai.
— Tes parents n’auront pas leur mot à dire à ce sujet ? Ils ne chercheront pas même à te conseiller dans ton choix ?
— Pas même. À moins que je leur demande leur avis, ils ne s’en mêleront pas. Ça ne concerne que les deux amants.
— Votre façon de vivre est très différente de la nôtre, Ozalee. Pour ma part, si j’étais ta mère, je te conseillerais de poser tes conditions à l’homme que tu choisiras. Avant de te donner à lui, je crois que vous devriez d’abord vous marier, en bonne et due forme. C’est de cette manière qu’ont été décidées les choses afin que les ménages mènent une vie ordonnée et calme.
— Et prévisible, oui ! Je ne me sens pas faite du tout pour ce genre de vie-là. Et même si vous arriviez à me convaincre que votre dieu bénit l’union d’une fillette avec un homme qui pourrait être son père, j’aurais tout le mal du monde à les imaginer enlacés sur leur couche, et tous les deux à l’aise de l’être !
Gênée d’aborder ce sujet délicat, Jeanne ne releva pas l’allusion.
— Est-ce que quelqu’un, au moins, a expliqué à Mathurine ce que son « mari » lui fera, le soir de leur mariage ? reprit Ozalee d’un ton virulent. Parce que, vous ne le savez peut-être pas mais, quand Françoise s’est mariée, on l’avait bien mal préparée ! Elle ne s’attendait pas vraiment aux genres de choses que son « mari » lui a faites ; et elle en a d’abord été choquée. Elle me l’a dit… enfin… elle me l’a plutôt laissé deviner. Pour ce qui est de moi, je vous jure, Jeanne, que je ne prendrai un homme avec moi que le jour où j’aurai envie qu’il me touche. Pas avant.
— J’imagine que leur mère les a tout de même un peu préparées…
— En leur disant que c’était leur devoir d’épouse de le laisser faire à sa guise, oui, et d’accepter ses caresses, même désagréables : c’est à peu près en ces termes que m’en a parlé Françoise.
— Le mariage comprend effectivement un certain lot de frustrations pour les femmes, ma fille ; et ce qu’on ne peut pas changer, il vaut mieux l’accepter.
— Votre mariage à vous, les Blancs, oui ! Si l’on voulait me marier ainsi, je préfèrerais mille fois faire comme vous, Jeanne, et rester célibataire. Cette condition est plus enviable que la leur, en tout cas !
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