"Maladroit ? Les choses tournent au vinaigre. J'aurais pu lui dire : pas une seule chose ne sera cassée dans cette maison, sauf si je décide de la casser. Nous, les chats, nous sommes intelligents. Nous sommes rusés. Nous sommes miauleurs. Mais nous ne sommes pas maladroits."
- Je parie que Tuffy est incapable de grimper jusque-là pour les faire tomber.
Un tout petit conseil : ne jamais parier avec un chat. Cela m'a demandé un réel effort. (Ma forme physique n'est plus ce qu'elle était.) Mais, finalement - oui finalement -, j'ai trouvé un moyen de grimper sur cette étagère.
"Nous, les chats, nous avons besoin de faire la sieste. Si je ne fais pas la sieste, je suis de mauvais poil.
J'aimerais pouvoir vous dire qu'il a volé en mille éclats. (Ça sonnerait bien!) Mais c'était de l'horrible camelote, il s'est seulement cassé en deux.
C'est ça, c'est ça. Plongez-moi la tête dans un buisson de houx.
L'affreux pot de la petite dame
Dans cette maison, je ne suis pas le seul à détester ces affreux pots et à avoir envie de m'en débarasser. Le lendemain matin, de mon pas nonchalant, j'arrive dans le salon, à mon heure habituelle, pour trouver le père d'Ellie assis juste à côté de mon coin de canapé ensoleillé.
Il a une lueur dans les yeux que je ne lui connais pas. Je mets un moment à comprendre qu'il est content de me voir.
Bizarre, non ?
Il m'invite à venir le rejoindre.
- Viens là, mon petit chat.
Mais on croit rêver ! "Viens là, mon petit chat !" Cet homme n'a jamais recherché ma compagnie. Je ne me souviens pas d'heures heureuses, allongé sur ses genoux, à me faire caresser et dorloter.
Non, je ne me souviens d'aucune. Il est évident qu'il cherche à obtenir quelque chose. Je jette un rapide coup d’œil à la pièce et...
Voilà ! Il a déplacé l'affreux pot de la petite dame sur la table basse.
Ah ! ah ! Voilà ce qu'il espère ! Que je refasse ce que j'ai fait hier avec succès : un petit coup de patte, un petit "Oups !" et un pot fraîchement cassé, en route pour la poubelle.
Un petit coup de patte
[...]
- Regarde-moi ce massacre ! Mon portrait de Tuffy ! En lambeaux ! Partout sur le tapis ! Non, pas que sur le tapis ! Ce n'est pas un bout d'oreille là, sur le buffet ? Et là, un bout de queue accroché à la lampe ?
- J'ai trouvé une patte sur le rebord de la fenêtre, pleurniche Ellie.
J'ai dispersé le "Portrait de Tuffy".
Si quelqu'un a envie de suspendre à nouveau ce qui reste de ce tableau, il va devoir lui donner un nouveau nom.
Peut-être "Après la bataille". Et devinez le nom du vainqueur ?
Ellie ramasse le châssis et tout ce qui pend.
- Tuffy, me gronde-t-elle aussi durement qu'elle peut, regarde ce que tu as fait du tout premier tableau de Maman ! Tu l'as massacré !
Une tragédie, je ne crois pas. Et si vous voulez mon avis, personne ne va pleurer sa disparition au musée des Beaux-Arts. La mère d'Ellie sait faire rugir son épave assez longtemps pour aller jusqu'à son cours d'arts plastiques, mais elle ne sait pas peindre.
J'insiste avec mon regard noir, sans aucune méchanceté, vous voyez. Non, juste pour qu'elle comprenne que je ne suis pas là pour le spectacle de sa beauté.
Nous, les chats, nous avons besoin de faire la sieste. Si je ne fais pas la sieste, je suis de mauvais poil.
Je lance à la mère d'Ellie un regard noir. Tout est de sa faute. Elle monopolise mon bout de canapé. Vous savez, celui au soleil, sur le coussin tout doux, là où je m'installe pour regarder par la fenêtre.
Juste en face des oisillons qui quittent leur nid pour apprendre à voler.
Miam, miam...