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EAN : 9781632150158
154 pages
Image Comics (21/10/2014)
5/5   1 notes
Résumé :
Bob Fingerman, who South Park / The Book of Mormon's creator Trey Parker has described as "a brilliant satirist, artist and mind," has returned to his signature series Minimum Wage after a fifteen-year break. Spurred by assembling last year's definitive collection of the '90s era material, Maximum Minimum Wage, Fingerman is thrilled to be creating new material. Minimum Wage Volume 1: Focus on the Strange collects the first six all-new chapters, as well as a ton of b... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à la première série de 1990, regroupée dans Maximum Minimum Wage, qu'il n'est pas indispensable d'avoir lue avant. Il comprend les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2014, écrits, dessinés et encrés par Bob Fingerman (également auteur de la première série). Fingerman a également réalisé l'application d'un ton bleu pour aboutir à une bichromie, ainsi que la mise en couleurs d'une poignée de pages.

Rob Hoffman est un jeune homme de 25 ans dont la procédure de divorce arrive à son terme (il n'attend plus que les papiers signés). Suite à sa séparation, il a dû retourner vivre chez sa mère, toujours à New York, où il occupe une chambre bien à lui. Comme ils ne vivent pas aux mêmes horaires, il ne la croise pas souvent. C'est un dessinateur qui réalise des pages de bande dessinée pornographique pour un magazine qui paye bien (mieux que les comics de superhéros). Son célibat forcé lui a permis de retrouver sa bande de copains : Max, Jack, Matt et Brian. le soir ils sortent dans des bars, parfois en boîte. Il lit régulièrement des livres de Philip K. Dick (en l'occurrence Les clans de la lune alphane), et il ne se lasse jamais des jeux de mots sur le nom de famille de l'auteur (qui signifie pénis en argot anglais).

Rob Hoffman déjeune régulièrement avec Jack, 2 potes qui se racontent tout y compris leurs relations sexuelles. Il éprouve des difficultés à ne plus penser à Sylvia (son ex-femme). Il se satisfait des rentrées d'argent découlant de ses BD pornographiques, tout en sachant que ça ne durera pas éternellement (les responsables du magazine n'étant pas convaincu de l'intérêt d'inclure une BD de ce type). Il lui tarde de reprendre une activité sexuelle autre que solitaire. Il s'inscrit donc sur un site de rencontre en ligne. Après quelques rendez-vous non concluants, il fait la connaissance de May.

Cette deuxième série de Minimum Wage commence donc avec un personnage fraîchement divorcé, un nouveau point de départ. Bob Fingerman raconte la vie de Rob Hoffman sans dramatisation excessive (Rob n'est pas dépressif après sa séparation), avec une forme de franchise sur ses sentiments (même les moins reluisants), et avec un humour chronique relevant de la dérision envers son personnage. Il ne s'agit donc pas à proprement parler d'une BD comique, plutôt une chronique intimiste. Rob Hoffman est un individu sans beaucoup de responsabilité (ni femme, ni enfant, ni crédit, ni parent à charge, pas de problème de santé), avec un petit boulot lui assurant assez de revenu pour vivre, mais sans ambition artistique. Il bénéficie de la compagnie de potes qui sont de vrais amis et son physique est agréable.

Ces 6 épisodes se déroulent du 8 mai au 19 août 2000. Il n'y a donc ni extraterrestres, ni superhéros, ni aventure. le lecteur s'attache rapidement au protagoniste qui est sympathique, conciliant, détendu, respectueux. Il s'intéresse aux autres, il est gêné quand il pète en présence de quelqu'un d'autre. Il n'est pas dominateur avec ses relations féminines. La projection dans ce personnage s'en trouve donc très facile, ainsi que l'empathie avec ses émotions. L'auteur ne surjoue jamais la dimension affective. Hoffman n'est pas un anxieux et rien ne semble angoissant. Il ne se complaît pas dans l'auto-apitoiement. Cela ne veut pas dire que le récit en devient fade. Son inconscient ressasse l'échec de sa relation avec Sylvia, ce qui affleure parfois de manière consciente, soit sous forme de peine émotionnelle, soit sous forme de pensées le déconcentrant au mauvais moment. Par contre, trouver un autre appartement semble une simple formalité. Se rendre aux rendez-vous décrochés sur le site de rencontre ne provoque pas d'inquiétude, juste un léger inconfort quand le décalage avec l'autre est trop grand. Passer à l'acte le premier soir est aussi naturel que de prendre le premier verre.

Il faut par contre un peu de temps pour s'habituer à l'approche graphique. L'artiste réalise des dessins dans un mode descriptif avec quelques exagérations. Par opposition à ce qui se pratique dans les comics de superhéros, il représente les décors avec une grande régularité, dans plus de 80% des cases. Il fait varier le niveau de détails, de quelques traits à élevé. Ainsi la première séquence dans une boîte de nuit, plusieurs cases sont sur fond noir ce qui occulte l'arrière-plan. Par contre sur la première page, il représente les détails du parking : voitures stationnées, clôture grillagée, arbres derrière la clôture, une dizaine de personnes se rendant de leur véhicule vers l'entrée de la boîte, flaques d'eau au sol, quelques papiers, tout cela en 1 seule case.

Cette approche descriptive des environnements donne de la consistance aux lieux où évolue Rob. le lecteur finit par ressentir l'environnement urbain de New York, du moins les endroits que le protagoniste fréquente régulièrement. Il s'agit des trottoirs et des bouches de métro en journée, ainsi que des avenues désertées de nuit entre 2 et 3 heures du matin. Il pénètre également avec Rob dans différents appartements (le sien, celui de sa mère, celui des 3 femmes qu'il fréquente successivement), dans les bureaux du magazine, dans le restaurant qu'il fréquente régulièrement. À chaque fois, Bob Fingerman prend le temps de détailler la géométrie du lieu, son aménagement, les meubles et les différents accessoires. le lecteur a l'impression de pénétrer dans l'intimité des personnages. Il observe le salon bien propre de la mère de Rob, l'aménagement impersonnel et fonctionnel du restaurant, le peu d'affaires dans la chambre de May, la collection de livres dans le salon de Jack, la qualité des meubles dans l'appartement de Deedee.

De la même manière le dessinateur donne une garde-robe différente à chaque personnage. Les potes de Rob sont plutôt en jean et tee-shirt. May porte un pantalon taille basse, et ne quitte jamais (ou presque) sa casquette. Deedee porte plutôt une robe longue, alors que Sheila est en robe qui s'arrête au-dessus du genou, avec un généreux décolleté. Chacune de ses femmes arbore une coiffure différente, et il en va de même pour les personnages masculins, avec une mention spéciale pour la houppette de Rob (c'est trop court à l'arrière pour être une iroquoise). Ce dernier porte lui aussi des teeshirts (avec des baggies) piochés dans une large collection, tous à l'effigie d'un groupe généralement de métal : Prong, Motörhead, Metallica, Godflesh, Korn, Iron Maiden (Eddie sur la pochette de [[ASIN;B0000251VS Killers]]), Tenderloïn, Disturb, ou alors dépourvu d'inscription, mais toujours noir. Afin de rendre ses personnages plus vivants et de mieux faire passer les émotions, Bob Fingerman exagère les traits du visage, sans toutefois aller jusqu'à la caricature.

L'artiste représente des individus avec des morphologies variées, sans musculature digne d'un homme adepte du culturisme, sans mensurations idéales de mannequin pour les femmes (qui peuvent soit avoir d'amples hanches, soit être vraiment maigres). L'identification avec les personnages n'en est que plus facile. Lors des ébats, il limite la représentation de la nudité aux fesses et aux seins, sans dessiner les organes génitaux, sans représenter la pénétration. Les scènes sont coquines, sans verser dans le pornographique : il n'y a ni exploit sportif, ni position pour contorsionniste.

Le lecteur se rend compte qu'il s'attache très rapidement à Rob Hoffman et qu'il s'investit dans sa vie, dans la vie d'une personne qui ne cherche pas à construire, qui se contente de la vie comme elle vient. Il essaye de dépasser la phase du mariage raté, malgré la rémanence de quelques pincements au coeur. Il fait preuve d'un peu de recul sur ses propres insécurités, sans se perdre dans l'admiration de son nombril ou la contemplation des chaussures. En fait les remarques les plus incisives et les plus analytiques proviennent de Jack, plus lucide sur la psychologie de son ami. le lecteur sourit régulièrement aux événements survenant dans la vie de Rob Hoffman, même si le scénariste veille à rester dans la zone de plausibilité, à ne pas tirer sur la corde de la suspension consentie d'incrédulité. Les rendez-vous à partir du site de rencontre ne fonctionnent pas à chaque fois. Lorsque Rob se retrouve à manier une marionnette pour une émission d'interview avec une actrice d'un feuilleton qu'il regardait enfant, le lecteur voit qu'il s'agit pour lui d'un emploi occasionnel et que la coïncidence n'est pas si énorme que ça. du coup, la relation sexuelle qui en découle reste possible.

Le lecteur sourit également aux différentes remarques d'ordre sexuel, échangées entre potes qui sont crues sans être ni hypocrites, ni graveleuses. Là encore, il peut accepter que sous le coup de l'émotion, Rob puisse sortir dans la rue, en ayant oublié de retirer son préservatif, ou qu'il se retrouve à se soulager contre un mur après une nuit bien arrosé, avec ses 2 potes faisant de même. Par contre coucher avec l'actrice qui incarnait un personnage qui l'a ému dans une série télévisuelle quand il était enfant, c'est vraiment transgressif.

Ce tome raconte une tranche de vie d'un jeune adulte sans grande ambition, capable d'être autonome financièrement, sortant d'un mariage raté, et ne souhaitant pas se lancer dans un engagement à long terme. le lecteur peut y voir au choix une chronique gentille, amusante et dessalée, ou un constat sur un individu bien élevé prenant la vie comme elle vient, à peu près satisfait de son sort, profitant de ce qu'apporte le jour, sans envie capitaliste particulière.
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Vidéo de Bob Fingerman
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Auteurs : Boulet, Bastien Vivès, Naoki Urasawa, John Cassaday, Frederik Peeters, Emmanuel Lepage, Katsuya Terada, Paul Pope, Taiy? Matsumoto, Bob Fingerman, Atsushi Kaneko, Keiichi Koike, Eddie Campbell
Éditions : Les Humanoïdes associés
2015
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