C’est drôle quand même, la vie, je veux dire drôle dans le sens triste du mot, si tu vois où je veux en venir avec ma philosophie. À vingt ans, à trente ans, on pense que c’est un bar ouvert, la jeunesse. À quarante ans, on se dit qu’on n’est pas encore trop mal, on tamise l’éclairage quand on se regarde dans le miroir et on porte des vêtements plus grands pour faire semblant qu’on a encore vingt ans, même si les filles de vingt ans, elles achètent des vêtements trop courts pour elles, question de porter la taille vraiment basse... Puis un matin, boum, on tombe dans la cinquantaine comme on tombe d’un dixième étage.
Le sexe. Pourquoi ? Parce que ceux qui lisent encore des livres ou, en tout cas, qui les achètent, ce sont des gens bien. Et les gens bien, qu’est-ce qu’ils veulent ? Ils veulent du sexe. Mais ils ne veulent pas le trouver dans un petit roman pornographique de bas étage, ils veulent que ce soit littéraire, ils veulent que ce soit dégueulasse mais avec de la classe, ils veulent que leur merde leur soit livrée dans de la soie, parce qu’ils soignent leur standing...
Il revoyait sa mère, toujours souriante, comme une lumière, peut-être la lumière la plus importante de sa vie. Il pensa à ce que le prêtre avait dit à la fin de son oraison funèbre, que ceux qui nous aiment restent toujours avec nous. C’était une formule creuse, un mensonge même. Sa mère était partie, et elle ne reviendrait jamais, puisqu’elle était là, dans ce trou, dans cette boîte de bois, pour l’éternité !
Couper cent pages, cent pages qu’elle avait sué eau et sang à écrire, c’était facile à dire mais à faire, c’était une autre paire de manches !
Il faut dire que les rousses sont si peu nombreuses que les hommes peuvent difficilement affirmer, comme avec les blondes ou les brunes : « Mon genre, c’est les rousses ! »