« Les victimes d’incendie sont tuées par la fumée. »
- Tu sais ce que ma mère disait toujours ? demanda-t-elle à l'assistant anesthésiste toujours haletant.
Pilule ne put que gémir.
- Nous, les femmes, donnons la vie. Nous sommes les seules à avoir le droit de la reprendre.
— Donc, vous n’êtes pas un faux chirurgien qui s’excite en voyant des corps humains éventrés ?
— Mon Dieu, non ! Je suis un imposteur. En cela, je plaide coupable. Je n’ai jamais fait d’études, pourtant, je maîtrise bien mieux certaines techniques chirurgicales et possède plus de connaissances médicales que la plupart de mes confrères diplômés.
— C’est évidemment VOUS qui êtes fou, ajouta-t-elle.
Elle ignora sa voix intérieure alarmée, qui lui conseillait de ne pas provoquer davantage cet homme manifestement malade mental.
Malgré l’insulte, Blankenthal ne parut pas fâché. Plutôt résigné. Il acquiesça d’un air triste et reposa le sac qui, elle l’espérait, contenait des vêtements de rechange dégottés après son évasion. À moins qu’il ne soit plein de scalpels, de scies et d’agrafeuses chirurgicales.
— Je suis navré que vous ayez entendu ces ragots sur mon compte.
Paul venait juste d’avoir quatre ans, et déjà, il avait voulu en savoir davantage. Elle lui en avait donc dit plus. Qu’elle était experte en décryptage d’expressions faciales, parfois appelé résonance expressive ou mimicologie, qu’elle guettait les plus infimes changements dans la musculature d’un visage, les mouvements des lèvres et du menton, des yeux et du nez, des sourcils et du front. Des micro-expressions incontrôlables, même avec un entraînement poussé, et qui disparaissaient plus vite qu’un battement de cils.
Cet homme de cinquante-sept ans est un criminel hautement manipulateur, et donc extrêmement dangereux, auquel personne – c’est notre demande pressante – ne doit tenter de s’opposer. Si vous le voyez, ne jouez pas les héros.
Un tueur en série avait affirmé un jour qu’il était facile de tuer quelqu’un. Vivre ensuite avec cet acte, en revanche, était difficile.
« Maman, c’est quoi, ton travail ? lui avait-il demandé environ un an plus tôt.
— Je lis sur les visages. »
Il avait tendu son nez couvert de taches de rousseur et demandé d’un air espiègle :
« Alors ? Qu’est-ce que tu lis sur le mien ?
— De la joie, de la curiosité… et que ta chambre ressemble une fois de plus à un champ de bataille ! »
Paul venait juste d’avoir quatre ans, et déjà, il avait voulu en savoir davantage. Elle lui en avait donc dit plus. Qu’elle était experte en décryptage d’expressions faciales, parfois appelé résonance expressive ou mimicologie, qu’elle guettait les plus infimes changements dans la musculature d’un visage, les mouvements des lèvres et du menton, des yeux et du nez, des sourcils et du front. Des micro-expressions incontrôlables, même avec un entraînement poussé, et qui disparaissaient plus vite qu’un battement de cils.
« La mimicojolie ? avait répété Paul. Ça sert à quoi, ce machin ? C’est comme ça que tu devines si quelqu’un ment ?
— Ou s’il a peur, ou est dégoûté, joyeux ou triste
« La mimicojolie ? avait répété Paul. Ça sert à quoi, ce machin ? C’est comme ça que tu devines si quelqu’un ment ?
— Ou s’il a peur, ou est dégoûté, joyeux ou triste.
Et si tout cela était une conspiration ? Si personne n’avait intérêt à ce qu’elle recouvre la mémoire ? Elle commençait même à douter que celle-ci lui revienne vraiment un jour. Mais peut-être avait-on fait d’elle un bouc émissaire, sans plus rechercher le véritable coupable ?