Mon avis : Je ne vous avais pas dit (ou pas à tous) mais j'ai été contactée en début d'année pour faire partie du jury pour le Prix Relay des voyageurs 2016. C'est un honneur donc je tiens à remercier chaleureusement toute l'équipe. Je vais vous parler du premier livre en lice, je suis d'ailleurs en train de lire le second. J'ai encore appris des choses terrifiantes sur la seconde guerre mondiale mais dans une autre partie du globe et je n'en soupçonnais même pas l'existence.
Doririgo est australien. Il a vécu dans une famille peu aisée et est le premier à faire des études, des études de médecine qui plus est ! Il est passionné par la poésie ou une partie de celle-ci et c'est dans une librairie qu'il va rencontrer Amy. Il sent un étrange lien entre eux. Engagé comme médecin dans l'armée, il ne pensait jamais recroiser la route de cette jeune femme. Pourtant, c'est l'épouse de son oncle, il l'apprend lorsqu'il rend visite à celui-ci. La douche est froide pour Dorrigo qui sait qu'il ne doit pas tomber amoureux de cette femme précisément.Les deux jeunes gens (Amy est plus jeune que son mari) tentent de devenir amis mais la passion, l'attirance est plus forte et ils décident de vivre pleinement leur amour.
Dorrigo est mobilisé pour partir en Orient, sous le joug japonais au même moment où son oncle découvre la liaison de sa femme avec son neveu. C'est elle qui devra gérer la situation pendant que Dorrigo tentera de rester en vie. Dans les premiers temps de son arrivée au camp japonais, Dorrigo est plus dans la souffrance de la perte de celle qu'il aime que dans la peur de la guerre. Mais la réalité va le rattraper à travers les responsabilités qui lui incombent à chaque fois qu'un de ses supérieurs est tué. Il sera bientôt le plus haut gradé australien et ne se sent pas à la hauteur, il ne veut que Amy et la poésie. Il n'a même pas trente ans.
Dorrigo... On fait connaissance avec lui quand il a près de 80 ans et qu'il doit écrire cette préface. C'est un homme devenu riche qui multiplie les maîtresses, les insomnies et autres. Il m'a paru absolument inaccessible et je ne l'ai pas vraiment compris. J'ai certainement tellement eu l'habitude que les répercussions de la guerre soient plutôt une forme de mutisme, de dépression que je n'aurais pas pensé, très bêtement qu'il pouvait y en avoir bien d'autres. Quel fait étrange tout de même que de commencer un livre sur les souffrances d'un homme et de ne pas l'aimer ! Je lui ai reconnu pourtant des actes de bravoure pendant la guerre et finalement, je me suis dit que tout soldat n'a pas l'étoffe d'un héros, il subit ce qu'on lui demande et c'est tellement humain.
La partie que j'ai la plus aimée (je dois avoir un sérieux problème de voyeurisme ou de conscience) c'est celle qui décrit cette vie dans l'enfer oriental pendant la mousson. Ce que les nazis et les collabos ont fait aux européens, américains, n'est pas totalement comparable. Bien sûr on peut rapprocher le dogmatisme que ce soit envers Hitler ou envers l'Empereur et la violence est la même, transposée simplement sur une autre terre. La différence que j'ai ressentie et que je n'excuse bien sûr pas, c'est que les soldats japonais ne tuaient pas par cruauté pure, ils ne tiraient pas un plaisir malsain à maltraiter leurs prisonniers, ils accomplissaient un devoir dans la conscience de servir leur souverain. Je trouve qu'on se rapproche encore plus d'un fanatisme quasi religieux dans lequel la mort n'est pas la question. C'est vraiment affreux à lire.
Il est vrai que l'écriture de l'auteur est riche et elle sait sublimer le Beau (je n'irais pas jusqu'à parler de poésie pour autant mais ça m'est très personnel). Là où Flanagan remporte pour moi une palme c'est d'avoir su utiliser ses talents de conteur, de descripteur dans les moments d'horreur qui mettent encore plus en valeur les scènes entre Dorrigo et Amy. le sordide qui côtoie l'amour, quelle plus belle façon que de sublimer ce sentiment ?
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